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Chiff' - Page 91

  • Un jour mes princes sont venus

    Livre - Un Jour Mes Princes Sont Venus

     

    Elle essaie les histoires d'amour comme autant de vêtements qui jamais ne lui vont. Elle accumule les échecs, les larmes, les rires et les regrets en cherchant le chemin vers cette blessure qui l'empêche de vivre et d'aimer.

     

    Il y a de ces romans qui sans explication rationnelle touchent leur lecteur, semblent lui parler, ou en tout cas, trouvent un écho en lui. Pour diverses raisons sur lesquelles je ne m'étendrais pas, Un jour mes princes sont venus a été, pour moi, un de ces romans.

    Cette jeune femme dont nous ne connaîtrons pas le nom parle, monologue, porte sur sa vie et ses amours passées un regard d'entomologiste presque. Elle dissèque les raisons qui l'ont menées à cumuler des histoires d'amour sans issues. Elle s'interroge sur son incapacité à s'accorder des relations sans lendemain, à accepter simplement la chaleur du corps de l'autre sans rien attendre d'un avenir commun. Elle remonte le fil jusqu'à ce père mort trop vite, trop tôt, dont elle ne parvient pas à guérir. C'est à la fois infiniment triste, léger, et plen d'espoir. Léger parce que ces histoires qu'elle a cumulé, elle les regarde avec un brin d'ironie, parfois un sourire pour l'aveuglement et la naïveté dont elle a fait preuve. Et parce qu'il est difficile de ne pas se reconnaître un peu en elle et en ses amies. On retrouve un peu de ces discussions sur les hommes que l'on peut avoir avec les copines, un peu de ces magazines de fille.

    Triste parce que les mots qu'elle adresse à son père, elle n'a jamais pu les lui dire de son vivant. Trop de retenue, trop d'incompréhension, et puis la culpabilité d'être devenue femme, d'avoir en quelque sorte trahi. La colère aussi de ne pas avoir pu continuer à s'opposer au père, à l'autorité. Et puis, la légereté cache aussi l'interrogation plus profonde: qu'est-ce qu'il y a chez moi qui ne va pas pour que l'amour ne me vienne pas, pour que je sois incapable de me laisser porter.

    "Ce que je vis est un malheur courant. Les magazines le disent. Les télévisions le clament. Les femmes se le susurrent. Les hommes se le murmurent. Mais moi? Hein? Moi dans tout ça? Que les femmes de ma génération essuient les difficultés de la liberté sans modèle soit. Que les femmes de ma génération s'occupent de leur réalisation professionnelle, etc, soit. Je pourrais très bien me couler dans la problématique commune et me reposer en me disant C'est une affaire de génération. Et voilà!

    Mais je sais que ce serait tricher.

    Des hommes qui me regardent, qui me veulent, il y en a. C'est en moi que quelque chose ne va pas?"

     L'espoir? Il est dans la guérison progressive. Petit à petit, elle trouve sa place. Dans l'amitié et dans l'amour. Elle quitte définitivement l'enfance.

    "Mon éducation et faite. Parfaite.

    Je sais que chacun est libre de sa propre mort.

    Je sais que l'amour ne sauve pas de la mort. L'amour c'est fait pour vivre, c'est tout. Et c'est bien.

    J'ai quitté la paume ouverte où plus rien ne me retient prisonnière.

    Et j'ai été seule.

    Et j'ai été vivante.

    Enfin.

    Merci mes princes.

    Maintenant, un homme peut venir."

     Poésie, épure, sensibilité, Jeanne Benameur offre un roman où s'équilibre douceur, amertume et sérénité. Un très beau moment dont je me souviendrai longtemps.

     

    L'avis de Gawou

     

    Jeanne Benameur, Un jour mes princes sont venus, Denoël, 2001, 142p.  5/5

  • Le vol de l'ibis rouge

     

    " Une larme coule sur son visage, une autre suit, qui profite du chemin tracé, puis tout un chapelet de larmes arrose le jardin de ses tristesses qui poussent et s'entrelacent, prennent racine, se multiplient, prennent de nouvelles formes. L'une d'entre elles grandit davantage et s'empare de ses pensée. Irène se trouve ingrate de s'attacher à Rosalio sans rien pouvoir lui donner en retour, si ce n'est ce qui reste de son corps maltraité, qu'elle vend à qui en a besoin mais ne peut se payer une chair saine, des malheureux comme elle. Mais lui, il n'est pas comme ça, il peut trouver l'amour gratuit, il est si beau, si jeune et si fort!, tant de femmes seules cherchent un homme libre. S'il revient, elle va lui dire de l'oublier, je ne t'aime plus, je ne veux plus perdre mon temps avec un bavard qui arrive et se mets à discuter pour rien, moi je dois travailler, va-t-en allez, oust!, je veux que tu disparaisses, je ne suis pas assez bien pour toi, je ne suis rien, plus rien, un triste débris de femme qui consomme un reste de vie, je n'ai rien à te donner, un amour de putain usée ne vaut pas une seule minute de la vie d'un homme sain, je ne te lirai plus les histoires de ces mille et une nuits, je ne veux pas te retenir car tu n'es pas un sultan, tu n'es pas un homme cruel, ni moi une belle princesse comme Shéhérazade."

     

    Ceci est l'histoire d'Irène, prostituée se mourant du sida dans un bidonville de la ville. C'est l'histoire de Rosalio, le manoeuvre analphabète qui désire plus que tout apprendre à lire et à écrire. C'est l'histoire de leur rencontre et de l'amour improbable qui va les lier.

    Autant l'admettre tout de suite, ce roman est un coup de coeur. Il est difficile d'y entrer: le rythme est lent, la ponctuation rare, la narration rythmée par des ruptures de point de vue, de police, de ton. Et puis, petit à petit, le charme fait effet. On entre dans l'univers d'Irène et Rosalio, dans leurs souffrances, dans leurs désirs, dans l'espoir qui se fait petit à petit jour au fil des histoires que raconte Rosalio. Car Rosalio est un conteur né, un amoureux de ces lettres qu'il ne sait pas lire et qui raconte tant et tant d'histoires.

    "Ici, dans cette boîte que je trimballe aujourd'hui avec moi, l'Indien portait les livres qu'il ne pouvait plus lire parce que sa vue flanchait, mais il aimait les ouvrir et les poser sur ses genoux, il disait que leur odeur suffisait pour qu'il se rappelle chaque histoire tellement il les avaient lues, il se mettait  à réfléchir, à se rappeler ce que chaque livre racontait, fermait les yeux et lisait à l'intérieur de sa tête des histoires que j'écoutais sans me lasser, et pendant ce temps, je le regardais tourner les feuilles lentement et je devenais fou d'impatience de connaître le secret de ces mots tracés sur le papier." Le chemin qu'il va prendre, ses voyages et ses rencontres vont tous être menés par ce désir fou et absolu. Dans les lettres et les livres, Rosalio voit la clé du monde. Celle qui va lui permettre de prendre possession du monde et plus seulement de le subir. En apprenant à lire et à écrire, il va se voir ouvrir toutes grandes les portes du monde. La connaissance comme clé d'une vie meilleure, plu belle et colorée si on sait l'utiliser à bon escient, c'est ce que raconte Le vol de l'ibis rouge. Le pouvoir des mots, celui d'inventer sa vie, de rêver. " Quand on imagine et quand on écrit, on peut donc s'inventer une nouvelle destinée, une autre vie, faire tourner la roue de la fortune en sens inverse?"

    Pourtant, Rosalio n'a pas réellement besoin des histoires écrites pour raconter. Sa vie est un conte, fourmille d'anecdotes, de personnages hauts en couleur, de drames, de grandes joies. Elle se nourrit de ce qu'il a entendu, de ce qu'il a vécu. A sa manière nuit après nuit, il tisse pour Irène les Mille et une Nuits de sa vie, et lui redonne, avec l'amour, un peu de vie et une envie de profiter, pour le temps qui lui reste, du bonheur que peut lui donner cet homme inespéré. Les histoires de Rosalio sont pour elle une autre fenêtre ouverte sur le monde. Elle sait lire, elle sait écrire, mais elle a vécu entre parenthèse, survécu plutôt. Leur rencontre est elle d'un homme et d'une femme, de deux désespoirs, mais surtout la confrontation de deux besoins et une belle réflexion sur ce qu'est l'écriture et la littérature. Une porte ouverte vers le monde et la vie mais qui ne peuvent se nourrir que de la vie elle-même, sans laquelle elles ne sont que coquille vide. Une interdépendance, une symbiose même que Rosalio le conteur incarne dès lors qu'il ose mêler ce qui est lu et ce qui est inventé, ce qui est raconté, entendu et réinventé.

    Mais il n'est pas seulement question de lecture, de connaissance dans ce roman. Le vol de l'ibis rouge, l'histoire qui donne son nom au roman est la métaphore des relations humaines. L'ibis sauvé par un homme et qui va mourir de sa méfiance et de sa fuite. La nécessité pour l'être humain d'accepter encore et encore d'aimer et de faire confiance, malgré les blessures et les déceptions. Une leçon que Rosalio a appris d'un certain Jean des Lamentations. "Il a posé sa gouge sur le banc, il s'est adossé au mur, il a fermé ses yeux lentement et il a commencé à dire des vers de douleur  et de joie, d'amour, de désir et de saudae, tout en même temps, pêle-mêle, pétri dans une même pâte, né d'une même souche, et il m'apprenait cette leçon: la vie mélange tout et ceui qui veut tout séparer ne vit rien qui vaille." Il y a un art du bonheur, et il commence en écoutant le monde et les histoires.

    C'est un roman rare, un de ceux dont on sort le coeur serré et pourtant content parce que malgré tout, il y a la vie, et la force, et l'amour, et la lumière qui inonde tout. Un de ceux qui sont des instants de grâce et qui laissent leur trace dans le coeur et l'esprit.

    J'ai l'envie de vous donner encore quelques uns des mots de Maria  Valéria Rezende avant d'en terminer. Pour moi, ils vont continuer de m'accompagner.

    "Ah! Rosalio, si j'avais su, il y a beaucoup d'années, qu'un homme comme toi existait, capable de créér avec des mots un monde plus grand que le mien, un monde plein d'histoires qui me font rire et pleurer, un homme capable de m'arracher à la peur sombre de mourir sans même avoir commencé à vivre une vie qui vaille, un homme qui avec le jaune, le bleu, le vert et le rose chasse le gris de cette âme que je porte comme une barre de plomb, si j'avais su, j'aurais couru le monde, sans craindre la faim ni le froid, je l'aurais trouvé et, s'il m'avait voulu, qui sait?"

     

    Maria Valéria Rezende, Le vol de l'ibis rouge, Métailié, 2008, 183 p.  5/5

  • Des retours de vacances

    Quand on retrouve ses pénates après de longues vacances, il y a les bonnes et les mauvaises surprises! Prendre une douche quand on va aux toilettes pour cause d'infiltration au plafond et faire un remake du grand bleu avec palmes et combinaison pour accéder au lavabo peut provoquer des crispations certaines. Heureusement il y a les colis déposés par le gentil facteur chez ma non moins gentille gardienne! C'est ainsi qu'encore humide, j'ai pu récupérer le colis envoyé par MarcaTH dans le cadre du mini-swap thé organisé par Loula! Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'après avoir impatiemment et de manière fort peu adulte déchiqueté le papier (jetez moi des cailloux si vous l'osez!), j'ai eu un de ces petits moments de bonheur comme on aime en avoir!

    J'ai découvert dans la boîte...

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    De fort jolies choses...
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    De la tilleul et de la verveine (verveine pour laquelle j'ai en plus de son utilisation habituelle quelques projets inavouables à base de cette chose à consommer avec modération, de sucre et de verres à liqueur), du romarin du jardin qui embaume la cuisine, des amandes chocolatées que mon esprit scientifique m'a contrainte à goûter immédiatement (mon esprit scientifique doit admettre au grand dam de ses amis les bourrelets que les amandes chocolatées sont diantrement bonnes et qu'il en reprendrait bien une petite pour la route tiens et que de toute manière, il va éliminer en marchant, si, si) et une fort jolie tasse en fonte avec sa soucoupe en forme de feuille que je vais m'empresser d'étrenner!
    Merci MarcaTH!! Tu as tapé dans le mille, je suis ravie!! Et merci à Loula pour l'organisation du swap!!
  • Northanger abbey

     

    "Personne ayant jamais vu Catherine Morland dans son enfance ne l'eût supposée née pour être une héroïne. Sa situation dans l'existence, le caractère de son père et celui de sa mère, sa propre personne et son tempérament, tout s'opposait également à ce qu'elle en fût une un jour."

    Et pourtant, les voies de l'héroïsme étant impénétrables, Catherine Morland va vivre, le temps de quelques mois, l'aventure de sa vie.

     

    Inutile de rappeler que je suis atteinte d'austenite aigüe et que tout avis de ma part sur l'oeuvre de la grande dame est totalement empreint d'un subjectivisme abyssal et parfaitement assumé. Ce qui ne pose guère de problème, Dame Jane étant depuis fort longtemps entrée au panthéon des belles lettres. Reste que pour moi, Northanger Abbey, s'il n'est pas celui que je préfère, est sans conteste le roman le plus original de son oeuvre. On y trouve un humour peut-être encore plus grinçant qu'à l'habitude, et, en pendant de son regard sur la bonne société anglaise, un réflexion sur l'art du roman à la fois intelligente et follement drôle.

    Résumons-nous: Catherine Morland, 17 printemps, est invitée par les riches voisins de ses parents à passer la saison à Bath. Une occasion inespérée pour elle de faire son entrée dans le monde. Un monde qui va se révéler bien plus dangereux que tout ce qu'elle avait pu imaginer...

    Satire sociale, Northanger Abbey l'est. On y retrouve ces familles de la bonne société, attachées à leur rang et aux convenances plus qu'à l'intelligence et à la bonté, ces mariages négociés comme des traités, les déchirements des amours contrariées, les ruses de jeunes filles sans fortune décidées à faire le mariage le plus avantageux possible au risque d'une chute sans retour... C'est le portrait d'une jeunesse anglaise destinée aux travaux d'aiguille ou à des métiers jugés convenables et qui n'a finalement pas grand chose d'autre à faire que combler son oisiveté de courses, de fêtes et de ragots. Dans ce univers, Catherine Morland, issue d'une famille modeste se détache. Naïve, fraîche, honnête et franche, elle devient une proie, un jouet, mais aussi un défi pour ces hommes et femmes rompus aux relations sociales et fermement décidés à faire fortune s'ils ne sont pas déjà riches. Jane Austen ne se gêne pas pour épingler le jeune arrogant, le gentil fiancé trompé, l'inconstante, la rusée, l'écervelée, le père tyrannique et la mère aveugle avec son talent pour le détail et la réplique. Chaque personnage est un moyen de mettre en lumière les travers de la nature humaine et le fonctionnement d'une société gangrenée par le poids des conventions et l'aspiration à la réussite matérielle.

    Mais ce n'est pas tout. Aux thèmes habituels de son oeuvre, Jane Austen entremêle une parodie de roman gothique, un genre qu'elle devait bien connaître pour parvenir à taper aussi juste! Dès l'incipit (j'utilise des mots savants si je veux d'abord!), elle annonce la couleur: Catherine Morland n'est pas l'héroïne à laquelle peut s'attendre le lecteur. Elle n'est pas orpheline mais appartient à une famille nombreuse, sans être riche, elle n'est pas dans la misère, et ses aventures les plus atroces ont consisté à apprendre à lire, écrire et broder! Chaque rebondissement de l'histoire va être le prétexte à une comparaison savoureuse avec l'univers de Mme Radcliffe par exemple, et à une gentille moquerie de l'imagination débordante que ses lectures ont donné à Catherine. On la suit avec plaisir et sourire dans ses emportements, ses frayeurs, allant jusqu'à rire lorsqu'elle voit ses belles hypothèses romanesques se heurter à une réalité bien plus triviale. Pour moi, elle est une des héroïnes les plus attachantes de Jane Austen. Elle n'a pas le caractère mordant d'Elisabeth Bennet, la douceur et le pragmatisme d'Elinor Dashwood, la passion romanesque de Marianne Dashwood, la sensibilité d'Anne Elliott, l'abnégation de Fanny Price. Elle est un peu un mélange de tout cela, une jeune fille qui passe doucement à l'âge adulte et s'affirme petit à petit, parfois caustique, souvent douce et naïve, quelque fois passionnée. C'est avec plaisir que je l'ai vue se débattre dans les ennuis en la personne de l'exécrable John Thorpe et de sa soeur Isabelle, un modèle du genre, rencontrer M. Tilney, si prompt au trait d'esprit mais gentleman jusqu'au bout des ongles...

    A noter, Northanger Abbey n'est pas que parodie. Jane Austen s'y livre à une défense passionnée du genre romanesque.

    "Des romans, oui, car je refuse d'obéir à cette coutume mesquine et peu politique qu'adoptent si souvent les auteurs et qui consiste à déconsidérer, par une censure des plus méprisantes, le genre d'oeuvre même dont ils sont en train d'accroître le nombre. [...] Bien que nos productions aient offert aux lecteurs un plaisir plus grand, plus sincère que celle d'aucune autre corporation littéraire, en ce monde, aucun genre, jamais, ne fut plus décrié. Quelle qu'en soit la cause, la vanité, l'ignorance ou la mode, nous avons presque autant d'ennemis que de lecteurs, et tandis que le neuf centième abréviateur de l'"histoire d'Angleterre" ou l'homme qui recueille ou publie une douzaine de vers de Milton, de Pope ou de Prior en y joignant un article du Spectateur et un chapitre de Sterne se voient couverts d'éloge par cent plumes, il semble presque correspondre à une volonté générale de décrier le talent, de mésestimer le travail du romancier, de dédaigner des oeuvres qui n'ont pour les recommander que le génie, l'esprit et le bon goût."

    Je crois que tout est dit non?

    Pour le petite histoire, j'ai eu l'occasion de visionner la superbe adaptation de Northanger Abbey avec Felicity Jones et JJ Feild. Fidèle au roman sans jamais perdre en rythme, drôle et juste jusque dans les restitution des délires de l'imagination de Catherine, c'est un bonheur! Sans compter que M. Tilney est redoutablement bien incarné! Emjy y consacre un billet passionnant auquel je serais bien en peine de rajouter quoi que ce soit!

     

     Vous trouverez chez Lilly, Nebelheim, Yue Yin, Morwenna, Allie, Maijo, Emjy... des choses fort intéressantes!

    C'est mon quatrième roman du Fashion's klassik challenge!