Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Littératures françaises

  • Au bonheur des ogres - Daniel Pennac

    Au bonheur des ogres.jpgLes Malaussène, pour moi, ce sont mes premières nuits blanches de lectrice, le bonheur de lire, relire, rerelire, rererelire, rerererelire encore et encore les aventures de cette joyeuse bande de cinglés, le premier roman doudou de grande personne. Les Malaussène, c'est de la joie, des frissons, des fous rires, des yeux écarquillés, un peu, d'accord, beaucoup de bovarysme (Pastor, Pastor...), Belleville, Paris. Et puis un jour, l'infidélité, d'autres aventures, d'autres plumes, la peur de revenir à ces premières amours et d'en être déçue.

    Vous savez quoi?

    C'est toujours aussi bon.

    Après tout, c'est bien connu, je n'avais rien à lire...

  • Le sermon sur la chute de Rome - Jérôme Ferrari

    Sermon Rome.jpgPour une fois que je lis le Goncourt avant même qu'il ne soit goncourisé, et pire, horreur, surprise, stupéfaction, pour une fois que j'aime le Goncourt, il me fallait me fendre d'un billet malgré la procrastination qui m'assaille de toute part comme un navire en perdition au sein de la tempête telle celle qui rugit derrière mes fenêtres. Mais je m'égare. Le Goncourt donc. A ma décharge, j'aime la plume de Jérome Ferrari depuis Un dieu un animal. L'homme, je ne sais pas, je n'ai aucun éléments pour me prononcer bien que je l'eus trouvé fort sympathique à l'écouter recevoir le Prix Landerneau à l'époque où j'étais une vraie bloggeuse qui fait des billets.

    Je ne vais guère faire preuve d'originalité dans la tempête d'éloges divers qui déferlent, mais il s'avère que j'ai beaucoup, mais alors beaucoup aimé Le sermon sur la chute de Rome. Parce que ses personnages sont des salauds, tous à leur manière, d'abominables salauds qui ont pour seul défaut d'être humains. Parce que le style est superbe. Le sermon sur la chute de Rome c'est la fin du monde qui arrive à tout un chacun le jour où les illusions s'évaporent, une histoire tellement localisée qu'on a l'impression de sentir la Corse au travers des pages, et pourtant universelle.

    Je m'arrête là, je vais encore me retrouver à digresser. Fermez vos oreilles au battage médiatique et lisez. Ca vaudra tout les avis du monde.

    Kathel, Papillon,...

    Ferrari, Jérôme, Le sermon sur la chute de Rome, Actes Sud, 2012, 202p.

  • Les heures silencieuses - Gaëlle Josse

    Vermeer.jpg

    Fin 1667, Magdalena van Beyeren confie au papier ce qu'elle ne peut dire: le secret qui l'étouffe, ses frustrations de femme et d'épouse, ses peurs de mère.

    Merveilleux tableau que cette scène d'intérieur toute en détails, en nuance et en mystère. Ces mystères, Gaëlle Josse s'en empare pour donner une voix à cette femme dont on ne connaîtra jamais le visage: Magdalena van Beyeren, épouse de l'administrateur de la Compagnie des Indes orientale dont elle n'a pu prendre la direction, mère et soeur.

    Exutoire de ses peines et de ses regrets, les pages de son journal dévoilent la vie foisonnante d'un port des Pays-Bas et le monde des armateurs. Mais si le tableau de cet univers est vivant, ce n'est rien à côté de celui que Magdalena peint d'elle-même, elle qui se sent tout doucement basculer du côté de la vieillesse et qui regarde sa vie présente au miroir des peurs et des espoirs de sa jeunesse. Il y a de la mélancolie, de la solitude, des frustrations, de la joie et de l'amour.

    C'est un texte tout en finesse, qui offre de beaux moments de poésie et dont la construction à partir de ce tableau est, à mon sens particulièrement intéressante. On est loin de l'histoire de l'art et des interprétations qui ont pu être données de cette oeuvre de de Witte, mais par le jeu du journal, Gaëlle Josse rappelle ce miroir, le mystère présent sous l'apparente tranquillité domestique tout en s'appuyant sur chaque détail pour donner corps à son récit. L'exercice est merveilleusement réussi.

    "Mais la vie est ainsi, elle recèle quantité de portes secrètes dont on ne soupçonne point l'existence, tant que nul événement ne vient y frapper. On se découvre alors un visage bien surprenant que l'on peine à accepter comme sien, tant il diffère de celui que l'on montre d'ordinaire, auquel chacun est accoutumé."

    Josse, Gaëlle, Les heures silencieuses, Le livre de Poche, 2012, 88p.

     

  • Les amandes amères - Laurence Cossé

    Amandes amères.jpgEdith est interprête et traductrice, épouse et mère heureuse, aisée. Fadila, elle est marocaine, âpre et femme de ménage. Quand Edith se rend compte que Fadila ne sait pas lire, elle lui propose de lui apprendre. Sans réellement réaliser qu'elle s'engage sur un chemin qui ne sera pas de tout repos.

    Si je dois reconnaître une qualité au dernier roman de Laurence Cossé, c'est de rappeler que ce qui nous paraît si facile, tellement évident n'est jamais que le fruit d'un apprentissage, d'automatismes tellement bien enracinés qu'ils semblent naturels. La manière de relier les lettres, d'agencer les chiffres, de manier des abstractions, autant de choses qui sont profondément culturelles, parfois générationnelles, souvent sociales et qui mettent en lumière le fossé entre ceux qui savent manier les mots et les concepts et ceux qui ne le peuvent pas faute d'avoir appris suffisamment tôt. C'est le cas de Fadila, et d'autres.

    Les amandes amères est une histoire forte, grâce à Fadila, tour à tour crispante, admirable, attendrissante, exaspérante, dont on découvre au gré des découvertes d'Edith la vie peu commune. Un beau personnage qui n'a pas suffit à mon grand regret à faire pour moi de ce roman autre chose qu'un pensum heureusement vite terminé. Quelque chose n'a pas fonctionné: le personnage d'Edith, leur amitié, les interminables considérations techniques, le style, la fin au goût de déjà lu baclé de surcroît. L'ennui m'a gagné quand j'aurais aimé être emportée par l'émotion comme avec Au bon roman. A mon sens, mieux vaut lire sur le thème le superbe B.a.-B.a. de Bertrand Guillot.

     

    Cathulu a aimé, comme Antigone, des avis sur Lecture/Ecriture. Hydromielle n'a pas aimé.

    Cossé, Laurence, Les amandes amères, Gallimard, 2011, 218 p.

  • Un avenir - Véronique Bizot

    un-avenir-235380-250-400.jpgPaul reçoit une lettre de son frère qui lui annonce qu'il va disparaître quelques temps, et qu'il a oublié, en quittant la maison familiale, de vérifier un des innombrables robinets. Malgré un rhum, et la neige, Paul fait les trois cent kilomètres qui séparent sa vie du passé familial.

    C'est noir, c'est grinçant, c'est déstabilisant, on peut dire sans avoir peur de se tromper que Véronique Bizot continue dans la veine de Mon couronnement. J'attendais avec impatience son retour mais force m'est d'admettre que j'ai manqué lâcher prise au cours des vingt premières pages. Trop de mal à entrer dans des phrases sinueuses, trop de mal à entrer dans les pensées de Paul,  dans cette maison lugubre s,... Puis, petit à petit, le charme a fait son effet. Par petites touches, souvenirs par souvenirs, Véronique Bizot esquisse le portrait d'une famille naufragée, met en lumière les hypocrisies, la violence et l'absurdité des relations humaines, les mille et une manières de rater sa vie dans l'aller-retour incessant entre le passé de cette fratrie aux egos inconciliables et un présent étouffé sous la neige. Comme dans Mon couronnement, l'humour se mèle au désespoir et de petites bouffées d'air parsèment le récit, l'espoir que les choses puissent changer pointe le bout de son nez. Au final, je suis contente d'avoir embarqué dans cette drôle d'histoire.

     

    Le bel article du Globe Lecteur, Praline en parle dans les Chroniques de la rentrée littéraire, Cathulu, Fibromaman,...

    Bizot, Véronique, Un avenir, Actes Sud, 2011, 120p.