Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Celle qui a tous les dons - Mike Carey

    Celle qui a tous les dons.gifCe n'est pas que j'aime particulièrement les zombies, mais que voulez -vous, de nos jours, ils deviennent aussi difficile à éviter qu'une tablette de chocolat dans un de mes tiroirs, ou même un livre dans mon Terrier. C'est ainsi que j'ai comme qui dirait trébuché sur l'excellent roman de Mike Carey dans un moment de faiblesse d'inattention. C'est fou comme ce genre de chose arrive vite.

    "Tous les dons ne sont pas une bénédiction. Chaque matin, Melanie attend dans sa cellule qu’on l’emmène en cours. Quand on vient la chercher, le sergent Parks garde son arme braquée sur elle pendant que deux gardes la sanglent sur le fauteuil roulant. Elle dit en plaisantant qu’elle ne les mordra pas. Mais ça ne les fait pas rire.
    Melanie est une petite fille très particulière…"

    Autant le dire tout de suite, les attendus sont bien là: les attaques de zombies affamés, le monde ravagé, la lutte pour la survie, les recherches scientifiques désespérées des survivants, les questions éthiques, les cacahuètes périmées, etc., etc. Jusqu'aux explications qui ne sont plus guère originales puisque, entre le virus, la bactérie, les morts ramenés à la vie par la magie, la chimie et le reste, le tour a du être fait, ou quasiment. Et pourtant, ça marche, et ça marche même très bien. Et c'est même, finalement sur certains aspects franchement original. On suit les personnages avec plaisir dans leur fuite, et l'éveil de Mélanie à la vie et à sa condition se révèle finalement assez passionnante. C'est paradoxalement pour une histoire de morts-vivants un très chouette roman d'initiation qui pose clairement la question du post-humain et parvient à éviter au moins en partie les écueils du manichéisme.

    Que demander de plus... du suspense, des personnages attachants, des ambiances qui instillent doucement le malaise, j'ai beaucoup aimé et lu le tout d'une traite ou presque. Recommandé pour les amateurs du genre, comme les débutants.

     Mike Carey, Celle qui a tous les dons, L'Atalante, 2014

  • Le tabac Tresniek - Robert Seethalter

    Tresniek.jpgMoi, parfois j'aime rire. Et puis parfois, j'aime pleurer. Et puis des fois j'aime bien les deux à la fois. Parce que bon, ça n'est pas le tout d'être une dure à cuire, que même Indiana Jones peut raccrocher son fouet (et enlever sa chemise, si possible?), il y a quand même un petit cœur tu mou qui bat sous la carapace de tungstène (ou de laiton, ça dépend des jours). Bref, tout ça pour dire que pour qui veut rire et pleurer en même temps, je conseille avec bienveillance (et insistance) Le tabac Tresniek.

    D'accord, à première vue, comme ça, le titre ne fait pas fantasmer. Ça vous sentirait sa petite boutique poussiéreuse. Et c'est tout à fait ça. Enfin, presque.

    Mais résumons brièvement. En août 1937 le jeune Franz Huchel est mis dans le train par sa mère pour aller gagner son pain au loin. Adieu les montagnes de Haute Autriche, direction vienne le tabac d'Otto Tresniek (il y aurait comme une certaine logique) et l’aventure (quand même). La vraie (celle qui fait peur). L'Amour (je vous l'avais dit). Avec ses hauts, avec ses bas, une telle montagne russe qu'il faudra bien le grand professeur Freud vénérable client du tabac pour l'aider à en démêler les fils. Jusqu'au jour où les ciseau bien affutés de la grande histoire viennent les couper.

    Autant être franc et massif, j'ai adoré. Franz pour commencer, dégingandé, naïf, maladroit, qui débarque de sa campagne à la grande ville et qui y comment tout de go une éducation sentimentale et intellectuelle qui va faire de lui en quelques temps un amoureux transi et l'alter ego d'un Freud vieillissant qui ne sait guère comment se dépatouiller de ce provincial qui lui colle aux basques. Et puis la manière dont petit à petit, l'horreur s'insinue dans le quotidien, presque sans qu'on la voit venir, ou sans qu'on veuille la voir venir. C'est une merveilleuse histoire d'amour, de révolte, d'humanité et de psychanalyse.

    Bref c'est indispensable, pour les cartes postales, pour la montagne russe, et pour la douceur amère qui se dégage de ce beau texte qu'on termine le cœur serré et le rire aux lèvres tant l'humour reste, n'en doutons point, l'ultime politesse du désespoir.