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Chiff' - Page 92

  • Mais pourquoi est-il si méchant!?

    un titre mystérieux, une couverture évocatrice, il ne m'en fallait pas plus pour attraper d'une main curieuse 1001 nuits de neige. Je n'ai pourtant pas plus d'affinités que cela avec le comics, ma folle passion pour Neil Gaiman étant normalement seule capable de me faire passer outre mes réticences (sauf pour X-Men mais c'est une fois de plus la faute à Fashion et aux Théières!). Mais voilà, la chair est faible, celle de la LCA encore plus, et après tout, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis! Et même un imbécile changerait d'avis de toute manière tant ce comics est une réussite complète!

    fables_1001nights.jpg1001 nuits de neige est en quelque sorte le prequel à la série Fable qui met en scène les personnages des contes de notre enfance. En exil dans notre monde après que le monde des contes ait été envahi par l'Ennemi, ils ont fondé Fableville près de New-York et y vivent en plus ou moins bonne intelligence. Or, juste après la fondation de la colonie féérique, Blanche Neige a été envoyée en ambassade auprès du Sultan pour quérir son aide dans son combat. Retenue en otage par ce souverain aigri qui veut l'épouser avant de la tuer, elle va sauver sa vie et celle de Shéhérazade en contant l'histoire de son peuple.

    On découvre ainsi d'un oeil fasciné les dessous des contes. Ce qu'il s'est passé après que la princesse ait épousé son prince, pourquoi les nains ont-ils accueillis une jeune femme perdue, ce qui a rendu le Grand Méchant Loup si méchant,... Bill Willingham n'hésite pas à détourner joyeusement et les contes et les Mille et Une Nuit en donnant aux personnages une personnalité ambigüe, souvent cruelle et des morales à l'avenant. On y retrouve finalement l'esprit des contes originels, bien moins édulcorés que ceux auxquels Disney nous a habitués (vous avez déjà lu la version "normale" de La Belle au Bois Dormant? J'en ai fait des cauchemars pendant des années!). Manifestement, il connaît son sujet et l'utilise avec habileté.

    Le tout servi par un panel de dessinateurs de talent. J'ai nettement préféré les scènes se déroulant dans le palais du Sultan, avec leurs couleurs somptueuses, mais j'ai aussi beaucoup aaprécié la dynamique induite par les ruptures de style entre ces scènes d'introduction ou de transition et les récits de Blanche Neige, souvent dans des teintes plus froides. L'avantage de ce genre de recueil est que l'on peut découvrir des styles très différents.

     

    1002.jpg

     Difficile de juger, ou plutôt de préjuger de la série Fable elle-même, mais une chose est certaine, 1001 nuit de neige m'a donné envie de la découvrir!

    Une interview de Bill Willingham himself par , un débat fort intéressant sur le forum Bruit de Bulle (page 3 pour 1001 nuits de neige),

     

  • Ailleurs

     

    Olivia quitte un mari violent et l'Australie avec ses deux enfants pour se réfugier dans la demeure familiale en France. Elle y retrouve sa mère impotente, son frère et sa belle-soeur qui viennent de perdre leur enfant à la naissance. Autour du corps de ce bébé se noue un huis-clos étouffant et troublant.

    "Julia Leigh est une magicienne. Sa prose adroite diffuse une impression de contrôle serein tandis que la terre tremble sous nos pieds". C'est ce que l'on peut lire sur la quatrième de couverture, de la plume même de la grande Toni Morrisson. Et l'on ne peut qu'acquiescer. Ailleurs est effectivement un roman brillant qui met en scène l'affrontement de deux mondes: celui de deux enfants plein de vie et celui d'adultes, violent, traître, où les non-dits, les traîtrises et les frustrations créent des tourbillons de ressentiment et de souffrance rentrée. Avec sa plume douce, toute en demi-teintes, très visuelle, Julia Leigh distille à petites gouttes le malaise et se plaît à frôler la rupture. On est toujours en équilibre entre réalisme et étrangeté, dans cet ailleurs qui donne son titre au roman, en dehors du temps et dans un lieu à peine rattaché au monde. Pas ou peu de prénoms, pas ou peu d'ingérences de l'extérieur, juste la souffrance et la folie qui menace jusqu'à ce que l'acceptation de la mort permette de revenir à la vie. Sans doute ce sentiment d'étrangeté vient du regard adopté, qui est souvent celui du fils d'Olivia, un jeune garçon incapable de comprendre et de cerner les actes des adultes qui l'entourent, mais l'art de l'atmosphère que révèle l'auteur en jouant simplement sur les faits est proprement époustouflant.

     Lu dans un moment de fatigue, Ailleurs ne m'a pas transportée, mais je dois reconnaître la qualité et la force de ce roman sombre et profond. A découvrir.

    L'avis de Cathe, celui de Lamousmée, celui de Papillon, de Sylvie.

     

    Julia Leigh, Ailleurs, Christian Bourgeois, 2008, 105 p.

  • Breaking down

    Je pourrais faire passer ça pour un talent inné de l'a-propos, pour la volonté sans faille de ne pas parler avant que les lieux de perdition que sont les librairies ne soient approvisionnées en version française, mais force m'est de reconnaître que je suis juste en retard, la faute à une flemmingite aigüe, aux vacances et à un rhum. Ben oui! Et pourtant, pourtant, je l'ai lu en anglais mesdames et messieurs! Une performance que tout ceux qui connaissent mon niveau d'anglais jugeront à sa juste valeur! Une folie qui dit assez à quel point j'avais envie d'en savoir plus!

    Bref. Revenons à nos vampiresmoutons. Edward veut Bella, Bella veut Edward. Seule condition posée par notre vampire préféré pour transformer Bella, un mariage. Une demande à genoux, une bague et un consentement paternel plus tard, nos tourtereaux repartent vers de nouvelles aventures.

    Stephenie Meyer's Breaking Dawn

     

     Je ne sais pas trop quoi dire que Fashion n'ait pas déjà dit. Le moins qu'on puisse dire est que Stéphanie Meyer remplit amplement son contrat. Ce quatrième tome attendu par des hordes de fans en folie tient toutes ses promesses! Pas de spoiler ici, je ne tiens pas à mourir dans d'atroces souffrances, mais je pense pouvoir tout de même écrire que rien n'est épargné aux héros et aux lecteurs. Plutôt que de choisir une veine guimauve du genre "il vécurent heureux et chassèrent plein de pumas dans la montagne", Stéphanie Meyer surprend et brode à merveille sur le thème qu'elle a choisi, continuant par ailleurs de tirer les ficelles de ce qu'elle a mis en place dans les trios tomes précédents sans les perdre. Et quand je dis qu'elle surprend, elle surprend (même s'il y a certaines choses que j'ai senti venir ce qui m'a éviter de hurler)! Je trouve même à titre personnel que ce qu'elle met en place en terme de mythe vampirique ouvre des perspectives intéressantes. Elle n'hésite pas à parler galipette, relations familiales, amicales, tolérance tout en parvenant à garder le rythme et le suspense. Chose appréciable, on ne reste pas dans le huis-clos de la famille Cullen, mais on découvre de nouveaux personnages avec leurs pouvoirs, et d'autres que l'on connaissait moins, comme Leah, finalement bien plus attachante que ce que l'on aurait pu croire.

    L'alternance des points de vue Bella-Jacob-Bella donne une dynamique intéressante au récit et permet, avec le changement de regard sur les événements de creuser mieux la psychologie des personnages. Et ce qui ne gâche rien, Jacob fait un narrateur hilarant, fascinant, attachant et touchant. Edward est fidèle à lui-même et toujours aussi fabuleux! On a les réponses aux questions que l'on pouvait se poser, l'univers de Fascination s'étoffe et prend de l'ampleur, tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes! Seul regret sur la fin, la tension retombe un peu comme un soufflé. Ceux qui ont déjà lu sauront de quoi je parle!

     En attendant de pouvoir vérifier quelques petites choses en VF, j'ai relu les trois premiers tomes histoire de confirmer mon avis sur le tout... On ne se refait pas! Et mon avis sur le tout? Une sacrément bonne série malgré quelques grosses ficelles et un style parfois un peu trop simple!

    L'avis de Karine:), de Stéphanie, de Maijo

  • Cette bonne vieille Betsy

     

    Planète Terre, un de ces jours. Les Nods ont débarqué sur cette planète où s'agite une poignée de bestioles bizarres dont l'intelligence ne casse pas trois pattes à une Cocop. Désireux de faire de le bonheur de l'humanité, les extraterrestres vont commencer à se mêler des affaires des hommes avec bonté, honnêteté et abnégation... Enfin, c'est ce qu'ils disent.

    Oh que voilà une lecture sympathique, bourrée d'humour, de références, d'ironie corrosive et d'un sens du joyeux bordel tout à fait satisfaisant! Si, si, je vous jure! Guillaume Suzanne, sur un format court, offre une histoire complète, complexe et savamment menée de bout en bout. Rien de neuf sur la planète SF, mais un renouvellement sympathique et agréable des conventions du genre, de jolies inventions et des personnages hauts en couleur. La Terre telle qu'il l'imagine est transformée en un espèce d'enfer où des entités omniscientes et omnipotentes font le bien. En tout cas, ce qu'elles estiment être le bien: poubelles intelligentes pour le tri, réglementation sévère de la circulation, éradication pure et simple du tabac, il ne reste plus grand chose pour s'amuser de l'avis de la population! Finalement, se voir amener sur un plateau le moyen de résoudre tous les problèmes enlève du piquant à l'existence. Il ne reste guère que quelques petits complots à l'occasion, si tant est qu'un complot puisse être un vrai complot dans ces conditions, une ou deux, ou quelques millions de morts étranges... Car nos braves aliens ne sont pas aussi gentils et désintéressés qu'ils veulent bien le faire croire, ce que prouve amplement la chute de l'histoire, amère et violente.

     

    On s'interroge donc entre deux sourires, un éclat de rire et un noeud à l'estomac sur le libre-arbitre, le dirigisme, la manipulation.

     

    L'avis de Fashion, celui de Lucile, de Brize et de Chimère. Une critique sur Scifi Universe.

     

    Guillaume Suzanne, Les poubelles pleurent aussi; Griffe d'Encre, 2008, 75 p. (4/5)

  • Le fleuve Shinano

     

    Yukié Takano est belle, belle comme sa mère qui s'est enfuie après l'avoir mise au monde, lascive comme sa mère qui l'a conçue dans l'adultère, libre et dure comme peu de femmes le sont dans le Japon du début du 20e siècle. Ses amours vont être à l'image du Shinano, ce fleuve qui traverse sa région natale: violents, tourmentés et imprévisibles.

    Adapté d'un roman de Hideo Okazaki, ce manga en trois tomes de Kazuo Kamimura et Okazaki est une petite merveille graphique et poétique.

    Ce n'est pas tant le scénario lui-même qui m'a marqué, que le dessin. Sobre, clair, il prend toute son ampleur dans des planches sur pleine page d'une rare beauté. On se sent basculer dans les paysages où se déroulent les aventures de l'héroïne, on reprend sa respiration avant de replonger dans les affres sentimentaux de la jeune femme. La métaphore du fleuve représentant la vie avec ses crues, ses pièges, ses tourbillons prend vie avec les représentations du Shinano. Avec ce dessin, le récit prend toute son ampleur et s'épanouit. Des poèmes s'intègrent aux planches, des extraits de lettres aussi. Un peu comme une voix off dans un film qui fait entendre la voix de personnages superbes.

     C'est si beau qu'on en oublie presque le fond de l'histoire, le parcours amoureux de cette jeune femme hors du commun. Yukié est une sorte de fleur véneuse qui fait le malheur des hommes qu'elle croise comme eux font le sien. Ce qu'elle cherche dans leurs regards, dans leurs étreintes, elle ne le trouve jamais et fuit toujours plutôt que de perdre sa liberté. En faisant cela, elle se refuse paix et tranquillité, et sombre de plus en plus profondément dans un enfer qu'elle a elle-même créé. Elle se perd, et se condamne à être rejetée par une société sévère. C'est ce parcours amoureux qui se révèle être la faiblesse de l'oeuvre finalement: on s'imprègne au premier tome de l'histoire de cette toute jeune fille, avant de se lasser petit à petit de ses aventures et mésaventures de femme fatale puis de reprendre le fil dans un troisième tome, plus sombre et amer. Autant sa personnalité peut apparaître comme complexe, et les thèmes traités au travers de sa vie intéressants (crise économique, morale sociale, prostitution et vie maritale), autant à un moment, vient un sentiment de stagnation: à force de répétition, le scénario perd malheureusement de sa force.

    Reste malgré tout ce dessin fabuleux et la paix teintée de mélancolie que l'on ressent en refermant le dernier tome.

     

    Un avis sur Critique BD, la critique de Krinein par Juro.

    Kazuo Kamimura et Hideo Okazaki, Le fleuve Shinano, t. 1 à 3, Asuka, 2008