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Littératures asiatiques

  • Les lectures des otages - Yoko Ogawa

    Les-lectures-de-otages.jpgHuit touristes japonais sont pris en otage. Une situation qui s'enlise jusqu'à être oubliée et ne ressurgir aux yeux du monde qu'au moment de l'assaut au cours duquel tous décèdent. Pendant cent jours pourtant, la vie a continué, une vie qui a laissé sa trace dans les enregistrements permis par un minuscule appareil introduit dans leur prison. Tous les soirs à la même heure, l'un d'eux va prendre la parole.

    Tout l'art de Yoko Ogawa consiste à ne jamais être là où on l'attendrait. Tout promettait un de ces récits angoissants et glauques dont elle a le secret? C'est la joie de vivre et la tendresse qui sont au rendez-vous. On pensait la veine fantastique tarie? Ce n'est que pour mieux ressurgir. Quant à Les lectures des otages... C'est un bien étrange recueil de récit qui, par la magie du talent d'Ogawa, tient ses promesses. Pourtant rien que de très banal: des rencontres, des petites manies, des hasards... ce sont des hommes et des femmes ordinaires qui prennent la parole. Mais chaque histoire plonge le lecteur dans un univers à la fois familier et étrange, qui, s'il rappelle le tragique de la vie, en montre aussi les merveilles et rappelle l'importance de la mémoire... et des autres.

     

    Là où les livres sont chez eux, Nebal qui n'a pas aimé,...

     

    Ogawa, Yoko, Les lectures des otages, Actes Sud, 2012, 189p.

  • Le show de la vie - Chi Li

    12344-medium.jpg"Dans la rue du Bon-Augure, au cœur de la grande ville de Wuhan, l'animation bat son plein toute la nuit : autour des gargotes installées en plein air se pressent petits vendeurs et artistes de rue. Célébrité y tient chaque soir son étal de cous de canard. Originaire de ce quartier populaire, elle ne l'a jamais renié, contrairement à sa sœur qui rêve d'une brillante carrière dans les médias. Fidèle à ses origines, mais dotée d'une intelligence qui lui a permis de sortir du lot, Célébrité est le pilier de la famille : elle porte à bout de bras son jeune frère drogué et se dépense sans compter pour assurer l'avenir de son unique neveu, négligé par une mère frivole."

    Neuvième roman de Chi Li a être traduit en français et formidable succès en Chine, Le show de la vie ouvre une porte vers la Chine des petites gens, la vie et les soucis quotidiens dans un quartier populaire où les gens se connaissent, se guettent et vivent avec plus ou moins de facilité et d'agitation ensemble. Mais attention, pas de politique, pas de démonstration, ce n'est pas le propos. Ce qu'offre Chi Li avec ce roman, c'est avant tout le portrait d'une femme forte, débrouillarde et pragmatique, souvent drôle, en tout cas décidée. Célébrité trace son chemin à sa manière quoi qu'en pense son entourage, quitte à se transformer en mégère pas tout à fait apprivoisé, à ruser, voire à tromper. Pour elle, la fin justifie les moyens puisqu'il s'agit après tout de continuer à assurer la subsistance de sa famille même si ceux-ci ne sont guère conscients de ce qu'elle fait pour eux, et de mener sa propre barque professionnelle et amoureuse avec plus ou moins de bonheur face à des hommes qui ne sont guère mieux que des boulets. A travers ce personnage, c'est le portrait d'une Chine méconnue que dresse Chi Li: partagée entre traditions et conventions sociales toujours vivaces, communisme et ouverture au libéralisme. C'est un joli texte, dont le style est au départ un peu déstabilisant, à cause d'une certaine concision qui confine par moment à la froideur mais qui déborde de chaleur et d'amour, expose sans jamais juger ou sombrer dans le misérabilisme une réalité parfois, voire souvent difficile. On sourit, on rit, on s'attriste aux déconvenues de Célébrité dont on ne peut qu'admirer la capacité à affronter la vie et à sortir la tête haute de ses combats et ses échecs, on adore détester Premier le frère aîné et son horrible femme, l'envie prend de donner une bonne paire de claques à Jade, la petite soeur arrogante... Et on s'étonne parfois des réactions de leur soeur, marquée par des règles sociales éloignée de ce que l'Occident peut connaître.

     Souvent drôle, débordant de petits aphorismes et de proverbes, Le show de la vie égrène une petite musique douce-amère qui permet de découvrir sous un autre jour la Chine. Indéniablement à découvrir.

    Chi Li, Le show de la vie, Actes Sud, 2011, 171p., 4/5

    Lu dans le cadre des 

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  • Avec cette neige grise et sale - Ch'oe Yun

    neigegriseetsale.jpgEn compulsant les archives de journaux, une femme lit un entrefilet annonçant la mort d’une immigrée coréenne portant son nom dans un parc new-yorkais. Les souvenirs remontent alors à la surface : au temps de sa jeunesse, Kang, l’étudiante pauvre, avait fait la connaissance d’An, un imprimeur contestataire. De fil en aiguille elle s’était mise au service de sa cause, jusqu’à donner son passeport et son identité à une contestataire poursuivie par les autorités…

     

    J’aime parfois à partir à la pêche sur les rayonnages de la bibliothèque. Prendre au hasard des textes, courts ou longs permet parfois de faire de belles découverte et c’est le cas avec ce récit de l’écrivain coréenne Cho’e Yun. J’avoue ne pas bien connaître la littérature coréenne et s’il faut en croire la préface, Cho’e Yun est un écrivain particulier dans le sens où elle utilise plus les modes narratifs occidentaux que les coréens. Je ne peux guère me prononcer sur la question, mais il est vrai que l’on n’est pas dépaysé, déstabilisé par cette lecture exempte de motifs culturels et stylistiques coréens qui pourraient être difficiles à saisir pour un lecteur occidental. Mais la voix de Kang, cette femme qui se souvient est superbe. Elle raconte sa jeunesse, l’espoir de pouvoir changer de vie, la dureté de la vie quotidienne, le désespoir auquel amène la solitude, la culpabilité, l’indécision. Cho’e Yun donne corps à cette existence avec beaucoup de justesse, soulignant avec finesse l’impossibilité d’exprimer les sentiments, de communiquer, les souffrances intimes cachées derrière un mur de silence.

    En filigrane se dessine une page d’histoire de la Corée, l’époque des années 1970, la contestation politique et la répression parfois violente. Et un petit peu de la tradition et des mœurs coréennes.

    C’est très réaliste, à la fois froid dans le ton employé et débordant d’émotions dans ce qui est raconté.

    A découvrir.

    Cho'e Yun, Avec cette neige grise et sale, Actes Sud, 1999, 77 p. 3.5/5

  • On s'y fera

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    Arezou, 41 ans, iranienne divorcée, maman d'une jeune femme de 19 ans capricieuse, en charge d'une mère tyrannique et de l'agence immobilière familiale. Rien dans sa vie ne semble laisser place à un nouvel amour. Et pourtant. Qui sait ce qui peut arriver au détour d'une visite...

    On s'y fera est avant toute chose l'histoire de l'amour qui va éclore entre une femme qui atteint la quarantaine, et un homme du même âge, jamais marié. Un amour qui naît avec une rencontre agitée, des rendez-vous, des intérêts communs, qui se heurte à l'incompréhension de l'entourage familial et amical, bref, un amour un peu comme tout les autres. Seule différence avec un roman à l'eau de rose occidental, Arezou se heurte non seulement aux écueils habituels, mais en plus aux murs que dresse une société écartelée entre tradition et modernité. C'est avec un choc qu'au détour d'un chapitre, on reprend soudainement conscience que toutes ces femmes sont voilées, que la police des moeurs peut intervenir, que les hommes ont tout pouvoir sur leurs femmes. Dans ce contexte, les réactions exacerbées des femmes qui entourent Arezou à l'annonce de son intention de se remarier prennent sens: pourquoi se remarier quand on est libre, débarrassée de la tutelle d'un homme au mieux aimant ou volage, au pire violent?

    Je ne saurais guère vous dire à quoi je m'attendais, mais j'avoue avoir été un peu déçue. Par les personnages auxquels je ne suis pas parvenue à m'intéresser réellement, au manque de profondeur psychologique dont ils font preuve. Le quadragénaire gentil et bien sous tous rapports, la vieille dame imbuvable, la fille capricieuse et rebelle, l'amie meurtrie par la trahison de son fiancé... La plupart des rebondissements et des événements m'ont paru plutôt téléphonés. En fait, le fond du problème est, je pense, qu'en entendant parler d'une auteure iranienne racontant l'histoire de femmes iraniennes, je me suis attendue, comme d'autres sans doute, à un roman engagé, réaliste, qui me permettrait de mieux connaître l'Iran. Ce n'est pas ce qu'il est, ni ne prétend être. C'est un roman d'amour de bonne facture, une jolie histoire douce-amère qui a le mérite de ne pas aboutir à un happy end convenu. Une lecture agréable mais qui ne me laissera pas de souvenirs impérissables.

    L'avis de Fashion, de Tamara, Brize,...

     

    Et par pitié, messieurs et mesdames lqui rédigez les quatrièmes de voucerture, cessez de mettre Jane Austen à toutes les sauces! Vous ne trompez guère que ceux qui ne l'ont pas encore lue! Arezou n'est pas une infortunée jeune fille à marier manquant de dot il me semble!