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Littérature jeunesse

  • Le vent dans les saules - Kenneth Grahame

    grahame.jpgIl y a Rat l'amoureux de la rivière, Taupe le pantouflard, Blaireau le sage, Crapaud l'irresponsable. Quatre amis qui au fil des saisons affrontent les aventures de la vie quotidienne et les cataclysmes provoqués par l'inénarrable Crapaud. Heureusement, il y a l'amitié qui donne le courage de tout affronter. Même les infâmes belettes et les horribles hermines.

    L'univers de Rat, Taupe, Blaireau et Crapaud, je l'ai d'abord découvert sous le pinceau plein de tendresse et de poésie de Michel Plessix, une superbe adaptation en bande-dessinée qui m'a donné envie de partir à la découverte de ce classique de la littérature anglaise et de la magie qu'on pouvait y deviner. Et de la magie, j'en ai trouvé. Magie d'un conte créé par un père pour son enfant, qui déroule des aventures hautes en couleur et en péripéties où le tragique se mêle à l'humour pour délivrer un message tout en finesse. C'est que le jeune Mouse à qui étaient destinées ces histoires avait un caractère intrépide, sans aucun doute plus proche de celui de Crapaud que de celui de Blaireau. Mais... tout n'est pas si simple, et si Crapaud est un infernal fanfaron et risque-tout, c'est aussi un ami fidèle et capable de s'amender. Et qui est sage n'est pas ascète, Blaireau sait parfaitement profiter de la vie.

    Par-dessus tout, Le vent dans les saules chante l'amitié, le bonheur de partager du temps avec des gens qu'on aime. Pas des gens parfaits, non, mais des gens qu'on prend comme ils sont, avec leurs défauts, avec leurs qualités et qui illuminent le quotidien. Des gens sur qui on peut compter, pour qui on peut sacrifier du temps, des choses, des désirs. Voir ces quatre amis vivre ensemble, rire, se disputer, se consoler, permettre aux trois autres d'être eux-même ou de se dépasser est un bonheur, tout comme de les suivre dans cette campagne et cette forêt qu'on sent bruire de vie à chaque page.

    Je laisse la parole pour terminer à Alberto Manguel, qui résume idéalement ce que je pense de ce petit bijou: " Oui, il s'agit bien d'un livre magique. Quelque chose en lui réenchante le monde, le repeint inlassablement d'une nouvelle couche de myst-re. J'envie le lecteur qui s'apprête à ouvrir ces pages pour la première fois; il va pénétrer dans un pays accueillant où l'attendent des compagnons qui, de toute sa vie, ne le quitteront plus."

    A noter, la couverture et le texte sont illustrés de dessins d'Arthur Rackham, pleins de charme.

    Plaisirs à cultiver,...

    Grahame, Kenneth, Le vent dans les saules, Phébus, Libretto, 2011, 215p., 4/5

     

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  • Panthère - Carl Hiaasen

    21067442546.GIFOn pourrait croire que quand votre professeur de biologie honnie et unanimement détestée disparaît dans de mystérieuses conditions, vous allez pousser un soupire de soulagement. Et bien non. En tout cas, pas quand on s'appelle Nick et que la situation apparaît un brin... compliquée.

    Un polar. Un polar pour la jeunesse. Un polar pour la jeunesse avec de l'écologie au menu. Autant dire que les choses partaient mal entre Panthère et moi. Catégorie soupe à la grimace même. N'eusse été l'ardente obligatin professionnelle, je n'aurais sans doute pas envisagé une seconde d'ouvrir Panthère. Et j'aurais eu tord. Parce que c'est fichtrement bien écrit, parce que c'est drôle, parce que ça parle d'écologie sans en faire des tonnes et sans céder à l'effet de mode, parce que... C'est un sacrément bon moment de lecture!

    Allons-y pour le détail et quelques explications, notamment sur ma légère crispation écologique. Ce n'est pas que je sois réfractaire à la chose, bien au contraire, mais l'effet de mode type coton 100% bio et équitablo-gentil pour la planète a tendance à me fatiguer un peu. Sans parler des gros plans avec musique dégouinante sur les bébés phoques. Tout comme la déferlante développement durable. J'aime qu'on me parle avec conviction et intelligence des choses et c'est ce que fait Carl Hiaasen. D'accord, il y a un méchant. Enfin, un crétin pour être plus exacte. Et un cupide. Et des inconscients. Mais Panthère, ce n'est pas seulement une lutte entre un méchant qui  fait du mal à la nature et un gentil qui la défend. C'est la construction d'une conscience écologiste, l'envie de préserver son cadre de vie et la beauté de ce cadre de vie, la prise de conscience de l'importance de la biodiversité, de la nécessité de la protection des espèces en voie de disparition, c'est une jolie exploration sans jugement des différentes manière de lutter pour cela, entre activisme jusquauboutiste aux méthodes parfois sujettes à caution et engagement militant. Autour de ce thème fort, plein de belles choses sur l'amitié, les relations familiales, la marginalité, les apparences, la guerre, toute une trame qui rend le récit consistant et les personnages attachants, avec la touche d'humour et d'ironie parfaite pour éviter le pathos.

    C'est simple et en même temps bourré de suspense et de surprises, de moments de tendresse et d'action. J'avoue avoir particulièrement aimé le fait que les personnages d'un autre roman de Hiaasen, pour adulte celui-ci, se retrouvent dans Panthère. Cela m'a donné envie d'aller ouvrir ses autres romans pour tout dire!

    Hiaasen, Carl, Panthère, Gallimard jeunesse, 2010, 363p. 4.5/5

  • Les soeurs Eden et la marque du dragon - Lyn Gardner

    COUV-SOEURS-EDEN-TOME-2-OK_Mise-en-page-1-245x370.jpgAu manoir Eden, après les péripéties provoquées par le maître des loups, la vie a repris son cours normal entre soucis pécuniaires, madeleines, expéditions en forêts et petites révoltes domestiques. Une existence bien trop routinière pour Alice qui voit avec bonheur une fête foraine s’installer dans les parages : barbe à papa, grande roue, train fantôme, l’endroit parfait pour s’amuser. Mais dans l’ombre des attractions se cache une sorcière déterminée qui veut s’approprier non seulement la flûte, mais aussi le cœur d’Aurore.

    Ou les sœurs Eden sont de retour pour notre plus grand bonheur. Après un premier volume follement enthousiasmant, on pouvait craindre que l’auteur ne parvienne pas à rester à la hauteur, ou du moins à renouveler le terreau sur lequel elle avait bâti les débuts des sœurs Eden. Mais force est de constater que Les sœurs Eden et la marque du dragon est une petite merveille même si l’effet de surprise est passé. Le récit est toujours passionnant et dynamique, le suspense bien présent et le tout agréablement inventif. Si dans le premier volume, Lyn Gardner s’attaquait aux grands classiques des contes, là, elle joue avec les codes, les personnages et les grands récits de la mythologie grecque, avec les contes, toujours (principalement Blanche-Neige d’ailleurs), et avec les classiques de la littérature. On croise ainsi au détour d’une page le miroir de Dorian, la boîte de Pandore, les sept nains qui ont manifestement du se faire arnaquer par Boucle d’Or, une méchante marâtre un peu, voire très sorcière sur les bords, un loup aux dents acérées, Hermès et Prométhé, un dragon affamé, une Nico transformée en grenouille, le baiser de Blanche-Neige et une foule d’autres petites choses. Autant dire que l’intertextualité s’enrichit et rend la lecture d’autant plus intéressante que Lyn Gardner sait parfaitement utiliser tous ces éléments pour les détourner, les combiner, les transformer, voire s’en moquer gentiment. J’ai adoré ce qu’elle a fait du monde des morts avec son métro, sa station thermale et ses gentils organisateurs, significatif de l’humour dont elle fait preuve à toutes les pages, et la gourmandise manifeste dont on se doutait déjà : dans le premier volume on avait une maison d’Hansel et Gretl effrayante mais qui mettait l’eau à la bouche, dans le second, on a des recettes de Mère-Grand et d’Aurore qui donnent l’envie folle de se ruer aux fourneaux ! Surtout pour faire des madeleines au chocolat d’ailleurs !

    Mon seul regret, les personnages semblent répéter à peu de choses près les mêmes erreurs que dans le premier tome. Alice succombe à la jalousie, Aurore à sa naïveté et à ses angoisses, Nico à sa confiance en elle-même. Mais les relations fraternelles sont toujours aussi bien vues et les grands événements de la vie permettent de faire évoluer tout de même les personnages vers l’âge adulte. Et malgré ce tout petit bémol, c’est une jolie manière de parler des difficultés à accepter les changements, de la peur devant l’avenir que tout le monde a connu un jour ou l’autre. Je suis donc toujours aussi enthousiaste et j'attends avec autant d'impatience le troisième volet des aventures des soeurs Eden, en espérant qu'il y en aura un!

    Lael en parle, Emmyne aussi.

    Gardner, Lyn, La marque du dragon, Les soeurs Eden t.2, 2010, 4/5

  • La couronne d'argent - Robert C. O'Brien

    02767.gif.jpgLe matin de son anniversaire, la première chose que voit Ellen est un drôle de cadeau : une couronne en argent qu’elle met immédiatement avant de partir se promener en attendant que le reste de la famille se réveille. A son retour, la maison a brûlé, sa famille aussi et le policier qui l’amenait au commissariat est tué par un bandit. Elle décide donc de partir chez sa tante Sarah à 600km de là, et de se débrouiller toute seule. Mais des gens étranges prétendent lui venir en aide, et rapidement, il lui semble être suivie…

    Il y a une longue, très longue histoire entre moi et ce roman jeunesse. Je l’ai découvert au CDI du collège que je fréquentais, l’ai emprunté et réemprunté, ai quitté le collège et l’ai redécouvert entre les mains de ma sœur quelques douze ans plus tard, avec à l’intérieur, la même fiche d’emprunt. Je l’avais regardé avec un sourire à l’époque et puis j’étais passé à autre chose. C’est tout récemment que j’ai eu l’occasion de le relire. J’étais, je dois bien l’avouer, un peu inquiète de ne pas y retrouver le même plaisir. J’avais tort. Je n’ai sans doute pas aimé pour les mêmes raisons, mais quel roman !

    Avant tout, La couronne d’argent est une merveilleuse aventure, pleine de rebondissements, de suspense. On suit avec intérêt la jeune Ellen dans ses aventures, on découvre avec plaisir les personnages hauts en couleur qu’elle rencontre au fil de son voyage, on tremble pour et avec elle.

    Mais au-delà de ça, La couronne d’argent est un roman étonnant : écrit en 1962, il met en scène une véritable petite héroïne, décidée, futée et déterminée à ne pas se laisser marcher sur les pieds par les garçons. Elle n’hésite pas à partir à l’aventure, se tire des mauvais pas avec ou sans aide. Elle sait qu’elle est une reine et va se comporter comme tel : avec courage, dignité, et la volonté de tenir sa place dans le monde.  On est loin des robes empesées et des petites filles modèles. En plus de cette héroïne peu commune, Robert O’Brien n’hésite pas à écrire une histoire aux accents de science-fiction merveilleuse qui joue avec certains canons du conte de fée et parle, l’air de rien, du contrôle des esprits par la propagande, du terrorisme, de l’utilisation de la terreur pour dominer et asservir. Le fond est passionnant et amené d’une manière qui le rend à la fois compréhensible (en jouant sur le sentiment d’injustice que provoque les menées du roi à la couronne noire) et approfondi.

    Au final un classique de la littérature jeunesse anglo-saxonne passionnant et toujours actuel. Un grand moment de bonheur pour les petits et les grands.

    O'Brien, Robert C., La couronne d'argent, L'école des loisirs, 1987, 5/5

  • L'invention d'Hugo Cabret - Brian Selznick

    7056ead0201e4f179feaddb1c15d735f.jpgOrphelin, Hugo mène une vie peu ordinaire pour un jeune garçon: avec son oncle, il entretient les horloges d'une grande gare parisienne, rêvant aux temps enfuis où il regardait son père réparer montres et horloges et où ils partagaient la même fascination pour un automate qu'ils avaient retrouvé dans les combles du musée. Mais le jour où son oncle ne rentre pas il faut qu'il s'organise pour survivre, entre petits vols, tournée des horloges et son obsession pour l'automate qui, il en est certain, doit lui délivrer un message de son père. Jusqu'à sa rencontre avec un vieux vendeur de jouets et sa petite fille qui va définitivement changer sa vie.

    La réaction que l'on a devant l'objet livre est parfois étrange. Je regardais Hugo Cabret et je soupirais à l'idée de m'attaquer à ce qui ressemblait à une énième histoire fantastique sous forme de gros pavé. Il faut dire que je ne l'avais pas ouvert et n'avais pas tenté de faire quelques recherches sur la bestiole. Et je vais vous dire, j'en suis heureuse. Parce que j'ai eu une merveilleuse surprise, parce que Hugo m'a embarquée dans ses aventures et que je n'ai pas eu envie de le laisser filer tout seul, pas une minute! Parce que L'invention d'Hugo Cabret est un petit bijou. Brian Selznick a choisit pour raconter l'histoire d'Hugo une forme qui fait plonger immédiatement le lecteur dans l'atmosphère sombre et angoissante des couloirs et recoins d'une gare. Les illustrations défilent, accèlerent et racontent le début de l'histoire. On rencontre Hugo, le vieux vendeur de jouet. Puis les mots prennent le relais, cèdent de nouveau la place à l'image, avant que quelques phrase ne surviennent par surprise. Alors qu'on pouvait s'attendre à un sentiment d'artificialité, le tout coule de source, fluide, agréable, fascinant même grâce au magnifique travail d'illustration de l'auteur et fait plonger dans le Paris de l'exposition universelle. Les double-pages en noir et blanc, découpées comme un story board sont autant de merveilles qui accompagnent une jolie histoire sur les premiers pas du cinéma et les magiciens qui en ont fait un art. La complémentarité des images et des mots est parfaite et donne l'impression de se trouver par moment devant un de ces vieux films muets et un peu saccadés. Autant dire que c'est un OVNI par sa forme, un choc visuel et un grand moment de bonheur malgré une histoire un peu légère. C'est à mon avis le seul défaut de cette merveille qui par sa forme fait un peu oublier qu'elle est destinée à des enfants! Reste une oeuvre qui touche, qui intrigue, et qui rappelle aussi que les mots et les images ne sont pas aussi ennemis que l'on veut parfois le faire croire.

    A découvrir!

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    Theoma l'a aimé, Maijo aussi, tout comme Cachou!