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Littératures anglo-saxonnes

  • Quelques minutes après minuit - Patrick Ness

    livre-quelques-minutes-apres-minuit.jpgConor serait un garçon comme les autres, ne serait-ce la maladie de sa mère, le cauchemar qui envahit ses nuits et ce monstre qui apparaît quelques minutes après minuit, apportant avec lui le vent, la violence, l'obscurité. Il vient chercher la vérité.

    Autant l'avouer immédiatement, j'ai pleuré. A la terrasse d'une boulangerie, en attendant de récupérer T., le fidèle destrier, assise à côté d'un paquet de mécanos et de quelques impétrants égarés là comme moi. Moi qui ne pleure (presque) jamais. C'est dire. C'est une histoire de peur, de mort, de ce que coûte parfois la vérité et de ce que coûte toujours la maladie: l'innocence et le bonheur. On ressent ce que ressent Conor, l’ambiguïté des sentiments, la peur, la colère, même et peut-être surtout à l'encontre de ce monstre et de ses histoires.

    Petite particularité de ce roman, il a été écrit par Patrick Ness sur une idée originale de Siobhan Dowd, décédée en laissant derrière elle une ébauche et des personnages. Je n'ai pas lu ses romans, et ne ferait donc aucune comparaison avec ce qui aurait pu être. Et peu importe finalement tant ce texte est d'une force, d'une justesse et d'une beauté rare qu'accompagne à la perfection les illustrations de Jim Kay.

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    L'arpenteur de pages, Elbakin,...

  • Les reflets d'argent - Susan Fletcher

    les reflts.gif"Qu'est-ce qui fait une bonne histoire?

    Je réfléchis puis je dis: Il faut qu'il y ait du bonheur - des gens qui le trouvent. Il faut un paysage qui nourrisse l'esprit, et soit si parlant qu'on ait l'impression d'y être. Il faut de l'amour. Peut-être un peu de tristesse. Et il faut un voyage, d'une façon ou d'une autre."

    Un voyage, c'est ce qu'offre Susan Fletcher. Un voyage sur île perdue et battue par le vent du Nord dont les paysages sont à l'aune des hommes et des femmes qui vivent sur ses terres: rudes, et extraordinaires chacun à leur manière. Un voyage au cœur des légendes qui se sont transmises de génération en génération. Un voyage au cœur d'une légende qui prend vie et qui va tout faire changer.

    Il est difficile de mettre des mots sur la magie qui se dégage de ce roman. La même que celle d'Un bûcher sous la neige. Elle tient à la fois de la poésie des descriptions, des personnages magnifiquement campés, des paysages, de la sagesse qui surprend au détour d'une page, de la nature omniprésente. L'île prend vie sous la plume de Susan Fletcher qui rappelle que pour ténus qu'ils soient, l'espoir et l'amour restent possibles, malgré le deuil et les secrets.

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    Il va vite rejoindre l'étagère des indispensables.

    Cathulu

  • Une vie pleine - Kristin Kimball

    Une vie pleine.jpgSi Kristin Kimball débarque un jour dans une ferme, ce n'est pas par amour de la verdure et des animaux, mais parce que, toute citadine qu'elle soit, le journalisme vous mène à tout. Et manifestement à trouver le grand amour, devenir fermière et délaisser les talons pour les bottes en caoutchouc.

    Je m'attendais au pire catégorie "j'ai changé de vie, regardez comme c'est une belle leçon mes amis, nous pouvons tous vivre d'agriculture bio et d'eau fraîche". Des resucées de Mange, prie, aime, ou autre... Un trauma persistant. Au choix. Mais bon, Cathulu n'ayant rien perdu de sa force de persuasion, et les bottes roses (oui, manifestement roses) de la couverture faisant leur petite impression, je me suis finalement décidée à mettre le nez dans les aventures de Kristin Kimball. Pour me retrouver à ne plus les lâcher. C'est que la dame a l'art et la manière de raconter avec humour et réalisme sa découverte de la vie de fermière, de bonheurs en mésaventures. On apprend avec elle bien des choses à commencer par ce qu'il se passe dans une vente aux enchères avec des amishs, comment faire face à un taureau furieux et à un agriculteur sexy en diable, ou biberonner un veau. La suivre dans cette nouvelle vie s'avère être un véritable plaisir, et c'est avec regret qu'on la quitte, elle et sa tribu à la dernière page.

    Hop! Qu'est-ce que vous attendez?

    Cathulu en parle à ravir.

    Kimball, Kristin, Une vie pleine, 10/18, 280p., 2012

  • Certaines n'avaient jamais vu la mer - Julie Otsuka

    Parfois, il suffit des quelques lignes d'un extrait pour tomber amoureux d'un texte et filer, quasi séance tenante en librairie. Où la libraire vous tend l'objet de vos désir avec une larmichette à l'oeil et un trémolo dans la voix en vous en faisant l'article. Là, l'inquiétude commence à monter. "Ah. Bon. A ce point. *et si ça ne me plaît paaaaaas, ôskour*"

    Et puis, confortablement installé, une bière bien fraîche/un verre de vin/une tasse de thé/une lichette de whisky (rayer la mention inutile) à portée de main, vous reprenez du début. Et plongez tête la première dans une petite merveille de texte.

    9782752906700.jpgJulie Otsuka raconte non pas une histoire, mais des histoires. Et en même temps, non pas des histoires, mais une histoire. Ne croyez pas que je m'embrouille ou que je tente des effets de style pour le moins aléatoires, c'est simplement que si ce sont des milliers de femmes qui sont évoquées, leur destin se fond dans une histoire commune. Celle, tragique, de jeunes femmes mariées avec des inconnus qui les attendent de l'autre côté de l'océan et qu'elles rejoignent. Elles sont plus ou moins jeunes, toutes rêvent d'une vie plus facile, de cette richesse qui ne peut que les attendre dans ce pays où les dollars poussent sous les pavés. Pour ne trouver à l'arrivée que des maris qui ne ressemblent plus à leurs photographies et l'abrutissement d'une vie de quasi esclave dans un pays où avoir la peau jaune ne vaut pas beaucoup mieux que de l'avoir noire.

    A la première personne du pluriel, mêlant les voix de ces femmes, Julie Otsuka dépeint avec une précision de détails qui donne parfois froid dans le dos l'exil, le quotidien sans espoir, la souffrance de ces femmes contraintes de faire face à un pays qui n'est pas prêt à leur accorder de vivre le moindre rêve, et qui, un jour pas si lointain, les reniera. Elles parlent d'une seule voix ces femmes, parce que finalement, quelque soit les détails parfois minuscules qui leur donnent une silhouette, toutes racontent la même désillusion, le même drame. C'est sont le racisme ordinaire, les travaux des champs, les ménages, les enfants qui deviennent des étrangers. Le temps qui file sans qu'on puisse apprendre ne serait-ce que l'anglais. Le temps qui file sans que quoi que l'on fasse ne puisse jamais effacer la couleur de peau. C'est de l'histoire ancienne et pourtant une histoire qui fait résonner des échos diantrement contemporains C'est bouleversant, révoltant et pourtant pudique et sans pathos.

    J'ai aimé le rythme particulier qui naît de ce nous répété, de ces phrases courtes, presque cliniques qui charrient une violence et une force incroyables. J'ai aimé cette plongée dans l'histoire par la petite porte.

    Un indispensable de la rentrée littéraire pour moi.

     

    Otsuka, Julie, Certaines n'avaient jamais vu la mer, Phébus, 2012, 144p.

     

  • Le dit de Murasaki - Lisa Dalby

    Le-Dit-de-Murasaki-Liza-Dalby.jpgJapon, XIe siècle, Fuji Shibuku, jeune femme issue d'une famille noble, n'est guère commune avec son amour et sa connaissance de la littérature chinoise et son talent incontestable pour l'écriture. Loin de se contenter de composer de la poésie, elle invente Genji, prince radieux dont les aventures vont lui valoir la célébrité et lui ouvrir les portes de la cour impériale. Nul ne le sait encore, mais elle écrit alors ce qui deviendra le premier roman de la littérature japonaise.

    Si Le dit de Genji est un des textes majeurs de la littérature japonaise, il ne reste guère de traces de son auteur, si ce n'est un journal fragmentaire et des poèmes, quelques dates marquantes et son statut de dame d'honneur de l'impératrice Shôshi. Peu, mais suffisant pour Liza Dalby, anthropologue spécialiste du Japon, qui a fait le choix de compléter ce journal et démontre non seulement l'étendue de ses connaissances, mais aussi son incontestable talent littéraire. Non seulement elle fait vivre sous sa plume un très beau personnage féminin, aux pas duquel on s'attache avec plaisir et parfois tristresse mais elle offre aussi, et surtout, une merveilleuse reconstruction de l'ère Heian. Elle fait revivre pour son lecteur un monde mort depuis longtemps dans sa complexité, son raffinement, son aveuglement et parvient à merveille à évoquer l'atmosphère des maisons et des palais, le raffinement qui masque à peine la violence des relations humaines. Parsemé de poèmes waka de l'époque Heian, la plupart de la plume même de Murasaki, Le dit de Murakasi est un petit bijou.

     Yue Yin m'avait donné envie de le lire...

    Dalby, Liza, Le dit de Murasaki, Picquier Poche, 63p., 2007