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Chiff' - Page 94

  • Qui touche à mon corps je le tue

    Trois vies qui s'entrecroisent, douloureuses, prises dans les méandres d'un drame qui les dépasse. Celle de l'exécuteur de l'Etat français, celle de Marie G. qui vit ses dernières heures, celle de Lucie L. qui saigne et attend que l'enfant qu'elle porte se décroche. 


    Qui touche à mon corps je le tue

    Voilà un roman qui m'a donné du fil à retordre et qui m'en donne encore. Le sujet m'attirait pourtant: l'avortement, le prix d'une transgression si commune dans une société qui n'admet pas qu'une femme refuse de donner la vie. Qui touche à mon corps je le tue parle du corps de la femme, de ce qu'il arrive lorsqu'il est identifié, reduit à la seule fonction maternelle. Il parle aussi de la relation de la mère à l'enfant dans ce qu'elle a de plus beau et de plus étouffant.
    Lucie L. est à ce titre un personnage exemplaire: une enfant étouffée par l'amour de sa mère, incapable d'aimer et de donner la vie tant pour elle, ce serait échouer définitivement à exister pour elle-même, pour ce qu'elle est:  une femme. Et pour cela, elle est prête à souffrir, à saigner et à affronter le regard de la société. Ses souvenirs du curetage consécutif à son premier avortement sont à cet égard glaçants. Marie G. est la dernière, celle qui n'existait pas ou si peu, et qui n'a trouvé comme moyen d'être que son métier de faiseuse d'ange. Henri D., le bourreau, est marqué à tout jamais par sa mère décédée au cours de son enfance et ne trouve comme échappatoire à la culpabilité qu'il ressent que d'embrasser la carrière de ses ancêtres. Tous les trois, qu'ils le fassent de manière légale ou illégale sont des bourreaux en ce sens qu'ils amènent la mort. Qu'ils aient raison ou tort de le faire importe peu. Ce que cela fait d'eux l'est.

    Une réflexion passionnante donc, mais rendue trop dure, trop dense par le style de l'auteur. L'absence ou quasi-absence de ponctuation, l'aridité, m'ont rendu la lecture pénible, m'ont empêchée de ressentir la moindre empathie, la moindre tendresse ou la moindre horreur pour les trois personnages malgré leur statut de narrateur. Eux mêmes donnent l'impression d'être totalement en dehors de leur vie. Je ne suis pas amatrice de sentimentalité, mais la froideur qui imprégne l'ensemble du roman me laisse un goût amer.

    Lou est enthousiaste, Clarabel aussi.

    Valentine Goby, Qui touche à mon corps je le tue, Gallimard, 2008, 136 p.
    1,5/5

  • I love your blog too

    Mon Dieu, mon Dieu! Me voilà dans les "I love your blog" d'Armande, Brize et Choupynette!! C'est honorée et fort embêtée que je me prépare donc à vous donner à mon tour la liste de mes sept blogs préférés... Embêtée, oui! C'est qu'il y en a des blogs que j'aime et sur lesquels je vais me balader dès que j'ai quelques minutes pour ce faire!

    Prenant exemple sur quelques unes de mes chères collègues parisiennes, je vais donc, vous me  le pardonnerez, biaiser et  faire, avec l'autorisation de notre glamourous blogueuse herself, la liste des sept blogs qui me font rire. Car comme elle le dit si bien, il n'y a pas que les oeuvres poétiques moldaves dans la vie! Forte de cet adage, voilà ma liste:

    - Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, j'exerce un métier à risque. Bibliothécaire. Et on arrête de rire au fond de la salle! Chignon, jupe écossaise, fiches cartonnées, panneau "Silence" rageur, vous ne pouvez pas imaginer contre quelle fatalité nous nous battons au quotidien! Mais parce qu'il n'y a pas que les systèmes de classement dans la vie (Dewey or not Dewey that is the question, et l'indexation alors? T'as fait quoi du Rameau? Où est le tournevis b******, l'étagère s'effondre! Et le planning alors il est où! On prend l'anthologie des textes érotiques du 17e?), Couv ill. en coul. est là!   Martine, la barbibliothécaire, les compétitions de chorégraphie de chariot à livre, les p'tites vidéos, explorez deux minutes les méandres de leur blog et vous comprendrez aisément pourquoi je vais m'y fendre la poire quand le besoin s'y fait sentir!

    -
    Zag, parce que Superboulet.

    -
    Amanda parce que Perette est décidemment irrésistible!

    -
    Karine! Par ce qu'une fille capable de se battre pour Ranger est a real girl!

    -
    Alinéa par la grâce du martini, des ragondins, de Brad Pitt et des toilettes à la turque.

    -
    Ori pour ses folles aventures et ses shoppings!

    - And last but not least,
    Fashion. Car la Kulture est finalement ce qu'il y a de plus important dans la vie!

    Liste bien entendu non exhaustive!! J'vous aime tous (ou presque)!!

  • Andrea Mantega ou l'Italie

    Certains esprits chagrins (ils se reconnaîtront s'ils passent par ici) vous diraient que mon pire défaut lorsque je suis en voyage, est de vouloir grimper sur tout ce qui ressemble à une tour, une montagne ou une colline. Certes. Ils ajouteront sans doute qu'il ne faut pas me lâcher dans une ville d'art et d'histoire sous peine de me retrouver avec un plâtre faute d'avoir regardé où je mettais les pieds, voire de ne pas me retrouver du tout. Sans aucun doute. Mais il y a pire! Mon amour immodéré de la peinture italienne dans ce qu'elle a donné à mon humble avis de meilleur: les primitifs et la Renaissance! Bizarrement, les gens ont parfois du mal à comprendre ce que la mécréante que je suis trouve de si fascinant dans des annonciations, des adorations et autres -ions. Tant pis pour eux! Ils ne savent pas ce qu'ils ratent!

    Image:San Gimignano.JPG
     

    (Ca, ce sont des tours sur lesquelles j'ai allégrement grimpé!)

    Ce qui ne m'empêche bien évidemment pas d'être totalement incapable de me souvenir du nom de mes peintres préférés! Un poisson rouge en plus du reste!

    Bref, après cet horrible coming-out, je reviens à mes moutons, soit la sublime rétrospective
    Mantegna que le Louvre offre aux parisiens et aux touristes jusqu'au 5 janvier 2009. L’exposition réunit un ensemble d’œuvres qui permettent de retracer les grandes étapes de la carrière du peintre et de l’évolution de son style. Aux œuvres de Mantegna proprement dites, font face les travaux de ses contemporains ou de ses successeurs : toiles, retables, manuscrits enluminés et illustrés, carnets de croquis, dessins préparatoires, sculptures, gravures, etc… Une diversité fort appréciable dans un parcours aussi long ! On croise ainsi Bellini fils, Ghirlandaio, Léonard de Vinci, Corrège, Girolamo da Crémona, Van der Weyden… Cette conception de l’exposition permet au profane comme au spécialiste de relever les influences que ces artistes ont exercé les uns sur les autres. Autant dire que cela peut facilement se transformer en une chasse au petit détail qui fera toute la différence ! C’est passionnant et fascinant de voir à quel point avec des sujets identiques et des techniques proches, ces artistes ont créé des œuvres profondément différentes, exprimant ainsi leurs personnalités.

     

    J’avoue avoir été très impressionnée par l’œuvre de Mantegna. Je connaissais pour les avoir croisées au hasard de mes pérégrinations quelques unes de ses œuvres, mais voir cet ensemble permet de mieux appréhender son incroyable talent. Il semble faire ployer la lumière et la contraindre à éclairer son sujet de la manière la plus juste possible. Les drapés, les détails des vêtements, l’expressivité des visages sont à chaque fois une surprise. Quand aux arrière-plans, ils justifient à eux seuls les longues minutes que l’on peut passer le nez à dix centimètres de l’œuvre !

    Mais foin d’explications ! Voilà quelques unes des œuvres qui m’ont le plus touchée.

     

     

     

    Saint Marc (huile sur toile conservée au Museum Städel de Franfort sur le Main)

     

    Saint Marc (huile/toile, Museum Städel, Francfort sur le Main) 

     

    J’ai beaucoup aimé ce portrait de Saint Marc ! Il a un petit air illuminé qui lui donne un aspect presque guilleret !

     

    Martyre de saint Sébastien (huile/toile, Louvre, Paris) 

     

    Ce Saint Sébastien est grandeur nature (j’espère avec ferveur ne pas m’être trompée de toile) ! Autant vous dire que la tension, l’horreur qui se dégage de cette toile est à la mesure du supplice infligé au saint ! C’est là encore une merveille de détail et de couleurs !

     

    La Madone entourée de saints, avec François II de Mantoue à genoux (huile sur toile conservée au muée du Louvre)

     

      La Madone entourée de saints, avec François II de Mantoue à genouxc. 1496 Huile sur toileLouvre, Paris

     

    Cette Madone est absolument monumentale. On tombe en arrêt devant elle en entrant dans une salle. La douceur du visage de la Vierge est bien loin des visages un peu déformés que l’on peut voir sur des œuvres de peintres antérieurs. On commence à trouver chez Mantegna la beauté des modèles de la Renaissance. On ne le voit pas sur cette toute petite reproduction, mais le dais végétal sous lequel se tiennent les personnages est une merveille de détail et de richesse qui fait un contrepoint parfait aux drapés et aux couleurs.

     

    La présentation de Jésus au temple

     

     Image:Andrea Mantegna 049.jpg

     

    Rien à ajouter !

     

     

     

    Une œuvre un peu différente, commandée par Isabelle d’Este pour son studiolo du palais ducal de Mantoue. Cette allégoie s’intègre dans un ensemble (présenté là au complet) qui comprend entre autre un Corrège, un Lorenzo Costa, un Pérugin…

     

     
     

     

    Et pour terminer, celle qui est pour moi une des plus belles Madone à l’enfant

     

     

     

    Je m’arrêterais là en espérant ne pas avoir assommé d’ennui ceux qui seront parvenus jusque là ! Emportée par la passion, j’aurais bien continué encore un peu ! Mais autant vous laisser le bonheur de découvrir le reste…

     

  • Oh les filles!

    Anna, Bénédicte, Leïla, Chloé, Muriel, cinq copines aux caractères bien trempés qui traversent vaille que vaille la vie et ses désastres annoncés. Entre ruptures, examens, bébés, famille, amours sans espoirs et pyjama partys, dur, dur d'être une femme moderne. Mais qu'est-ce que ce serait pire s'il n'y avait pas les autres!

     

    Pyjama party a attiré mon oeil par les couleurs et le graphisme fort symathique de sa couverture. Le coup d'essai ayant été transformé, j'ai avalé dans la foulée les quatre autres tomes de la série sur lesquels j'ai pu mettre la main!



    Les cinq filles qu'on découvre au cours d'une de ces soirées papotage sont attachantes. Chacune traine avec elle le poid d'une éducation, d'une famille, de traditions, parfois des trois avec une énergie peu commune et un humour qui leur permet de rester droites dans la tourmentes. Et comme de toute manière quand il y en a une qui penche, les quatre autres font tuteur, tout va pour le mieux dans un univers agité.



    Dans le premier tome,  Christopher prend le temps de camper ses personnages en leur laissant le temps de dévoiler leurs victoires et leurs déboires amoureux. On s'attache déjà à ces demoiselles si "comme tout le monde", à la petite bande qu'elles forment, si soudée que les vacheries, les coups de gueule et les petites trahisons ne parviennent pas à entamer leur entente.  Son trait sobre, agréable s'allie à la simplicité du scénario pour offrir une lecture sereine, agréable et amener tout doucement à l'envie de découvrir la suite de leurs aventures. Et sans oublier au passage de traduire très efficacement sentiments et ressentiments!



    Et dans les tomes suivants, la découverte des familles, des amoureux nous fait pénéter plus avant dans le petit  monde de ces demoiselles. Entre deux cases, on voit poindre les questions et les problèmes qui se posent aux jeunes adultes: l'amour, l'orientation sexuelle, l'homoparentalité, le sida, la religion et son poid. Chacune des filles doit faire face à des décisions difficiles, des situations qui remettent en cause la vision qu'elles pouvaient avoir du monde... Et de leurs parents! En devenant adulte, en rompant avec ce cocon familial rejeté et parfois acerbement critiqué, elles se confrontent aussi avec des parents très différents de ceux qu'elles croyaient connaître. Avec de bonnes et de bien moins bonnes surprises.



    Les personnages secondaires, nombreux et bien campés apportent une richesse bienvenue au décor et permettent de diversifier la gamme des rapports qu'entretiennent les héroïnes de l'histoire avec le monde qui les entoure. On se retrouve dans des moments de vie qui peuvent parfois frôler la caricature tant l'auteur va au coeur et à l'essentiel des rapports humains.
    Tout cela avec toujours autant de tendresse et une légéreté qui enveloppe de coton et de cocasserie des moments durs.

    Bref, on en redemande, et j'espère bien pouvoir retrouver très vite mes nouvelles copines!

    Christopher
    t.1 Pyjama party
    t.2 Papier peint
    t.3 Action ou vérité
    t.4 Telle mère telle fille
    t.5 Au nom du père
    Editions Carabas

  • Qui comme Ulysse

    flipo.jpg












    Je ne suis pas la première, et je ne serai pas la dernière à vous parler du recueil de nouvelles de Georges Flipo. J'ai eu le grand plaisir de trouver dans mon courrier l'Ulysse et ses valises,et de pouvoir me plonger dans des histoires qui m'ont fait voyager de par le monde et dans l'âme humaine par les odeurs, les goûts, les couleurs et l'imagination.

    Le point commun des personnages mis en scène par Georges Flipo? Se découvrir dans le voyage, et parfois se trouver quelque soit le destin qui les attend à l'issue du voyage. Il ne s'agit pas toujours d'un voyage physique: si je devais choisir ma nouvelle préférée parmi les quatorze qui composent le recueil, ce serait sans doute La route de la soie pour la tendresse et le bonheur tranquille qu'elle dégage. Cet homme vieillissant et solitaire qui met en mots et en images les voyages des autres, talentueux faussaire de l'ailleurs m'a littéralement enchantée. Il est la version moderne de ces hommes et ces femmes qui ont voyagé sans quitter leur fauteuil ou leur lit. J'ai aimé ce rappel du fait qu'il n'est pas toujours nécessaire d'aller loin pour découvrir le monde et les hommes.
    Mais il n'y a pas que lui: l'adolescente de L'île Sainte-Absence, l'écrivain aux empanadas, le joueur d'échec ont tout autant de charme. On tourne les pages avec gourmandise et attente, le coeur tenaillé par l'envie de savoir ce qu'il va advenir d'eux, et le regret de voir trop vite arriver la fin du chemin. Et jamais on ne se lasse tant ces histoires sont différentes les unes des autres et tant il y a apprendre d'elles et du cheminement de leurs héros. Comme tout le monde, ils cherchent un sens à leur vie, un retour aux sources, une fuite en dehors d'un quotidien trop terne et lourd à porter. C'est parfois triste, c'est souvent passionnant, de temps en temps drôle,  de loin en loin un brin cynique, c'est la vie tout simplement, croquée avec gourmandise quelque soit la chute de l'histoire!! Mais je me pose une petite question... Y répondrez-vous monsieur Flipo? Pour décrire les gens et ce qu'ils mangent et boivent avec autant de gourmandise, êtes-vous vous même gourmand?

    Un petit bonheur de lecture comme je les aime et que je ne peux que chaudement conseiller!

    Ulysse est déjà passé chez
    Amanda, Cuné, Fashion, Papillon, Laure, Kathel, Cathulu, Le Bibliomane,... Je lui souhaite bon vent pour ses prochaines étapes.


    Georges Flipo, Qui comme Ulysse, Anne Carrière, 2008, 253 p.