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Littératures des Caraïbes

  • Yanvalou pour Charlie

     

    Jeune avocat d’affaire dévoré d’ambition, Mathurin D. Saint-Fort a voulu oublier ses origines pour se tenir désormais du meilleur côté possible de l’existence. Jusqu’au jour où fait irruption dans sa vie Charlie, un adolescent en cavale après une tentative de braquage, qui vient demander son aide au nom des attachements à leur même village natal. Débusqué, contraint de renouer avec le dehors, avec la douleur du souvenir et la misère d’autrui, l’élégant Mathurin D. Saint-Fort embarque, malgré lui, pour une aventure solidaire qui lui fait re-traverser, en compagnie de Charlie et de quelques autres gamins affolées, les cercles de la pauvreté, de la délinquance, de la révolte ou de la haine envers tout ce que lui-même incarne »
     
    Première rencontre pour moi avec Lyonel Trouillot, écrivain haïtien engagé qui porte un regard sans concession sur Haïti aujourd’hui mais loin des clichés que nous pouvons avoir en tête sur cette île.
     
    « Sais-tu ce que signifie le mot yanvalou ? Je te salue, ô terre. La terre n’a pas de mémoire. Le sol sec et pierreux ne garde pas souvenir de la bonne terre arable qui descend vers la mer. Seuls les hommes se souviennent. Où qu’ils aillent, où qu’ils restent, peut-être leur suffit-il de saluer la terre pour que leur passage soit justifié. »
     
    C’est pour moi la phrase qui résume le mieux le roman et son thème : celui de l’identité et des origines. La question que pose le personnage de Mathurin est simple : peut-on oublier, effacer ses origines ? Et à quel prix faut-il payer l’oubli ? Lui était prêt à tout pour oublier d’où il venait, la pauvreté, le village au bord de la mer, la faiblesse de son père. Même à quitter Anne, son maie d’enfance, son amante. Mais on ne peut jamais vraiment disparaître, c’est ce qu’il comprend quand Charlie fait irruption dans sa vie, porteur de tout le désespoir d’enfants perdus par la misère et qui persistent malgré tout à espérer une vie meilleure. Mathruin le cynique va  laisser Charlie entrer dans sa vie et tout bouleverser.
    Haïti, on la découvre à travers les voix de quatre personnages : Mathurin, Charlie, Anne et Nathanael. Chacun parle du monde qu’il connaît : celui des riches, celui de la campagne, celui de la rue, celui de la dissidence politique. Leur point commun : la quête de leur étoile, celle qui va leur apporter le bonheur. Les voix se croisent comme les destins en une musique maîtrisée pleinement mais un peu trop lente pour moi. Certes la plume est agréable, la découverte intéressante, mais j’ai eu le sentiment, tout au long de ma lecture de rester en surface, et de deviner bien longtemps avant qu’elle advienne, la fin de l’histoire. On est entre le polar, le roman Yaninitiatique (celui d'un adulte et celui d'un adolescent se mêlant), le tableau social. Un mélange qui n'a pas réellement pris sur moi. Reste des personnages attachants, et un tableau d’Haïti. intéressant.

    Dda a beaucoup, beaucoup aimé. On en parle aussi sur les Chroniques de la rentrée littéraire, sur le blog de la librairie Mollat,...

    Trouillot, Lyonel, Yanvalou pour Charlie, Actes Sud, 2009, 3.5/5