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Chiff' - Page 24

  • Le guide du routard galactique - Douglas Adams

    img.php.jpgOu ce qu'il se passe quand les Monty Python font subitement irruption dans l'univers intergalactique. Mais... PAS DE PANIQUE! Tant que vous avez votre serviette et que vous savez que 42 est la réponse, tout va bien se passer. Ou pas.

    Attaquons pas le commencement: inutile de chercher du sens dans Le guide du routard galactique, il n'y en a pas. Du tout. Ce que constate d'ailleurs le malheureux héros de ces péripéties absurdissimes qui voit le même jour sa maison être rasée par des bulldozers pour laisser la place à une déviation d'autoroute, la Terre être rasée pour laisser la place à une voie express intergalactique, son meilleur ami se révéler être natif de Bétélgeuse et astrostoppeur. Sans compter les événements ô combien anodins qui le voient manquer mourir avant de se retrouver recueilli par le président du gouvernement impérial galactique à bord du seul et unique vaisseau propulsé par un générateur d'improbabilité infinie et bénéficiant de la présence réconfortante d'un robot dépressif prénommé Marvin. Le reste implique de la poésie vogone, des constructeurs de planètes et des souris blanches. Absurde donc. Jusqu'au trognon. Et par conséquent, absolument réjouissant, hilarant, drôlatique. Autant dire que j'ai adoré du début à la fin et les personnages, et les rebondissements, et le concept même du Guide du voyageur galactique tout en prévoyant de me pourvoir au cours de mes futures périgrinations d'une serviette que je défendrai corps et âme maintenant que je sais pourquoi c'est l'accessoire essentiel du voyageur.

    En aparté, c'est l'édition 1982 traduite par Jean Bonnefoy qui m'a atterri dans les mains, traduction considérée, et j'ai compris pourquoi comme un brin rock'n roll. Une nouvelle édition a paru chez Folio SF. Je vais comparer. Pour la science. Uniquement pour la science.

    Bref, si ce n'est pas déjà fait, jetez-vous sur ce monument de nonsense. Moi je m'en fait mettre la main sur la suite et visionner le film qui a été tiré principalement de ce premier opus en 2005.

     Et hop, pour la citation du jeudi, un petit extrait, l'incipit pour tout dire:

    "Tout là-bas, au fin fond des tréfonds inexplorés et mal famés du bout du bras occidental de la Galaxie, traîne un petit soleil jaunâtre et minable.
    En orbite autour de celui-ci, à la distance approximative de cent cinquante millions de kilomètres, se trouve une petite planète bleu-vert dont les habitants — descendus du singe — sont primitifs au point de croire encore que les montres à quartz numériques sont une vachté de chouette idée.
    Cette planète a — ou plutôt, elle avait — un problème, à savoir celui-ci : la plupart de ses habitants étaient malheureux la plupart du temps. Bien des solutions avaient été suggérées mais la plupart d'entre elles faisaient largement intervenir la mise en circulation de petits bouts de papier vert, chose curieuse puisque en définitive ce n'étaient pas les bouts de papier vert qui étaient malheureux."

    Chimère, Karine, Cachou, Mo,...

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  • Le diable danse à Bleeding Heart Square - Andrew Taylor

    arton22968-a8a2f.jpgQuand Lydia Langstone quitte son mari et sa confortable demeure, son seul abri est la pension de famille modeste où habite un père qu'elle n'a jamais connu et où se croisent des locataires pour le moins étranges, quand ils ne sont pas purement et simplement inquiétants. Pourtant, tout vaut mieux que les coups, même s'il faut trouver du travail, même s'il faut se passer de domestique et affronter les mystères que cache la disparition de la propriétaire de la pension, miss Penhow.

    Je ne lis guère de littérature policière, mais que voulez-vous, d'abominables tentatrices sont passées par là et ma légendaire faiblesse étant ce qu'elle est, j'ai d'autant moins résisté à l'attrait de ce gros roman que la quatrième de couverture cite Jonathan Coe et dame Agatha. Deux excellentes raisons de lire ce roman "terriblement britannique" (dixit Cuné) qui se révèle effectivement prenant avec son atmosphère brumeuse où l'on devine au détour des escaliers de la pension ou des recoins de Bleeding Heart Square de sombres secrets, des liens occultes et des violences soigneusement masquées par le tissu épais des convenances. Petit à petit, les relations entre les personnages se dévoilent, tissant la trame d'une intrigue qui rappelle effectivement celles qu'offrait à ses lecteurs Agatha Christie y compris le twist final qui fait tourner en bourrique le lecteur mais avec un petit arrière-goût de detective story des années 50 sans le détective revenu de tout mais avec le journaliste fouineur et la "femme fatale". L'intrigue, sans être débordante d'originalité, est bien construite, alimentée par des aspects sociaux et politiques qui rappellent la réalité des années 1930 avec le chômage et la montée du fascisme. Elle n'édulcore pas pour autant le poids persistant des convenances dans la haute société et les drames et trahisons qui s'y déroulent, presque imperceptibles pour qui ne fait pas partie de ce monde. L'ambiance se fait souvent oppressante, de plus en plus lourde au fil des révélations, des secrets mis au jour, et de l'histoire de miss Penhaw qu'on devine, puis découvre tragique à travers son journal intime, chronique d'espoirs déçus et d'une lente descente aux enfers qui n'a rien à envier à ce que subissent ou ont subis ceux qui cherchent à comprendre ce qui lui est arrivé et se retrouvent pris dans les rets d'une violence protéiforme qu'ils combattent chacun à leur manière ou à laquelle ils cèdent. 

    Une franche réussite donc!

    Cuné, Stephie, Keisha, Mivava,...

     Taylor, Andrew, Le diable danse à Bleeding Heart Square, Le cherche-midi, 2011, 480p., 45

     

  • La citation du jeudi: Une passion

    Webguichet-entre_ciel_et_chair.jpg" Je veux parler d'amour dans ces pages, toutes ces pages. Tout ce qui a été écrit sur terre, dit, murmuré, hurlé, crié, parle d'amour... Trois fois j'ai vécu dans ma vie de moniale les incursions du divin - ces instants de suffocation où le ravissement et la terreur se confondent. Chaque fois, oui, chacune de ces trois fois monta tout aussitôt en moi un cri : Ah, Seigneur, pas sans Abélard, pas sans lui ! "

     

    Un texte sublime, porté par une voix qui lui donne une chair, une genere-miniature.aspx.gifintensité, une densité qui provoque le frisson. Comme Fashion, comme Amanda, j'ai été emportée par cette incarnation d'Héloïse, par les notes égrenées au fil de son long cri d'amour. J'en suis sortie sans voix, littéralement sonnée. ' voulu choisir un extrait du texte, mais Une passion n'est pas encore dans ma bibliothèque. Cela ne saurait tarder. En attendant, cette citation faite dans la quatrième de couverture donne un avant-goût.

    Il reste quelques jours pour aller voir cette pure merveille au théâtre du Lucernaire. Toutes les informations ici, et .

     

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  • Sans âme - Gail Carriger

    sans-c3a2me.jpgBien, bien, bien, bien, bien. C'est là que, paraît-il, les athéniens s'atteignirent... C'est que, comme qui dirait, je ne vais pas être la première, loin de là à pousser de grands ho, hi, ha, et plus si affinités en parlant du premier tome de la formidable série Le protectorat de l'ombrelle. Rien que ce titre, franchement, ça ne vous fait pas envie à vous? Non? Alors je ne sais pas ce qu'il vous faut! Un protectorat de l'ombrelle! Avec du loup-garou 100% véritable! Du vampire 100% mort! De l'action, de l'aventure, du muscle utile! De toute manière, vu la pub d'enfer que faisaient les copines à lord Maccon et à sa chère et tendre Alexia, je ne pouvait pas résister fort longtemps. A la première page j'ai gloussé, à la seconde retenu un fou rire, à la troisième hoquetté. J'étais fichue (oui, encore).

    C'est que Sans âme est un roman diablement bien troussé. Non seulement il se paie le luxe d'installer un univers ma foi intéressant où les créatures magiques ont droit de cité, en tout cas au sein de l'Empire britannique (il y a des vilains pas beau qui ont des projets machiavélique, et heureusement, sinon l'ennui poindrait le bout de son nez, encore que, avec Alexia dans les parages...), mais en plus les personnages, Alexia (et son ombrelle), et lord Maccon loup-garou et alpha de son état sont profondément réjouissants. La première a pour caractéristique de ne pas avoir d'âme ce qui lui permet d'annuler les pouvoirs des créatures qui la touchent, et, pire, d'avoir un père italien, et mort ce qui obère largement les chances de mariage que lui laissaient son caractère bien trempé. Quant au second, il est écossais, ce qui résume assez bien la situation. Chacune de leurs querelles fait naître un sourire que l'esprit aventureux et purement scientifique d'Alexia ne fait que renforcer. Il y a quelques scènes où son abnégation est d'ailleurs profondément admirable. S'ils étaient seuls, ce pourrait être un peu court, mais autour d'eux gravite une galerie de personnages secondaires hauts en couleurs, souvent cocasses qui servent à merveille une intrigue qui va à 100 à l'heure. Les dialogues sont piquants à souhait, les bagarres épiques, les méchants suffisamment méchants pour faire ce qu'on leur demande, on retrouve par-ci par-là des références à la littérature classique britannique... Bref, c'est un coup de coeur. Et puisqu'il paraît que la traduction est excellente, ce qu'à vue de nez je confirme puisqu'à aucun moment je n'ai grincé des dents, je vais aller le vérifier en relisant ce fabuleux premier tome in english dans le texte, et la suite pour faire bonne mesure. C'est pour la science, il faut que j'étudie de plus près les moeurs des loups-garous.

     

    Pimpi, Karine:), Petite fleur, Fashion (tout ça c'est de ta faute, oui, encore), Chimère, Yueyin,...

     

    Carriger, Gail, Sans âme, Orbit, 2011, 324 p., 5/5

  • Le show de la vie - Chi Li

    12344-medium.jpg"Dans la rue du Bon-Augure, au cœur de la grande ville de Wuhan, l'animation bat son plein toute la nuit : autour des gargotes installées en plein air se pressent petits vendeurs et artistes de rue. Célébrité y tient chaque soir son étal de cous de canard. Originaire de ce quartier populaire, elle ne l'a jamais renié, contrairement à sa sœur qui rêve d'une brillante carrière dans les médias. Fidèle à ses origines, mais dotée d'une intelligence qui lui a permis de sortir du lot, Célébrité est le pilier de la famille : elle porte à bout de bras son jeune frère drogué et se dépense sans compter pour assurer l'avenir de son unique neveu, négligé par une mère frivole."

    Neuvième roman de Chi Li a être traduit en français et formidable succès en Chine, Le show de la vie ouvre une porte vers la Chine des petites gens, la vie et les soucis quotidiens dans un quartier populaire où les gens se connaissent, se guettent et vivent avec plus ou moins de facilité et d'agitation ensemble. Mais attention, pas de politique, pas de démonstration, ce n'est pas le propos. Ce qu'offre Chi Li avec ce roman, c'est avant tout le portrait d'une femme forte, débrouillarde et pragmatique, souvent drôle, en tout cas décidée. Célébrité trace son chemin à sa manière quoi qu'en pense son entourage, quitte à se transformer en mégère pas tout à fait apprivoisé, à ruser, voire à tromper. Pour elle, la fin justifie les moyens puisqu'il s'agit après tout de continuer à assurer la subsistance de sa famille même si ceux-ci ne sont guère conscients de ce qu'elle fait pour eux, et de mener sa propre barque professionnelle et amoureuse avec plus ou moins de bonheur face à des hommes qui ne sont guère mieux que des boulets. A travers ce personnage, c'est le portrait d'une Chine méconnue que dresse Chi Li: partagée entre traditions et conventions sociales toujours vivaces, communisme et ouverture au libéralisme. C'est un joli texte, dont le style est au départ un peu déstabilisant, à cause d'une certaine concision qui confine par moment à la froideur mais qui déborde de chaleur et d'amour, expose sans jamais juger ou sombrer dans le misérabilisme une réalité parfois, voire souvent difficile. On sourit, on rit, on s'attriste aux déconvenues de Célébrité dont on ne peut qu'admirer la capacité à affronter la vie et à sortir la tête haute de ses combats et ses échecs, on adore détester Premier le frère aîné et son horrible femme, l'envie prend de donner une bonne paire de claques à Jade, la petite soeur arrogante... Et on s'étonne parfois des réactions de leur soeur, marquée par des règles sociales éloignée de ce que l'Occident peut connaître.

     Souvent drôle, débordant de petits aphorismes et de proverbes, Le show de la vie égrène une petite musique douce-amère qui permet de découvrir sous un autre jour la Chine. Indéniablement à découvrir.

    Chi Li, Le show de la vie, Actes Sud, 2011, 171p., 4/5

    Lu dans le cadre des 

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