Huit touristes japonais sont pris en otage. Une situation qui s'enlise jusqu'à être oubliée et ne ressurgir aux yeux du monde qu'au moment de l'assaut au cours duquel tous décèdent. Pendant cent jours pourtant, la vie a continué, une vie qui a laissé sa trace dans les enregistrements permis par un minuscule appareil introduit dans leur prison. Tous les soirs à la même heure, l'un d'eux va prendre la parole.
Tout l'art de Yoko Ogawa consiste à ne jamais être là où on l'attendrait. Tout promettait un de ces récits angoissants et glauques dont elle a le secret? C'est la joie de vivre et la tendresse qui sont au rendez-vous. On pensait la veine fantastique tarie? Ce n'est que pour mieux ressurgir. Quant à Les lectures des otages... C'est un bien étrange recueil de récit qui, par la magie du talent d'Ogawa, tient ses promesses. Pourtant rien que de très banal: des rencontres, des petites manies, des hasards... ce sont des hommes et des femmes ordinaires qui prennent la parole. Mais chaque histoire plonge le lecteur dans un univers à la fois familier et étrange, qui, s'il rappelle le tragique de la vie, en montre aussi les merveilles et rappelle l'importance de la mémoire... et des autres.
Là où les livres sont chez eux, Nebal qui n'a pas aimé,...
Ogawa, Yoko, Les lectures des otages, Actes Sud, 2012, 189p.
"Dans la rue du Bon-Augure, au cœur de la grande ville de Wuhan, l'animation bat son plein toute la nuit : autour des gargotes installées en plein air se pressent petits vendeurs et artistes de rue. Célébrité y tient chaque soir son étal de cous de canard. Originaire de ce quartier populaire, elle ne l'a jamais renié, contrairement à sa sœur qui rêve d'une brillante carrière dans les médias. Fidèle à ses origines, mais dotée d'une intelligence qui lui a permis de sortir du lot, Célébrité est le pilier de la famille : elle porte à bout de bras son jeune frère drogué et se dépense sans compter pour assurer l'avenir de son unique neveu, négligé par une mère frivole."
En compulsant les archives de journaux, une femme lit un entrefilet annonçant la mort d’une immigrée coréenne portant son nom dans un parc new-yorkais. Les souvenirs remontent alors à la surface : au temps de sa jeunesse, Kang, l’étudiante pauvre, avait fait la connaissance d’An, un imprimeur contestataire. De fil en aiguille elle s’était mise au service de sa cause, jusqu’à donner son passeport et son identité à une contestataire poursuivie par les autorités…