Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Chiff' - Page 28

  • Samba pour la France - Delphine Coulin

    9782021028546.jpg"Lorsqu’il avait été enfin seul, et libre, en descendant de l’autocar qui l’avait emmené du sud de l’Espagne au nord de la France, Samba avait regardé autour de lui et c’était la France, c’était Paris, alors il avait marché, marché le long des bâtiments du passé. Ses chaussures étaient minables et trouées, mais le ciel était jaune, les murs brillaient dans la lumière du soleil qui tombait, et il était au centre du monde. Il savait que cela ne durerait peut-être pas, mais il était heureux d’être là, et cela rendait ces minutes encore plus précieuses.

    Dix ans plus tard, il était toujours ébloui par la lumière des quais.

    Même derrière les barreaux, même les menottes aux poignets, il aimait la France.

    C’était un patriote."

    Samba pour la France est un vrai beau roman, un de ceux qui n'oublient pas derrière le message, et la rage, d'être littéraires et de raconter une histoire, un de ceux qui débordent d'humanité sans jamais sombrer dans les bons sentiments, un de ceux dont on aimerait avoir des nouvelles des personnages.

    Il est vrai, je dois l'avouer, que j'ai particulièrement apprécié de voir aborder ainsi le thème rebattu dans l'actualité des sans-papiers. Ceux qui sont taxés de tous les maux, ceux qui font peur ou pitié. Mais qui sont, et on l'oublie parfois, des êtres humains et pas juste des silhouettes  Or, ce que Delphine Coulin raconte, c'est l'histoire d'un être humain, Samba. Et de ceux qui l'entourent, entre petits bonheurs et grands drames, amours, petits boulots et grandes amitiés.

    Surtout, on prend de plein fouet à travers la voix de Samba et de celle qu'il va rencontrer à la Cimade, les drames humains, les voyage homériques qui sont le préalable à ce qui s'avérera pour la plupart plus dur encore. On entend l'indécence de la course au malheur où parfois sont enviés ceux qui ont obtenu l'asile pour avoir vécu le pire, massacres, viols, persécution. On entend ceux qui ont subit les guerres, les violences, et par-dessus tout cela un exil et l'arrivée dans un pays qui malgré ce qui est inscrit dans ses textes fondateurs, s'est fermé. La France rassie comme dit Lamouna, l'oncle de Samba. Celle qui se sert de ses lois pour broyer, pour nier l'humanité de celles et ceux qui rêvent à la liberté, à l'égalité et à la fraternité. Celles où le respect est conditionné à la possession d'un bout de papier et où la dignité doit trop souvent être sacrifiée à la nécessité de gagner son pain. Pas forcément pire que ces autres endroits traversés au cours du voyage, mais pas toujours mieux malgré tout.

    Et puis il y a l'absurdité de ces lois, la violence physique et morale, la misère, l'horreur des centres de retention qui ne sont pas des prisons puisqu'il y a des balançoires, mais où on se retrouve malgré dix ans d'une vie, dix ans de travail, d'impôts. Une logique ubuesque qui fait passer de l'autre côté, celui des sans-papiers, condamnés à être des ombre perdant parfois jusqu'à leur nom et ceux de leurs pères. Le mal ordinaire qui pousse à oublier l'humanité la plus simple.

    A tout ce monde là, Delphine Coulin donne une consistance, de la vie, de la dignité. Avec humour, avec colère. Parce que ce monde-là, elle le connaît, elle en porte témoignage de la plus belle des manières. Et de cela, on peut lui être reconnaissant même si, seul petit regret de ma part, on ne voit presque que le pire des agents publics. Sans doute parce que c'est ce qu'on voit le plus quand on est dans la situation de Samba et des autres.

    Un vrai grand beau roman donc. Et un coup de coeur.

    "Tout les jours on met en doute la parole de ceux qui disent qu'ils sont là depuis plusieurs années, parfois dix ans, parfois douze, parfois quinze, comme si les mots n'avaient plus aucune importance, ou qu'il fallait s'en méfier. Pourquoi ne nous croit-on pas? Pourquoi nous condamne-t-on à la misère et au mensonge?

    Lamouna dit encore:

     La France a changé. Ce n'est plus le même pays que quand je suis arrivé. Il y a deux France, et aujourd'hui je crois que c'est la France rassise qui a gagné. J'espère que l'autre France va réussir à reprendre le dessus... Mais je n'ai plus la force d'attendre."

    Coulin, Delphine, Samba pour la France, Seuil, 2011, 5/5

  • Le prix Landerneau 2011

    Avez-vous entendu parler du prix Landerneau? J'ai découvert il y a deux ans une sélection de haute volée et ai eu le plaisir, cette année, de pouvoir me plonger dans le cru 2011 et d'assister à la remise du prix le 9 février dernier en la présence du président du jury, Jean-Christophe Rufin, des libraires des Espaces culturels Leclerc membres du jury et de Michel-Edouard Leclerc lui-même. Avec le bonheur de voir primer un roman que j'ai beaucoup aimé.

    Mais revenons sur la sélection: nouveauté de cette quatrième édition, elle s'est faite parmi les 329 romans français de la rentrée de janvier. Et le prix est décerné assez tôt pour que le roman primé puisse être mis en avant tout au long de l'année dans les librairies des Espaces culturels.

     

    Étaient sélectionnés cette année:

    La blessure la vraie de François Bégaudeau (Verticales)
    Une lointaine Arcadie de Jean-Marie Chevrier (Albin Michel)
    Samba pour la France de Delphine Coulin (Le Seuil)
    Tu verras de Nicolas Fargues (POL)
    Les hommes sirènes de Fabienne Juhel (Le Rouergue)
    Un homme ébranlé de Pascale Kramer (Mercure de France)
    L'homme de Lyon de François-Guillaume Lorrain (Grasset)
    Une langue venue d'ailleurs de Akira Mizubayashi (Gallimard)
    Les champs de Paris de Yann Suty (Stock)

    Auxquels se sont ajoutés:

    Corps mêlés de Marvin Victor (Gallimard)

    Le barbaresque de Olivier Weber (Flammarion)

     

    Et alors qui?

    Et bien Delphine Coulin pour Samba pour la France!

    Je vous laisse découvrir son potentiel livresque chez Cinquième de couverture!

     

  • La citation du jeudi: back to classics 3

    indiana_jones.jpgJ'ai un problème. Grave. Vraiment grave. Je n'arrive pas à choisir. Jones? Ou Jones?

    Laissez-moi vous donner un aperçu de l'étendue des dégâts.

    D'abord il y a celle-ci:

    "Professor Henry Jones: Those people are trying to kill us!
    Indiana Jones: [shouts] I know, Dad!
    Professor Henry Jones: This is a new experience for me.
    Indiana Jones: It happens to me all the time."

    Et puis celle-ci:

    "Indiana Jones: I'm like a bad penny, I always turn up."

    Et puis celle-ci:

    "Young Henry: What are you gonna do?

    Young Indy: I dont know, but i'll think of something!"
    Et puis celle-ci:

    "Professor Henry Jones: I didn't know you could fly a plane.
    Indiana Jones: Fly, yes. Land, no."
    Et puis celle-ci
    "Professor Henry Jones: [Examining the broken vase] Late 14th Ming Dynasty. Oh it breaks the heart.
    Indiana Jones: And the head. You hit me dad.
    Professor Henry Jones: I'll never forgive myself.
    Indiana Jones: Don't worry I'm all right.
    Professor Henry Jones: Thank God... it's fake. See you can tell with the cross sections."
    Et puis celle-ci:

    "Professor Henry Jones: You say this has been just another typical day for you huh?
    Indiana Jones: NO. It's been better than most."
    Et puis... Oh et puis zut!

    "Professor Henry Jones: This is intolerable!"
    Toutafaitement intolérable.

    Le jeudi c'est citation.gif

    Je sais, je n'ai rien mis à jour, je n'ai pas répondu aux commentaires, mais la bonne nouvelle du jour, c'est que ce terrier devrait reprendre une activité normale. Si, si.
    En attendant, la liste des participants, incomplète mais plus pour longtemps (mais si, juré) est !
  • la citation du jeudi: Back to classics 2

     "I've a bad feeling about this."

    Obi-Wan kenobi à Qui-Gon Jin, Star Wars : épisode I - La Menace fantôme

     

    StarWars.jpg

     

     

    J'en avais d'autres sur le maître, le padawan, la force, la galaxie et le pantalon de Han Solo...

    Mais je vous laisse avec ce pastiche qui fait mon bonheur depuis déjà bien des années (Youpala, si tu passes par ici, tout est de ta faute)...

     

     

    Le jeudi c'est citation.gif

    La liste des participants est !

    Comme d'habitude elle sera complétée dans la semaine! Sinon envoyez-moi un petit message!


     

     

     

     

     




  • L'ange blond - Laurent Poujois

    Ange-blond-BD.jpg"Sujet : LEFÈVRE, Aurore

    Âge : 26 ans

    Signalement : 1m68, 50 kg, blonde, yeux verts.

    Nationalité : Européenne (France)

    Formation : Légion Impériale (six ans de service actif, diplôme de stratégie spatiale, grade de commandant, démissionnaire)

    Profession actuelle : Éducatrice pour biônes / Maître-orchestreur (nom de scène : der Blonde Engel)

    Signes particuliers : Indisciplinée +++/ Dangereuse

    Mission : Démanteler la conjuration menaçant l’impératrice Caroline Bonaparte. Note : ne coopérera pas sans y être contrainte…

     

     

    Fiche synthétique de l’ACI (Agence Centrale Impériale)"

    Ceux qui fréquentent quelque peu ce terrier ou qui m'ont déjà vu frétiller d'aise au visionnage d'une bande-annonce pleine d'explosion et /ou de bastons et/ou de voitures vrombissantes et/ou de vaisseaux spatiaux et/ou d'elfes et autres bestioles, connaissent mon amour immodéré et totalement assumé du bon vieux blockbuster (ainsi que de la bouse mais ceci est un autre débat). Or, L'ange blond commence comme un bon vieux blockbuster: par de l'action. Autant dire que dès les premières lignes, j'ai haussé tous les sourcils disponibles, me suis confortablement carrée dans le canapé et ai arboré un large sourire. Qui ne m'a pas quittée jusqu'à la dernière ligne. C'est vous dire.

    C'est que le cocktail est détonnant. Premier bon point, ce n'est pas parce qu'il y a de l'action et pas qu'un peu que Laurent Poujois s'exonère de connaître son sujet. Même si je comprends qu'on puisse regretter qu'il ne fouille pas plus son univers qui a un potentiel certain, il n'en reste pas moins que son uchronie est solide, intéressante et se développe sans ajouter de longueurs au texte grâce à des extraits d'articles et de textes divers et l'introduction habile d'un documentaire historique qui permet d'apprendre ce que l'on n'aurait pas encore deviné. L'empire napoléonien qu'il brosse avec ses évolutions technologiques et politique, son opposition à une Grande-Bretagne affaiblie sonne plutôt juste.

    On se retrouve du coup avec un univers qui s'enrichit de pages et pages et un récit nerveux, prenant, bourré d'action, qui a indéniablement des accents cinématographiques.Les pérpiéties s'enchaînent sans laisser le temps de respirer, et pour être totalement franche, je n'avais guère envie qu'on me laisse le temps de respirer tant j'avais envie de savoir ce qui allait tomber sur le coin de la figure des personnages à la page suivante. Gros atout du texte d'ailleurs, les personnages. On pourrait certes parler d'un rendez-vous des personnages attendus entre l'héroïne belle et courageuse au sombre passé mystérieux (qui me fait régulièrement hurler, tout comme son avatar masculin), l'ancien subordonné fidèle (itou), l'espion (idem), le méchant très méchant (que dire) flanqué d'un garde du corps très garde du corps (...), mais non. Tout ce petit monde est bien campé, attachant ou repoussant à souhait, et joue son rôle avec bonne humeur. Franchement, que demande le peuple en plus de tout cela?

    Moi j'ai ri, frémi, tourné les pages avec avidité, hurlé à la dernière page et j'en redemande. Ca tombe bien, la suite est en chantier!

    D'autres sons de cloche , là, et !

    59552646_p.jpg

    Winter time travel!

     

    Poujois, Laurent, L'ange blond, Mnémos, 2010, 336p., 5/5