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Chiff' - Page 26

  • La citation du jeudi: Un immense asile de fou

    "Sir Isaac Newton, de mémoire philosophique tardive et de renommée immortelle, a établi qu'une loi universelle de la nature veut que les objets perdus soient inexorablement attirés par les lieux où l'on s'attendrait le moins à les trouver. Les objets, ma cousine joliment éloignée, sont d'une perversité naturelle et innée. De fait, il paraît vraisemblable, pour cette raison, qu'ils soient du genre féminin, bien qu'en français, seule la moitié d'entre eux le soient."

     

    immense-asile-de-fous-207x300.jpgPrésentation de l'éditeur: La Grande-Bretagne est vraiment un immense asile de fous... Nous, les Anglais, avons une conception très souple de la normalité. Sous certains aspects nous sommes rigides et formels, mais nous croyons au droit à l'excentricité, à condition qu'elle soit de taille. Nous ne sommes pas très tolérants envers les petites. Malheur à vous si vous tenez mal votre couteau, mais tout va bien si vous portez un pagne autour des reins et si vous vivez dans un arbre... En route donc pour un village du Surrey, très semblable à celui où Louis de Bernières a passé son enfance, à la rencontre de certains de ses habitants, disons, un peu particuliers. Voici Mrs Mac, qui sort se promener en tenant son mari par le bras, paie leurs deux tickets dans le bus, prend le thé avec lui. L'ennui, c'est qu'il est mort depuis longtemps, mais personne ne s'étonne de l'étrange balade. Voici le colonel en retraite qui perd la mémoire au point d'oublier de mettre son pantalon quand il va faire ses courses. Mais le policier du village est très courtois. Voici John et Alan, les deux jardiniers qui, à l'heure de la pause, aiment bien bavarder avec la jolie Sylvie, qui travaille à l'écurie. Tous trois n'hésitent jamais à confier leurs soucis ou leurs joies à George, toujours présent. Sauf que George est une araignée qui tisse sa toile dans la serre. Voici des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des enfants, dont les histoires vont nous faire rire, mais aussi, souvent, nous serrer le coeur.

     

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    La liste des participants est !

     

     

     

  • Les hommes sirènes - Fabienne Juhel

    9782812601453FS.gifAntoine a quarante ans, une femme, un petit garçon et un caillou au coeur. Un Défense de déposer des ordures sur une palissade au hasard d'une rue et il abandonne tout derrière lui pour aller voir la mer, et essayer de se réconcilier avec lui-même.

    Les hommes sirènes est un roman qui distille une petite musique insidieuse, comme un conte de fée cauchemardesque où les ogres et les bonnes fées ne sont que trop réels et dissimulés sous l'apparence presque toujours innocente de gens bien comme il faut. Pourtant, tout commence dans un univers familier: un bar, une maison, une famille, une ville de province qu'on devine un peu grise, en tout cas tranquille. On voit se dessiner une histoire somme toute banale de quadragénaire un peu perdu qui abandonne tout avec l'option enfant adopté. Je dois d'ailleurs l'avouer, au départ, la quatrième de couverture m'avait un peu échaudée: adoption, rescapés de camps de la mort, homme en décalage... Rien de bien alléchant si ce n'est la plume de Fabienne Juhel, qui m'a immédiatement séduite et m'a poussée à poursuivre ma lecture.

    Or, très vite, le roman surprend et déstabilise. Dès qu'Antoine revient sur son enfance en fait. Enfant indien adopté, ou faut-il dire acheté, par un frère et une soeur ayant survécu aux expérimentations médicales nazies, il grandit dans une atmosphère étrange, malsaine, malgré l'apparent bonheur que peuvent amener richesse, confort et éducation. Mais dans la maison aux 113 fenêtres, c'est une violence sourde qui règne, malgré la présence d'Eugénie la cuisinière dévote et du rebouteux, étrange vieil homme vivant dans une cahute au fond des bois, impuissants à compenser totalement  une éducation menée par deux "parents" qui ne connaissent pas l'amour, les sentiments et qui façonnent l'enfant pour accomplir une tâche qu'on ne fait longtemps que deviner. Le drame d'Antoine, on le découvre au fil des pages, de son errance vers la mer et des rencontres faites sur la route, qui petit à petit vont le révéler à lui-même, lui permettre de réunir les pièces de son identité et d'accepter ses actes.

    On est pris dans les rets d'un récit où les moments de grâce, les petits bonheurs, l'espoir alternent avec l'horreur et la violence, ou la beauté, la poésie de la langue sortent renforcés de leur confrontation avec ce que l'humain a de plus sombre. Avec toujours, cette part de rêve, d'onirisme parfois qui donne le sentiment par moment de lire un conte où les loups ne sont pas toujours ce que l'on croit. Magistral donc, et très fortement conseillé.

    Clara, Pascale en parlent.

    Les hommes sirènes faisait partie de la sélection du Prix Landerneau.

    Juhel, Fabienne, Les hommes sirènes, Ed. du Rouergue, 304 p. 4.5/5

  • Frey - Chris Wooding

    Once upon a time, Chiffonnette occupait agréablement son temps autour d'un cocktail d'une tasse de thé avec quelques compagnes de  broderie, tapisserie, cancanage , bref, avec quelques compagnes, quand au cours d'un échange jusque là serein portant dans le désordre sur Star Wars, Starship Troopers, le pantalon de Han Solo et un certain Doctor (voire des piranhas avec des dents vraiment très pointues) survint un affreux, encore que glamourous, hurlement: "KWAAAAAAAA! Tu n'as jamais vu Firefly????????" (oui, avec autant de points d'exclamation, je vous le jure, je les ai entendus). Non, Chiffonnette n'avait jamais vu Firefly. Et s'en sentit subitement fort marrie. Surtout quand elle eut entendu le descriptif suivant: western de l'espace, Mal, explosions (si, quand même un peu), contrebande et arnaque, vaisseau spatial, Joss Whedon. Je vous livre là une version incomplète et sans le ton.

    firefly.jpgOr donc, Chiffonnette repartit avec sous le bras, Firefly et Serenity (pour toute explication, voir ) et l'ordre catégorique de regarder le tout fissa. Ce qui fut fait avec d'autant plus de diligence qu'il s'agit effectivement d'une série absolument fabuleuse, inventive, débordante de qualités, de personnages géniaux, de rebondissements et d'action. Ce qui me permet au passage de maudire la Fox sur cent-soixante-quatre générations pour avoir flingué la dite série.

    Si vous n'avez pas encore abandonné, sachez que nous allons maintenant entrer dans le vif du sujet. Enfin presque. J'aime donc Firelfy, Mal, les vaisseaux spatiaux, la baston et les explosions. Aussi, quand on me met sous le nez un roman dont la quatrième de couverture rappelle assez furieusement Firefly, Mal et promet de surcroît de la baston, des vaisseaux spatiaux et on peut le supposer, des explosions, je couine. Et je trépigne. Élégamment, cela tombe sous le sens.

    Encore là? Bien. Frey donc.

     

    jpg_frey_200.jpgSoit, la couverture fait hausser un sourcil. Soit, certaines tournures de phrase m'ont fait grincer des dents. Mais alors quel bonheur à lire! C'est un roman bourré d'action qui reprend effectivement un peu de l'ambiance de Firefly, rend ainsi un bel hommage à cette série tout en s'en démarquant tant avec ses personnages hauts en couleur qu'avec un univers qui emprunte aux histoires de pirates avec leurs repaires secrets, leurs cartes mystérieuses et leur code d'honneur, et y mélange au passage un brin de créatures mystérieuses et de magie. On ne s'ennuie pas une minute à suivre les aventures de cet épuipage de bras cassés mené par un capitaine pas bien flamboyant, à les voir révéler dans l'adversité leurs qualités, leurs failles et finir par former une espèce famille totalement dysfonctionnelle où même le chat a de sérieux problèmes psychologiques. Il faut dire qu'entre un capitaine qui aime l'arnaque, un médecin qui tête de la bouteille, un démoniste qui cajole son golem, une navigatrice qui a un peu de mal à respirer un froussard et un crétin, un grand baraqué taciturne, sans oublier un vaisseau un peu cabossé il y a de quoi faire. Le tout est souvent hilarant, prenant à défaut d'être franchement inventif, et en tout cas vraiment plaisant à lire. C'est malin, j'ai envie de revoir Firelfy maintenant!

    ps: oui Fashion, je vais te rendre Mal, promis juré. Et même, pour me faire pardonner je vais te prêter Frey. Son manteau est presque aussi chouette que celui de Mal.

    Simatural en parle beaucoup mieux que moi, l'avis de Blackwolf.

    Wooding, Chris, Frey, Bragelonne, 2011, 424p., 4/5

     

  • Danbé - Aya Cissoko & Marie Desplechin

     

    9782702141755FS.gifAya grandit heureuse jusqu'au drame qui déchire sa famille.L'incendie criminel, la mort de son père, de sa petite soeur sont le point de départ d'une série d'épreuves et de deuils qu'affrontent ceux qui restent. Avec pour faire face, le danbé, la dignité en malinké, règle de vie et de conduite de Massiré, la mère d'Aya, qui inculque à ces enfants cette discipline. Affronter les épreuves, les surmonter, c'est ce que fera Aya, encore et encore.

     

    Je l'avoue d'entrée de jeu, en général les témoignages ne sont pas ma tasse de thé. Vous comprendrez donc que j'ai retenu une grimace en voyant arriver dans ma boîte au lettre ce petit ouvrage, fruit d'un collaboration entre Aya Cissoko et Marie Desplechin. Mais si je ne connaissais alors pas Aya Cissoko, il y avait au moins Marie Desplechin dont j'apprécie en général beaucoup la plume... Au moins une bonne raison d'attaquer le livre qui était entre mes mains, ce que j'ai fait sans trop de réticence à défaut d'enthousiasme. Or donc, le destin est farceur comme diraient certains puisque c'est au final un coup de coeur, et pas un petit. A côté duquel je serais passée.

    Danbé est un récit intelligent, plein de vie, porté par la plume de Marie Desplechin, qui n'occulte rien du plus dur, mais transmet la voix d'Aya Cissoko, une voix toujours digne et humble et qui jamais ne se pose en exemple, malgré un parcours qui force le respect et l'admiration non pas parce qu'il est celui d'une jeune femme « d'origine immigrée » comme on dit si bien de nos jours, mais parce que c'est celui de quelqu'un passé par des drames et des épreuves qui en auraient laissé plus d'un sur le carreau.

    Alors oui, c'est effectivement le témoignage de la vie d'un enfants « français d'origine ». Aya Cissoko raconte les immeubles surpeuplés, vétustes, la violence, le racisme. L'ordinaire, révoltant, qui précise l'origine des « presque » français, et celui qui tue par sa bêtise. Elle raconte aussi la solidarité, l'amitié, les moments de bonheur, les rencontres qui changent une vie. Le poids des communautés, des traditions qui perdurent. Danbé, c'est une petite porte qui s'ouvre vers le Mali et ceux qui venus de là-bas, vivent en France. C'est une porte qui s'ouvre aussi vers le Paris populaire, métissé. C'est surtout, entre anecdotes et vie quotidienne, l'occasion de réflexions sur l'immigration à travers l'histoire des parents d'Aya, sur ce que signifie être un « français d'origine », sur la manière dont se forge une culture métissée, entre celle des ancêtres et celle de lieu où l'on vit. Comme celle que se crée Massiré, sa mère, qui se révolte contre la tradition tout en élèvant ses enfants de le danbé et reconquiert doucement sa place dans le groupe. Une mère dure, mais qui donne à sa fille la liberté nécessaire pour tracer son propre chemin. Ne serait-ce qu'en lui permettant de boxer malgré les reproches des voisins et de la famille. Sans édulcorer ses relations parfois difficiles avec elle, Aya Cissoko trace de sa mère un portrait à la fois terrifiant et superbe. L'histoire d'Aya Cissoko est forte, d'autant plus forte qu'elle n'édulcore rien de ses échecs, de ses luttes contre les autres et contre elle-même, et rien de ses victoires, dont les moindre ne sont pas de se relever toujours, d'affronter les difficultés, les drames, le regard des autres et les préjugés.

    On n'oublie jamais, au fil des pages, que la voix qui se fait entendre est celle d'une jeune femme bien vivante, qui continue à tracer sa route. Danbé est bien un témoignage, mais un grand et beau témoignage, d'une admirable tenue littéraire. C'est un récit fort, honnête, touchant, dense et complexe sous son apparente simplicité qui mérite bien son titre.

    Cissoko, Aya, Desplechin, Marie, Danbé, Calmann-Levy, 2011, 182p., 5/5

  • La citation du jeudi: du vendredi et autres histoires

    J'ai comme qui dirait confondu le jeudi et le vendredi... Hem... Bref. Mais mieux vaut tard que jamais...

    D'autant que j'avais concoté une jolie petite citation issue d'un coup de coeur dont je vous parlerai très bientôt!

    "Quand je gagne des compétitions, je suis généralement présentée comme "Française d'origine malienne". Je défends les couleurs bleu-blanc-rouge, je suis fière de boxer pour mon pays et toujours émue d'entendre La Marseillaise, mais ça ne suffit pas. Il reste encore à préciser mon origine. Les autres n'ont pas droit à tant dégards. Est-ce qu'on dit "Française d'origine française"? A la fin, c'est comme une gifle. J'ai l'impression qu'on me refuse l'appartenance de plein droit au pays qui est le mien. Française peut-être, mais Française d'origine. Ce qui devrait sonner comme une addition tombe comme une soustraction."

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    Présentation de l'éditeur: "

    « J’aimerais que celle ou celui qui lira ce petit livre mesure ce qu’il a de déchirant. Il est mon au revoir à ceux que je laisse sur le quai. (…) Il est mon au revoir à mon enfance de petite fille noire en collants verts, qui dévale en criant les jardins de Ménilmontant. »

    Quand Marie Desplechin rencontre Aya Cissoko, elle est touchée par la singularité de son histoire. Née de parents maliens, Aya a connu une petite enfance habitée de souvenirs délicieux, qui prend fin avec la disparition de son père et de sa petite sœur dans un incendie. Élevée par sa mère dans le respect du danbé, la dignité en malinké, Aya apprend à surmonter les épreuves et trouve dans la boxe un refuge.