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SFFF - Page 15

  • Princess Bride

     

    "Je m'appelle Inigo Montoya. Tu as tué mon père, prépare toi à mourir."

    Ça vous dit quelque chose?

    Comment ça non!

    Mais c'est tout simplement inadmissible!

    Bon, en même temps, j'ai attendu une grosse dizaine d'années avant de me pencher sur le cas du roman, et que c'est un brin l'hôpital qui se paie la poire de la charité, mais moi, ce que j'en dis, c'est pour votre bien. Un roman aussi délicieusement absurde devrait être reconnu d'intérêt public et le film qui en a été adapté par Rob Reiner est un monument d'effets spéciaux en carton pâte absolument indispensable.

    Revenons au point de départ pour ceux qui vivant sur une autre planète n'auraient jamais entendu parler de la plus belle femme du monde, du pirate le plus sanguinaire, du géant turc adepte de la rime et de son mai espagnol à l'épée.

    Il était une fois un petit garçon très malade. Par amour, son père va lui lire chaque soir le roman du plus célèbre romancier florin: Princess Bride. Acte qui va avoir une conséquence pour le moins inattendue: le petit garçon passionné par le sport va se transformer en petit garçon passionné par les romans d'aventure, puis, en écrivain et scénariste. Un écrivain qui va un jour découvrir que son père ne lui a raconté que les passages les plus palpitants d'un roman fort érudit et parfaitement enquiquinant et qui va décider de donner au monde ce que lui même a eu: l'immense bonheur des meilleurs moments de Princess Bride. L'histoire de la plus belle femme du monde et de sa fabuleuse histoire d'amour avec un garçon de ferme.

    Je l'avoue, je ne m'attendais pas à ça: pour moi, Princess Bride était un roman d'aventure censément prometteur et sans aucun doute très sympathique. En aucun cas une réflexion drôle, passionnante, intelligente et haletante sur le rôle de l'écrivain et la puissance de la littérature. Bien entendu, il y a de l'amour, des rebondissements, des drames, des duels au clair de lune, des marais dangereux et un prince infiniment méchant, des falaises, des pirates, des îles désertes et inaccessibles, des bestioles dangereuses, une superbe princesse et un amour contrarié. Il y a tout ça et c'est tout simplement fabuleux. Un conte parfaitement maîtrisé, plein d'un humour pince-sans-rire réjouissant et d'un suspense auquel il est difficile de ne pas se laisser prendre. La princesse est une parfaite cruche, son amoureux est sans doute l'homme le plus courageux et le plus intelligent du monde mais l'amour ne l'arrange pas, le géant poète est un bonheur, et Inigo Montoya un duelliste absolument réjouissant. J'ai retrouvé avec un plaisir inattendu pas le zoo de la mort, le marais, les falaises et la ferme.

    Mais il y a aussi l'autre Princess Bride: William Goldman celui qui a osé abréger le roman de Morgenstern au prix de procés interminables et de risques inimaginables pour sa vie familiale et professionnelle. A ce titre, il intervient sans vergogne aucune dans l'histoire qu'il raconte, expliquant dans des passages en italique les raisons pour lesquelles il a fait des coupes, racontant les difficultés rencontrées au cours de son travail, ses souvenirs de ce que son père lui racontait. C'est maîtrisé et tout aussi drôle que le récit principal. La mise en abyme (c'est pas ça? Je m'en fiche) est assez spectaculaire quand on pense qu'il porte un regard critique sur une oeuvre censée exister qu'en fait il a écrit lui même. Ce n'est sans doute pas clair, mais je me comprends! On se laisse prendre totalement à sa fausse autobiographie! Un roman dans un roman dans une autobiographie qui n'est pas une autobiographie dans un roman.

    Goldman est sans conteste un maître du récit d'aventure, apte à faire tourner en bourrique tout lecteur normalement constitué. Plus il explique les coupes, plus il donne envie de se pencher sur une version originale qui n'existe pas. Et il a le culot d'offrir le premier chapitre d'une suite qui ne sera pas publié puisque ce la lui est interdit sous peine de procès... Je vous laisse imaginer les grincements de dents...

    Bref, avec tout ça j'ai une folle envie de revoir le film! Et de bénir le hasard qui a fait atterrir le roman sur ma PAL, m'a fait tomber sur des billets follement enthousiastes et a provoqué chez moi une petite crise de lecture qui m'a poussée dans les bras confortables (et métaphoriques) de Monsieur Goldman.

     L'avis de Karine, de Pimpi.

     

    Et pour la route...

     

    William Goldman, Princess Bride, Bragelonne, 2007, 4/5

  • Les dépossédés

    Annarès, petite planète pauvre face à Urras la grande, la riche. L'endroit où s'exilent une poignée de révolutionnaires menés par Odo, écoeurés par l'injustice et les inégalités pour y bâtir une société parfaite, libre et solidaire. Mais même l'utopie a un prix: un travail acharné pour la survie sur un monde aride et quasi stérile et une fermeture complète à toute influence extérieure. Pourtant, deux siècles après la fondation d'Annarès, la volonté des fondateurs a été oubliée, l'odonisme dévoyé pour laisser la place à une dictature d'autant plus lourde qu'elle est celle souterraine d'une opinion publique guère plus difficile à manipuler parles esprits forts que sur Urras. De cela, certains se rendent compte, comme Shevek le physicien rejeté parce qu'il se démarque, parce que ses découvertes dérangent dans un monde qui ne veut pas changer et parce qu'il est en contact avec le monde extérieur. Il va alors oser l'impensable: faire usage de cette liberté qui est censée être la sienne pour aller sur Urras et chercher à partager avec le plus grand nombre sa théorie générale, possible voie vers une technique de communication instantanée à travers l'espace.

    Parfois, on croise la plume de grands, très grands écrivains, d'auteurs d'une immense intelligence, qui savent, non seulement, raconter une histoire, mais donner le sentiment de sortir grandit de la lecture de leur oeuvre. Ursula Le Guin est de ces grands. A ma grande honte, je ne suis pas parvenue à un résumé de l'intrigue des dépossédés qui rende justice à son foisonnement et à son étonnante simplicité. En apparence, rien de bien complexe: juste l'histoire de Shevek dans un va-et-vient entre son passé et le présent qu'il vit sur Urras où il réside dans une université pour poursuivre, et peut-être faire aboutir ses travaux sur une théorie physique. Et sous l'histoire de cet homme, une réflexion poussée sur l'anarchisme et les mécanismes sociaux. Avouez qu'à ce stade là, l'idée de faire face à un cour de philosophie politique matiné des convictions politiques d'une auteur de science-fiction américaine des années 1970 en fait reculer plus d'un, convaincu à tort d'être devant un roman particulièrement ennuyeux! Et pourtant, et pourtant! C'est aussi tout à fait passionnant et fascinant!

    A la base, au-delà de l'histoire de Shevek, c'est l'opposition entre deux planètes, entre deux systèmes qui est mise en lumière. Urras divisée en nations, en proie aux guerres, aux famines, aux inégalités sociales et économiques, gagrenée par l'individualisme et pourtant florissante et toujours vivante. Annarès, pauvre, stérile, lieu d'une expérience rare, celle d'une société anarchique où personne n'est le maître de personne, où tous ont selon leurs besoins et ont coeur de garantir la survie de leur communauté. Le Mal et le Bien en quelque sorte. En tout cas dans le système de pensée qui domine sur Annarès où Urras est perçue comme l'Enfer. Ce simple fait donne déjà le ton: il n'y aura pas de manichéisme. Penser l'autre comme le Mal est déjà commencer l'exclusion. Et une société qui ne survit dans sa perfection que par le repli et le rejet de l'autre ne peut plus être considérée comme parfaite. En effet, Annarès n'est pas parfaite: parce que les hommes ont toujours besoin de se soumettre à une loi même s'ils refusent de le voir, le gouvernement social a remplacé le gouvernement politique et économique (j'avoue avoir pensé à ce stade de ma lecture à l'oeuvre de La Boétie, même s'il n'y a guère de rapports entre les deux), la norme pèse de tout son poids sur les individus. Ceux qui osent affirmer une pensée différente sont en butte à l'ostracisme ou rendus fous. L'aliénation ne se fait plus principalement par la richesse (on ne va pas discuter ici du poids de la norme sociale dans les sociétés de type capitaliste, ceci n'est pas un blog de débat politique ou de sociologie), mais principalement par le nombre, la nécessité de l'approbation d'autrui et la peur de la solitude, sous couvert d'une solidarité qui vole en éclat dès qu'elle est menacée, que ce soit par la famine ou par la décision de Shevek d'aller sur Urras.

    A voir ces deux systèmes dos à dos, on se rend assez vite compte, avec Shevek, à quel point l'homme est nécessairement et foncièrement aliéné par la société dans laquelle il vit, à quel point il est difficile, voire impossible de se rebeller contre ce qui est intégré et qui devient impossible à voir. La vie sociale est fonciérement porteuse d'aveuglement, et d'hypocrisie, chacun défendant ce qu'il connaît même s'il en connaît dans sa chair les défauts. L'attitude de Shevek sur Urras sert le coeur: il en vient à défendre son monde avec passion alors qu'il était, et est encore considéré chez lui comme un dangereux révolutionnaire. Or, si Shevek, capable d'affronter un monde qu'il ne connaît pas et d'essayer de le comprendre en vient là, comment les annarestis peuvent-ils réellement prendre conscience de leur aliénation. Si tant est qu'ils le veuillent...

    Pourtant, il y a de si belles choses sur Annarès: des relations entre hommes et femmes pacifiées, le sexe remis à sa juste place, pas de religion pour provoquer des déchirements, une belle solidarité, l'idée que les moyens sont aussi importants que la fin qui est poursuivie. Tout comme il y en a de belles sur Urras, ce que vient rappeler à point nommé l'ambassadeur terrienne.

    Le plus agréable dans tout ça, c'est de voir se confronter deux conceptions du monde, et la mise à l'épreuve de l'utopie à travers le regard de Shevek, personnage attachant s'il en est, et de son entourage. On prend plaisir à le voir grandir, vivre, réflechir au monde qui l'entoure et essayer d'y trouver sa place. L'occasion de voir fonctionner l'"utopie ambigüe" de Le Guin dans tous ses aspects, de l'étude à la vie de couple en passant par la recherche d'un travail, le remplacement d'une chemise et l'éducation des enfants.

    De la grande, de la très grande SF à découvrir et à relire, intelligente et passionnante!

     

    Les dépossédés appartient au deuxième grand cycle romanesque d'Ursula Le Guin, le cycle de L'Ekumen. Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille d'aller voir par .

     

    L'avis de Nebal, fouillé et bien plus intéressant que le mien, celui de ThomThom,...

     

    Ursula Le Guin, Les dépossédés, LGF, 2006, 445 p., 5/5

  • Lemashtu

    Les vampires ne sont pas un mythe. Nommés stryges, ils vivent dans un ghetto en Europe de l'est. Après des siècles d'extermination, c'est une race en voie de disparition. Lemashtu est le dernier des voïvodes de son peuple, en quelque sorte le dernier roi des vampires. Infiniment précieux pour ceux de sa race, il est aussi celui qu'il faut abattre. Maintenu sous haute surveillance par Féhik Alamédu et Aratar Déochétor et soigneusement maintenu à l'écart des autres élèves, il poursuit ses études dans une high school anglaise huppée.

    Jusqu'au jour où le Bras de la miséricorde et de l'expiation,branche extrêmiste de l 'Eglise qui a juré l'extermination des stryges refait parler d'elle. Et où le seul moyen de maintenir Lem en vie est de le mêler aux adolescents humains de son âge avec Liéga, un jeune strigoï venu le rejoindre. Arthur, Pauline, Lem, Liéga et les autres vont beaucoup appendre les uns des autres...

     

    Griffe d'encre nous a habitué à ses excellentes anthologies, ses non moins bonnes novellas, ses fabuleux recueils de nouvelles. Je ne m'étais pas penchée avant Lemashtu sur ses romans, mais celui-ci relève de la bonne littérature vampirique, c'est le moins que je puisse dire en guise de prémisses après ce résumé qui ne lui rend pas justice.

    Qu'y a-t-il donc dedans: de l'histoire et de la sociologie, de la passion, des aventures, des complots, de l'amitié et de la haine, des combats sanglants, du suspense, de l'humour, bref, de quoi prendre le lecteur dans ses filets! Li-Cam insère l'histoire des stryges dans le canevas bien connu de l'histoire européenne, la donne géopolitique n'étant guère bouleversée par leur existence, pas plus que les luttes de pouvoir au sein du Vatican. De même, le fonctionnement des sociétés roumaines, hongroises et britanniques (principalement) et plus largement européenne ne diffère guère de ce que l'on connaît. A certains égards, la manière dont le stryges sont considérés et traités dans la zone de confinement rappelle à la fois les ghettos, et plus récemment le sort des roms. Cet arrière-plan est déjà passionnant, mais il faut y rajouter le rôle central de l'Eglise catholique dans l'histoire et l'avenir du peuple des stryges. Une faction veut leur extermination pure et simple, une autre lutte pour leur reconnaissance et leur survie. On voudrait parler de l'éternel balancement entre ouverture et fermeture du Vatican (et d'autres que le Vatican) qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Avec intelligence en plus: les méchants sont certes très méchants, mais les gentils ne sont pas tous blancs et il y a un joli lot d'indécis. Les stryges ne sont pas seulement de pauvres créatures persecutées puisque leur position de prédateur naturel de l'humain et la folie qui parfois les guette a provoqué son lot de bains de sang, de peur et de haine.

    Chose que j'ai trouvé appréciable, Li-Cam a pris le temps de créer une espèce et une société stryge, avec ses caractéristiques biologiques, sa hiérarchie, ses coutumes, son histoire. Les informations les concernant sont distillées au fur et à mesure du récit à travers des fiches signalétiques, des extraits d'archives, des histoires racontées par les tuteurs de Lem. L'univers dans lequel se place l'intrigue de Lemasthu se met ainsi en place petit à petit sans nuire au rythme soutenu du récit qui n'est pas seulement une succession de rebondissements et de batailles, mais aussi l'histoire de la confrontation d'un adolescent (stryge certes et prince, mais adolescent quand même avec des hormones en pagaille et un charme fou) de quinze ans à sa nature et au monde qui l'entoure dont il a été relativement protégé. Les personnages ayant tous un sacré caractère et un drôle de sens de l'humour, tout cela ne va pas sans sourires, voire éclats de rire. J'admettrais avoir un léger penchant pour Aratar et ses performances acrobatiques et pour Merlin (mais ça je ne vous dis pas pourquoi, vous n'avez qu'à le lire!).

    J'ai donc passé un très très bon moment plein de suspense, d'hémoglobine et d'amour en compagnie de Féhik, Aratar, Lem et les autres. Je ne peux que vous conseiller de faire à votre tour leur connaissance!

     Pour lire le premier chapitre, c'est par là! Le site de l'auteur est ici!

    L'avis de Lucile.

     

    Li-Cam, Lemashtu, Griffe d'encre, 2009, 410 p. 4/5

  • Le début de la fin

     

    Je ne cache pas plus ma folle passion pour Jasper Fforde que mon incommensurable vénération de Neil Gaiman. Il y a des choses comme ça dans la vie qu'il ne faut pas avoir honte de clamer. Bref. J'avais donc terminé, à la fois hilare et désespérée le quatrième tome des aventures de Thursday Next, atterrée par la prespective d'attendre une bonne année avant que le tome 5 ait la décence de se matérialiser au format poche. Pour vous situer le drame, j'étais devant la table de la librairie le jour même de la sortie en poche du quatrième... Lequel s'était vu achevé deux pauvres petits jours plus tard malgré mes tentatives de ralentissement.

    Mais c'était sans compter sur SBM qui a eu la merveilleuse et adorable idée de me faire la fabuleuse surprise de m'envoyer par les mains de mon facteur préféré (vu les paquets qu'il se coltine, je peux vous dire que j'ai acheté le calendrier Martine sans moufter), le tome 5!! J'ai sautillé dans tous le sens, piaillé peu dignement et ai du me contenter de le regarder d'un oeil chagrin pendant au moins deux semaines (l'enfer sur terre) pour cause d'urgence lecturesque. La vie est parfois atroce. Mais bon, tout est bien qui finit bien dans cet exposé ennuyeux de ma vie follement trépidante puisque vous vous en doutez, j'ai fini par me jeter sur Le début de la fin comme la peste sur le choléra, la Chiffonnette sur le chocolat ou tout autre comparaison hasardeuse que vous souhaiteriez utiliser ici.

     

    Parlons peu, parlons bien, qu'est-ce que ça raconte donc: Thursday Next est marié, mère d'un adolescent de 16 ans boutonneux et mutique, de deux filles dont l'une au QI surdéveloppé. Pickwick pouique toujours et Landen s'occupe de tout son petit monde pendant qu'elle pose des moquettes en bonne mère de famille et célébrité sur le retour. Enfin, ça, c'est pour la galerie. Parce que Thursday qui raccroche, c'est comme un petit-déjeuner sans café. Impossible. Entre la chute du nombre de lecteurs, la formation de stagiaires de la jurifiction qui lui ressemblent comme deux gouttes d'eau, les tentatives de meurtre du minotaure, la fin du monde en approche et le grave problème de l'excédent de bêtise, elle a beaucoup trop à faire pour songer à faire des devis.

    Cinquième tome, cinquième réussite. A son habitude, Jasper Fforde trousse un roman certes un brin foutraque mais palpitant, intelligent, drôle et mine de rien drôlement érudit sans jamais tomber dans la pédanterie. Cet homme est un génie. Si, si.

    Déjà, le simple fait que Thursday se retrouve coincée avec deux stagiaires qui sont ses sosies parfaits est drôle. Ajoutez-y le fait que l'une est une espèce de psychopathe et l'autre une végétarienne pacifique et vous obtiendrez un cocktail détonnant dans lequel il faut ajouter les emprunts et les références habituels à la littérature sous toutes ses formes et les miltiples rebondissements et fils d'intrigues qui finissent par se rejoindre. J'ai également a^pprécié à sa juste valeur les réflexions sur le voyage dans le temps qui parvienne tà faire tourner la tête de nos héros et celle du lecteur apr la même occasion.

    Et puis mine de rien, c'est à une sacré réflexion sur la place et le rôle du lecteur qu'il invite. Le fameux projet de livre-réalité dont je ne parlerais pas plus de peur de spoiler est une mine de de questions d'une brûlante actualité. Le lecteur peut-il être tout puissant? Le lecteur doit-il être tout puissant? Et en conséquent, quelle est le rôle de l'édition? Produire toujours plus pour répondre aux goûts mouvant du public? Priviliégier l'exigence? Quelle est la place de l'écrivain dans tout cela, son droit sur son oeuvre? Beaucoup de questions, et pas des moindres vous me l'accorderez.

    Voilà fonc. Pour les afficionados de la série, il n'est pas besoin d'en jeter plus, pour ses détracteurs non plus. Et pour ceux qui ne connaîtraient pas, mieux vaut commencer par le début!

     SBM propose de faire voyager Thursday! Les volontaires sont donc priés de se faire connaître!

    L'avis de SBM, Keisha.

    Mes notes de lecture sur les quatre tomes précédents: L'affaire Jane Eyre, Délivrez-moi!, Le puit des histoires perdues, Sauvez Hamlet!.

  • Le livre des théophanies

     

    " Théophanies.
    Le livre s'ouvre, et les hommes découvrent Dieu, et les dieux découvrent l'homme. Quoi de plus normal : le livre a toujours tenu une place de choix quand il s'agissait de rapprocher divin et humain. Et qui mieux qu'un auteur pour arbitrer cette rencontre.
    Au fil des textes qui composent ce recueil, laissez-vous guider par son créateur omnipotent. Sous les traits d'hommes, sous les traits de dieux, il y pliera la réalité pour qu'elle se glisse dans les empires virtuels, qu'elle se confonde dans les contrées oniriques.
    Huit nouvelles en forme de révélations où l'acte littéraire devient une manifestation du divin ô combien humaine !"

     

    Vous admettrez que c'est alléchant. Le bout des doigts picote, on a envie de feuilleter histoire de voir si le contenu est aussi bon que ce que laisse augurer la quatrième de couverture, de picorer dans les nouvelles. A raison puisque, je peux le dire en connaissance de cause, c'est aussi bon que ce que laisse augurer la quatrième de couverture.

    Huit nouvelles donc, dont quatre inédites, qui parlent de mythologie, qui jouent avec les mythes et les mêlent à la science-fiction, à la fantasy, au fantastique... Chaque nouvelle a une atmosphère qui lui est propre, mais toutes dégagent une poésie empreinte de violence et  de souffrance. Il y a de multiples thèmes qui sont abordés dans ces nouvelles, mais les plus importants sont à mon sens l'identité et l'acte créateur. La question de l'identité, on la trouve dans l'heure du maître, à travers une histoire d'amour et d'escalvage, dans Les Elytres du temps où un enfant shuilong élevé par des humains part à la découverte de son peuple, dans Ariane à Naxos. La question de l'acte créateur et de la responsabilité du créateur traverse La leçon de ténèbre, Le maître de céramique... La plume de Jonas Lenn, sa manière d'amener presque sur la pointe des pieds la magie, la technologie donnent à ses textes une grande force. D'ailleurs, j'aimerais développer plus, mais j'ai bien peur de spoiler et de gâcher le plaisir de la découverte!

    En tout cas j'ai parfois sourit, parfois frémit, parfois eu le coeur serré, mais jamais je ne me suis ennuyée. Je recommande fortement le voyage! C'est une bonne manière de découvrir les mauvais genres pour ceux qui n'en sont pas familiers, et une lecture très agréable pour ceux qui le sont!

     

    Vous pouvez lire ici des extraits de chaque nouvelle.

     

    Jonas Lenn, Le livre des théophanies, Griffe d'Encre, 2008, 200 p., 4/5