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de cape et d'épée

  • Princess Bride

     

    "Je m'appelle Inigo Montoya. Tu as tué mon père, prépare toi à mourir."

    Ça vous dit quelque chose?

    Comment ça non!

    Mais c'est tout simplement inadmissible!

    Bon, en même temps, j'ai attendu une grosse dizaine d'années avant de me pencher sur le cas du roman, et que c'est un brin l'hôpital qui se paie la poire de la charité, mais moi, ce que j'en dis, c'est pour votre bien. Un roman aussi délicieusement absurde devrait être reconnu d'intérêt public et le film qui en a été adapté par Rob Reiner est un monument d'effets spéciaux en carton pâte absolument indispensable.

    Revenons au point de départ pour ceux qui vivant sur une autre planète n'auraient jamais entendu parler de la plus belle femme du monde, du pirate le plus sanguinaire, du géant turc adepte de la rime et de son mai espagnol à l'épée.

    Il était une fois un petit garçon très malade. Par amour, son père va lui lire chaque soir le roman du plus célèbre romancier florin: Princess Bride. Acte qui va avoir une conséquence pour le moins inattendue: le petit garçon passionné par le sport va se transformer en petit garçon passionné par les romans d'aventure, puis, en écrivain et scénariste. Un écrivain qui va un jour découvrir que son père ne lui a raconté que les passages les plus palpitants d'un roman fort érudit et parfaitement enquiquinant et qui va décider de donner au monde ce que lui même a eu: l'immense bonheur des meilleurs moments de Princess Bride. L'histoire de la plus belle femme du monde et de sa fabuleuse histoire d'amour avec un garçon de ferme.

    Je l'avoue, je ne m'attendais pas à ça: pour moi, Princess Bride était un roman d'aventure censément prometteur et sans aucun doute très sympathique. En aucun cas une réflexion drôle, passionnante, intelligente et haletante sur le rôle de l'écrivain et la puissance de la littérature. Bien entendu, il y a de l'amour, des rebondissements, des drames, des duels au clair de lune, des marais dangereux et un prince infiniment méchant, des falaises, des pirates, des îles désertes et inaccessibles, des bestioles dangereuses, une superbe princesse et un amour contrarié. Il y a tout ça et c'est tout simplement fabuleux. Un conte parfaitement maîtrisé, plein d'un humour pince-sans-rire réjouissant et d'un suspense auquel il est difficile de ne pas se laisser prendre. La princesse est une parfaite cruche, son amoureux est sans doute l'homme le plus courageux et le plus intelligent du monde mais l'amour ne l'arrange pas, le géant poète est un bonheur, et Inigo Montoya un duelliste absolument réjouissant. J'ai retrouvé avec un plaisir inattendu pas le zoo de la mort, le marais, les falaises et la ferme.

    Mais il y a aussi l'autre Princess Bride: William Goldman celui qui a osé abréger le roman de Morgenstern au prix de procés interminables et de risques inimaginables pour sa vie familiale et professionnelle. A ce titre, il intervient sans vergogne aucune dans l'histoire qu'il raconte, expliquant dans des passages en italique les raisons pour lesquelles il a fait des coupes, racontant les difficultés rencontrées au cours de son travail, ses souvenirs de ce que son père lui racontait. C'est maîtrisé et tout aussi drôle que le récit principal. La mise en abyme (c'est pas ça? Je m'en fiche) est assez spectaculaire quand on pense qu'il porte un regard critique sur une oeuvre censée exister qu'en fait il a écrit lui même. Ce n'est sans doute pas clair, mais je me comprends! On se laisse prendre totalement à sa fausse autobiographie! Un roman dans un roman dans une autobiographie qui n'est pas une autobiographie dans un roman.

    Goldman est sans conteste un maître du récit d'aventure, apte à faire tourner en bourrique tout lecteur normalement constitué. Plus il explique les coupes, plus il donne envie de se pencher sur une version originale qui n'existe pas. Et il a le culot d'offrir le premier chapitre d'une suite qui ne sera pas publié puisque ce la lui est interdit sous peine de procès... Je vous laisse imaginer les grincements de dents...

    Bref, avec tout ça j'ai une folle envie de revoir le film! Et de bénir le hasard qui a fait atterrir le roman sur ma PAL, m'a fait tomber sur des billets follement enthousiastes et a provoqué chez moi une petite crise de lecture qui m'a poussée dans les bras confortables (et métaphoriques) de Monsieur Goldman.

     L'avis de Karine, de Pimpi.

     

    Et pour la route...

     

    William Goldman, Princess Bride, Bragelonne, 2007, 4/5