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SFFF - Page 18

  • Le commando des immortels

    Le commando des immortels

    "Au lendemain de Pearl Harbor, l’armée américaine est en déroute dans le Pacifique. Les Japonais s’apprêtent à conquérir la Birmanie. Les États-unis décident de faire appel aux êtres les plus aguerris aux combats en forêt, un peuple en harmonie avec la nature et aux sens plus développés que ceux des humains : les Elfes. Ils ne sont plus qu’une poignée et vivent dans la dernière réserve du territoire américain.

    Le gouvernement leur promet une véritable reconnaissance et les Elfes acceptent d’envoyer cinq des leurs former les soldats en Asie. À une condition : emmener avec eux un vieil Anglais spécialiste de l’elfique, un professeur nommé… J. R. R.Tolkien. Au cœur d’une jungle hostile, le cauchemar commence pour les humains et les Elfes…"


    Autant le dire immédiatement, Le commando des immortels n'est pas la lecture qui m'a le plus passionné ces dernières semaines.
    Le fil suivi par Christophe Lambert  me semblait pourtant prometteur. Un univers alternatif où les elfes sont une réalité, où le professeur Tolkien est en train d'écrire sa grande oeuvre, où se mêlent récit de guerre, fantastique, suspense voire horreur. Dans cet univers, les elfes remplacent les indiens d'Amérique du Nord, une très longue vie en plus. Cela permet à l'auteur de mener une réflexion des plus intéressante sur la différence, la tolérance, le métissage. Dans la méfiance qui oppose humains et elfes, on retrouve la peur, le mépris et la méconnaissance des traditions et des modes de vie de l'autre, le rejet de ceux qui sont issus de couples mixtes. Pour quiconque a une petite connaissance de base des événements survenus ces 100 dernières années, il est évident que Lambert a utilisé avec efficacité et intelligence l'histoire des Etats-Unis et surtout, celle des tribus indiennes, notamment navajos. Le parti pris de faire se rencontrer Tolkien et les elfes donne également un résultat assez étonnant: l'écrivain rencontre ses créatures, et au fil des rebondissements de l'histoire, les fils du Seigneur des Anneaux et de ce que vit le professeur se mêlent au point qu'on se demande par moment si le manuscrit ne s'est pas incarné et si les créations de l'écrivain n'ont pas pris possession de leur créateur. C'est tout le processus de création qui est ainsi interrogé.

    Mais malgré tout ces points positifs, la facture de l'histoire donne une impression de déjà-vu. S'il est agréable de se retrouver en terrain connu, la prévisibilité des rebondissements finit par agacer. Les références filmographiques, livresques et historiques de Christophe Lambert sont admirables, mais elles ont induit chez moi un sentiment de lassitude. J'aurais en plus aimé que les personnages, attachants, soient plus développés et que les interactions entre races, les dialogues soient moins superficiels.

    Reste, par la grâce de l'écriture fluide l'auteur et par les thèmes qu'il traite un roman agréable à lire à défaut d'être inoubliable.


    L'avis d'Elbakin, celui d'ActuSF.

    Christophe Lambert, Le commando des immortels, Fleuve Noir, 2008, 262 p.

  • Lilliputia




    Elcana est petit, tout petit. Et pourtant il est grand, adulte même. Il est un Parfait, un nain aux proportions parfaites. Un être recherché par les maîtres de Dreamland, parc d'attraction construit sur Coney Island pour peupler la ville de Lilliputia et servir d'attraction aux Grands. Mais cette ville, blanche pour que ses visiteurs puissent y projeter leurs rêves, cache de bien sombres mystères, et la malédiction qui pèse sur l'île depuis des temps immémoriaux ne va pas laisser ses habitants grands et petits indemnes.

    Que voilà un roman intelligent, fascinant, haletant, prenant, profond, et j'en passe tout en pesant mes mots! Pourtant je trainais un peu des pieds, et si je n'y avais pas été un brin contrainte par mes obligations professionnelles, je serais sans doute passée à côté de ce merveilleux récit! Et pourtant, si je l'ai lu dans le cadre de mes lectures imposées en SF et fantasy (oui, la vie est parfaitement atroce, vous pouvez me plaindre), ce n'est pas un roman de fantasy. Pas non plus de la science-fiction. C'est... comme l'a si bien dit
    Fashion, totalement inclassable. Xavier Mauméjean offre un mélange détonnant de fantastique, de réalisme, de  mythologie. Je parlerais presque de réalisme magique en tant que genre littéraire si je n'avais pas peur de me faire taper sur le marque-page!

    Elcana doit fuir le pays slave où il est né pour échapper à la condamnation que fait peser sur lui le meurtre commis pour protéger une jeune fille de son village. Commence alors pour lui un voyage où il va peu à peu endosser les habits de l'Elu, de celui qui libère. Il y a du héros en lui, mais pas le héros chevaleresque dans sa blanche armure. Non, un héros qui a peur, qui a mal, qui n'hésite pas à tuer et à faire mal, même à ceux qui l'aiment. Il est celui qui cherche la vérité et qui veut la connaissance et la liberté quelqu'en soit le prix. On retrouve en lui des traits des héros de la mythologie, notamment de Prométhée qui joue, au sens propre comme figuré avec le feu. Il croise d'ailleurs des personnages qui ressemblent fort au Minotaure, aux Destinées, prend un moment le visage d'Achille. D'ailleurs, le démiurge de cette univers étrange n'est pas sans rappeler les dieux et leurs jeux, leurs colères, leurs inteventions dans le monde des hommes. Se pose alors la question de la destinée et du libre-arbitre, d'autant qu'on ne saura jamais si Elcana n'est que le jouet d'une volonté qui le dépasse, ou celui qui réduit à néant cette volonté. La chute, pour le moins volcanique a sans aucun conteste des résonances tragiques: il y a quelque chose du théâtre dans la manière qu'à Mauméjean de conclure son récit! Ou du cinéma. Il y a des moments où on a l'impression de se retrouver dans un film de Scorsese, ou dans les Il était une fois qui ont écrit en image la violence du rêve américain. On retrouve les gangs, les crochets de boucher, les batailles dans l'ombre des ruelles, les trafics et les règlements de compte.

    L'intelligence du roman est aussi d'utiliser à plein la fascination de l'humain pour ce qui est différent, monstrueux. Si Lillputia est un modèle réduit d'une ville de Grands, d'autres parcs lui sont voisins, dont le Steeple-Chase abandonné, dernier bastion des monstres humains qui ont fait la gloire des foires: femmes à barbe, siamoises, hommes et femmes atteints de difformités et maladies qui leur ont fait dénier la qualité d'être humain pour devenir des objets de moquerie. Des objets de moquerie, c'est aussi ce que sont les lilliputiens dans cet univers rendu sordide par le regard de ceux qui viennent le visiter pour se sentir plus "normaux' et par l'intention de ceux qui l'ont rendu possible. C'est d'autant plus poignant, touchant, révoltant que l'on sait que ces parcs et ces foires ont existé, et que le regard porté au quotidien sur ceux qui sont "anormaux" rappelle que ce genre de dérapage n'est jamais loin. L'Antiquité avait ses jeux, le 20e siècle a eu ses foires et d'autres choses dont il n'y a pas lieu d'être fier.
    En même temps, les lilliputiens eux-mêmes ne sont pas exempts de défauts et le microcosme qu'ils forment est aussi un modèle réduit de communauté humaine avec ses jalousies, ses rancunes, ses petites lâchetés: pas besoin de trop pousser pour que se dévoilent les mêmes schémas. Petits ou grands, les humains sont tous conduits par l'amour, la haine, le sexe et la recherce du plaisir, le tout matiné de plus ou moins de morale et de vernis de civilisation.

    On sort de cette lecture à bout de souffle, écoeuré et en même temps enthousiasmé. Sans aucun conteste un de mes coups de coeur de l'année.



    L'article du
    Cafard Cosmique et l'interview passionnante de l'auteur sur le même site.

    On peut aussi le voir et l'entendre dans un dialogue avec Michel Field:


    Michel Field / Xavier Mauméjean : Lilliputia
    envoyé par hachette-livre

    Pour avoir une idée de ce qu'étaient les Freak Show, quelques photographies d'époque sont visibles en allant par .

    Xavier Mauméjean, Lilliputia, Calmann-Levy, 2008,

  • Plaisirs coupables

     

    La vie d’Anita Blake n’est pas de tout repos. Non contente de ranimer les morts, elle passe une partie de son temps libre à chasser les vampires qui passent les limites de la légalité. C’est là qu’elle a gagné son surnom : l’Exécutrice. Mais quand le monde de la nuit est agité par des luttes de pouvoir, elle ne peut qu’y laisser quelques plumes.

     

    Que voilà une bonne surprise ! J’ai attaqué le premier tome de la saga d’Anita Blake chasseuse de vampire en me disant que je ne risquais pas grand-chose ! Et je me suis retrouvée littéralement embarquée dans les aventures d’une héroïne qui ressemble par quelques aspects à Stéphanie Plum ! Je vois d’ici les oreilles de quelques membres éminents de la blogoboule se dresser. Celle par qui tout est arrivé par exemple, celle qui défend Ranger en toute circonstance aussi… Et d’autres ! Attention toutefois (je tiens à mon intégrité physique et une adepte de Miss Plum peut devenir dangereuse), je parle de quelques aspects seulement !!

    Bien, entrons dans le vif du sujet ! Laurell Hamilton embarque son lecteur dans les pérégrinations d’une héroïne haute en couleur en en faisant la narratrice de l’histoire. Ce qui lui permet d’user d’un phrasé-parlé haut en couleur et en verve ! Et de coller au plus près aux frousses et grosses fatigues d’Anita. Il faut dire qu’elle n’est guère épargnée par le sort : la voilà embarquée dans une sombre histoire de meurtre bien qu’elle ait freiné des quatre fers et de tout ce qu’elle avait de disponible pour freiner, menacée par une reine des vampires complètement frappée, attirée par un junkie aux morsures de vampires et par un maître vampire plus que séduisant encore qu’un brin agaçant. Bref, un joyeux foutoir qui prend place dans un univers plutôt bien pensé : les vampires sont reconnus et vivent, façon de parler, au grand jour. Ils vivent donc parmi les humains, plus ou moins bien acceptés, certain les rejetant et les traquant purement et simplement, d’autres militant pour leurs droits. Sachant qu’eux même ne sont pas des enfants de cœur et qu’une partie d’entre eux persiste à faire des humains leur repas.

    Heureusement qu’il lui reste assez d’énergie pour tenir debout, et assez d’humour noir pour faire face à quelques rats garous et vampires psychopathes. Une grande force dans le roman d’ailleurs cet humour ! Ca aide à faire passer quelques invraisemblances.

    Alors bien sûr ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais entre l’intrigue et les personnages, voilà une série attachante et une lecture sympathique pour les jours de fatigue et de moral à zéro ! Sans compter que les relations de ces messieurs pas franchement humains et de notre demoiselle pas blanc bleu devraient évoluer vers des sommets garantis chauds dans les tomes suivants !

     

    Laurell Hamilton va être rééditée en France par Bragelonne, ce qui est plutôt une bonne nouvelle vu l’état des éditions poches en bibliothèque, et il semblerait qu’une adaptation en film ou série soit prévue.

     

    Affaire à suivre donc !

    L'auteur a un blog. Pour aller y jeter un oeil ou deux, c'est par !

    Laurell Hamilton, Plaisirs coupables, Pocket, coll. Terreur, 2004, 378 p.

  • Au Guet!

    Ah, Terry Pratchett ! L’auteur de ce formidable univers qu’est le Disque-Monde ! Le comparse de Neil Gaiman ! L’agitateur de zygomatiques !

    Vous ais-je déjà fait part de mon amour pour Terry Pratchett ? Non ? Et bien c’est chose faite !

     





    Allons-y pour un petit point biographique sur le maître ! Né en 1948 dans le Buckinghamshire, il a publié sa première nouvelle en 1963 et son premier roman en 1971 tout en exerçant les métiers de journaliste et publicitaire. En 1983, c’est la naissance du Disque-Monde, saga héroï-comique et pastiche hilarant de tout ce que la fantasy compte de personnages et rebondissements. Pour lui, la SF est de la fantasy avec des boulons ! Grâce lui soit rendue pour ce commentaire ô combien exact et ce monde délirant qu’il a créé !

    Jugez plutôt ! Le Disque-Monde… Une dimension lointaine où un monde en forme de disque est perché sur le dos de quatre éléphants, eux-mêmes posés sur le dos de la Grande A’Tuin, la tortue qui fend l’espace interstellaire, les yeux fixés sur le But Ultime. Sans oublier la grande cataracte qui entoure le tout. Un monde où l’on va croiser Mémé Ciredutemps la sorcière, Rincevent, le mage le plus calamiteux du multivers, un bibliothécaire transformé en anthropoïde, un Bagage muni de dents très acérées, une Mort dépressive, et j’en passe ! Tous embringuer dans des aventures plus loufoques les unes que les autres.

    Autant le dire tout de suite, Pratchett utilise tous les ressorts de la fantasy, mais aussi de la science-fiction pour offrir à son lecture un humour qui n’est pas sans rappeler celui des Monty Python et qui lui permet aussi d’explorer la nature humaine et ses nombreux défauts. Les protagonistes de ses histoires sont tous plus pitoyables les uns que les autres, irrationnels, lâches et égoïstes. Ce qui leur permet finalement d’être héroïques. On est loin de l’héroïc-fantasy et tant mieux !

     

    Si vous voulez en savoir plus sur l’auteur et son univers, allez donc faire un tour par  ! C’est complet et passionnant !

     

    J’en reviens pour ma part à mes moutons, ou plutôt à mes dragons : le neuvième tome des annales du Disque-Monde, Au guet !




    Une société secrète a pour but de renverser le Patricien Vétérini, seigneur d’Ankh-Morpok pour lui substituer un roi. C’est sans compter avec le guet municipal : le capitaine Vimaire, alcoolique notoire et sa fine équipe composée d’un sergent sergentesque, d’un caporal adepte des danses traditionnelles et d’un soldat d’1m98 élevé par les nains et prénommé Carotte. Et quand on retrouve des citoyens calcinés au petit matin, c’est eux qui vont se retrouver à enquêter sur un dragon de 25m appartenant à une espèce censément disparue avec l’aide du bibliothécaire anthropoïde de l’université Invisible !

     

    Que dire sinon que j’ai une nouvelle fois adoré ! L’histoire est totalement tirée par les cheveux, menée tambour battant et on y voit apparaître de temps en temps en guest star notre ami La Mort (oui, oui, La Mort est un garçon), bien forcée d’intervenir pour récupérer les victimes du dragon. Terry Pratchett laisse libre court à son génie parodique, clouant au pilori un certain nombre de clichés appartenant aussi bien à la fantasy qu’au roman de cape et d’épée. A ce titre, la scène d’évasion que je ne décrirai pas pour ne pas déflorer le plaisir de la découverte est un modèle du genre !

    Mais à mon sens, ce qui fait la grande force de cet opus est la place centrale accordée à la bibliothèque et son bibliothécaire. Et oui, on ne se refait pas ! En même temps, si vous avez aimé la bibliothèque de Poudlard, dites-vous bien qu’elle n’arrive pas à la cheville de celle de l’Université Invisble. Les livres y sont tellement nombreux, tellement chargés de magie et de connaissance que le temps et l’espace s’y déforment, que des créatures étranges y errent et que des failles mènent vers d’autres bibliothèques. Un véritable rêve. Quand au bibliothécaire, c’est un modèle du genre : attaché à ses bouquins au point de frayer avec des humains ! Car s’il a été humain un jour, un accident magique l’a transformé en un orang-outang satisfait de son sort, rancunier, porté sur la boisson, bagarreur et attachant.

     

    En même temps, entre deux éclats de rire, on se rend compte que Terry Pratchett fait passer quelques messages intéressants sur la nature humaine, la politique, la connaissance. Je laisse à votre appréciation ce passage que je trouve intéressant :

    « Dans le silence de la bibliothèque endormie, il ouvrit  son bureau et sortit du fin fond une petite lanterne soigneusement conçue pour empêcher la moindre flamme nue de brûler à l’air libre. On n’était jamais trop prudent avec tout ce papier dans les parages… Il prit aussi un sachet de cacahuètes et, tout compte fait, une grosse pelote de ficelle. Il en coupa avec les dents un petit bout dont il se servit pour se nouer la plaque autour du cou, comme un talisman. Puis, il attacha une extrémité de la pelote au bureau, et après un instant de réflexion, partit à coups de phalanges entre les rayonnages en dévidant la pelote derrière lui. La connaissance, c’est le pouvoir. La ficelle était importante. Au bout d’un moment, le bibliothécaire s’arrêta. Il concentra toute sa puissance professionnelle. Le pouvoir, c’est l’énergie… Les gens étaient bêtes des fois. Ils croyaient que la bibliothèque dangereuse à cause de tous les livres magiques qu’elle contenait, ce qui n’était pas franchement faux, mais ce qui la rangeait parmi les lieux les plus dangereux existants, c’était tout simplement son statut de bibliothèque. L’énergie c’est la matière… Il enfila d’un pas rythmé une avenue de rayonnages qui ne faisait apparemment que quelques mètres de long et la suivit vivement pendant une demi-heure. La matière, c’est la masse… Et la masse déforme l’espace. Elle le déforme en un espace B polyfractal. Donc, malgré toutes les qualités du système Dewey, quand on veut chercher quelque chose dans les replis multidimmensionnels de l’espace B, rien ne vaut une bonne pelote de ficelle. »

     

    Pour moi, tout y est !

     

    Terry Pratchett, Au Guet !, Pocket, 2007, 349 p.

  • Mémoria

    Memoria

     

    C’est un tueur sans nom et sans visage qui travaille qui vend ses talents aux grandes compagnies qui se partagent l’univers. Personne ne sait qui il est, pas même lui. C’est à ce prix qu’est cette immortalité que lui procure l’artefact extra-terrestre unique qui lui permet de passer de corps en corps. Mais des crises de souvenir le terrassent de plus en plus souvent, au point de mettre ses missions en danger et de faire remonter à sa conscience une terreur profonde et secrète.

     

     

    Laurent Genefort après presque quarante romans publiés et des prix prestigieux est considéré comme une des figures de proue de la science-fiction française actuelle. Avec Mémoria, il revient à la science-fiction. J’avoue d’entrée que si sa réputation n’est sans doute pas usurpée, je n’ai pas été entièrement convaincue par ce roman malgré ses qualités indéniables.

    Tout d’abord, il est extrêmement bien construit: trois parties le composent et reposent sur les missions successives du personnage principal. Elles permettent au lecteur de s’installer confortablement dans sa lecture, de faire connaissance avec le héros et le monde qui l’entoure. Le fait que le récit se déroule dans un univers que l’auteur développe depuis plusieurs années n’est en rien un handicap : il amène très bien les choses et un lexique à la fin de l’ouvrage permet de s’y retrouver dans le pire des cas.

    Petit à petit, Laurent Genefort instille le suspense, les questions. Qui est-il ? D’où lui vient cette mystérieuse machine qui fait de lui cet être sans mémoire ? Quelle est cette peur qui le ronge ? Pourquoi avoir choisit cette vie ?  Et avec ces questionnements, on entre dans une réflexion intéressante sur ce qu’est l’esprit humain, ce qu’est l’humain. Le héros, passant de corps en corps n’est finalement qu’un esprit parasite. Et encore, il est une entité pensante. Il n’est pas humain dans le sens où il n’a pas de mémoire qui lui soit propre. Or, qui est-on quand la mémoire ne permet plus de savoir d’où l’on vient et qui l’on est ? L’immortalité a-t-elle un sens si elle ne permet plus d’exister qu’à travers des vides et des manques ?

    Malheureusement,

    Mais malheureusement, il n’y a guère de surprise dans un dénouement qui est amené un peu trop rapidement à mon goût et qui pêche par une certaine confusion. Et surtout, ce personnage de tueur immortel et son artefact extra-terrestre auraient mérité un traitement plus fouillé. Mémoria reste une lecture fort agréable et prenante malgré tout ! Je lirai d’autres romans de Genefort pour me faire une idée plus complète de son œuvre !

    Laurent Genefort, Mémoria, Le Bélial, 2008, 289 p.