Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

fforde

  • Le début de la fin

     

    Je ne cache pas plus ma folle passion pour Jasper Fforde que mon incommensurable vénération de Neil Gaiman. Il y a des choses comme ça dans la vie qu'il ne faut pas avoir honte de clamer. Bref. J'avais donc terminé, à la fois hilare et désespérée le quatrième tome des aventures de Thursday Next, atterrée par la prespective d'attendre une bonne année avant que le tome 5 ait la décence de se matérialiser au format poche. Pour vous situer le drame, j'étais devant la table de la librairie le jour même de la sortie en poche du quatrième... Lequel s'était vu achevé deux pauvres petits jours plus tard malgré mes tentatives de ralentissement.

    Mais c'était sans compter sur SBM qui a eu la merveilleuse et adorable idée de me faire la fabuleuse surprise de m'envoyer par les mains de mon facteur préféré (vu les paquets qu'il se coltine, je peux vous dire que j'ai acheté le calendrier Martine sans moufter), le tome 5!! J'ai sautillé dans tous le sens, piaillé peu dignement et ai du me contenter de le regarder d'un oeil chagrin pendant au moins deux semaines (l'enfer sur terre) pour cause d'urgence lecturesque. La vie est parfois atroce. Mais bon, tout est bien qui finit bien dans cet exposé ennuyeux de ma vie follement trépidante puisque vous vous en doutez, j'ai fini par me jeter sur Le début de la fin comme la peste sur le choléra, la Chiffonnette sur le chocolat ou tout autre comparaison hasardeuse que vous souhaiteriez utiliser ici.

     

    Parlons peu, parlons bien, qu'est-ce que ça raconte donc: Thursday Next est marié, mère d'un adolescent de 16 ans boutonneux et mutique, de deux filles dont l'une au QI surdéveloppé. Pickwick pouique toujours et Landen s'occupe de tout son petit monde pendant qu'elle pose des moquettes en bonne mère de famille et célébrité sur le retour. Enfin, ça, c'est pour la galerie. Parce que Thursday qui raccroche, c'est comme un petit-déjeuner sans café. Impossible. Entre la chute du nombre de lecteurs, la formation de stagiaires de la jurifiction qui lui ressemblent comme deux gouttes d'eau, les tentatives de meurtre du minotaure, la fin du monde en approche et le grave problème de l'excédent de bêtise, elle a beaucoup trop à faire pour songer à faire des devis.

    Cinquième tome, cinquième réussite. A son habitude, Jasper Fforde trousse un roman certes un brin foutraque mais palpitant, intelligent, drôle et mine de rien drôlement érudit sans jamais tomber dans la pédanterie. Cet homme est un génie. Si, si.

    Déjà, le simple fait que Thursday se retrouve coincée avec deux stagiaires qui sont ses sosies parfaits est drôle. Ajoutez-y le fait que l'une est une espèce de psychopathe et l'autre une végétarienne pacifique et vous obtiendrez un cocktail détonnant dans lequel il faut ajouter les emprunts et les références habituels à la littérature sous toutes ses formes et les miltiples rebondissements et fils d'intrigues qui finissent par se rejoindre. J'ai également a^pprécié à sa juste valeur les réflexions sur le voyage dans le temps qui parvienne tà faire tourner la tête de nos héros et celle du lecteur apr la même occasion.

    Et puis mine de rien, c'est à une sacré réflexion sur la place et le rôle du lecteur qu'il invite. Le fameux projet de livre-réalité dont je ne parlerais pas plus de peur de spoiler est une mine de de questions d'une brûlante actualité. Le lecteur peut-il être tout puissant? Le lecteur doit-il être tout puissant? Et en conséquent, quelle est le rôle de l'édition? Produire toujours plus pour répondre aux goûts mouvant du public? Priviliégier l'exigence? Quelle est la place de l'écrivain dans tout cela, son droit sur son oeuvre? Beaucoup de questions, et pas des moindres vous me l'accorderez.

    Voilà fonc. Pour les afficionados de la série, il n'est pas besoin d'en jeter plus, pour ses détracteurs non plus. Et pour ceux qui ne connaîtraient pas, mieux vaut commencer par le début!

     SBM propose de faire voyager Thursday! Les volontaires sont donc priés de se faire connaître!

    L'avis de SBM, Keisha.

    Mes notes de lecture sur les quatre tomes précédents: L'affaire Jane Eyre, Délivrez-moi!, Le puit des histoires perdues, Sauvez Hamlet!.

  • Des joyeuses commères d'Elseneur

    "- Qui est-ce chérie? cria ma mère depuis le salon?

    - Un tueur sanguinaire décidé à se rendre maître de la galaxie, lui répondis-je.

    -C'est bien ma poulette."

     

    Thursday Next est de retour, son petit Friday sous un bras, Hamlet sous l'autre et le couteau entre les dents, fermement décidée à enfin récupérer son époux éradiqué par les soins de l'affreuse compagnie Goliath et à vivre heureuse avec lui, son fils et son dodo.

     

    J'avais adoré les trois premiers tomes des aventures de Thursday Next. Souvenez-vous, c'était ici et . Je ne vous étonnerai donc pas en vous disant que j'étais au garde-à-vous dans un lieu de perdition autrement appelé librairie le jour même de la sortie et que quelques heures plus tard, je me poilais dans une rame de métro dont je suis descendue une station trop tôt (d'habitude c'est une à quatre trop tard, mais le résultat est le même).

    Tout ça pour dire que ce nouvel opus est comme les précédent un condensé de bonne humeur, d'idées plus loufoques les unes que les autres, de rebondissements tellement serrés qu'on frôle l'embouteillage et de bonne humeur certifiée conforme. Certes Thursday Next quitte le Monde des livres pour retrouver le réel, mais ce n'est finalement que pour mieux permettre à son créateur de mélanger allégremment personnages de fiction et humains en chair et en os. C'est ainsi qu'Hamlet débarque dans le salon de Mme Next déjà squatté par Bismarck (oui, celui qui a des moustaches) et Emma Hamilton (la lady de lord Nelson) avec ses questions existentielles. Il va se trouver confronté à un coach en développement personnel et aux multiples interprétations de sa pièce pendant qu'Ophélie fomente une révolution. Mme Bradshaw, gorille de sa personne va venir faire un peu de baby sitting et se suspendre aux lustre de Mme Next pendant que Thursday tente de récupérer un clone de Shakespear. Quand à l'empereur Jark, tyran sanguinaire de son état, il va passer le roman à faire les entrées les plus retentissantes possibles. En bref, l'interpénétration des deux univers dans lesquels évolue Thursday Next apporte une grande richesse au roman. Quand on pense qu'avec tout ce bazar, Jasper Fforde parvient à maintenir une trame cohérente et à mener à bien une intrigue aux multiples ramifications, on ne peut que plébisciter son talent!

    Avec Thursday Next, il a développé une héroïne attachante. Une femme aventureuse, forte et fragile à la fois, que ni mariage ni maternité n'empêchent de partir à l'aventure.

    "-Chéri? appelai-je.

    -Oui? répondit Landen de l'escalier.

    - Je dois ressortir.

    - Encore un tueur à gages?

    - Non, un tyran mégalomaniaque décidé à conquérir le monde.

    - Je t'attends pour aller au lit?

    - Non, mais Friday a besoin d'un bain... et n'oublie pas derrière les oreilles."

    Une nouvelle conception du partage des tâches: madame sauve le monde d'une énième apocalypse et monsieur donne son bain au petit.

    Je vais parler ici de choses que Canthilde a aussi abordé ici, mais c'est à mon avis un aspect trop important pour qu'il soit passé sous silence. Si dans les précédents tomes, Jasper Fforde disait beaucoup de choses sur les livres, les lecteurs et ceux qui font les livres, cette fois-ci, la critique politique et sociale s'affirme. Il montre là, s'il en était encore besoin, à quel point l'uchronie est un excellent moyen de parler du monde dans lequel nous vivons et des dérives probables des systèmes économiques, politiques et sociaux. Là, c'est l'hégémonie économique et ses conséquences qui sont questionnées, le consumérisme à tous crins aussi. Goliath, la fameuse multinationale à l'origine de bien des aventures de Thursday brigue cette fois-ci le statut de religion. L'occasion de souligner à quel point l'argent est devenu maître et presque dieu. Goliath est juste une entreprise. Mais une entreprise qui a réussi à pousser son emprise sur le monde au point de ronger jusqu'à l'os le monde politique et de justifier son attitude hégémonique par le fait que contrairement aux politiques, elle a la capacité et les moyens de penser l'avenir sur le long terme. Et en effet, loin du bien commun, les hommes politiques campés par Jasper Fforde poussent la manipulation et l'égoïsme jusqu'à l'absurde. Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous, mais en poussant la logique qui préside les relations entre politique et économie à son paroxysme Fforde donne à réfléchir. On rit, parce qu'il est difficile de faire autrement, mais on rit un peu jaune, tant la fiction se rapproche là de ce que la réalité annonce.

     Je ne vais pas m'étendre plus. Jasper Fdorde est définitivement entré dans mon panthéon personnel d'auteurs chouchous (cop. Caro[line]) et ne risque pas d'en sortir avant un bon bout de temps. Il est un des rares à me faire hurler de rire, frémir d'angoisse et réflechir intensivement en 400 et quelques pages, dévorer avant de freiner des quatre fers par peur de tourner trop vite la dernière page. Vivement le tome 5 en poche!

    L'avis de Canthilde, de Karine:), Yozone.

    ps: je n'ai pas trouvé la couverture 10/18, mais félicitations: elles sont drôles, colorées, et tout à fait en accord avec l'univers de Fforde!

    Jasper Fforde, Sauvez Hamlet!, 10/18, 2008, 471 p.

  • Livresquement votre

    ce week-end, j'ai fait une bonne action. Oui, une bonne action. J'ai enfin lu un des ouvrages lâchement abandonnés sur ma PAL! Victoire, chants de gloire et de soulagement. Bref!

    Il s'agit de la suite d'un livre que j'avais, à la lointaine époque où je ne tenais pas encore ce blog, beaucoup, beaucoup, beaucoup aimé. D'où une petite séquence nostalgie (je laisse la bande son à votre libre appréciation).

     

     

    L'affaire Jane Eyre: Thursday Next vit dans un monde où la littérature est presque une religion. Où rien n'est plus important qu'une pièce de Shakespeare, où les plagiats font scandale. A tel point qu'une brigade spéciale des Op-Specs a été créée pour s'occuper des affaires littéraires! Accessoirement, il y a également dans ce monde: des gens capables de voyager dans le temps, des dodos ressucités, des vampires, des multinationales prêtes  à tout pour dominer le monde, et des individus bizarres dont font partie la plupart des membres de la famille Next. Papa, voyageur du temps est censé ne plus exister, oncle Mycroft invente des machines étranges qui permettent de rentrer dansles livres et je vous en passe. C'est d'ailleurs à cause d'une de ces machines bizarres qu'Achéron Hadès, le Mal, kidnappe Jane Eyre. Heureusement, Thursday est là pour prendre les choses en main entre deux verres, trois souvenirs, un certain nombre de tasses de thé et quelques déboires sentimentaux.

     

     

     

     

    Délivrez-moi: où l'on retrouve Thursday mariée, enceinte et menant une vie toujours trépidante. Son nouveau statut de sauveuse de Jane Eyre ne la met pas à l'abri du retour de la vengeance des méchants du premier tome. Son tendre époux éradiqué, les tentatives de meurtres sur sa personne, le chantage et un logeur agaçants vont mettre le feu aux poudres.

     

    Bon, aucun des deux tomes de cette série n'est facile à résumer. A la base, c'est la quatrième de couverture du premier tome qui m'a convaincue: uchronie déjantée, roman policier, lecture jubilatoire. Bon, bon, bon... Qui aurait résisté??

    Et je n'ai pass été déçue du voyage! De décalage en décalages avec notre réalité, Jasper Fforde invente un monde presque complétement différent.  On y découvre des inventions burlesques, une nouvelle religion totalement déjantée avec des saints aux noms imprononçables, des lobbies pro-Shakespeare à l'influence politique énorme, des intégristes littéraires, des gravitubes qui permettent de traverser le centre de la Terre, des migrations de mammouths et un certain nombre d'autres choses.

    S'y ajoute un sens du rythme, du suspense et de l'action, un humour jouissif et un sens de la répartie qui laissent pantois le lecteur qui a eu l'heureuse idée d'ouvrir ces pages.

    Le meilleur reste quand même l'immense amour de la littérature, des livres et de la lecture qui irrigue ces pages. L'idée qu'il est possible de rentrer dans les livres, de rencontrer leurs personnages et de discuter avec eux est proprement génial. L'esquisse de cet univers amorcée dans L'affaire Jane Eyre est développée dans Délivrez-moi. Et c'est le bonheur. On découvre la Jurifiction, police interne des livres, on passe de l'autre côté du rideau, pour apprendre ce qu'il se passe à la fin des chapitres, on tremble face aux virus orthographiques, on est intrigué par les nouvelles technologies comme le transfert par ISBN, on communique par note de bas de page. Et on fait la connaissance de personnages savoureux, les personnages de Fforde lui-même bien sur, mais aussi ce qu'il fait de ceux de Dickens, de Jane Austen, de Lewis Carroll. Je ne me suis pas encore remise du Chat du Cheshire en bibliothécaire! Et d'une scène de solde dans une librairie digne des LCA!

     

    Vous l'aurez deviné, j'aime Japser Fforde! Et j'ai bien du mal à faitre passer tout ce que contiennent ses histoires. Ses livres me mettent la patate et le sourire aux lèvres! Fortement conseillé!

     

    "Ce n'étaient pas simplement des mots assemblés sur une page pour créer une impression de réalité - chacun de ces volumes étaient la réalité. Ces livres-là ressemblaient à ceux que j'avais lus chez moi comme une photographie ressemble à son sujet. Ces livres étaient vivants!"

     

    "Je m'arrêtai de lire lorsque je fus certaine que j'étais complétement dans Raison et sentiments et écoutai Marianne achever son monologue:

    ... insensible aux changements chez ceux qui se promènent dans votre ombrage! Mais qui sera là pour en profiter?"

    Elle poussa un soupir mélodramatique, joignit les mains sur sa poitrine et saglota sans bruit une minute ou deux. Puis elle enveloppa du regard la grandemaison à la façade blanche et se tourna vers moi.

    - Bonjour! fit-elle d'un ton amical. Je ne voux ai encore jamais vue par ici. Vous travaillez pour la Juri-machin-truc?

    - On ne doit pas faire attention à ce qu'on dit? balbutiai-je en regardant nerveusement autour de moi.

    - Ciel, non! s'exclama Marianne avec un rire enchanteur. Le chapitre est termijné, et puis ce livre est écrit à la troisième personne. Nous sommes libres de nos faits et gestes jusqu'à demain matin, quand nous partirons pour le Devon."

     

    L'avis de Flo, de Lou, d'Allie, de Lilly. Certaines ont aimé, d'autres moins! Je vous laisse juges!