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Chiff' - Page 86

  • L'appel de la lune

    Mercy Thompson est mécanicienne spécialisée dans les vieilles guimbardes allemandes. Pas banal? Et vous ne savez pas tout! Non contente de mettre les mains dans le cambouis, elle sort ses griffes au sens propre quand elle se transforme en coyote et au sens figuré quand son si sexy voisin, chef de meute, loup-garou de son état commence à lui taper sur les nerfs. Or, des raisons de s'énerver, Mercy en a: de mystérieux tueurs viennent mettre sa vie déjà pas si tranquille que ça sans dessus dessous, la contraignant à faire appel à la meute qui l'a élevée...

    Le moins que l'on puisse dire c'est que Patricia Briggs sait y faire! En deux temps trois mouvements, elle campe un décor et des personnages plutôt sympathiques dans leur genre. Mercy Thompson rappelle un peu les personnages de Laurel K. Hamilton, ou de Kelley Armstrong: fière, indépendante, têtue comme une mule et abonnée aux embrouilles en tout genre. Ce n'est pas qu'elle cherche les ennuis d'ailleurs, Mercy. Mais quand on est une changeuse, les choses sont un brin compliquées. Et quand on est une changeuse élevée par des loups-garous, amie avec un fae parmi les plus puissants, copine avec un vampire et objet de la convoitise d'un certain nombre de mâles sexys pas franchement humains, c'est pire!  J'ai vraiment aimé cette héroïne peps, drôle, et énervée. Mais le gros plus de ce qui pourrait être un nouveau roman de bit-lit, c'est l'univers dans lequel Mercy évolue, assez complexe dans son genre. même si elle ne renouvelle pas le genre. Le fonctionnement des meutes de loups-garous, des essaims de vampires, le destin des faes, la migration de toutes ces créatures magiques vers le Nouveau Monde, ses conséquences sur les créatures magiques autochtones, c'est tout une structure sociale magique qui se dessine et qui promet de se développer dans les tomes qui suivent.

    Ceci étant dit, le plus gros atout à mon sens (hem) réside dans les personnages masculins: certes, Zee ne fiat pas grand effet, mais que dire d'Adam, de Samuel, et même de Stefan le vampire? A part qu'ils sont... Sexy? Moui, je crois qu'on peut dire ça! Leurs interactions un brin, voire totalement machos avec une Mercy décidée à ne pas s'en laisser conter mettent de l'ambiance dans une intrigue qui sans être ennuyeuse, ne casse tout de même pas trois pattes à un canard.

    Bref, c'est facile à lire, amusant, il y a des beaux messieurs, des aventures et quelques beignes. Parfait sous la couette par un jour de grand froid! On se laisse faire avec grand plaisir par cette héroïne haute en couleur, qu'à titre personnel, j'ai hâte de retrouver dans la suite de ses aventures (qui va gagner d'Adam, de Samuel ou de Stefan, telle est la question fondamentale)!

    Fashion l'a trouvé sympathique, Vladerkan a bien aimé, Stéphane Pons de Yozone aussi. Isil est moins enthousiaste.

     

    Patricia Briggs, L'appel de la lune, Mercy Thompson t. 1, Milady, 2008 3,5/5

  • L'ivresse des sens

    Ricky et G-Man sont amis, amants et partagent, outre la même maison, un amour dévorant de la cuisine. Las de travailler pour d'autres, ils se décident à ouvrir leur propre restaurant. Le concept: l'alcool. Parfait pour leur Nouvelle-Orléans, toute de démesure et d'ébriété. Mais malgré l'aide du célèbre cuisinier Lenny Duveteaux, cela ne va pas se faire sans moult difficultés et rebondissements.

     

    Ce n'est pas vraiment un secret, je suis gourmande. Rien d'étonnant donc à ce que la mention d'une aventure culinaire sur une quatrième de couverture attire mon attention. Et rien d'étonnant à ce que j'ai salivé pendant toute la durée de ma lecture, quand on considère le talent de Poppy Z. Brite. D'elle, je ne connaissais jusqu'alors que les histoires de vampires sombres, extrêmement violentes, trash parfois, éreintantes pour le lecteur en même temps que fascinantes. Voilà que je découvre une autre facette de son oeuvre, dans laquelle elle se livre à une incroyable débauche de senteurs et de goûts. Le moins qu'on puisse dire, c'est que Poppy Z. Brite a l'écriture sensuelle! La Nouvelle-Orléans devient sous sa plume un décor poisseux, sulfureux, sombre et étouffant, parfait pour le roman noir simple et efficace qu'elle offre à ses lecteurs. On y découvre les bars, les traditions de carnaval et des fêtes des saints, les beaux quartiers et les ghettos. Mais Alcool n'est pas seulement le récit des aventures de deux cuisiniers débrouillards et abonnés aux ennuis. L'auteur offre à travers les aventures de ses deux héros une découverte passionnante de l'univers des cuisines, de la création d'un restaurant et de nouveaux plats. La lire avec l'estomac vide relève de l'impossible. Rien que pour vous en donner une idée, un extrait du menu d'inauguration: roulés de prosciutto aux figues marinées au calvados et sa crème au bleu et au calvados, salade de crudités, noix de macadamia Mandrego et vinaigrette à l'eau-de-vie de noix, filet de sébaste en croûte de pécan nappé de beurre blanc au rhum... Et il n'y a rien de lourd ou d'indigeste dans tout ça! Il faut dire que les deux héros et leur entourage sont particulièrement frappés et attachants du même coup: un peu malfrats sur les bords, illuminés parfois (créer un dessert avec un masque mortuaire de Napoléon en chocolat et une glace au camembert... mais quelle idée), joyeux et bordéliques, corrompus par une tomate mûre à point, capables de faire un cours sur l'origine des olives, ils ont tous une épaisseur qui en fait des vieux copains.

    Qui plus est, Poppy Z. Brite fabrique une bien jolie histoire d'amour avec ses deux cuistots: un vieux couple, avec ses hauts, ses bas, des habitudes parfois attendrissantes, parfois hilarantes. On a envie de les suivre, de savoir ce qu'ils vont devenir. On frémit à leurs disputes et sourit à leurs réconciliations.

    Bref, c'est fin, c'est goutû, ça s'avale sans faim aucune et avec un plaisir certain!

    La critique du Cafard Cosmique, l'avis de Nicolas G, d'Amanda, de Cuné, des échos sur Critique Libre.

     

    Poppy Z. Brite, Alcool, Au Diable Vauvert, 2008, 4/5

  • Avec le sentiment du devoir accompli, je me présente au rapport!

     

    Dans un moment d'inconscience (est-ce qu'il m'arrive d'être consciente, telle est la question), je me suis lancée par une belle journée dans un challenge. Un nouveau challenge. Quans on pense que j'ai lu 6 romans sur les 26 prévus dans le challenge ABC, il y avait de quoi avoir peur. Et pourtant, je me présente aujourd'hui devant vous avec le sentiment du devoir accompli: c'est fait! Je susi parvenue à terminer le Fashion's Klassik List Challenge! Et le premier qui me dit qu'il n'y avait que cinq romans dans la liste sort immédiatement!

    J'ai donc lu, au fil des mois écoulés:

    - La chartreuse de Parme: un grand moment de bonheur

    - La foire aux vanités: j'ai aimé. Ben oui. J'avais déjà lu (ahhhhhhhhh, Rhett!!!!!!) et adoré, faut-il le préciser, Autant en emporte le vent.

    - Lettre d'une inconnue: Stephen Zweig, ça ne peut pas être autre chose que merveilleux.

    - Northanger abbey: en lieu et place d'Orgueil et Préjugé. Je l'avais lu au jeune âge de 17 ans et ne m'en souvenais guère. Voilà qui est réparé. Ce que j'en pense? Ce que je pense de Jane Austen en général, en particulier, au coin du feu ou sous la pluie.

    - De grandes espérances: Dickens est rock'n roll. Voir ci-dessous.

     

    Mreci Fashion!! Tu as une autre liste?

  • De grandes espérances

     

    Ou comment Pip, orphelin élevé par sa soeur et son forgeron de mari, va acquérir de grandes espérances, vivre de folles aventures et devenir un homme.

    Autant être franche, si Fashion n'était pas un jour passée par là avec son challenge, je n'aurais sans doute jamais approché, même de loin, ce bon vieux Charles Dickens. Un a priori impliquant une bonne dose de poussière, des orphelins, quelques horribles drames et beaucoup de larmes. Il faut dire que ce ne sont pas les adaptations en dessin animé de mon enfance qui auraient pu me donner une subite envie de me jeter sur les pavés de Charles!

    Bref, je ne vais pas m'étendre sur mes traumatismes d'enfance et cesser là ce suspense insoutenable: Dickens, c'est poussiéreux ou pas?

    Et bien non, Dickens n'est pas poussièreux! Il est même plutôt rock n'roll! Et oui! Prenons De grandes espérances puisque c'est, de toute manière, de lui qu'il est question: évasions rocambolesques, meurtres, déchirements amoureux, vils profiteurs, hommes de loi de glace, vieille sorcière échevelée, sublime beauté au coeur froid, et j'en passe. Ca ne vous donne pas envie vu sous cet angle là? Moi, si on me l'avait vendu comme ça, ça n'aurait pas fait un pli!

    De grandes espérances est un roman aux multiples facettes. Il y a, bien sûr, les aventures de Pip, son amour malheureux, Magwitch le forçat, miss Havisham et ses horribles complots: un récit plein de suspense, de rebondissements, de brouillard et de tempête qu'on dévore par envie de savoir ce qui va bien pouvoir arriver aux héros. Dickens est un feuilletoniste, et on le sent dans son art de tirer les fils de son intrigue, de lier les personnages les uns aux autres.

    Mais ce n'est pas l'essentiel. Dickens est un formidable raconteur d'histoires et observateur de son temps. La satire est là, féroce et lucide. Il prend prétexte du roman d'initiation pour décrire l'Angleterre telle que la bonne société ne la connaît pas, ou peu, et telle qu'elle la condamne quand des échos de ce qu'il s'y passe lui parviennent. On découvre en même temps que Pip, les difficultés de la vie d'un enfant orphelin dans les classes populaires, le sort des forçats sur les pontons, la bêtise des gens respectables, le pouvoir de l'argent. Puis, quand il lui vient soudain de grandes espérances, c'est un autre univers: celui des jeunes messieurs oisifs, dépensiers, vaniteux en même temps que celui d'une ville de Londre ambivalente: brillante des fastes de la richesse d'un côté, noire, poisseuse et dangereuse de l'autre. Ambivalente comme l'est Pip finalement...

    Parlons un peu de lui et des autres personnages. La première impression à la lecture est que Dickens utilise des archétypes: le gentil, le méchant, le fou, le riche, le pauvre... C'est, dans une certaine mesure, exact. Joe par exemple, le beau-frère de Pip, son père d'adoption, est irrémédiablement gentil, au point d'être agaçant parfois. Jaggers l'homme de loi est rongé par son métier, effroyablement lucide sur le monde qui l'entoure et d'une froideur à toute épreuve. Orlick l'ouvrier est tout de méchanceté et de bêtise. Pumblechook est un cauchemar de vanité, d'affabulation et de vile flatterie. Chacun à sa manière donne à Pip une impulsion qui lui permet d'avancer, de se confronter à la réalité. J'avoue bien aimer Pip. Parce qu'il est faible, parce qu'il a peur, parce qu'il ne va pas au bout de ses convictions, parce qu'il a honte de ses origines et de sa famille, parce qu'il est égoïste et vaniteux, parce qu'il est atrocement humain, et en même temps drôle, gentil, attachant, perdu par sa naiveté et un amour dévorant. Un autre aspect du talent de Dickens d'ailleurs cette capacité à raconter un si belle histoire d'amour! Pip et Estella, le petit orphelin naif et la petite orpheline éduquée pour briser les coeurs des hommes. Estella est un fabuleux personnages: froide, sans scrupules, intelligente et cynique, perdue par ses certitudes. Quelque soient leurs convictions de départ, elle et Pip sont pliés, presque brisés par leur confrontation au monde. L'un a été aveuglé par l'amour et sa fortune inesperée, l'autre par l'éducation donnée par miss Havisham. Tiens, voilà un intéressant personnage de sorcière! Adorant Jasper Fforde, la simple idée de rencontrer miss Havisham m'était sympathique. Elle ne m'a pas déçue! C'est une femme détruite par un amour malheureux et par sa propre incapacité à surmonter la douleur, habituée qu'elle avait été par son père à tout maîtriser, à tout arranger par l'argent et le pouvoir de sa position sociale. Elle est cynique, amère, lucide et profondément malheureuse, repoussante. Elle élève Estella pour qu'elle la venge des hommes. Mais Dickens la rend aussi digne de pitié par ses failles et sa souffrance: en accomplissant sa vengeance, elle accentue son propre malheur. Sa confrontation avec un Pip fou de la douleur de savoir Estella lui échapper est un moment d'une intensité rare.

    Mais il ne faut pas oublier que Dickens a de l'humour, beaucoup d'humour même! Il lui en fait subir à son Pip! On rit souvent à ses aventures, ses bagarres, à ses drames mêmes! La scène où il se retrouve tenu la tête en bas par le forçat dans les marais et où il en profite pour découvrir son village sous un nouvel angle est impayable! La scène du pâté tout autant! Même ses visites chez miss Havisham sont prétexte à des scènes burlesques.

    Je vais cesser là mon panégyrique! De grandes espérances a intégré mon panthéon littéraire personnel pour l'immense plaisir de lecture qu'il m'a donné.

    Pour la route et parce que la préface est aussi un rare moment de bonheur par John Irving, une petite citation : "D'ailleurs c'est le propre des grands romanciers, qu'il s'agisse de Dickens, de Hardy, de Tolstoï ou de Hawthorne et Melville. On parle toujours de leur style, mais en fait, ils exploitent tous les styles, n'en refusent aucun. Pour eux, l'originalité del 'expression est un phénomène de mode qui passera. Les questions plus vaste et plus importante, celles qui les préoccuipent, leurs obsessions, resteront au contraire: l'histoire, les personnages, le rire, les larmes."

    L'avis de Lilly, Ekwerkwe...

    Charles Dickens, De grandes espérances, Seuil, L'école des lettres, t. 1 et 2 5/5

  • Le Noël de mademoiselle Chiffon

    Pour ceux qui ne le sauraient pas, Mademoiselle Chiffon, Mimine pour les intimes, est ma pitite soeur. Et pour Noël, mademoiselle Chiffon vit de folles aventures: réveiller sa soeur à huit heures du matin parce qu'elle ne peut plus attendre de déchirer le papier cadeau (normalement passible d'une mort atroce et violente), tenter de battre sa mère au Jungle Speed (plus dangereux que faire des bisous à des caïmans), manger le plus de clémentines possibles pour qu'il n'y en ait plus au repas de famille, refaire tous les sketches de François Perusse après un verre de champagne (mais qui lui a servi un verre de champagne b*****), monter un court-métrage avec des bouchons de bouteille de champagne (la société protectrice des cartes mémoires a décidé de porter plainte), éplucher des patates (dur)...

    Et mademoiselle Chiffon a reçu un ukulélé a Noël. Ce qui a été l'occasion d'une séance Youtube familiale absolument nonsensique. Il faut être anglais pour faire des choses pareilles. Regardez jusqu'à la fin, vous ne le regretterez pas...