Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Vanitas vanitatum

 

foire_aux_vanites.jpg


Amélia aime George qui aime Rébecca qui aime Rawdon. Rébecca est l'amie de Georges qui est l'ami de Dobbin qui aime Amélia. Vous suivez? Non? Pas grave! Parce que de toute façon ce n'est certes pas par ce biais que je vais réussir à rendre toute la richesse de cette fabuleuse satire sociale!


Parce que ces histoires d'amour et de tromperie que raconte Thackeray ne sont finalement que le prétexte à dessiner un portrait au vitriol d'une Angleterre qui vient de rentrer dans le 19e siècle.

Revenons un moment à la genèse de l'oeuvre. La rédaction de cette oeuvre commença semble-t-il dès l'année 1844 et fut publiée en épisodes de 1847 à1848. Elle prote comme sous titre « A novel without a hero », soit, un roman sans héros. Et c'est bel et bien ce qui attend le lecteur! Pas de grands personnages au centre de son récit. Juste deux couples et un célibataire qui tentent de tracer leur chemin dans le monde. Et qui n'ont rien, vraiment rien de héros.

Georges Osborne, le militaire parvenu, sûr de son intelligence et de sa beauté, au point de toucher au ridicule. Gâté par son père, incapable d'assmuer ses engagements sans y être poussé par la dernière des extrémités, volage, joueur, il est pourtant idôlatré par celle qui va devenir son épouse, la jolie et naïve Amélia. Voilà un beau personnage d'oie blanche! Jolie sans l'être trop, d'une gentillesse sans fond et incapable de faire face à la moindre difficulté sans recourir aussitôt au sacrifice de sa petite personne, elle est pendant environ 90 p. la dupe de cette histoire! Une dupe qui fait elle-même son malheur, s'aveuglant sur son époux, refusant de trahir cet homme même devenue veuve, éternelle victime de ses chimères et de ses certirudes. Quel contraste avec son amie d'enfance Rébecca! S'il devait y avoir une héroïne, ce serait elle! La parvenue, la jeune femme sans soutien ni argent qui va parvenir à entrer dans les cercles les plus huppés de l'aristocratie anglaise, Elle ne va rien néglier pour ce faire: trahisons, escroqueries, manipulations, tromperies en tout genre. Jusqu'à piétiner celui qu'elle a épousé pour son argent à venir et qu'elle a servi à sa manière assez étrange! De son ascension à sa chute, voilà une femme que l'on ne peut qu'admirer pour son génie de l'intrigue, son instinct de survie et son sens politique! Elle a choqué le bon public à l'époque de la publication. Thackeray a d'ailleurs été taxé de complaisance à son égard, mais pouvait-il faire autrement! Après tout Rébecca ne fait que détourner à son avantage les codes et les moeurs de la grande foire aux vanités! Ce monde où chacun s'écharpe pour un peu plus d'argent, de reconnaissance, pour briller dans les salons quel qu'en soit le prix! Qui est fautif, d'un monde qui fonctionne sur la tromperie ou de celle qui utilise cette tromperie pour faire sa fortune? C'est cette question qui est au centre du roman de Thackeray. J'ai pensé par moment à des personnages d'Austen, notamment la superbe lady Susan! Il y a des airs de ressemblances entre ces deux personnages et leur destinée!

Par contre, Thackeray va beaucoup plus loin dans la critique et la satire sociale! Rien ne lui échappe, du petit monde des domestiques et des commerçants à celui de la plus haute société en passant par cette bourgeoisie avide d'ascension sociale! Et c'est drôle avant que d'être désespérant! La quatrième de couverture avertissait le lecteur:Thackeray est en quelque sorte le Stendhal de la littérature anglaise! Loin de moi l'idée de porter un ugement sur ce jugement, mais je n'ai pu que constater la similarité de forme avec La chartreuse de Parme (roman publié en 1839). De bout en bout, Thackeray joue au montreur de marionnette; gardant une distance avec ses personnages et avec l'action qui lui permet d'y intervenir avec une grande fréquence. C'est ainsi qu'il apostrophe son lecteur, se lance dans des explications divers et variées sur la psychologie des personnages, le cadre géographique, les moeurs de la société anglaise.

Un exemple parmi mes préférés: « Et bien maître Jones, qui lisez ce livre à votre cercle, vous traitez, j'en suis sûr tous ces détails de bouffoneries grotesques et de bavadarge ultra-sentimental. Oui, je vous vois maître Jones, tout réjoui en tête à tête avec votre morceau de mouton et votre bouteille de vin, prendre votre crayon et écrire à lamarge: Niaiseries, bavadarge, etc. etc... Voilà bien un de ces génies sublimes qui n'admirent que le grand, que l'héroïque, dans la vie comme dans les romans. Dans ce cas, il fera bien de prendre congé de nous et de tourner se pas d'un autre côté. Ceci dit, nous poursuivons. »

Cela permet des ruptures de rythme, des apports qui rompent le fil du récit et y apporte une bouffée d'oxygène non négligeable eut égard à l'épaisseur du tout! Je dis cela, mais j'ai avalé ce bon millier de pages en moins d'une semaine, avide de connaître le destin de Rébecca et de son entourage!

L'humour dont il fait preuve allège beaucoup une histoire qui sans cela sombrerait facilement dans le pathos et le sentimental! Par contre, il ne faut pas s'étonner d'y trouver le point de vue d'un homme influencé malgré tout par les conventions de son temps: son regard sur la condition et la nature féminines est souvent horripilant, il fait preuve du racisme latent des gens de son temps, d'une religiosité de bon ton. Mais il est en cela aussi le fils de cette foire aux vanités qu'il connait bien pour y vivre!

Hem... Je m'aperçois là que, emportée par le feu de mon enthousiasme, je n'ai même pas été au bout de ma description des non héros de cette histoire.

Car il y en a encore! Rawdon Crawley le militaire vaniteux et flambeur, fruit lui aussi de l'éducation donnée aux jeunes « gentlemen » du ce temps. Joueur, duelliste, idiot et incapable de la plus simple finesse il va être le jouet de Rébecca sa femme, la suivant sur les chemins de la débauche et du vice avec une constace presque san faille.

C'est finalement Dobbin, le personnage qui ne devait pas exister qui se rapproche le plus d'un héros! Bon jusqu'à la moëlle de ses os, son esprit de sacrifice n'a dégal que son a mour pour Amélia. Un amour qu'on a bien du mal à comprendre tant Amélia est tête à claque et insipide! C'est d'ailleurs fort décevant pour lelecteur contemporain que c'est elle quel a fortune favorise à la fin du roman: la victoire finale va à la vertu et non au vice. C'est le seul bémol que j'apporterais à ce bonheur constant de lecture: la fin un peu rapide (sic) et la victoire finale d'une morale qui n'est guère morale! Pour le reste, cette fresque intimiste et épique avec sa galerie de personnages, ses rebondissements m'a comblée!


A savoir, le roman a été adapté plusieurs fois au cinéma, la denrière adaptation remontant à 2005. Réalisé par Mira Nair, il réunit entre autre Gabriel Byrne , Reese Witherspoon, Jonathan Rhys-Meyers.


Il me faut remercier Fashion Victim, sans le challenge de laquelle je ne me serais sans doute jamais penchée sur ce merveilleux classique de la littérature anglaise!

Il y a aussi Lilly qui donne son avis ici!

La foire aux vanités – William Thackeray, Folio, 1994, 1071 p.

Commentaires

  • Je l'ai lu il y a plusieurs années et j'avais beaucoup aimé, sans, peut-être en voir toutes les subtilités.  Avec les notes que j'avais prises dans le temps et mes souvenirs, je ne crois pas pouvoir écrire un billet complet mais j'aurais le goût de me replonger dedans!  Je suis curieuse de voir comment je verrais ce livre avec mes yeux d'aujourd'hui!

  • Ton billet est très intéressant, mais ce n'est pas le genre de lectures qui me conviendrait en ce moment... Plus tard, peut-être ?

  • un must have assurément!!!!! :o)))

  • je suis désolée mais je n'ai pas le courage de lire ton billet, qui commence très bien pourtant ! du coup, je pense que ce n'est même pas la peine que je note ce titre (heureuement que je ne fais pas le fashion's klassik! ;-))

  • Un vrai chef d'oeuvre, que j'avais lu laborieusement en anglais ! Je me suis rendue compte récemment que Thackeray avait écrit un certain nombre de romans, sur lesquels j'ai bien envie de me pencher un jour. Ta comparaison avec la Chartreuse de Parme m'encourage à redonner une seconde chance à ce brave Stendhal. Quant au film de 2005, il m'a beaucoup déçue, on ne retrouve en rien une atmosphère victorienne, je me souviens d'une scène de fête à l'indienne ou même Amelia se dévergondait sérieusement... Une autre adaptation doit bien exister quelque part (peut-être du côté de la BBC ?) !

  • Quel magnifique billet, Chiffonnette ! Je suis engluée au beau milieu de ce roman, j'aime et je n'aime pas en même temps, ce que Lilly et toi appréciez comme des ruptures de rythme (les incursions de l'auteur) m'agacent, je n'arrive pas à entrer complètement dans ce monde... Mais je ne déclare pas forfait ;o)) Mais vraiment, ce que tu en dis est excellent, argumenté, détaillé, complet, bravo, bravo !!

  • Le regard porté sur les lectures change sans aucun doute avec le temps! En tout cas je sais que je ne n'aurais pas apprécié ce roman à sa juste valeur il y a encore deux ou trois ans!

  • Il y a un temps pour tout!! ;-)

  • IL mérite son statut de grand classique en tout vas... Quoi que, ça doit en refroidir plus d'un ce statut, ce qui est fort dommage!

  • Bah, c'est vrai que j'en ai fait une tartine!! ;-))

  • En anglais???!! Whhhaaaa! Je n'y serais jamais arrivée! ;-)
    Il a effectivement écrit un certain nombre de romans, dont Barry Lindon que Kubrick a adapté!! Le film est superbe et je pense que le roman doit être aussi bon, voire meilleur!
    Si Vanity Fair est mauvais en version 2005, je fais l'impasse sur celui-ci. Par contr,e il y a eu un certain nombre d'adaptations avant, mais généralement très anciennes! Je vais essayer quand même
    de les trouver!
    ps: essaie la Chartreuse, c'est vraiment hilarant! :_D


  • Merci Cuné! J'avais l'impression de m'être un brinlaissée emportée par mon enthousiasme! Et dans ces cas-là... J'ai tendance au lyrisme plus qu'à l'argumentation!
    Je ne sais pas si c'est aprce que je lis, et j'ai lu assez peu de classiques que j'apprécie ces interventions de l'auteur. Pour moi, cela allège le propos. J'ai apprécié le même procédé chez
    Stendhal dans la Chartreuse de Parme. Et je ne parviens pas à entrer dans Balzac ou Proust par exemple qui recourent à une narration "traditionnelle"! Le fond et la forme étant totalement
    différent ce que je baragouine là ne fdoit pas avoir beaucoup de sens mais voilà!! En tout cas, je ne déséspere pas de finir un roman de Balzac ou un Proust!! Ne jamais déclarer
    forfait!! ;-D

  • J'ai a-do-ré ce roman, j'espère que le challenge de Fashion va en amener beaucoup d'autres à le lire. La fin m'avait bien plu personnellement. Le livre est quand même assez impitoyable, Dobbin mérite de s'en sortir heureux ;o) Pour l'adaptation avec Reese Witherspoon, j'ai trouvé ça sympa sans plus. Les caractères des personnages sont vraiment adoucis, la réalisatrice à donné une couleur indienne à son film (je n'ai rien contre l'ambiance indienne, mais certaines scènes sont vraiment surprenantes du coup). Si tu as l'occasion de le trouver pas cher ou de le louer, il vaut quand même le coup, mais j'avais été un peu déçue.

  • Rien que la couverture me fait prendre la fuite. Pas pour moi, je suis phobique de l'Angleterre victorienne !

  • ouh là là, critique et satire sociale, rien que ça, je suis convaincue... et dire que ma bibliothèque ne l'a pas...

  • J'avais trouvé le film vraiment bon, sans avoir lu le livre. Qui bien sur fait partie de ces classiques que je vais lire cette année, du moins je l'espère!!

  • Ah, ma chère Chiffonnette, ton billet me plonge dans l'extase la plus totale! Je suis ravie, ravie, ravie de voir que tu as adoré comme moi ce grand grand roman! Ah... je vais m'éventer, je reviendrai... :)))) (et Stendhal, Thackeray : tu devrais aimer Balzac! :)))

  • A l'occasion par un dimanche pluvieux, j'essaierai de mettre la main sur ce film!!
    Pour la fin... Ce n'est pas que ça finisse bien qui me chagrine, mais le fait que Rébecca se repente! Dommage, elle aurait pu être un superbe personnage de garce jusqu'à la fin!

  • Ca arrive Moustafette, ça arrive!! Mais qu'est-ce qui a provoqué cette phobie chez toi?

  • Dur! Moi j'ai mis la main dessus, et maintenant, je pense quej e vais l'acheter! J'aurais mieux fait de l'acheter tout de suite!

  • Alors je vais vraiment essayer de le voir ce film!! En plus maintenant, j'ai un point de comparaison!

  • Encore merci Fashion!! Sans toi je n'aurais jamais ouvert ce roman! Ni La chartreuse de Parme d'ailleurs!! Quand à Balzac... Ma foi, j'ai beau essayer, il y a toujours un moment où je lache prise
    même quand le roman ne me déplait pas! C'est ce qui s'est passé avec Splendeurs et misères des courtisanes! Mais je ne déséspere pas!

  • Je te déteste, j'avais très envie de lire ce livre depuis le défi de Fashion et là tu en rajoute une couche ce n'est pas juste ! :)

  • La vie est profondément injuste parfois!

  • Lilly m'avait déjà donné très envie de le lire et voilà que tu m'achèves !! J'ai l'impression que c'est une bonne idée d'attendre les vacances pour se lancer ans cette aventure !

  • Trop tentée ! J'ai The book of snobs sur ma LAL et Barry Lindon sur ma PAL. La foire aux vanités vient de s'ajouter à la liste :) Merci mamzelle :)

  • Oui parce que c'est quand même conséquent! Mais l'art des romanciers anglais pour vous faire avaler sans coup férir toutes ces pages est assez inimitable à mon avis!! ;-)

  • Mais de rien!! Moi je vais partir en quête de ses autres écrits maintenant!!

  • Ce roman est dans ma LALA (Livres à Lire Absolument - rien à voir donc avec les Télétubbies...), je sais qu'il est excellent, et qu'il y a de grandes chances pour que je succombe. En tout cas, ta critique passionnée fait plaisir à lire ! (par contre, si je peux me permettre, le lien vers la critique de Lilly n'est pas totalement juste, tu sais, au début...) "La Chartreuse de Parme", c'est vraiment drôle ?

  • J'arrive ici via Fashion, car moi aussi j'ai adoré ce roman à l'époque où je l'ai lu. je me souviens que la fin m'avait profondément déçue, tant que je trouvais injuste que cette petite dinde aie tout et que celle qui partait de rien et le méritait à mon avis beaucoup plus se retrouve sans rien. Ravie de voir que tu es aussi de cet avis.

  • Bonjour Appollonia! En fait je suis une midinette qui aime que les personnages méritants soient récompensés à la fin d'une histoire! Et d'un autre côté, j'adore les personnages de femmes ou
    d'hommes de tête, capables de tout comme Rebecca! Dur de concilier ces deux aspects! Mais dans La foire aux vanités, j'ai décidement préféré Rebecca, beaucoup plus intéressante et bien moins
    hypocritement naïve que son amie!

Les commentaires sont fermés.