"C'est aussi bien que Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates" qu'il disait le monsieur. Et bien vous savez quoi? Il avait raison. Et tort aussi. Mais ceci est une autre question.
Tecumseh Sansonnet Spivet a douze ans, ce qui ne l'empêche pas de cartographier comme il respire le monde qui l'entoure et de travailler avec les magazines scientifiques et les musées les plus réputés entre deux grilles-pains brulés par son entomologiste de mère, un western chéri par son cow-boy de père et une Crise de Colère de sa soeur Grace. Las, le voilà qui reçoit le prestigieux prix Baird. Comme diable va-t-il se rendre au Smithsonian depuis son Montana natal alors qu'il a toujours gardé secrète ses activités?
Extravagant. C'est le premier qualificatif qui vient à l'esprit quand on voit l'objet: beau papier, illustrations somptueuses, annotations dans la marge et flèches qui partent dans tous les sens. Deuxième réaction: "mais qu'est-ce que c'est que ce truc. Un livre, certes, mais que diable l'auteur raconte-t-il pour inonder son récit de toutes ces merveilles?" Conséquence? Deux jours de bonheur à compter de la seconde où l'on a attaqué la première ligne.Parce que T.S. est attachant, parce que sa famille est délicieusement cinglée, parce que ce voyage en train à travers tous les Etats-Unis est une merveilleuse idée. L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet est un très très beau récit initiatique, drôle, doucement étrange, fantaisiste comme peut l'être un jeune adolescent de 12 ans parti à l'aventure. T.S. va raconter son odyssée, de ses prémisses à son arrivée dans un univers qui est bien loin de ses fantasmes mais qui cache encore d'autres merveilles. Entre-temps, il aura voyagé clandestinement dans un motor-home prénommé Valero perché sur un train de marchandises, rencontré les hobos des temps modernes, se sera retrouvé coincé dans un trou de ver, et aura laissé son esprit vagabonder de souvenirs en souvenirs, égrenant au fil des pages un sentiment de culpabilité et des peurs qui sonnent juste et touchent au coeur, découvrant que sa mère n'est pas la scientifique étrange qu'il pensait et que son histoire familiale recèle quelques épisodes savoureux.
Alors que le récit semble partir dans tous les sens au sens propre du terme en plus du figuré, Reil Larsen tient ferme le cap de son histoire, entraînant son lecteur d'idées en idées, de découvertes en découvertes et de réflexions en réflexions sur la science, la place du merveilleux dans le monde. Par la grâce infinie de ses notes, de ses croquis et de ses flèches, il fait plonger dans l'activité permanente et parfois un peu confuse qui agite un cerveau certes génial, mais encore mené par des réflexes enfantins sans jamais donner l'impression d'une construction artificielle. On lit un carnet de T.S., tout simplement. J'ai adoré découvrir le trident de la réussite, le décryptage des expressions faciales des adulte pour ne citer que cela. Quand on referme le livre, on a envie d'aller apprendre à utiliser un théodolite et quelques méthodes d'observation pour parvenir à expliquer le monde sans pour autant perdre de vue fantaisie et plaisir. Tout est parfait: les détails se répondent, la seconde de couverture est une merveille, c'est limpide et fourmillant d'idées, quand à la couverture en forme de cabinet des curiosités, elle préfigure le contenu de belle manière.
Drôle, touchant, cet OVNI a un effet presque hypnotique qui fait passer sur les défauts qu'il doit, sans aucun doute avoir, mais que pour ma part, je n'ai pas franchement perçu, embarquée que j'étais dans le voyage en compagnie de T.S. et déçue de devoir le quitter si vite, au seuil d'une vie qu'on imagine pleine de cartes et de merveilleuses découvertes. Mais j'aurais eu le bonheur de le voir se découvrir et apprendre quelques précieuses petites choses sur l'amour, la filiation et le sentiment d'être à sa place, quelque part dans le monde.
T.S. a son site qui est aussi merveilleux que le roman: http://www.tsspivet.com/.
Cuné m'a précédée, tout comme Yvain qui me donnerait envie de le lire si ce n'était pas déjà fait!
Precious Jones, 16 ans, illettrée, enceinte pour la seconde fois des œuvres de son père, brimée par sa mère, une vie d’ors et déjà brisée. Mais c’est sans compter avec l’espoir et les rencontres qui parfois permettent de changer les choses.
Que dire du film... A sa manière, il est aussi un choc. J'en suis sortie l'estomac noué et sans voix. Sans condescendance, avec justesse, Lee Daneils a adapté le roman de Sapphire, lui rendant un hommage juste et parvenant à traduire ce qui fait la force du texte sans aucun voyeurisme. Bien sûr, certains choix, comme de se focaliser sur les rêves de Precious aux pires moments peuvent par moment sembler un peu artificiels, mais ils évitent de sombrer dans le sordide et de rendre le film totalemement insupportable. Ceci dit, le réalisateur épargne ainsi au spectateur ce que la romancière n'épargne pas à son lecteur. La crûdité de certaines scènes dans le roman est rare. Quand au jeu des acteurs, il est impeccable pour la plupart d'entre eux. Precious est superbe, sa mère glaçante. Dommage que la critique du système social qui transparaît dans le texte soit édulcoré dans le film: il n'est jamais question du rôle de l'école et de ses failles, et le personnage de l'assistante sociale est un peu trop idyllique même si cela a aussi le mérite de montrer que le rôle des travailleurs sociaux est loin d'être facile. Bref, un film qui présente quelques défauts, mais qui a le mérite de remettre sur le devant de la scène l'histoire de Precious même s'il ne peut pas rivaliser avec lui en terme de force.
Agnès est fille de pasteur d'un village du nord de l'Angleterre. Ses parents ayant subi un revers de fortune, elle décide de subvenir à ses besoins en occupant un des rares emplois accessibles à une jeune femme de bonne famille: gouvernante. Mais il y a loin des rêves à la réalité.
Orphelin, Hugo mène une vie peu ordinaire pour un jeune garçon: avec son oncle, il entretient les horloges d'une grande gare parisienne, rêvant aux temps enfuis où il regardait son père réparer montres et horloges et où ils partagaient la même fascination pour un automate qu'ils avaient retrouvé dans les combles du musée. Mais le jour où son oncle ne rentre pas il faut qu'il s'organise pour survivre, entre petits vols, tournée des horloges et son obsession pour l'automate qui, il en est certain, doit lui délivrer un message de son père. Jusqu'à sa rencontre avec un vieux vendeur de jouets et sa petite fille qui va définitivement changer sa vie.
Orpheline, Jane Eyre est élevée par sa tante, Mrs Reed, liée par une promesse faite à son époux mourant. L'enfant, maltraitée par ses cousins, considérée comme inférieure, menteuse et étrange ne trouve pas sa place dans la famille et est envoyée à l'école de Lowood. Malgré les conditions de vie désastreuses de l'établissement, elle survit pour devenir enseignante, puis gouvernante dans la maison de Mr Rochester. Dès lors, son destin est tracé.
Le Jane Eyre version 2006 ne fait d'ailleurs pas exception! Et pas seulement parce que l'acteur choisi pour le rôle de Rochester (Toby Stephens) est Rochester. Enfin, disons que c'est ce qui a commencé à vraiment me convaincre! Brun, ténébreux, un charme fou sous des traits taillés à la serpe, le cheveu qui ondule, l'oeil qui frise, en deux minutes, je ne voyais plus Rochester autrement! Certes il a fallu attendre un moment son apparition, mais comme Ruth Wilson incarne également à merveille Jane Eyre et que les décors sont somptueux, faire preuve de patience n'a pas été trop difficile!
