Agnès est fille de pasteur d'un village du nord de l'Angleterre. Ses parents ayant subi un revers de fortune, elle décide de subvenir à ses besoins en occupant un des rares emplois accessibles à une jeune femme de bonne famille: gouvernante. Mais il y a loin des rêves à la réalité.
Anne Brontë, la seule des soeurs dont je n'avais jamais abordé l'oeuvre, non pas que je ne connaissais pas son existence, mais rien ne m'avait attiré vers elle à l'époque où je me plongeais avec bonheur dans Jane Eyre et entre-temps, ma foi, je l'avais purement et simplement oubliée. C'était donc une totale découverte.
Que dire, que dire... J'aurais adoré adorer, j'aurais adoré être fascinée, je me suis un peu ennuyée. Il faut dire qu'Anne Brontë est pour le coup une sorte d'OVNI dans ce que je connais des plumes féminines anglaises du 19e siècle. Elle n'a pas la passion de ses soeurs, pas une once de l'humour de Jane Austen, ni la profondeur de George Elliot. Je m'arrête là dans les références, c'est juste pour souligner à quel point je me suis trouvée surprise devant cette chronique sociale à la fois acérée et un peu fade. Comme Charlotte, Anne a choisit de raconter son histoire en donnant à entendre la voix de son héroïne. Agnès raconte sa décision de partir, sa première expérience douloureuse, la seconde tout aussi désastreuse, les changements brutaux que connaît son existence jusqu'à une fin certes heureuse, mais dans les même tonalités fanées que ce qui précède. Pourtant, le fond est intéressant: au lieu de romancer son expérience de gouvernante, Anne choisit de la raconter à travers Agnès de manière très réaliste, âpre, parfois même acide. Mais le tout est narré avec une froideur, une retenue qui ne permet à aucun moment de s'attacher aux personnages et aux situations. Agnès la première d'ailleurs, falotte au possible, retombant dans les mêmes situations, se soumettant à la loi des riches. Du coup, ses mésaventures répétées sont un peu lassantes, tout comme ses réflexions morales et religieuses, bien plus présentes que dans les oeuvres de ses soeurs.
Agnès Grey est un roman intéressant, plus froid que le passionné Jane Eyre ou Les hauts de Hurlevent, mais il a aussi moins parlé à mon coeur de lectrice, et plus à sa tête. Et ce n'est pas la naissance et le récit discret de l'idylle d'Agnès et de Mr Weston qui éveille le moindre intérêt ou attachement.
Au final un roman qui me laisse un petit goût d'inachevé. Je tenterai ma chance avec The Tenant of Wildfell Hall.