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Chiff' - Page 17

  • Cuisine et correspondance. Une amitié en 82 recettes - Andrea Israel et Nancy Garfinkel

    book_cover_cuisine_et_correspondance_182095_250_400.jpgLily et Val approchent de la cinquantaine, elles se sont aimées passionnément, comme s'aiment les amies d'enfance avant de se déchirer et se séparer. Avec une colère que presque trente ans de silence n'ont pas réussi à calmer mais que la cuisine, leur passion commune, va peut-être parvenir à guérir.

    J'aime la cuisine, j'aime les romans épistolaires, j'aime les histoires d'amitiés, Cuisine et correspondance me paraissait fait pour moi. Ce qui n'était pas tout à fait une erreur puisque j'ai découvert avec plaisir les lettres de Val et Lily, leurs recettes qui sont autant d'échos aux événements de leurs vies. Elles sont mignonnes ces deux petites filles, puis ces adolescentes qui découvrent la vie, qui s'éloignent, se chamaillent, se rabibochent, se font mal mais n'arrivent pas pour autant à se séparer. On s'y retrouverait un peu même, avec ou sans la cuisine! Dommage que la psychanalyse s'en mêle plus tard, le récit se concentrant finalement sur les blessures provoquées par un secret de famille et le lent chemin vers l'acceptation. Le tout aurait sans doute gagné à un peu plus de finesse dans l'analyse, à un peu moins de guimauve sur la fin, mais c'est malgré tout un bon moment de lecture, une belle histoire d'amitié et un roman qui va gagner sa place du côté de ma cuisine, quelques recettes ayant chatouillé mes spatules!

    Cuné dont je partage en partie l'avis, Aurélie de Secrets de filles a eu un coup de coeur,...

    Garfinkel, Nancy, Israel, Andrea, Cuisine et correspondance, une histoire d'amitié en 82 recettes, Fleuve Noir, 2011, 342p.

  • Marie-Claire, suivi de L'atelier de Marie-Claire - Marguerite Audoux

    2246169143.01._SX140_SY225_SCLZZZZZZZ_.jpgQuand la petite Marie-Claire perd sa maman, elle ne comprend pas ce qui se passe autour d'elle, pas plus qu'elle ne comprend pourquoi, avec sa soeur ainée, elles sont laissées dans un orphelinat tenu par des soeurs. Il y a soeur Marie-Aimée, et la classe, les amies qui lui font, somme toute, une enfance heureuse qui se termine brutalement quand, enjeu d'une lutte qui la dépasse, elle est envoyée dans une ferme. Mais la vie est ainsi faite que l'orpheline devenue bergère deviendra un jour couturière à Paris...

    C'est une histoire touchante que celle de Marguerite Audoux, la couturière devenue écrivain à succès alors que ses yeux ne lui permettaient plus de gagner sa vie, remportant le prix Femina en 1910, soutenue par Octave Mirbeau. Marie-Claire une histoire d'autant plus touchante que c'est son histoire qu'elle raconte avec finesse et délicatesse. Pas de pathos sous sa plume, mais le récit tout en nuance de l'apprentissage de la vie d'une toute petite fille qui va de déracinement en déracinement et parvient malgré tout à tracer sa voie dans le monde. Autour de Marie-Claire, c'est tout le monde paysan, puis celui des ateliers de couture parisiens qui se déploie, peuplé de personnages attachants ou détestables, animé de mille et une petites histoires sans importance qui donnent corps et intérêt au récit. Avec en filigrane, la condition féminine de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle qui se dessine, sa dureté, ses injustices, mais aussi la solidarité qui transcende les générations comme les coups durs.

    Marie-Claire et L'atelier de Marie-Claire sont des petits bijoux, textes littéraires autant que témoignage, des incontournables portés par une plume dont la simplicité est un enchantement. A lire.

    Audoux, Marguerite, Marie-Claire, suivi de L'atelier de Marie-Claire, Grasset et Fasquelle, coll. Les cahiers rouges, 2008, 414p., 5/5

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  • Juliet, naked - Nick Hornby

    17063.jpgEt dire que je l'ai lu en grand format... Et qu'il est sorti en poche depuis quelques semaines... Enfin, c'est toujours l'occasion, vu la période, de recommander un sacrément bon roman pour les vacances.

    Mais résumons un petit peu ce qui se passe: Juliet, naked, contrairement à ce que laisse supposer le titre, raconte ce qu'il advient d'Annie et Duncan dont la vie s'effiloche à Gooleness, station balnéaire britannique dont la période faste est passée depuis belle lurette. Entre eux, quinze ans d'habitude, de peur de la solitude, pas ou peu d'amour, mais des goûts communs, une même manière de penser... Jusqu'à ce que la sortie d'une version inédite d'un album de Tucker, chanteur dont Duncan est un fanatique révèle le fossé béant qui s'est creusé entre eux... Pour le couple, c'est le début de la fin.

    Crise de la quarantaine, musique, vie de couple, amour et désamour, Nick Hornby brasse quantité de thèmes avec une ironie et un sens de la situation qui ne lui font jamais défaut. J'ai adoré découvrir le petit univers névrotique de Duncan, prêt à tout pour se rapprocher de son idole, adoré détester sa bêtise et son arrogance, pour me découvrir presque triste de le laisser. Quand à Annie, et Tucker qui se révèlent progressivement, ce sont des personnages tout aussi attachants et irritants à leur manière. Voilà donc le lecteur face à un triangle qui se découvre amoureux, rock'n roll en diable, et surtout, face à une analyse au scalpel d'un certain monde musical, d'Internet, des fans, des relations de couple, de la vie de province et j'en passe. Ca pourrait être triste et sordide, mais c'est Hornby et on ne peut pas s'empêcher de sourire, de rire, même si parfois un peu jaune et de savourer chaque rebondissement, chaque invention de l'auteur et la justesse avec laquelle il croque le portrait de gens comme vous et moi, avec leurs passions, leurs manies, leurs questionnements, leurs ridicules.

    Bref, un chouette roman à emporter dans votre valise, ou à savourer au retour pour se consoler!

    Cuné a aimé, Cathulu aussi, tout comme Fashion, Corboland en parle en connaissance de cause, Amanda a recensé tout plein de liens,...

    Hornby, Nick, Juliet, naked, 10/18, 313p., 2010, sortie poche en mai, 4/5

  • Gloriana - Michael Moorckock

    gloriana.jpgHonte sur moi pour quelques générations (ou pas), je n'avais jamais lu Michael Moorcock. Une lacune qui ne pouvait rester impunie, mais voilà, devant la multitude de cycles en quarante-mille-douze tomes commis par le grand homme, je me sentais prise de faiblesse. Heureusement, la Grande-Science-Fiction est pleine de bienveillance, c'est un one-shot qui a atterri sur ma PAL. Et y est resté un sacré bout de temps.

    Gloriana est un étrage objet littéraire. Écrit dans une langue précieuse, construit comme un conte cruel qui se moquerait des impératifs du genre dont le moindre n'est pas le fameux "Ils vécurent heureux", c'est une variation sur le thème du pouvoir, image déformée de l'histoire d'Elisabeth I d'Angleterre.  où Henry VIII est transformé en ogre avide de sang, où Arioch est invoqué à tout bout de champ, où la reine incarne une ère de paix et de prospérité, dont la fragilité se révèle au gré des intrigues de cour et des complots qui la minent. C'est brillant, inutile de le nier: Michael Moorcock se livre à une exploration intelligente des multiples visages du pouvoir et des passions humaines, qui n'édulcore rien de ce que les sens peuvent causer comme désastres. Les personnages sont pour la plupart superbes, à la fois archétypaux et complexes, des vieux conseillers à l'espion en passant par une reine déchirée entre son devoir et ses drames de femme. Les descriptions du palais et de ses habitants emportent dans un luxe et une magnificence qui se font au détour d'une salle inquiétants, morbides, voire sordides. Dommage que le récit soit plombé par des longueurs et par un style par moment trop travaillé.

    J'en retire un sentiment étrange, fait d'admiration, et d'un léger ennui, et en tout cas la contentement d'avoir enfin découvert un petit bout de l'oeuvre de Moorcock.

    Moorcock, Michael, Gloriana ou la reine inassouvie, Folio SF, 2000, 569p., 3.5/5

  • Au nord du monde - Marcel Theroux

    aunorddumonde.jpgAu Nord du monde, dans la petite ville d'Evangeline, le sherif Makepeace continue à surveiller, solitaire, les rues désertées, sauvant ce qui peut l'être des ruines qui l'environnent, se défendant parfois contre les quelques hommes et femmes qui passent, survivants de moins en moins nombreux de la catastrophe qui a dévasté le monde.  Mais au coeur de ces terres abandonnées, les preuves de la survie de l'humanité se multiplient, poussant Makepeace à prendre la route.

    Il va être atrocement difficile de parler de ce superbe roman sans dévoiler les surprises qui en font le sel, mais en matière de roman post-apocalyptique, Marcel Theroux a su tirer son épingle du jeu de belle manière.

    Des catastrophes qui ont dévasté le monde, provoqué des mouvements de population massifs, des guerres et la chute de la civilisation, le lecteur ne saura pas grand chose, juste ce que Makepeace peut en raconter, vu de sa ville du bout du monde. Réchauffement climatique, montée des eaux, ce n'est pas tant cela qui importe que ce que devient alors l'humanité tous ses instincts tournés vers la survie. Pas besoin de partir explorer le vaste monde, Evangeline vaut exemple de ce qui a du se produire partout, quand la morale, les lois, la foi même vacillent, à plus forte raison que c'est à l'effondrement d'une utopie que Makepeace a assisté, celle d'une colonie fondée par des Quakers, attachée à des valeurs de fraternité et de paix, à une foi, et dont il ne reste finalement qu'une coquille hantée par son shérif.

    Personnage magnifique que Makepeace dont on découvre petit à petit l'histoire, plein de surprises, attachant jusque dans ses failles, pris au piège d'un monde bien plus violent que la nature aride qui l'entoure. On suit son voyage avec la peur au ventre, on sursaute, on frémit, pris par ce mélange étrange de western, de science-fiction mâtiné de nature writing parfaitement maîtrisé et mené qui mène le lecteur dans une exploration sans pitié de la nature humaine.

    Un texte fort, magnifiquement écrit (et magnifiquement traduit), profond, qui devrait faire le régal aussi bien des amateurs de science-fiction que des autres.

     

    « Étrange, à quel point l’homme n’est jamais plus cruel que quand il se bat pour une idée. »

    Tout est de la faute de Cuné, Keisha a aimé (et donne plein de liens vers d'autres billets)...

    Theroux, Marcel, A Nord du monde, Plon,  2010, 296p., 5/5