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Chiff' - Page 151

  • Jargonnons

    Je suis trèèèèès fière de moi! Oui, j'ai été bibliothéconomiquement opérationnelle ce week-end! J'ai désherbé ma bibliothèque! Comment ça, "arrêtes de frimer"! Maieuhhhhh! C'est vrai quoi, si je ne peux pas utiliser tous les jolis mots que j'apprends en formation où va le vaste monde!?!

    Bon, tout ça pour dire qu'au bilan du viaduc du 8 mai, j'ai trié les livres (Mes livres! Maman, ne touche PAS à ce Ffjorde, il est à moi!) qui encombrent les étagères chez mes parents... Quoi? Comment ça "même pas vrai"? Mais si voyons!... Bon, d'accord, j'ai uniquement réussi à jeter mes vieux bouquins de droit périmés. Et pis Les Confessions aussi, mais ça c'est parce que je hais Rousseau! Et puis les polars stupides de ma pré-adolescence. Et pis les leçons de psychanalyse de Freud que je ne lirai jamais.

    Où en étais-je?

    Nulle part? Ah. 

    Comme il va bien falloir que j'avoue, passons à table. En triant, j'ai retrouvé tout plein de livres que je n'avais pas lus. 10 ans d'arriérés de lecture, je vous laisse imaginer. J'ai honte! D'autant que j'avais acheté encore quelques titres le matin même. On ne se refait pas. J'ai fait voeu (que je romprai à la première occasion) de ne plus mettre les pieds dans une librairie avant d'avoir éclusé le drame. J'ai de quoi résister à plusieurs défis ABC pour tout dire...

    Et pour le plaisir des yeux, une partie du drame en images. Sortez vos mouchoirs!

     

     

    Ca, c'est chez papa et maman

     

     

     

     

     

     

     

    Ca c'est à ma maison. J'ai pu en oublier trois que j'ai déjà lu dans le tas, mais en gros, c'est ça! Pour la liste, suivre la piste!

    Et vous savez quoi, le pire? C'est que je travaille DANS une bibliothèque.

  • Honneur au merveilleux

    Etant donné que me voilà lancée dans la nouvelle oeuvre de Léa Silhol, et que je vais incessement sous peu chroniquer tout cela, un petit renvoi vers ma première critique d'un de ses livres me semble adéquate. Dont acte! Pour les Musiques de la Frontière, c'est par ! Pour la Sève et le Givre et La Glace et la Nuit, c'est par ici!

  • Musique au corps et au coeur

    Et bien je dois remercier Cunéipage de m'avoir donné l'envie de me lancer dans ce merveilleux roman. Il est presque impossible de le résumer tant il est dense et riche. On suit sur une soixantaine d'année l'histoire de la famille Strom. Une histoire marquée par un amour fou et ses conséquences pour des enfants ni blancs ni noirs dans une Amérique à l'heure de l'appartheid, du Dr King et des Black Panthers. C'est une belle famille qui est décrite, unie, désunie, brisée et souffrante, mais toujours vivante malgré son caractére improbable et les difficultés qu'elle rencontre. Les deux frères et la soeur Strom illustrent tout ce que l'on peut illustrer en fait de relations fraternelles. Un amour fort et dur qui prend aux tripes et dans lequel on peut se reconnaître. Quand à leurs parents... C'est juste beau et poignant. S'y ajoute le racisme, l'identité et la recherche d'identité. L'ensemble du roman est porté par un amour fou de la musique, un amour qui irrigue chaque parcelle de l'existence des personnages, dans toutes les circonstances, jusqu'à la folie. J'en sors au-delà des mots et de l'émotion avec l'envie rivée au corps de réécouter ces oeuvres. Impossible d'aborder tout le reste, et pourtant, il y aurait de quoi en écrire des pages et des pages, difficile de faire passer l'émerveillement ressenti devant cette plume et devant cette créativité. Sans mièvrerie, sans misérabilisme, Richard Powers signe un grand roman sur l'Amérique de la deuxième moitié du 20e siècle.

    " L'oiseau et le poison peuvent faire un poiseau. Le poisson et l'oiseau peuvent faire un oisson. Il psalmodie ce mots, les scande sur un rythme qui galope désespérément. Un continent émerge. Des notes syncopées dans le temps. Tout ce qu'il veut, c'est continuer à jouer. Toutes les combinaisons possibles. Qu'il continue de chanter jusqu'à exister, et mettre ainsi en route mon morceau, ma chanson."

    Et aussi les avis de Papillon, Chimère, qui ne sont certes pas les seules à en avoir parlé avec talent. Pardon à ceux et celles que je n'ai pas eu le temps d'ajouter à la liste.

     

    Richard Powers, Le temps où nous chantions, Le Cherche Midi, coll. LOT49, 2006, 762 p.

  • De petits livres en petits livres

    Mme Campan fut lectrice à la cour puis femme de chambre de la reine Marie-Antoinette, de l'arrivée de celle-ci à la cour à la révolution française. Instruite, lettrée, fine, elle mit ses souvenirs par écrit bien des années plus tard, alors qu'elle était devenue une éducatrice respectée. Les extraits de ses mémoires, présentés par Martine Reid dans la petite collection des Folios à deux euro est un vrai bonheur. On voit revivre la cour dans ses petits détails, dans le quotidien au lieu de ne voir qu'une galerie des glaces et un Trianon, on voit la politique du royaume en train de se faire. Le regard acéré de la dame ne fait que peu de cadeaux. Fidèle et loyale à sa reine, elle la défend, sans pour autant passer sur ses petits défauts et ses ridicules et sans oublier une rigueur historique qui liui fait honneur. On voit revivre la femme cachée sous la couronne et les fastes. Cest passionnant et agréable à lire. Ceux qui ont aimé le Marie-Antoinette de Sophia Coppola y trouveront largement leur compte.

    Mme Campan, Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette (extraits), ed. établie par Martine Reid, Gallimard, Folio Femmes de Lettres, 2007, 132 p.

    Par contre, Nathalie Rheims retrouvée par hasard au fond de ma bibliothèque ne m'a pas fait plus forte impression qu'à ma première lecture qui date d'il y a quelques années. Ses Lettres d'une amoureuse morte sont un oeuvre hybride, à cheval sur le poème et le récit. Une amante éconduite pleure sur l'amour mort et sombre dans une dépression noire au point de se laisser mourir. Mon manque de sensibilité s'explique sans doute par mon absence d'expérience de ce genre de passion, mais j'avoue m'être un brin ennuyée. Ou alors c'est mon coeur de pierre? Après tout on me reproche toujours de m'être écroulée de rire à la fin de la Cité des Anges (suis-je donc la seule personne en ce bas monde à trouver ce film totalement ridicule? Bien sûr que quand on fait du vélo les yeux fermés on se plante!)! Quelques très belles pages toutefois.

    Nathalie Rheims, Lettre d'une amoureuse morte, Gallimard, Folio, 2000, 89 p.

  • L'homme est un loup pour l'homme

    Sihem Jaafari, épouse d'un respectable et talentueux chirurgien arabe israélien se fait exploser dans un restaurant de Tel-Aviv. Entre négation, colère et douleur, son époux va tenter de comprendre ce geste qui le détruit et qui détruit toute sa vie.

    Le premier chapitre est un véritable choc. Le roman s'ouvre sur une scène de carnage, un attentat dont on sait qu'il vise une mosquée, mais dont on ne connaît pas les responsables. La réponse ne viendra qu'au dernier chapitre, une fois la boucle bouclée. C'est un tableau saisissant du conflit israélo-palestinien que dresse Yasmina Khadra. Sans jamais excuser, il tente d'expliquer cette spirale de violence sans fin.

    Le personnage principal, Amine Jaafari est chirurgien. Pour lui, rien n'est au-dessus d'une vie humaine. C'est ce que lui a appris son métier, et ce que lui a appris son père: "Celui qui te raconte qu'il existe symphonie plus grande que le souffle qui t'anime te ment. Il en veut à ce que tu as de plus beau: la chance de profiter de chaque instant de ta vie [ ...], il n'y a rien, absolument rien au-dessus de ta vie... Et ta vie n'est pas au-dessus de celle des autres." Mais il va falloir qu'il se confronte avec la douleur d'un peuple que dans sa lutte pour réussir sa vie et sa carrière, il avait oublié, sinon renié. Et il va se trouver face à une conception de la vie et du destin totalement différente de la sienne. On dirait un petit peu un Candide en goguette dans un territoire à feu et à sang. A travers sa quête, on découvre la souffrance du peuple palestinien, la haine, la honte et la colère qui anime ceux qui se battent, sans pour autant que la complexité de ce conflit soit oubliée. Et on comprend mieux le pourquoi des uns et des autres. On y voit dans le face à face entre le médecin et son peuple le face à face de deux peuples et de deux mondes, de l'Occident et du Moyen-Orient. On y sent l'urgence et la fragilité de l'espoir. C'est un livre salutaire à mon sens, un livre qui prend aux tripes, qui fait réféchir et qui reste longtemps en tête.

    "J'ai voulu que tu comprennes pourquoi nous avons pris les armes, docteur Jaafari, pourquoi des gosses se jettent sur les chars comme sur des bonbonnières, pourquoi nos cimetières sont saturés, pourquoi je veux mourir les armes à la main... Pourquoi ton épouse est allée se faire exploser dans un restaurant. Il n'est pire cataclysme que l'humiliation. C'est un malheur incommensurable, docteur. Ca vous ôte le goût de vivre."

    Les avis de Flo, de Florinette, de Katell, qui en parlent beaucoup mieux que moi!

    Yasmina Khadra, L'attentat, Pocket, 2006, 245 p.