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khadra

  • L'homme est un loup pour l'homme

    Sihem Jaafari, épouse d'un respectable et talentueux chirurgien arabe israélien se fait exploser dans un restaurant de Tel-Aviv. Entre négation, colère et douleur, son époux va tenter de comprendre ce geste qui le détruit et qui détruit toute sa vie.

    Le premier chapitre est un véritable choc. Le roman s'ouvre sur une scène de carnage, un attentat dont on sait qu'il vise une mosquée, mais dont on ne connaît pas les responsables. La réponse ne viendra qu'au dernier chapitre, une fois la boucle bouclée. C'est un tableau saisissant du conflit israélo-palestinien que dresse Yasmina Khadra. Sans jamais excuser, il tente d'expliquer cette spirale de violence sans fin.

    Le personnage principal, Amine Jaafari est chirurgien. Pour lui, rien n'est au-dessus d'une vie humaine. C'est ce que lui a appris son métier, et ce que lui a appris son père: "Celui qui te raconte qu'il existe symphonie plus grande que le souffle qui t'anime te ment. Il en veut à ce que tu as de plus beau: la chance de profiter de chaque instant de ta vie [ ...], il n'y a rien, absolument rien au-dessus de ta vie... Et ta vie n'est pas au-dessus de celle des autres." Mais il va falloir qu'il se confronte avec la douleur d'un peuple que dans sa lutte pour réussir sa vie et sa carrière, il avait oublié, sinon renié. Et il va se trouver face à une conception de la vie et du destin totalement différente de la sienne. On dirait un petit peu un Candide en goguette dans un territoire à feu et à sang. A travers sa quête, on découvre la souffrance du peuple palestinien, la haine, la honte et la colère qui anime ceux qui se battent, sans pour autant que la complexité de ce conflit soit oubliée. Et on comprend mieux le pourquoi des uns et des autres. On y voit dans le face à face entre le médecin et son peuple le face à face de deux peuples et de deux mondes, de l'Occident et du Moyen-Orient. On y sent l'urgence et la fragilité de l'espoir. C'est un livre salutaire à mon sens, un livre qui prend aux tripes, qui fait réféchir et qui reste longtemps en tête.

    "J'ai voulu que tu comprennes pourquoi nous avons pris les armes, docteur Jaafari, pourquoi des gosses se jettent sur les chars comme sur des bonbonnières, pourquoi nos cimetières sont saturés, pourquoi je veux mourir les armes à la main... Pourquoi ton épouse est allée se faire exploser dans un restaurant. Il n'est pire cataclysme que l'humiliation. C'est un malheur incommensurable, docteur. Ca vous ôte le goût de vivre."

    Les avis de Flo, de Florinette, de Katell, qui en parlent beaucoup mieux que moi!

    Yasmina Khadra, L'attentat, Pocket, 2006, 245 p.