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Chiff' - Page 153

  • Brooklyn/Tokyo même combat

    C'est de sa faute si je suis restée silencieuse ces derniers jours! Oui, à lui là, l'affreux! Résumons un brin. Les parents de Dylan, respectivement hippie et artiste, plus blancs que blancs choissisent de s'installer dans les années 70 en plein coeur des quartiers noirs de Brooklyn. Bien évidemment, leur fiston va voir son enfance et son âge adulte fortement influencés par cette décision pas forcément heureuse pour lui. Il va pourtant pousser, vaille que vaille, accompagé de son ami métis Mingus, fils d'une star sur le retour et de paumés divers, blancs ou noirs. J'avais été fortement attirée par les critiques qui avaient été faites de ce roman à sa sortie. Je me suis donc jetée dessus quand, ô bonheur, j'ai enfin mis la main dessus à la bibliothèque.

    Je ne peux pas dire que je sois totalement déçue. Je l'ai fini après tout... Mais péniblement, en alternant ennui profond et regain d'intérêt. Les thèmes abordés sont pourtant intéressants: fossé social et culturel, racisme ordinaire des blancs envers les noirs et des noirs envers les blancs, création, drogue. La solitude et le désespoir des personnages au demeurant souvent très beaux marquent tout le roman. Tous se retrouvent sur une voie sans retour, sans espoir. L'étude sociale est plutôt fine. J'ai beaucoup aimé les passages parlant de la culture du graph. Les références musicales sont bluffantes. C'est une histoire très violente, très crue, traversée par de véritables moments de grâce. Mais pas suffisant pour que je sois vraiment accrochée...

    Jonathan Lethem, Forteresse de solitude, Ed. de l'Oliver, 2006, 677 p.

    Autre lecture, dépaysement complet, violence aussi.  Mais plus larvée. Takashi Aoki et Yuko Tanabe s'aiment. Ils veulent se marier. Mais voilà, dans le Japon de la fin du XXe siècle, l'argent et le pouvoir peuvent tout, et surtout briser les individus. Malgré le trèfle sous le signe duquel se place leur rencontre, ce signe de chance, ils vont avoir à faire face au pire. Sous la douceur et le détachement de l'écriture, c'est l'aliénation de l'individu, la quasi féodalité du monde du travail japonais qui sont décrits. Le piège se referme petit à petit sur les deux personnages principaux qui croient à un libre arbitre qui, de fait, leur échappe. Cela semble énorme au lecteur occidental mais recouvre sans aucun doute une réalité. Moins violent à première vue qu'un Ryu Murakami, mais je n'en suis pas sortie indemne. Et je vais poursuivre ma découverte de cet auteur.

    Aki Shimazaki, Mitsuba, Lémac/Actes Sud, 2006, 156 p.

  • Comme de la soie

    Juste histoire de balader un livre plus léger que ma lecture en cours, je me suis lancée dans Soie d'Alessandro Baricco. Et je n'ai pas été déçue du voyage. Car il y a bien voyage dans ce court roman. Dans les années 1860, Hervé Joncourt entreprend une série d'expéditions au Japon dans le but d'en ramener des oeufs de vers à soie sains, la France étant touchée par une épidemie. Ce qu'il vit, plus qu'un dépaysement ou un choc des cultures, est une histoire d'amour et de passion sans parole et sans issue.

    Cette belle histoire, servie par une plume légère et musicale m'a touchée et laissée un instant rêveuse. Un beau moment de lecture, jalonnée de petites phrases qui restent longtemps en tête. On pense presque à un poème, ou à un chant avec les répétition qui scandent le déroulement des chapitres jusqu'à un dénouement qui surprend et serre le coeur. J'ai aimé.

    Et j'ai particulièrement aimé ces mots, tirés d'une des plus belles déclarations d'amour que j'ai pu lire jusqu'à aujourd'hui, empreinte d'une charge émotionnelle et d'un érotisme forts: "Reste ainsi, je veux te regarder, je t'ai tellement regardé,mais tu n'étais pas pour moi et à présent tu es pour moi, ne t'approche pas, je t'en prie, reste comme tu es, nous avons une nuit pour nous seuls, et je veux te regarder, jamais je ne t'ai vu ainsi, ton corps pour moi, ta peau, ferme les yeux, et caresse-toi, je t'en prie [...].."

     

    Alessandro Baricco, Soie, Gallimard Folio, 2001, 142 p.

  • Le plus violent désir

    Non, il ne s'agit plus du drame du LCA. En fait, j'ai fait une tentative de désherbage de ma bibliothèque personnelle. Bien sûr, ça n'a pas marché, mais j'ai retrouvé au hasard des étagères La Princesse de Clève. Et à force de le feuilleter, j'ai fini par le relire. Bon, il faut dire que les souvenirs que j'en gardais, dix années s'étant passées étaient flous, et que finalement, c'est comme si je l'avais lu pour la première fois.

    Résumons: Mlle de Chartres épouse sans plus l'aimer que cela M. de Clèves. Elle, vertueuse, intelligente, sensible, qui se croyait à l'abri des passions va pourtant connaître un amour dévorant pour un autre, M. de Nemours. Et va précipiter le drame par cet amour et l'aveu de cet amour à son époux.

    C'est tellement mignon... Cette langue précieuse, élaborée. Cette absence totale d'histoire... En fait, ça me fait un peu penser à Jane Austen pour ce côté. Il ne se passe absolument rien (elle l'aime, il l'aime, elle est mariée, lui non, il lui fait la cour,elle se refuse, etc., etc.) mais on ne décroche pas une minute. Et puis c'est tellement caractéristique de l'époque: vertu austère (je pense au jansénisme, mais je me plante peut-être un tantinet de période là non?) contre moeurs d'une grande liberté, passions dévorantes et maîtrise de soi. Mme de Clèves est un personnage étonnant avec sa logique de confiance, de respect des engagements et de soi-même poussée à de telles extrêmités. Elle en devient effrayante, inhumaine (un peu comme l'Electre d'Anouilh). Comme l'exprime bien son malheureux époux: "Vous avez attendu de moi des choses aussi impossibles que celles que j'attendais de vous. Comment pouviez-vous espérer que je conservasse la raison? Vous avez oublié que je vous aimais éperdument et que j'étais votre mari?"

    Tiens, au passage, je trouve savoureuse la conception du mariage décrite dans ce roman: l'amour n'y a que peu de place (sauf exception), voire aucune. Alliance, jeu de pouvoir oui, mais amour... Ce qui est parfaitement résumé par cette phrase: "On fait des reproches à un amant; mais en fait-on à un mari, quand on n'a qu'à lui reprocher de n'avoir plus d'amour?" D'où sans doute les méli-mélos amoureux sans fins décris par Mme de La Fayette.

    La Princesse de Clèves, Marie-Madeleine Pioche de la Vergne La Fayette (j'adore son nom), J'ai lu Librio, édition antédiluvienne, 159 p.

  • Oh My God!!!

    Il y a peu, j'ai découvert les Lecteurs Comulsifs Anonymes. Hilare, j'ai constaté que les symptômes correspondent:

    - noter tous les titres qui font envie: j'ai noirci un certain nombre de cahiers, élaboré des listes en veux tu en voilà au point que la brouillonne que je suis s'est récemment organisée avec un Carnet de lecture, des pitits tableaux et lorgne vers Acces. Mon Dieu, deviendrai-je rationnelle?

    -Je ne peux pas m'empêcher de tanguer vers les vitrines des librairies, même dans des pays étrangers quand, techniquement, il y a peu de chances que je comprenne un traitre mot de ce qu'il y a marqué sur les couvertures. Et quand je rentre dans une librairie... Il y a censure. Il m'arrive de sortir aux moments les plus improbables "il faut que j'achète des livres".

    - J'adore parler de mes lectures. En même temps, si ce n'était pas le cas, je n'aurais pas monté ce blog. Nier ne sert à rien!

    - J'achète et note plus de livres que je ne pourrai jamais en lire. En fait j'ai dempuis longtemps dépassé la frontière de la décence en la matière!

    Illustration: je m'enfonçais il y a quelques jours dans un doux ennuis alors qu'un intervenant certes sympathique, mais soporifique parlait, quand le Malin me fit cliquer successivement sur Google (oui, je sais, pas bien), Fnac (oui, je sais, Satan), Léa Silhol, rechercher....."Quoi? Mais il est sorti?? Mais il devait sortir vendredi???". Oui, son nouveau roman à Léa Silhol, celui que j'attends dans un état proche de l'hystérie. Le LCA est sujet au syndrome groupie aussi. De fait, je voulais être au 20 avril depuis l'annonce du début de l'écriture de l'Oeuvre (ça fait un moment). La vie est dure, et loooooooongue des fois. Et voilà que le Graal sort en avance! Je me jette sur d'autres sites, constate qu'ils en parlent aussi et passe deux heures dans les affres du désespoir. Je ne peux pas être dans une librairie maintenant, juste maintenant. A ma grande honte, j'ai plaqué la conférence dun monsieur trrrèèèèès important et un certain nombre d'autres choses tout aussi importantes pour me précipiter, animée d'un violent désir, vers la Fnac la plus proche (oui, je sais, pas bien, mais pas le choix). Libération à 5h, plongeon impeccable sur l'objet de tous mes désirs à 5h15. Je me suis ensuite dirigée vers la caisse en le serrant contre moi, lu la préface avec un sourire béat dans la queue. Le pire, le pire, c'est que je ne vais PAS avoir le temps de le lire avant un moment... Mais ce n'est pas grave. Il est là. Je peux le regarder, le bichonner, le caresser.

    Damned, c'est vraiment grave docteur. Et je crois que les conseils avisés de Flo ne peuvent plus rien pour moi.

  • Fin du monde bis

    Je pense que je vais maudire ceux qui m'ont lancée sur Twentieth century boys. Bon, ce n'est pas du Murakami, mais c'est très bon aussi dans une autre catégorie!

    En 1969, une bande de gamins comme les autres joue à sauver le monde et à inventer des histoires de super-héros. A la fin du 20e siècle aucun n'a réalisé les rêves de son enfance. Mais leur petite vie tranquille va être bouleversée par les agissements d'un mystérieux personnage qui ne veut rien de moins que provoquer la fin du monde en suivant un scénario qu'ils ont inventé... Difficile de résumer le scénario de ce seinen riche en détails et en rebondissements. Il est resté rivé à mes mains et je bave après les tomes suivants. Merci à Naoki Urasawa!

    20th century boys, Naoki Urasawa, t.1 à 4, Panini Manga

     

    La suite ne concerne pas la fin des temps cette fois-ci, mais la fin de l'enfance. Ai Yazawa nous donne à lire un joli shojô avec Gokinjo. Bête histoire d'amour entre deux amis d'enfance, très tendre, très mignon et très bon pour le moral. Je suis fan.

    Gokinjo, une vie de quartier, Ai yazawa, t. 1 à 4, Delcourt