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Littératures françaises - Page 20

  • Bouquiner

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    Annie François est une lectrice compulsive. Une lectrice qui choisit dans ce court livre de se raconter, de raconter son rapport aux livres et la lecture.
     
    En une succession de courts chapitres, Annie François retrace ses relations intimes et persistantes avec les amants les plus exigeants. Des amants qui n’admettent guères de concurrences. Des amants qui surchargent les valises. Qui provoquent des dilemmes sans fin. Qui épuisent les banquiers. Qui remplissent les maisons. Qui sont sujets à des listes et des discussions sans fin.
    Bref, Annie François nous parle des livres et de son amour profond, maniaque pour les livres.
    Cela donne une succession de chapitres courts qui traitent avec humour des symptômes de la maladie.
    Autant vous dire qu’il y a des moyens, foule de moyens de s’y reconnaître. Des pulsions en librairie au remplissage d’un sac de voyage, des piles qui d’effondrent à la mauvais foi la plus totale en matière de lecture et de manière de lire, tout y passe !
    Parfois, Annie François agace un peu par ses snobismes et ses manies. En tout cas jusqu’à ce que la LCA accomplie se souvienne des ses propres snobismes et manies. Toujours, quelque chose dans son récit touche et transporte. On sourit, on opine du chef, on se sent mis en cause. On compatit, parce que soi-même, on n’est jamais parvenu à dépasser la page dix de Voyage au bout de la nuit. On se sent rassuré parce qu’on se dit que malgré un parcours de lectrice impressionnant, Annie François n’a pas tout lu et admet des rejets, des trous des plus conséquents. Qu’elle ne ressent aucun besoin de justifier. Elle se contente de les raconter. Elle a un rapport sensuel au livre, des coups de cœur et des haines qui sont transposables. Elle a, aussi, une tribu d’amis lecteurs qui font beaucoup penser à ce qui, parfois, se passe sur les blogs (j’aimerais bien savoir d’ailleurs, ce qu’elle pense de ce phénomène).
    Et puis, rien que pour les coups de cœur, les récits de lectures, les admirations clamées, la lecture vaut le détour. Il m’est venu des pulsions subites de parcourir les rayonnages de la bibliothèque, de courir en librairie ! Et l’envie d’avoir, moi aussi, des planchers qui tanguent !
    Ce texte déborde tellement de l’amour des livres, des textes et des mots qu’il donne envie de persister dans le stupre et le lucre. A bon entendeur…

    "Pour offrir il faut acheter. Donc aller dans une librairie.[…] Je n’y vais que quand j’ai un titre en tête. Même dans ce cas, j’en ressors avec au moins trois livres. Sinon, comme les boulimiques évitent la devanture des pâtisseries, je me détourne des vitrines des libraires pour éviter les fringales d’entraînement, les achats compulsifs qui ne feraient qu’augmenter l’immense pile d’attente qui vacille près du lit : sûr, les ouvrages se vengeraient en me dégringolant dessus pendant mon sommeil. »
    Toute ressemblance…
     
    Les avis de Gachucha, Allie, KalistinaYue Yin,  Gambadou, ... 


    Annie François, Bouquiner, Seuil, 2000, 198 p.

  • Le libraire

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    Le libraire est libraire. Il vit dans, par et pour les livres ses compagnons, ceux qui restent après la perte des trois amours. Il vit pour ceux qui rentrent dans un lieu où ne résident que les livres lus et aimés, et un homme qui les entend respirer.
     
    Un joli petit roman qui, s’il m’a plu, ne m’a pas enthousiasmée. J’ai aimé le principe de cette librairie ouverte tous les jours, tout le jour et toute la nuit. J’ai aimé que les livres vivent, qu’ils bruissent, respirent, se regroupent autour de celui qui leur donne son amour et son temps, qu’ils sentent et ressentent.
    Les rencontres avec les clients sont souvent drôles, empreintes d’humanité et d’amour. Du témoin de Jéhovah aux enfants en passant par les couples, toutes et tous ont leur petite bizarrerie qui rend la situation absurde, parfois loufoque. Mais pour moi la métaphore de la nature et des souffrances humaines était trop poussée. Le fantastique au service de ce principe trop ou pas assez poussé.
    Une lecture agréable mais qui ne restera pas dans les annales pour moi. Je n’ai pas totalement adhéré au style de l’auteur et à ce fouillis. Ce n’est pas pour moi la librairie idéale, ni le libraire idéal.
    Merci à Emeraude qui me l’a prêté et dont vous trouverez l’avis ici.
     
    Google,et Laurence sur le biblioblog, Heri Tamara, Lilly.

    Regis de Sà Moreira, Le libraire, le livre de poche, 2006, 190 p.
  • De batailles en ruptures ou l'ironie romantique

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    Un triplé. Club des théières, challenge ABC, et challenge Fashion’s Klassik. Et surtout, surtout, un livre qui trainait sur ma PAL depuis les temps anciens (si, si) des classes prépas. Couvert, souvent lorgné du coin de l’œil et sagement ignoré. Du moins dans ma peur des classiques et dans le souvenir de l’ennui profond provoqué par certains d’entre eux.
     
    Rien de tout cela dans La chartreuse de Parme.
     
    Résumé : Fabrice del Dongo est jeune, beau, fougueux, inconscient. D’aventures en aventures, il va découvrir le danger, la colère, la haine, et surtout, l’amour. Un amour qui va être tout son destin et le pousser aux plus grandes folies.
     
    Un résumé bien pauvre et plat pour un roman profondément allègre, joyeux, drôle et profond. Oui, je me sais d’entrée dithyrambique, mais après des débuts un peu difficiles, j’ai été happée par ce récit. Pour un peu j’aurais regretté qu’il ne dure pas plus ! J’en ai lu la postface !
    Stendhal entremêle intrigues, personnages, rebondissements avec un bonheur communicatif. Guerre, révolutions, conflits familiaux, mariages, complots, fuites éperdues et retours clandestins émaillent l’histoire de Fabrice.
    Dans une Parme pour le moins imaginaire, et dans un temps non (plus ou) moins imaginaire il situe des personnages attachants. Fabrice l’innocent un peu benêt devenant homme. La duchesse Sanseverina, l’intrigante, Clélia la pieuse et l’amoureuse. Le comte Mosca, courtisan accompli, des ministres rusés et dangereux, des princes jaloux de leur pouvoir absolu, des révolutionnaires romantiques, des serviteurs dévoués, etc…
    On ne peut s’empêcher de se sentir désespéré par la niaiserie de Fabrice à certains moments, d’avoir envie de lui retourner une paire de claques. On se sent indigné par les manigances et les mesquineries de la duchesse et on la soutient de tout son cœur aussi! Ben oui, se mettre dans des situations pareilles, franchement, si ça n’appelle pas la compassion et un brin de jalousie !  On se sent concerné, parce qu’on aimerait avoir la même aptitude qu’eux au bonheur, à la sensualité, à la vie. Ils souffrent, certes, mais c’est parce qu’ils ressentent aussi des passions, des amours fous, des sentiments exacerbés. Ils vivent. Et ils meurent d’autant plus facilement qu’après de tels sommets et de tels gouffres, la vie doit leur paraître bien fade. Stendhal a beau les mettre sur le compte d’une « nature » italienne, on les envie un petit peu. Un petit peu parce que c’est quand même fort fatiguant toute cette agitation.
    Peu de moments de répit donc, et en dessous, une critique des régimes politiques, des révolutions qui ne peuvent laisser indifférent. Et puis un regard ironique et acide… Le regard de Stendahl sur la noblesse, la bourgeoisie, l’Eglise vaut son pesant de cacahuètes. Et puis des histoires d’amour à n’en plus finir, tragiques, délicieuses.
    C’est d’autant plus fou que Stendhal a achevé ce petit bijou en sept semaines d’écriture intensive, une écriture d’un seul jet. Et il a écrit avec un bonheur communicatif. Il a écrit avec un talent inouï : lyrisme, poésie, chronique, roman d’initiation, roman de cape et d’épée. Tout y passe. Et en plus c’est glamour, sexe et rock-and-roll. Si, si !
    Mes seuls regrets malgré les explications de la postface, un début un peu long à se mettre en place et une fin un peu rapide… Mais peut-être était-ce que je n’avais guère envie de rencontrer Fabrice et la Sanseverina, puis, plus guère envie de les quitter !
     
    Fashion, sans qui rien n’aurait été possible (avec en guest, la liste de lecture imposée de mes 18 ans).


    Stendhal, La chartreuse de Parme, Folio, 1997, 592 p.
  • Neige

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    Yuko Akita se dévoue à la poésie, au grand désespoir de son père. Au haïku et à la neige, qui un jour a possédé son âme. Pour parfaire la maîtrise de son art, il se rend un jour dans le sud, auprès du grand maître Soseki. Entre les deux hommes se noue une relation faite de silence, de respect, et de l’image d’une femme disparue dans les neiges.
     
    Voilà une histoire d’amour, de pureté, de découverte qui m’a beaucoup touchée. Dans une langue concise, ciselée, Maxence Fermine décrit le passage à l’âge adulte d’un jeune homme possédé par son art, par la beauté du monde qui l’entoure. Plein de l’arrogance de l’artiste et de l’adolescent, Yuko finit par accepter la confrontation à une autre manière de voir le monde, de le transcrire. Il en sortira profondément changé et capable, enfin, d’aimer l’autre dans sa différence et d’affirmer son choix d’une voie qui n’était pas celle embrassée traditionnellement par les hommes de sa famille. Son évolution, il la doit à un homme exceptionnel, un maître dont l’histoire occupe un tiers du roman. Un homme qui a connu le combat, la mort, l’amour fou et la souffrance de la perte. Et qui, dans cette souffrance, a fait naître son talent de poète.
    Neige est une ode au haïku, à la poésie. Elle est un moyen de réveiller l’âme, de voyager, de prendre conscience des merveilles du monde :
    « Un matin on se réveille. Il est temps de se retirer du monde pour mieux s’en étonner. Un matin, on prend le temps de se regarder vivre." 
    C’est aussi une réflexion sur l’art et la vocation d’artiste. Le poète est un funambule qui parvient à trouver l’équilibre de la beauté : « En vérité, le poète, le vrai poète, possède l’art du funambule. Ecrire, c’est avancer mot à mot sur un fil de beauté. »
    Alors bien sûr ce texte n’est pas exempt de petits défauts qui gâchent un peu le plaisir de la lecture : le choix de la femme aimée, la langue parfois un brin trop travaillée.
    Mais c’est tellement beau et fort que l’on peut passer sans mal au-dessus de cela pour savourer les phrases de Maxence Fermine :
     
    « Il y a deux sortes de gens.
    Il y a ceux qui vivent, jouent et meurent.
    Et il y a ceux qui ne font jamais rien d’autre que de se tenir en équilibre sur l’arête de la vie.
    Il y a les acteurs.
    Et il y a les funambules."
     
     
     L'avis de Gambadou, celui de Cathulu.

    Maxence Fermine, Neige, Arléa, 1999

  • Le potentiel érotique de ma femme

     

    Il y a une chose à laquelle on ne peut échapper quand on est une théière... L'une d'entre nous est atteinte par une chouchouite aigüe... Je sais que vous savez que je sais que vous savez de quoi et qui je parle.. Et oui! Forcément, à force d'en entendre parler, j'ai fini par céder et piquer à Caro (line] son exemplaire dédicacé... J'ai ainsi baladé une semaine durant Le potentiel érotique de ma femme soigneusement emballé!

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    Hector est atteint de collectionnite aigue, une pathologie qui tout en lui pourrissant joyeusement la vie, la lui rend aussi plus agréable ! Des timbres aux étiquettes à fromage en passant par les badges et les piques apéritifs, son existence est une longue suite d’accumulations d’objets. Jusqu'au drame qui le pousse à se soigner… Jusqu’à la femme qui le convainc qu’il est guérit. Sauf que la collectionnite ne s’avoue pas vaincue. Voilà notre Hector qui commence à collectionner sa femme.

     
    Le moins qu’on puisse dire c’est que David Foenkinos a le sens de l’humour et de la formule. De petites phrases en références, il les laisse transparaître pour le plus grand bonheur du lecteur avec une verve sans faille. Sauf que ce qui m’a fait rire pendant le premier tiers du livre m’a simplement fait sourire pendant le deuxième tiers avant de me lasser sur la fin. C’est un peu trop pour moi ! David Foenkinos accentue les traits les plus ridicules ou pitoyables de ses (anti)héros pour nous livrer un tableau assez décapant des travers et des ridicules humains mais la caricature est parfois trop poussée et les situations trop absurdes pour que je me sois sentie prise dans la narration. J’ai trouvé le tout un peu longuet et la chute sans grand intérêt.
    J’ai cependant apprécié ces personnages farfelus et profondément humains dans leurs travers, leurs hésitations, leurs faiblesses et leur manière d’aimer. Et les petites leçons de philosophie qui mine de rien, se baladent dans les pages.

    Merci à
    Caro[line] de me l'avoir prêté! Et vous pouvez lire son avis ici!

    Ainsi que les avis d'
    Emeraude, de Laurence, d'Anne-Sophie, Valdebaz.