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stendhal

  • De batailles en ruptures ou l'ironie romantique

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    Un triplé. Club des théières, challenge ABC, et challenge Fashion’s Klassik. Et surtout, surtout, un livre qui trainait sur ma PAL depuis les temps anciens (si, si) des classes prépas. Couvert, souvent lorgné du coin de l’œil et sagement ignoré. Du moins dans ma peur des classiques et dans le souvenir de l’ennui profond provoqué par certains d’entre eux.
     
    Rien de tout cela dans La chartreuse de Parme.
     
    Résumé : Fabrice del Dongo est jeune, beau, fougueux, inconscient. D’aventures en aventures, il va découvrir le danger, la colère, la haine, et surtout, l’amour. Un amour qui va être tout son destin et le pousser aux plus grandes folies.
     
    Un résumé bien pauvre et plat pour un roman profondément allègre, joyeux, drôle et profond. Oui, je me sais d’entrée dithyrambique, mais après des débuts un peu difficiles, j’ai été happée par ce récit. Pour un peu j’aurais regretté qu’il ne dure pas plus ! J’en ai lu la postface !
    Stendhal entremêle intrigues, personnages, rebondissements avec un bonheur communicatif. Guerre, révolutions, conflits familiaux, mariages, complots, fuites éperdues et retours clandestins émaillent l’histoire de Fabrice.
    Dans une Parme pour le moins imaginaire, et dans un temps non (plus ou) moins imaginaire il situe des personnages attachants. Fabrice l’innocent un peu benêt devenant homme. La duchesse Sanseverina, l’intrigante, Clélia la pieuse et l’amoureuse. Le comte Mosca, courtisan accompli, des ministres rusés et dangereux, des princes jaloux de leur pouvoir absolu, des révolutionnaires romantiques, des serviteurs dévoués, etc…
    On ne peut s’empêcher de se sentir désespéré par la niaiserie de Fabrice à certains moments, d’avoir envie de lui retourner une paire de claques. On se sent indigné par les manigances et les mesquineries de la duchesse et on la soutient de tout son cœur aussi! Ben oui, se mettre dans des situations pareilles, franchement, si ça n’appelle pas la compassion et un brin de jalousie !  On se sent concerné, parce qu’on aimerait avoir la même aptitude qu’eux au bonheur, à la sensualité, à la vie. Ils souffrent, certes, mais c’est parce qu’ils ressentent aussi des passions, des amours fous, des sentiments exacerbés. Ils vivent. Et ils meurent d’autant plus facilement qu’après de tels sommets et de tels gouffres, la vie doit leur paraître bien fade. Stendhal a beau les mettre sur le compte d’une « nature » italienne, on les envie un petit peu. Un petit peu parce que c’est quand même fort fatiguant toute cette agitation.
    Peu de moments de répit donc, et en dessous, une critique des régimes politiques, des révolutions qui ne peuvent laisser indifférent. Et puis un regard ironique et acide… Le regard de Stendahl sur la noblesse, la bourgeoisie, l’Eglise vaut son pesant de cacahuètes. Et puis des histoires d’amour à n’en plus finir, tragiques, délicieuses.
    C’est d’autant plus fou que Stendhal a achevé ce petit bijou en sept semaines d’écriture intensive, une écriture d’un seul jet. Et il a écrit avec un bonheur communicatif. Il a écrit avec un talent inouï : lyrisme, poésie, chronique, roman d’initiation, roman de cape et d’épée. Tout y passe. Et en plus c’est glamour, sexe et rock-and-roll. Si, si !
    Mes seuls regrets malgré les explications de la postface, un début un peu long à se mettre en place et une fin un peu rapide… Mais peut-être était-ce que je n’avais guère envie de rencontrer Fabrice et la Sanseverina, puis, plus guère envie de les quitter !
     
    Fashion, sans qui rien n’aurait été possible (avec en guest, la liste de lecture imposée de mes 18 ans).


    Stendhal, La chartreuse de Parme, Folio, 1997, 592 p.