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maxence fermine

  • Neige

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    Yuko Akita se dévoue à la poésie, au grand désespoir de son père. Au haïku et à la neige, qui un jour a possédé son âme. Pour parfaire la maîtrise de son art, il se rend un jour dans le sud, auprès du grand maître Soseki. Entre les deux hommes se noue une relation faite de silence, de respect, et de l’image d’une femme disparue dans les neiges.
     
    Voilà une histoire d’amour, de pureté, de découverte qui m’a beaucoup touchée. Dans une langue concise, ciselée, Maxence Fermine décrit le passage à l’âge adulte d’un jeune homme possédé par son art, par la beauté du monde qui l’entoure. Plein de l’arrogance de l’artiste et de l’adolescent, Yuko finit par accepter la confrontation à une autre manière de voir le monde, de le transcrire. Il en sortira profondément changé et capable, enfin, d’aimer l’autre dans sa différence et d’affirmer son choix d’une voie qui n’était pas celle embrassée traditionnellement par les hommes de sa famille. Son évolution, il la doit à un homme exceptionnel, un maître dont l’histoire occupe un tiers du roman. Un homme qui a connu le combat, la mort, l’amour fou et la souffrance de la perte. Et qui, dans cette souffrance, a fait naître son talent de poète.
    Neige est une ode au haïku, à la poésie. Elle est un moyen de réveiller l’âme, de voyager, de prendre conscience des merveilles du monde :
    « Un matin on se réveille. Il est temps de se retirer du monde pour mieux s’en étonner. Un matin, on prend le temps de se regarder vivre." 
    C’est aussi une réflexion sur l’art et la vocation d’artiste. Le poète est un funambule qui parvient à trouver l’équilibre de la beauté : « En vérité, le poète, le vrai poète, possède l’art du funambule. Ecrire, c’est avancer mot à mot sur un fil de beauté. »
    Alors bien sûr ce texte n’est pas exempt de petits défauts qui gâchent un peu le plaisir de la lecture : le choix de la femme aimée, la langue parfois un brin trop travaillée.
    Mais c’est tellement beau et fort que l’on peut passer sans mal au-dessus de cela pour savourer les phrases de Maxence Fermine :
     
    « Il y a deux sortes de gens.
    Il y a ceux qui vivent, jouent et meurent.
    Et il y a ceux qui ne font jamais rien d’autre que de se tenir en équilibre sur l’arête de la vie.
    Il y a les acteurs.
    Et il y a les funambules."
     
     
     L'avis de Gambadou, celui de Cathulu.

    Maxence Fermine, Neige, Arléa, 1999