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Littératures françaises - Page 19

  • Traîtrises

     

    « C’était ça. C’était comme ça. Jack a dit que c’était tout.       Qu’avant de lui en vouloir, il fallait attendre de savoir. Que c’était son père. Que c’était mon ami. Et que c’était un traître aussi. »
     
    Tyrone Meehan est un héros. Il est aussi un traître. Pourquoi, comment, sont les questions que va se poser Antoine le luthier français, perdu dans un conflit qu’il voudrait sien et qui ne peut l’être.
     
    Mon traître est un roman qui me laisse un sentiment mitigé. Mitigé parce que j’ai par certains aspects absolument adoré, et par d’autres, été profondément agacée.
    Commençons par le commencement. Le thème d’abord : l’Irlande du Nord des années 970 à nos jours. L’Irlande du Nord avec sa guerre de religion, sa guerre d’argent et de pouvoir. L’Irlande du Nord avec sa tourbe, sa bière et ses gens. La pauvreté et la solidarité. La haine et la foi. L’amour et la souffrance. Le portrait de ce pays déchiré et de ses habitants touche au cœur. Ces femmes en souffrance qui portent l’amour de leurs familles mais aussi le poids de la religion, de l’engagement politique, de la guerre et des morts. Ces hommes pathétiques qui trouvent dans l’engagement politique un exutoire à la misère et la haine de ceux qui le maintiennent dans cette misère, et un espoir aussi, celui de temps où enfin ils seront traités comme des êtres humains. On se souvient en les rencontrant à quel point la ségrégation n’est pas toujours une affaire de couleur de peau, mais que l’argent, et la religion peuvent faire autant de dégâts.
    Et puis il y a le miroir : Chalandon a réellement connu ce traître. Les noms sont modifiés bien sûr, mais Tyrone Meehan a vécu. Et Antoine le naïf, Antoine le perdu a été un peu Sorj Chalandon. A travers ces deux personnages, il y a le questionnement d’un homme sur son engagement, sur l’engagement de l’autre.
    Tyrone Meehan, le héros, le grand l’homme fort. Le traître. Celui dont on ne peut comprendre le geste. Pourquoi a-t-il trahi ? Pour qui ? Qu’est-ce que la trahison ? Quand on trahit, trahit-on une cause seulement ou aussi les hommes autour, sa famille, ceux que l’on aime et qui croyaient en nous ? Les questions, Sorj Chalandon les pose. Et il n’y répond pas ou seulement partiellement. Car la trahison est acte intime. Ce qui y pousse un homme n’appartient qu’à lui : amour, haine, appât du gain, lassitude, goût du risque, acte suicidaire…
    Tout comme l’engagement est acte intime : ce qui pousse Antoine vers l’Irlande et l’IRA, c’est un peu de romantisme, un peu de solitude, un peu de beaucoup de petites choses. Ce qui fait de lui un homme souvent agaçant avec sa vision simpliste des choses, son engagement sans grands risques. A mon grand regret, c’est aussi un homme par qui passent les clichés : guerre propre, musique traditionnelle, bière brune épaisse… Et un certain voyeurisme à mon sens : les gentils catholiques irlandais, les méchants anglais, les chars et les manifestations, la douleur qu’il voit à chaque coin de rue ne peut réellement devenir la sienne. En même temps, il perd beaucoup : il approche l’Irlande, mais il y perd son innocence, sa pureté. Il n’y gagne guère que déception et colère, souffrance et doute. Et le sentiment d’avoir été une bouffée d’air pour ceux qui étaient ses amis.
    Le bémol pour moi : le style qui sans me gêner outre mesure m’a parfois un brin laissée perplexe…

    Sorj Chalandon, Mon traître, Grasset, 2007, 275 p.
  • Les vallées du bonheur profond

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    Cinq nouvelles. Cinq récits pour retrouver Antigone et Œdipe sur la route qui est la leur. Cinq histoires pour renouer avec la profondeur de Henry Bauchau.
     
    Car c’est bel et bien de profondeur qu’il s’agit. En cinq très courts textes, Bauchau parvient à faire passer une infinité de sensations, de sentiments, de réflexions.
     
    Avec L’arbre fou, le lecteur retrouve Antigone et Œdipe en plein acte de création. Œdipe sculpte dans la souche d’un arbre foudroyé, Antigone sculpte le visage de ses parents. Tous deux dévoilent les abysses qui s’ouvrent sous les pieds de ceux qui créent. La violence envers soi et les autres que cela suppose. La souffrance que cela signifie. La vérité que cela dévoile. Pour Bauchau l’art, la création est acte de vérité puisque c’est par là que peut être dévoilée l’essence des êtres et de la vie. Puisque c’est le meilleur, et sans doute le seul moyen d’atteindre à l’essentiel.
    Avec toujours ce style qui touche au cœur.
     
    « Il sont ouverts tous les deux, ceux qu’elle a fait naître après être née d’eux, et qu’elle a aimés comme ses enfants. Il y a quelques instants encore, elle voulait les garder en elle, dans l’ovale parfait de son amour. Elle voit que c’est un acte de vie qui les lui a enlevés et les a jetés brutalement dans une existence sans clôture. Elle ne regrette rien, ils sont vrais, ils sont plus vrais maintenant. »
     
    Avec Les vallées du bonheur profond, c’est l’idée de bonheur qui est interrogée. Qu’est-ce que le bonheur finalement ? Ce que vivent ces gens que découvre Antigone dans les vallées profondes ? Ou bien cette route et cette filiation qui sont tout pour Antigone quand bien même les choisir ne serait pas sans douleur ? Quand bien même les choisir serait renoncer à la sensualité de son jeune corps, à l’amour toujours possible ?
    Parvenir en si peu de page à interroger l’amour, le bonheur, l’identité, les choix de vie avec tant de pertinence et de sensibilité est une réussite magnifique.
     
    Avec La femme sans mot, c’est la folie qui fait son apparition. La folie qui est en chacun de nous et qu’il faut combattre pour ne pas qu’elle nous mène à la mort. La folie qui est à l’origine de la vie et de la création et à laquelle il ne faut pas céder pour ne pas se perdre.
     
    Et enfin, les deux dernières. Le cri qui est une sorte de résumé de l’Antigone qu’écrira plus tard Henry Bauchau, une esquisse. L’enfant de Salamine donne la parole à Sophocle, celui qui le premier donnera sa voix à Antigone et à Œdipe.
    Au-delà de l’indéniable qualité de ces deux textes, on y trouve surtout l’aveu de l’écrivain de l’obsession. A travers Sophocle, c’est lui-même qu’il dévoile. Sophocle cherche sa voie et sa voix sans trop savoir où ses pas et ses vers le mènent. Il cherche jusqu’au jour où il rencontre ces personnages, ces personnages qui vont l’habiter et faire de lui cet immense poète.
     
    « Antigone savait qu’elle allait affronter la mort. On voyait qu’elle aimait la vie et que son désir n’était pas de la perdre, mais de la donner. Elle la donnait. Elle me la donnait cette nuit même, elle libérait mon esprit et lui insufflait une énergie inconnue. Je découvrais que ma parole emprisonnée serait un jour délivrée par la sienne, par ses actes superbes, et soulevée par l’enthousiasme. »
     
    Tolérance, création, art, identité, amour, amitié, bonheur, liens filiaux… En 84 p., Henry Bauchau fait de nouveau surgir cette profonde connaissance de l’humain qui est la sienne.


    Henry Bauchau, Les vallées du bonheur profond, Actes Sud, coll. Babel, 84 p.

  • Antigone

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    « C’est beau Antigone. C’est elle et ce sont eux. C’est la beauté de notre mère, non pas comme elle était, mais dans leurs regards. Etéocle qui sait qu’il est fasciné, presque aveuglé, et Polynice qui l’est aussi mais qui, enfermé dans sa gloire, l’ignore. C’est aussi tellement toi, Antigone, cette confiance intarissable dans l’action de la vérité, dont on ne sait si elle est magnifique ou seulement idiote. Crois-tu que l’on peut, sans délirer, espérer comme tu le fais ? Est-ce que tu penses que les jumeaux te comprendront et que même s’ils te comprennent, cela les fera sortir de leurs passions ? J’ai peur de l’esprit d’incendie que je vois dans notre famille. Moi aussi, souvent, je suis folle. Je voulais te dire : Pars, pars vite avec Hémon et je me suis rétractée. Je me rétracte encore en te disant : Ne pars pas, ne m’abandonne pas à Thèbes pour la deuxième fois. Va à la catastrophe avec nous puisque c’est ce que veut ton courage. »
     
    Ainsi parle Ismène à sa sœur Antigone revenue de la longue errance dans laquelle son père, Œdipe, l’avait entraînée. Ainsi parle Ismène à sa sœur Antigone qui espère encore, follement, désespérément, gagner la paix entre ses deux frères qui se battent pour la couronne de Thèbes.
    Et c’est beau, incroyablement beau et profond. J’ai du mal à trouver mes mots pour parler de ce roman. Je connaissais l’Antigone d’Anouilh, l’Antigone des chœurs antiques, mais rien qui m’ait préparé à rencontrer l’Antigone d’Henry Bauchau.
    On retrouve chez elle l’intransigeance, le courage, la force des autres Antigone. Mais on trouve, surtout, une femme pétrie de doutes, de souffrances. Une femme qui se bat non pas pour que les corps de ses frères soient enterrés, mais pour que la paix et la vie gagnent, que les morts soient respectés.
    Cette Antigone là a mendié sur les routes pour son père Œdipe, elle a sculpté, elle a pris les armes, elle a soigné et guéri parfois, elle a nourri ceux qu’elle pouvait nourrir. Elle a pleuré et hurlé sa souffrance de voir ses deux frères se déchirer ainsi et mener leur cité à sa perte. Elle a aussi galopé à perdre haleine, chanté et danser jusqu’à entrer en transe.
    C’est un personnage touchant, profondément humain parce que jamais monolithique.
    Et cela, on le retrouve pour tous les protagonistes de cette si vieille histoire. Un Œdipe et une Jocaste amants et parents aussi bien que roi et reine, perdus dans l’horreur de cet inceste qu’ils ont commis ; des frères jumeaux trop aimé pour l’un et mal aimé pour l’autre qui se disputent encore et toujours l’amour de leur mère ; Ismène, belle et sage, qui aime et hait à la fois cette fratrie qui menace son bonheur et celui de la famille qu’elle a construite, Hémon, Créon, etc.
    Tous ceux qui entourent Antigone, amis ou ennemis ont leur voix. Bauchau fait de ses personnages autre chose que des mythes.
    Finalement, Antigone, c’est l’histoire d’une famille frappée par le destin, l’histoire de l’amour et de la haine, de la guerre et de la paix. La vie qui va à la mort parce qu’il le faut pour rester fidèle à soi même, quitte à survivre un temps pour que tout continue, quitte à mourir tout de suite pour que cela continue.
     
    Le style de Bauchau très simple participe pleinement au fait que le lecteur est happé : phrases courtes, heurtées, qui suivent les sentiments et les paroles, les actes et les actions. C’est lumineux. Il fallait cette simplicité pour que s’impose pleinement le drame, que l’on prenne conscience de la fatalité qui mène Antigone à sa perte.
    C’est un roman dont toutes les phrases sont précieuses, dont tous les personnages sont précieux. Un roman que je vais garder précieusement pour le relire et en explorer la richesse. Il aurait fallu que je parle de la symbolique, du rôle que Bauchau donne à l’art, et de bien d’autres choses encore. Mais ce n’est pas le plus important. Le plus important est, et reste, la beauté qui empreint chacune de ces pages.
     
    «  Le fil de lumière qui passait entre la pierre et les parois de la grotte s’est éteint et le bruit des voix à disparu. J’entre en solitude et j’ai peur. Je ne verrai plus personne, moi, l’infatigable marcheuse, après tant d’amitiés sur la route, je ne parlerai à plus personne. Comment le croire ? J’ai souvent pensé à la mort, à la solitude jamais. Trop occupée des autres, entraînée par la vie, c’est sans préparation et sans forces que j’y entre. »
     
    Henry Bauchau, Antigone, Actes Sud, 1999, 355 p.
  • L'éternité n'est pas de trop

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    A la fin de la dynastie Ming, en des temps troublés, dans un monastère de haute montagne, un homme qui n’a pas encore prononcé ses vœux part à la recherche de la seule femme qu’il ait jamais aimé. Une femme qu’il n’a pas vue depuis trente ans. Un souvenir qui l’a empêché de trouver la paix et de suivre la voie de la voie qui est la sienne, entre bouddhisme et taoïsme.
     
    Par quoi commencer… Le pour ? Allons y pour le pour ! L’éternité n’est pas de trop est un roman riche, manifestement érudit mais sans pédanterie aucune. Les personnages sont bien campés, leurs histoires racontées avec finesse et délicatesse. On retrouve les mêmes archétypes qu’avec Roméo et Juliette, la princesse de Clèves, Tristan et Iseult, la culture chinoise et l’histoire de la Chine en plus.
    A travers les personnages des amants maudits, Dao-Sheng le devin et Lan-Ying, le lecteur découvre une Chine encore féodale où les étrangers commencent à pénétrer. On en a un exemple avec les personnages des deux jésuites que rencontre le héros de cette histoire. La dynastie Ming est sur le déclin : la Chine vit une période troublée où le système politique, administratif, social vacille. Pourtant, les traditions demeurent présentent. Enfermement des femmes, conventions sociales, importance des pratiques religieuses, hermétisme des castes, toute-puissance des riches et des bien nés. Importance aussi des fêtes qui se succèdent, marquant l’année de leurs rites et de leurs retrouvailles. Elles sont particulièrement importantes pour les deux amants puisqu’elles symbolisent leur amour impossible sur cette terre. L’image de ces deux étoiles, le bouvier et la tisserande qui se retrouvent une fois l’an est très belle. Elle est prétexte à une fête des amants et à des retrouvailles d’une rare force.
    Pourtant cet amour reste chaste. L’absence de contacts charnels, les contraintes le rendent encore plus fort. L’esprit prend le pas sur le corps même si cela n’est atteint qu’après une lutte contre soi. Et les rares moments où les mains peuvent se toucher, les regards se rencontrer prennent une importance et une intensité folle.
    J’ai aimé la description de la philosophie bouddhique et taoïste, celle de la médecine chinoise. Quand à la réflexion sur la rencontre des cultures, l’acceptation de l’altérité, elle est passionnante : la rencontre du moine taoïste et du jésuite donne lieu à une discussion assez profonde sur le spirituel, l’amour, le salut.
     
    L’amour qui uni les deux héros, à défaut de pouvoir être charnel devient purement spirituel. Il est une quête, une réflexion permanente, une lutte pour l’acceptation. Cette réflexion empreint le récit du début à la fin. Du coup, je ne suis pas parvenue à m’investir totalement dans cette histoire. L’intérêt intellectuel était présent, l’émotion parfois à quelques lignes particulièrement poétiques, mais pas réellement de plaisir. Peut-être en partie à cause d’un symbolisme trop présent : le moindre acte prend une signification, est source d’interrogations sans fin et d’analyses qui prennent à mon avis parfois trop de place.
    Par ailleurs, j’ai eu du mal à me faire au style de François Cheng. C’est sans doute cela qui m’a le plus gênée dans ma lecture et qui explique en partie que je ne sois pas totalement rentrée dedans.
     
    Bref, une belle lecture mais loin, très loin du coup de cœur.
     
     
     François Cheng, L'éternité n'est pas de trop, Livre de poche, 2003, 246 p.
  • Alabama song

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    1918 en Alabama. Zelda, la fille du juge, l’émancipée, l’évaporée, rencontre un jeune lieutenant yankee. Elle veut vivre, il veut écrire. Le succès aidant, ils deviennent le temps de quelques années un couple mythique de la vie new-yorkaise. Mais à jouer avec le succès, les Fitzgerald vont se brûler les ailes.
     
    Il est rare que je lise les Goncourt. Tout simplement parce que j’ai rarement été convaincue… Et que le battage médiatique autour de ce prix littéraire mythique a le don de m’agacer.
    Et pourtant, à force d’en entendre dire le plus grand bien, je me suis décidée à aller y regarder de plus près.
    Le moins qu’on puisse dire c’est que je ne l’ai pas regretté.
    Gilles Leroy a adopté le point de vue de Zelda, pas celui de l’écrivain Francis. Il a adopté le point de vue d’une femme qui voit peu à peu ses rêves se briser et tout ce qui fait sa beauté, son talent, sa force, s’effondrer.
    Au-delà de la qualité et de la force de l’écriture, Gilles Leroy a su romancer avec crédibilité la vie de Zelda Fitzgerald, et partant de son époux. C’est sans doute pour cela que son récit est aussi fort. Il ne s’attache pas tant au personnage sulfureux, à la muse de grands écrivains, mais à la femme. Zelda est folle amoureuse, puis haineuse, puis désespérée, puis résignée. Être parvenu à se confondre à tel point avec les mots, le regard de cette femme frôle l’exploit.
    Il dépeint un couple qui se fourvoie. Zelda et Francis confondent passion et amour, besoin et partage. Zelda surtout ne prend conscience que trop tard de la névrose profonde qui accompagne le talent de Francis. Une névrose qui va le pousser à utiliser sans vergogne puis étouffer le réel talent de Zelda, un talent qui aurait pu lui faire de l’ombre.
    Et on rentre dans cette spirale infernale de harcèlement physique, moral, de souffrance et d’attachement morbide. Zelda ne parviendra jamais à se libérer de celui qui lui fait tant et tant de mal, qui lui vole l’amour de son enfant et le fruit de son travail. De celui dont elle ne sait plus au final si il l’aimée ou si elle a été le moyen de cacher des tendances sexuelles qu’il ne s’avouait pas.
    Pour autant, Zelda n’est pas l’innocente victime. Elle a accepté de suivre Francis même si elle savait que tout n’allait pas. Elle a accepté de rester et de supporter par fierté et orgueil. Elle a brûlé elle aussi la chandelle par les deux bouts et n’a pas hésité à porter des coups douloureux à ceux qui l’entouraient. Si Francis Scott Fitzgerald n’est pas un personnage attachant, on ne peut pas dire que Zelda le soit ! On a pitié d’elle, on la déteste, on l’aime aussi un peu, justement parce qu’elle n’est pas seulement une martyre. Après tout, on ne sait pas si ce que raconte la femme vieillissante internée est vrai ou pas. Si elle est folle ou si elle est internée de force par un mari qui ne sait plus comment se débarrasser d’elle.
    Quoi qu’il en soit, c’est un magnifique portrait, et aussi le tableau choc de la destruction d’une femme. J’ai refermé ce roman avec au cœur une pointe de mélancolie et de regret pour Zelda. Je vais sans doute avoir du mal à oublier sa voix de sitôt.
     
    « J’ai compris que l’obscénité n’était pas ma tenue ni ma nudité sous la robe, mais ce bonheur qui m’envahissait comme une ivresse, cet air d’extase qu’il ne m’avait jamais connu, je crois, et qui n’a pas pu lui échapper puisque même les marchands du port le voyaient sur moi. Le voyaient sur Joz et moi. Les gens qui s’aiment sont toujours indécents. Et pour ceux qui ont perdu l’amour, le spectacle des amants est une torture qu’ils nient en crachant dessus ou en s’en moquant. »
     
    Les avis éclairés de Flo, Laurence, Fashion Victim, Clarabel,...