Un homme, une femme, un veuf, une divorcée, des enfants...Linda, mère divorcée d4Emilie et Dorothée a rencontré une autre souffrance, celle d'un homme qui a perdu sa femme et qui reste seul avec son fils adolescent, Vincent. Le temps de vacances communes entre vignes et océan, pendant qu'au large, un pétrolier se vide de ses entrailles, le noeud de leur histoire va se nouer.
C'est le premier roman de Brigitte Giraud que je lis, et je m'avoue assez séduite. Elle livre dans ce court roman le regard d'une femme blessée sur une vie amoureuse bancale, difficile. De nombreux thèmes sont abordés par la bande, sans en avoir l'air. Par petites touches, au travers des réflexions de Linda sur la vie quotidienne, sur les rapports qui se créent entre ses enfants et celui de son compagnon, sur ses peurs et ses attentes, Brigitte Giraud construit un tableau de ce que peut être un divorce pour celui qui aime encore et de ce que peut être le deuil. Et surtout, de ce qui vient après: la reconstruction, le désir d'aimer et d'être aimé, le manque de confiance en soi et en l'autre, le doute. "Je t'avais rencontré, j'étais encore vivante, capable d'éprouver du désir pour un homme dont les yeux m'attiraient et la voix me réchauffait. [...] Mais je savais que plus rien ne serait comme avant."
Linda ne parvient pas à trouver sa place dans cette nouvelle relation, pas plus qu'elle ne parvient réellement à en faire une à ce nouvel homme et à son fils. Et elle ne parvient pas non plus à faire le point sur ses motivations, sur son besoin d'être aimé, et sur l'avenir de cette histoire. Construire une nouvelle famille avec des passés douloureux, des manques, des non-dits s'avère une tâche ardue sur laquelle elle s'interroge. Y-a-t-il seulement un espoir? "Tout à coup, nous n'existions plus, et nos histoires deveniaent incompatibles, il y avait la votre d'un côté, vôtre passé et vos secrets auxquels nous ne pouvions accéder, et la nôtre, triste histoire unj peu banale, et nous redevenions deux clans, les hommes d'un côté et les filles de l'autre."
C'est bien sûr très introspectif, mais c'est aussi tout à la fois très beau, doux et mélancolique, et cruel. J'ai relevé bien des passages, des mots qui 'ont touchés et j'ai un peu de mal à faire passer mon ressenti à l'égard de ce roman, mais une chose est certaine, j'ai aimé!
Les avis de Laure et Clarabel.
Brigitte Giraud, Marée noire, Stock, 2004, 135 p.