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  • Freaks of Heartland

    FreaksOfTheHeartland_06012008_185640.jpgUne vallée isolée, quelques fermes, un secret soigneusement préservé par les familles depuis des années : des enfants monstrueux sont nés, soigneusement cachés et tenus à l’écart. Jusqu’à ce que la peur et l’incompréhension deviennent trop fortes et que la violence se déchaîne. Trévor, dont le frère Will est un de ces enfants décide de le sauver quand son père prend la décision de l’abattre.

     

    Habituellement, j’ai un peu de mal avec les dessins de comic books : même avec des scénarios qui m’enthousiasment, il me faut faire un petit effort. Et puis il y a les exceptions, où dessin et scénario s’allient pour satisfaire mes exigences de lectrice de comics du dimanche. Freaks of heartland est de ces exceptions. Le dessin est purement et simplement somptueux : dans des teintes ocres et sépia, les détails se dessinent en douceur jusqu’aux explosions de violence qui brouillent tout repère et traduisent à merveille la souffrance de Will, de Trévor et des autres. Par moment, ce sont des toiles et non pas des cases qu’on a sous les yeux. En guise de décors, le lecteur découvre l’Amérique profonde, ses villages perdus et faussement tranquilles, le monde rural dans la splendeur de ses champs et l’horreur de ses secrets. La grande force du dessinateur est d’instiller par petites touches le fantastique. En fait, alors qu’on sait, qu’on sent qu’il y a quelque chose d’anormal, seuls des détails et des sous-entendus permettent de se faire une idée de ce qui a pu se passer : mutations due à un nuage étrange, grossesses simultanées, on pense bien sûr à toute la littérature fantastique et aux comics dans ce genre, ou encore aux histoires de complots, d’extraterrestres, d’expériences scientifiques qui ont mal tourné. Sans ces allusions, on pourrait presque penser à un drame de la consanguinité, le genre de chose qui a pu arriver dans des villages isolés et fermés au monde comme celui où vit Trevor.
    Steve Niles, le scénariste met en scène la relation, touchante, de deux frères, et la capacité, aussi, des enfants à accepter l’autre dans ses différences sans peur. Bien sûr le choix a été fait de montrer deux enfants normaux accepter ceux qui ne le sont pas, en opposition aux parents qui rejettent une différence qui les terrifie. Les enfants peuvent être aussi cruels que les adultes, et surtout, aussi cruels que leurs parents. Mais dans le cas de Trevor et de Will, et de Maggie qui va les accompagner et les aider, c’est la confiance, l’acceptation, l’ouverture d’esprit qui est mise en valeur et la richesse qu’elle apporte. Rien d’original en fait puisque la plupart des histoires de freaks touchent à ces thématiques (Cristal qui songe, Elephant Man, Lilliputia…) , mais une manière de raconter, de dessiner, qui font de Freaks of heartland une très belle œuvre.

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    C’est une belle histoire, qui se clôt malheureusement de manière un peu abrupte : j’aurais bien continué l’aventure avec Trevor, Will, Maggie et les autres….

    Greg Ruth, Steve Niles, Freaks of hearland, Semic, 2007, 170p., 4/5

  • L'arbre aux haricots - Barbara Kingsolver

    9782743602291.gifS’il y a une chose que Taylor Greer n’a pas l’intention de faire, c’et bien pondre une portée de petits dans sa petite ville perdue du Kentucky. Le jour où elle se décide à grimper dans sa vieille guimbarde, c’est avec l’idée chevillée au corps de rouler le plus loin possible vers l’ouest et de ne surtout pas se laisser arrêter. C’est sans compter avec le destin qui lui arrive droit dans les bras sous la forme d’une petite indienne mutique et abandonnée… Heureusement qu’il y a le hasard qui fait bien les choses, la générosité qu’on trouve où on ne l’attendait pas, et les arbres à haricot pour que le bonheur fleurisse.

     

    Il en va de Barbara Kingsolver comme de Paul Auster dans ma vie de lectrice : un de ces auteurs dont on entend parler en long, en travers et en enthousiasme par des gens tellement différents qu’on se dit qu’il ne va vraiment, mais alors vraiment plus être possible de continuer sans avoir, au moins, tenté une incursion dans leur univers. Le problème de ce genre de tentative, c’est qu’on se retrouve bien souvent avec toute une œuvre à lire… Barbara Kingsolver a écrit si je ne m’abuse 8 romans qui sont traduits et un tout beau tout neuf qui a fait sautiller Fashion. Il me reste donc 8 grands moments de bonheur.

    Parce que c’est bien ce qui m’est tombé sur le coin de la figure : le bonheur. Bonheur de découvrir  l’univers de cette romancière qui décrit à merveille le désert américain, bonheur de faire un bout de chemin avec Tayor, Turtle et les autres, bonheur de lire une histoire débordante d’humanité et de tendresse, d’humour et de larmes. C’est un petit bijou qui commence comme un road trip sur les routes américaines, avant de se transformer en un superbe apprentissage de la maternité, en un apprentissage de l’amitié, de l’amour aussi. Barbara Kingsolver dresse une galerie de portraits savoureux : des gens ordinaires, chacun avec son petit grain de folie, ses espoirs, ses déceptions, qui décident un beau jour de s’accorder le bonheur de se découvrir et de vivre ensemble, d’affronter le pire en se serrant les coudes. C’est la grande force de ce récit d’ailleurs, de raconter le pire avec un humour et une volonté de voir le meilleur : immigration clandestine, politique étasunienne en Amérique centrale et du Sud, pédophilie, chômage, l’arrière-plan pourrait glacer le sang et donner lieu à une histoire sordide. Mais non. A la place, on a ce rayon de soleil qui donne envie de croquer la vie à pleine dent.

    Kingsolver, Barbara, L'arbre aux haricots, Rivages, 1997, 340 p., 5/5

     

  • La tête en friche - Marie-Sabine Roger

    tete-en-friche-blog.jpgQuand Germain grande brute d'une cinquantaine d'année rencontre Margueritte frêle grand-mère de quatre-vingt six ans, ce sont deux vies qui changent. Parce que parfois il suffit de petits rien: des pigeons à compter, un roman et la tendresse qui s'attrape comme la peste et vous retourne le monde d'un coup.

    Mais pourquoi est-ce que j'ai attendu si longtemps avant de me m'embarquer dans la vie de Germain et Marguerite, vous pouvez me le dire? Parce que des romans comme ça, débordant de tendresse, d'humour, de joie et de bonheur, on n'en croise pas si souvent que ça! Et des romans qui parlent en plus aussi bien du bonheur de lire, de partager les livres, de découvrir encore plus rarement! Pourtant, Dieu sait que Germain n'a pas la vie facile et qu'il aurait été facile de sombrer dans le sordide et dans la leçon de chose: la lecture ça vous change une vie et patati et la culture patata. Foin de tout cela, Marie-Sabine Roger trousse une histoire qui sert le coeur et donne le sourire tout à la fois. Elle fait entrer dans la tête et les mots du grand Germain, ses obsessions, ses réflexions sur la vie et les choses, son regard sur son quotidien chamboulé par Margueritte et ses livres, Margueritte et sa robe à fleur, ses cheveux violets, sa solitude et son bonheur de partager. La tête en friche, c'est l'histoire d'un homme qui s'ouvre au monde, d'une vieille dame solitaire qui se trouve une famille, une histoire de lecteurs. C'est tout doux, malgré les thèmes graves qui sous-tendent l'histoire. Parce qu'il ne faut pas croire, il n'a pas la vie facile Germain: bâtard mal-aimé par une mère abandonnée par l'homme qui l'avait mise enceinte, considéré comme l'idiot du village, le fort de foire un peu crétin tout juste capable de raconter de blagues au bistrot, il a grandit et vécu dans l'indifférence. Pourtant, il suffit d'un rien, d'une rencontre pour changer les choses, pour s'ouvrir, pour donner corps aux potentialités qui sommeillent en lui.

    On pourrait se dire que c'est un peu facile cette histoire qui dit que la culture, la lecture changent tout, que l'intelligence se dissimule parfois sous les dehors les plus frustres, que la condescendance guette. Et pourtant, c'est beau, et sensible, et on se dit que oui, ça arrive et que même si tout le monde n'a pas les mêmes chances au départ, le bonheur s'attrape aux moments où on ne l'attendait plus. La tête en friche, c'est la nique au malheur, à la crasse, à la pauvreté, au profit des moments partagés, des familles qu'on se crée, de l'amitié. C'est un style facile, enlevé, qui tourne les clichés pour en faire de beaux moments de lecture et d'humour. C'est un coup de coeur en ce qui me concerne, et un roman que je vais garder bien au chaud pour les moments de déprime.

    Yvon a aimé, Joëlle aussi, tout comme Leiloona, et bien d'autres! Canel est plus réticente.

    Roger, Marie-Sabine, La tête en friche, Ed. du Rouergue, 2008, 217 p. 4/5

     

     

     

  • A vos marques!

    Par un plock attirée, j'ai porté mon attention vers le nid d'une certaine dame Pickwick qui a eu la lumineuse idée de nous concocter un petit concours de derrière les fagots, façon psychanalyse des compulsifs et compulsives que nous sommes. Parce que soyons honnêtes, très chers, non content d'amasser les livres comme les écureils les noisettes, nous sommes également sujets à certaines maniaqueries touchant par exemple, un exemple, juste comme ça l'exemple, hein, les marques-pages. Avouez, vous cornez, vous utilisez vos tickets de bus ou de métro, des objets divers et variés, voire des marque-pages, des vrais, et ptêtre bien même que vous en offrez!

    Bref, foin de ces considérations! J'ai décidé de vous dévoiler mon rapport à ces petites choses... Chez moi, les marque-pages nichent dans les endroits les plus incongrus. On en retrouve fréquemment au milieu des chaussettes (je me demande s'ils les mangent, cela expliquerait bien des choses), des tee-shirts, des fiches de paie et autres. Ils ont aussi élu domicile sur mes étagères et cohabitent joyeusement avec d'autres locataires.

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    De temps à autres, ils échouent dans mes romans et autres lectures en cours. Les grands gagnants ces derniers temps sont:

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    Oui, il m'arrive d'être un brin déconcentrée pendant que je lis... Et c'est la faute d'Isil!

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    Ce petit bonhomme, je l'ai brodé de mes blanches mimines. Il se cache souvent entre deux pages!

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    Mais il faut bien que je dévoile aussi qu'ils leurs arrive d'être remplacés par ces petites choses qui me tombent sous la main au moment crucial:
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    Au hasard de mes activités...

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    Oui, je sais...

    D'autant que les renforts ne manquent pas! La preuve en image:
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    Ca, c'est la réserve cachée!
    Avec des petites merveilles!
    Celles qui me rappellent de beaux souvenirs: des voyages, des gens que j'aime:

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    Celles qui me dévoilent un peu:

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    Et ceux que j'ai chiné au gré de mes périgrination de salons en bibliothèques! Qui me font sourire, qui me rendent fière, les rares, les moins rares... Je les aime!

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  • Les vampires de Londres - Fabrice Colin

    tome-1-etranges-soeurs-wilcox-L-1.jpegLondres, 1888. Amber et Luna se réveillent enterrées vives et se découvrent des pouvoirs pour le moins étranges qui vont les impliqué dans une guerre dont le commun des mortels n’a jamais entendu parler. Et pour cause, elle implique des créatures qu’on pense être des créations d’imaginations surchauffées…

    J’étais, je dois bien l’avouer, quelque peu dubitative pour avoir entendu tout et son contraire à propos des sœurs Wilcox. Quid me demanderez-vous ? Et bien c’est à mon avis un fort bon début de série. Fabrice Colin plonge avec délice dans les rues sombres et brumeuses d’un Londres nocturne qui recèle bien des mystères et crée une ambiance gothique tout à fait agréable pour le lecteur. Sans compter qu’il joue avec bonheur des figures de la littérature de genre. On croise Watson, Holmes, Jack l’Eventreur dont les mystères sont résolus, une ligue qui ressemble fort à la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, Dracula, une certaine comtesse Bathory et au détour d’un chapitre, la reine Victoria elle-même. L’hommage, certes un brin appuyé, n’est jamais lourd puisqu’il est parfaitement intégré dans un récit prenant, servi par deux héroïnes auxquelles on s’attache : Amber, volontaire et têtue, parfois trop pour son propre bien, Luna la rêveuse dont les hésitations sont tempérées par  un courage bien affirmé pour son âge. On découvre par petits bouts les créatures qui hantent à l’insu des humains les rues de Londres : terrifiants vampires, goules, fées, faunes et autres bestioles étranges et plus ou moins sympathiques. Le décor et les personnages s’installent petit à petit, et si l’intrigue ne brille pas par une folle originalité, elle promet quelques développements.

    Reste à savoir si la cible principale du roman sera aussi séduite par ces deux héroïnes et les nombreuses références qui parsèment leurs aventures, la plupart nécessitant tout de même quelques connaissances.

    Bref, c’est un roman sympathique, agréable à lire qui promet une série intéressante. Je ne manquerai pas de faire un sort au tome 2, ne serait-ce que pour savoir comment les deux sœurs vont se dépatouiller de leurs problème et ce qu’il va advenir de ce bon vieux Sherlock qui croise décidemment bien souvnt ma route ces derniers temps.

    L'avis de Cathulu, Fashion, Lily, Emmyne...

    Colin, Fabrice, Les étranges soeurs Wilcox t.1, Les vampires de Londres, Gallimard Jeunesse, 2009,283p., 4/5