Ils sont venus, ils sont repartis et jamais les hommes n'ont pu savoir ce qu'ils étaient venus faire sur Terre, ni pourquoi ils étaient repartis brusquement, laissant derrière eux des zones contaminées et des objets étranges que les stalkers viennent piller au péril de leur vie et au mépris de la loi des Etats qui préfèrent de loin mettre à profit les avancées technologiques que permettent ces choses. C'est l'histoire d'un de ces stalkers et d'une virée au coeur de la Zone que les frères Strougatski racontent.
Des fois je fais des choses bizarres. Comme lire de SF soviétique. A ma décharge, j'avais visionné peu de temps auparavant et dans un état, faut-il le préciser, second, le film éponyme de Tarkovski. Du coup, mettant la main sur le roman qui l'avait inspiré, j'ai eu le réflexe limite pavlovien d'aller voir de plus près le lien que les deux entretiennent. Si vous voulez tout savoir: pas grand chose. Là. Et j'ai préféré le roman. Magnifique. Abouti. Percutant. Porté par un style que l'on devine dur, sans concession, sec, parfois difficile, et par des personnages noirs et dépeints sans concession.
Le lien avec le film de Tarkovski est évident: il y est question d'une quête, quête de soi en même temps que quête d'un objet mythique censé exaucer les voeux. Mais là où Tarkovski livre un film presque contemplatif et centré autour de la quête de soi, la Zone étant le décors étrange qui la met en valeur, les frères Strougaski vont au-delà.Ils parlent certes de cette quête de soi, de ce que l'on pense souhaiter pour soi et pour les autres, de l'inanité de pouvoir réaliser ses voeux par le biais d'un objet ou d'une machine. Ils parlent du chemin à parcourir pour accepter de regarder en soi. Mais ils parlent aussi de l'arrogance de l'humanité et de son rapport à l'altérité. La Visite est une remise en cause de la place de l'humanité dans l'univers. Plus aucun moyen de se penser, de se croire au centre, de se croire l'espèce la plus évoluée. En tout cas pour tous ceux qui pensent, qui conceptualisent. Certains la voient comme un don, d'autres comme une malédiction, les plus cyniques comme un monstrueux hasard qui donne son titre à la précédente édition du roman. Un Pique-nique au bord de la route dont les hommes glaneraient les miettes comme les fourmis glanent les miettes des hommes malgré le danger. Une pensée glaçante, dérangeante, qui n'éclaire pas, loin de là, un monde en déliquescence où la convoitise et la volonté de posséder des armes plus puissantes que ses voisins donne lieu à une course absurde et dangereuse.
Dans cet univers, le Stalker, le Rouquin puisque tel est son surnom, est celui qui marche au coeur du danger. La question est de savoir pourquoi il continue à aller dans la Zone, à l'explorer et l'utiliser: pour le danger? par par appât du gain? pour autre chose? Le Rouquin est un personnage complexe, qui élève son métier au rang d'art, qui le possède, et qui est possédé par lui, par sa profonde humanité et son envie d'aider ceux qu'il aime: sa fille, sa femme, Kirill, etc. Autour de lui d'autres stalkers, aux parcours et motivations aussi complexes. Des scientifiques menés par la volonté de trouver la gloire, d'autres qui veulent la connaissance. C'est l'autre aspect fascinant de ce roman: pénétrer dans la Zone, c'est pénétrer dans des terres inconnues de la science et de la connaissance avec tous les dangers que cela implique et la possibilité de se brûler les ailes. Mais aussi le courage de passer outre la peur qui paralyse et agite le monde extérieur pour affronter l'inconnu et la possibilité de ne jamais parvenir à le réduire à quelque chose de compréhensible pour l'humanité. Pénétrer la zone, ça peut aussi être l'expression de la convoitise et de la bêtise. Pénétrer la Zone ça peut être accepter le danger pour le bien de tous. J'avoue ne pas trop savoir par quel bout attraper ce roman et avoir très peur d'en donner une analyse idiote tant il est dense.
Stalker est un roman âpre, profondément pessimiste, mais fascinant, profond. J'ai été totalement happée par cette histoire inépuisable quand le film m'avait laissé assez froide en dehors de ses plans superbes. Une très belle découverte à faire.
Strougatski, Arcadi et Boris, Stalker, Denoël, 2010, 5/5
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