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Littérature pour "Adolescents"

  • Quelques minutes après minuit - Patrick Ness

    livre-quelques-minutes-apres-minuit.jpgConor serait un garçon comme les autres, ne serait-ce la maladie de sa mère, le cauchemar qui envahit ses nuits et ce monstre qui apparaît quelques minutes après minuit, apportant avec lui le vent, la violence, l'obscurité. Il vient chercher la vérité.

    Autant l'avouer immédiatement, j'ai pleuré. A la terrasse d'une boulangerie, en attendant de récupérer T., le fidèle destrier, assise à côté d'un paquet de mécanos et de quelques impétrants égarés là comme moi. Moi qui ne pleure (presque) jamais. C'est dire. C'est une histoire de peur, de mort, de ce que coûte parfois la vérité et de ce que coûte toujours la maladie: l'innocence et le bonheur. On ressent ce que ressent Conor, l’ambiguïté des sentiments, la peur, la colère, même et peut-être surtout à l'encontre de ce monstre et de ses histoires.

    Petite particularité de ce roman, il a été écrit par Patrick Ness sur une idée originale de Siobhan Dowd, décédée en laissant derrière elle une ébauche et des personnages. Je n'ai pas lu ses romans, et ne ferait donc aucune comparaison avec ce qui aurait pu être. Et peu importe finalement tant ce texte est d'une force, d'une justesse et d'une beauté rare qu'accompagne à la perfection les illustrations de Jim Kay.

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    L'arpenteur de pages, Elbakin,...

  • Comment (bien) rater ses vacances - Anne Percin

    comment.jpgChez les Mainard, c'est la fronde. Ni Alice, neuf ans 3/4, ni Maxime, 17 ans ne veulent partir faire de la randonnée en Corse. Qu'à cela ne tienne, la première ira en colonie, le second chez sa grand-mère. Les vacances rêvées pour cet asocial patenté qui ne rêve que du cerisier et de l'ordinateur de son aïeule. Mais comme il n'est pas dit que la vie est un long fleuve tranquille...

    J'ai adoré. Adoré parce que ce roman est la démonstration que légéreté ne rime ni avec niaiserie, ni avec bêtise. Parce qu'il ne faut pas croire, les vacances de Maxime ne sont pas de tout repos entre sa grand-mère qui fait une attaque, sa soeur aux prise avec les affres de l'amitié, ses parents injoignables, quelques secrets de famille et une vie sociale qui semble prendre une tournure pour le moins déstabilisante pour l'ermite convaincu qu'il est. Mais ce n'est pas parce qu'on enchaîne les bourdes, que les problèmes s'accumulent qu'il ne fait pas prendre la vie avec humour, et de l'humour, Maxime en a à revendre, tout comme des références qui feront glousser de joie le lecteur au rythme des notes de bas de page qui parsèment le texte (vous ai-je déjà dit que j'ai une passion perverse pour les notes de bas de page?). Quant à ses expériences culinaires... Seigneur... J'en ris encore. Et je vais de ce pas me faire une bonne playlist des maisons avec les titres qui rythment la vie de Maxime.

    Bref, c'est drôle, c'est bon, c'est intelligent, j'en redemande. Complétement dindon quoi.

    Stephie a aimé, Cathulu, Clara,...

    Percin, Anne, Comment (bien) râter ses vacances, Le Rouergue, doAdo, 2010, 185p.

  • Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons - Jasper Fforde

    jennifer strange165x260.jpg" A une époque, j'ai été célèbre. on a vu ma tête sur des t-shirts, des badges, des tasses à tgé et des posters. J'ai fait la une des journaux, je suis passée à la télé, et j'ai même été invitée au Yogi Baird Show. Le Quotidien des palourdes m'a proclamée "L'adolescente la plus remarquable de l'année" et j'ai été élue femme de l'année par Mollusqu-Dimanche. On a deux fois essayé de me tuer, on m'a menacée de la prison, j'ai reçu seize demandes en mariages et j'ai été déclarée hors-la-loi par le roi Snodd. Tout cela et plus encore, et en moins d'une semaine.

    Je m'appelle Jennifer Strange"

    Outre le chocolat, il y a quelques petites choses qui ont tendance à me rendre étrangement compulsive, voire obsessionnelle. La sortie d'un nouvel opus de Jasper Fforde en fait partie. Rapport sans doute avec le fait que son imagination délirante a tendance à me faire a minima sourire bêtement, sourire qui a tendance à se transformer en gloussements qui eux-mêmes... Bref, vous avez sans doute saisi l'idée.

    Or donc. Jennifer Strange. Digne petite frangine de Thursday Next pour l'aplomb et la tendance à se retrouver embringuée dans des situations pas possible, mais qui se balade, elle, dans un univers qui mêle allégremment et avec talent références à notre monde et magie. Le tout assaisonné avec l'humour pince-sans-rire et le sens du rythme qui m'ont séduits dès L'affaire Jane Eyre. On trouve au fil des pages et pêle-mêle: une épée qui répond au doux nom d'Exhorbitus sans doute parce qu'elle a couté très cher, un Quarkon très, mais alors, très laid, des dragons, des chevaliers dont les affiches format poster ornent les chambres adolescentes, un roi un tantinet tyrannique, une dracomobile, des magiciens complétement barrés, des bienheureuses du Homard et des enfants trouvés, des dragons qui font peur. Le tout donne un récit initiatique fort bien troussé qui s'avère bien plus profond qu'il n'en a l'air, et se paie le luxe de parler avec drôlerie et finesse des travers du mercantilisme, de la cupidité humaine, de la préservation de la nature, des médias, et de quelques autres petites choses. .

    Autant dire que j'attend la suite avec impatience et vais guetter les nouvelles sorties de la collection Territoires dont les premiers pas sont plus que prometteurs!

    Emmyne a aimé.

     

    Fforde, Jasper, Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons, Fleuve Noir, 2011, 294p., 4/5

  • Dis-lui - Remi Stefani

    DisLuiStefani.jpgAlbertine , 17 ans, a tout quitté le temps de faire le point sur sa vie. Elle se retrouve serveuse dans le café tenu par un ami de son père, le marin toujours absent, tout près de la mer. Là, elle va trouver le pire, mais aussi l'amour et l'amitié.

     

     J'aurais aimé être dithyrambique, mais j'avoue avoir été quelque peu déçue par Dis-lui. J'attendais une belle histoire douce-amère, des personnages attachants... Et j'ai trouvé une histoire dans laquelle je ne suis jamais vraiment entrée, trop légère à mon goût, des personnages effleurés, un découpage en deux parties que j'ai trouvé un brin artificiel, des rebondissements qui ne m'ont pas convaincue. Mais il y a de belles qualités d'écriture et le concept intéressant de mêler au roman les chansons d'Albertine sur un joli papier bleu et que l'on entend interprétées par Chloé Stefani sur le CD qui accompagne le roman. Je ne me suis pas réellement ennuyée, mais j'ai trouvé le tout un peu fade.

    Rencontre ratée donc en ce qui me concerne, mais la cause n'est pas perdue, il y a quelques ados dans mon entourage qui me semblent séduites par le principe. Et c'est un très joli cadeau à faire!

    Liyah, un peu déçue, Pimprenelle, touchée,...

    Stefani, Remi, Dis-lui, Casterman, 2011, 207p.

  • Leviathan - Scott Westerfeld

    leviathan-Westerfeld.jpg1914. Veille de la Première guerre mondiale. Face à face, les darwinistes anglais, rois de la manipulation du vivant et de la biologie, et les clankers allemands, maîtres de la mécanique. L'étincelle? L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand provoque provoque une explosion dont les remous vont se faire sentir dans le monde entier et dans lesquels vont être pris Alek le fils de l'archiduc et Deryn Sharp, une jeune fille prête à tout pour voler, ce que lui interdit sa condition de fille.

     

    Mais que diantre nous a ficelé Scott Westerfeld me suis-je dis en attaquant ce pavé. Parce que bon, ça avait la couleur de l'uchronie, le goût de l'uchronie, mais avec un zeste tout même bien prononcé de steampunk, le tout mélangé à un brin de Première guerre mondiale, quelques bestioles bizarres et des illustrations. De quoi froncer un sourcil, voire deux. Et même trois. Seulement voilà, quand Westerfeld s'attaque à quelque chose, il ne fait pas les choses à moitié et résultat des courses, il offre non seulement un roman intelligent, mais en plus un récit d'aventure foisonnant qui, je dois l'avouer, m'a littéralement rivé les mains aux pages.

    Commençons par le commencement. Et au commencement était l'uchronie dont il maîtrise parfaitement les ressorts, en l'occurrence les mécanismes pour le moins complexes qui ont mené à la Première guerre mondiale. Bien qu'il distorde l'histoire en dotant l'archiduc d'un fils unique et en modifiant quelque peu les conditions de son décès, il décrypte parfaitement la logique des alliances, l'opposition entre pacifistes et bellicistes qui travers l'époque, et les intérêts des futurs bélligérants qui sont finalement d'autant mieux perceptibles qu'ils sont accentués par leurs choix scientifiques, et j'irais jusqu'à dire éthique. Parce que c'est  au fond de cela dont il est question, des choix de société et de la manière dont la science y entre en jeu, modifie les manière de faire et de penser, de vivre et de percevoir l'autre. D'un côté ceux qui manipulent le vivant, le transforment, l'utilisent comme une machine, de l'autre ceux qui usent et abusent du métal et des rouages. D'un côté le dégoût pour des mécaniques grinçantes, de l'autre le rejet de créatures diaboliques. Difficile de ne pas y retrouver en filigrane l'écho des débats qui agitent aussi bien le monde scientifique que les sociétés contemporaines sur les manipulations génétiques et leurs conséquences... Du coup, l'histoire d'Alek et de Deryn se déploie dans un décor magique, fait de machines terrifiantes et redoutables, d'un bestiaire étrange qui va de méduses volantes au magnifique et meurtrier Leviathan en passant par des chauve-souris transformées en armes, des abeilles, des drôles de moyens de communication et j'en passe, magnifiquement mis en image par les illustrations de Keith Thompson. Magique, mais redoutable aussi, animaux comme machines se transformant vite en armes dévastatrices. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la manière dont Westerfeld esquisse le choc qu'ont du être les premiers combats pour des jeunes gens patriotes et romantique qui étaient loin d'imaginer la boucherie à laquelle ils allaient être mêlés.

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    Du côté de l'intrigue, c'est indéniablement efficace. Je me suis laissée prendre au récit des aventures et mésaventures croisées d'Alek et de Deryn qui, si elles n'ont rien de bien révolutionnaire, se déroulent sans temps mort et sont portées pas une plume solide. Les références à Jules Verne dont est crédité le roman sont loin d'être usurpées: c'est un excellent mélange d'aventure et de SF à la sauce littérature pour jeunes adultes contemporaine. Les personnages principaux sont bien campés et attachants, les personnages secondaires remplissent parfaitement leur rôle avec quelques trouvailles à mon sens assez réjouissantes, comme l'apparition de la petite-fille de Charles Darwin en personne qui affirme haut et fort son originalité de femme indépendante ou encore d'un Winston Churchill qui semble ressembler fortement à ce que son alter ego de chair et de sang a pu être à la veille de la guerre. Dommage cependant qu'Alek et Deryn n'acquièrent pas un peu plus de profondeur au cours de ce premier tome, leurs secrets respectifs auraient pu le permettre. Je suis restée un peu sur ma faim quant à Deryn, sa vie avant et à bord du Leviathan et les difficultés de sa position de femme travestie. Et Alek m'a paru par moment curieusement naïf, voire enfantin dans ses réactions. Mais... ils sont jeunes! Et la confrontation entre les deux univers qu'ils représentent promet d'être un peu plus complexe dans les tomes suivants...

    Vivement le tome 2!

    On en parle sur Scifi-universe et Uchronies. Et sur le Cafard cosmique aussi.

    L'avis élogieux d'Emmyne et celui plus mitigé du Pingouin.

     

    Sauf avis contraire de Lhisbei, je compte ce titre dans le Winter Time Travel

     

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    Westerfeld, Scott, Leviathan, Pocket jeunesse, 2010, 5/5