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Precious Jones, 16 ans, illettrée, enceinte pour la seconde fois des œuvres de son père, brimée par sa mère, une vie d’ors et déjà brisée. Mais c’est sans compter avec l’espoir et les rencontres qui parfois permettent de changer les choses.
Bien, vous qui ouvrez ce livre, laissez derrière vous tout espoir. Du moins au départ. Parce que Push est une grande claque, sans aucun doute plus violente que celle que vous pourrez prendre en allant voir le Precious de Lee Daniels qui en est tiré.
Sapphire, l’auteur, est une auteur et poète de Harlem qui n’a pas hésité à écrire son récit dans la langue parlée par son héroïne : un anglais malmené, contourné, détourné magnifiquement rendu par le traducteur dont il faut au passage saluer le travail. Precious raconte avec ses mots, avec ses expressions l’horreur de sa vie quotidienne, des abus sexuels perpétrés par son père comme sa mère, les coups, la violence des insultes, les moqueries qu’elle essuie parce qu’elle est grosse, l’incompréhension et l’indifférence, la rage et la douleur, la volonté de s’en sortir malgré l’angoisse et l’envie, parfois, d’arrêter de respirer. On sort lessivé de cette expérience de lecture qui torture la langue et qui noue le ventre. Precious n’épargne rien de sa vie mais sans jamais tomber dans le pathos, le misérabilisme ou la dénonciation teintée de voyeurisme des dégâts causés par la pauvreté et l’ignorance. Elle raconte tout sans édulcorer, de sa descentes aux enfers à sa lente remontée vers une vie meilleure.
Parce qu’il y a toujours l’espoir rendu possible par les rencontres de hasard, par la chance qui s’offre, parfois, de commencer, ou recommencer à vivre. Cette chance, Precious la rencontre avec une école parallèle qui va lui permettre d’apprendre à lire et à écrire, à s’ouvrir au monde et à la possibilité de changer sa vie et celle de ses enfants malgré le sort qui s’acharne. Là, elle va petit à petit s'accepter, accepter son histoire et se donner un avenir, se choisir une famille, et découvrir qu'elle n'est pas si seule qu'elle le croyait. Elle va apprendre à exprimer ce qu'elle pense et sent à travers son journal et surtout, la poésie et des textes qui la touchent et lui parlent: Alice Walker, Langston Hughes... Ce que l'on devine à travers son récit, le journal de sa classe de la vie de ses camarades de classe dresse un tableau terrifiant et bouleversant de la condition féminine dans les ghettos, des lacunes et contradictions de l'aide sociale, de l'indifférence de ceux qui vivent en dehors de l'univers de ces pauvres. De quoi réflechir sur les chances que vous donne la vie.
C’est un roman incroyable, authentique, dur, mais aussi attachant. Un de ces textes essentiels qui racontent une vie, et touchent ce faisant à l'universel. Incontournable à mon avis.
Que dire du film... A sa manière, il est aussi un choc. J'en suis sortie l'estomac noué et sans voix. Sans condescendance, avec justesse, Lee Daneils a adapté le roman de Sapphire, lui rendant un hommage juste et parvenant à traduire ce qui fait la force du texte sans aucun voyeurisme. Bien sûr, certains choix, comme de se focaliser sur les rêves de Precious aux pires moments peuvent par moment sembler un peu artificiels, mais ils évitent de sombrer dans le sordide et de rendre le film totalemement insupportable. Ceci dit, le réalisateur épargne ainsi au spectateur ce que la romancière n'épargne pas à son lecteur. La crûdité de certaines scènes dans le roman est rare. Quand au jeu des acteurs, il est impeccable pour la plupart d'entre eux. Precious est superbe, sa mère glaçante. Dommage que la critique du système social qui transparaît dans le texte soit édulcoré dans le film: il n'est jamais question du rôle de l'école et de ses failles, et le personnage de l'assistante sociale est un peu trop idyllique même si cela a aussi le mérite de montrer que le rôle des travailleurs sociaux est loin d'être facile. Bref, un film qui présente quelques défauts, mais qui a le mérite de remettre sur le devant de la scène l'histoire de Precious même s'il ne peut pas rivaliser avec lui en terme de force.
Agnès est fille de pasteur d'un village du nord de l'Angleterre. Ses parents ayant subi un revers de fortune, elle décide de subvenir à ses besoins en occupant un des rares emplois accessibles à une jeune femme de bonne famille: gouvernante. Mais il y a loin des rêves à la réalité.
Anne Brontë, la seule des soeurs dont je n'avais jamais abordé l'oeuvre, non pas que je ne connaissais pas son existence, mais rien ne m'avait attiré vers elle à l'époque où je me plongeais avec bonheur dans Jane Eyre et entre-temps, ma foi, je l'avais purement et simplement oubliée. C'était donc une totale découverte.
Que dire, que dire... J'aurais adoré adorer, j'aurais adoré être fascinée, je me suis un peu ennuyée. Il faut dire qu'Anne Brontë est pour le coup une sorte d'OVNI dans ce que je connais des plumes féminines anglaises du 19e siècle. Elle n'a pas la passion de ses soeurs, pas une once de l'humour de Jane Austen, ni la profondeur de George Elliot. Je m'arrête là dans les références, c'est juste pour souligner à quel point je me suis trouvée surprise devant cette chronique sociale à la fois acérée et un peu fade. Comme Charlotte, Anne a choisit de raconter son histoire en donnant à entendre la voix de son héroïne. Agnès raconte sa décision de partir, sa première expérience douloureuse, la seconde tout aussi désastreuse, les changements brutaux que connaît son existence jusqu'à une fin certes heureuse, mais dans les même tonalités fanées que ce qui précède. Pourtant, le fond est intéressant: au lieu de romancer son expérience de gouvernante, Anne choisit de la raconter à travers Agnès de manière très réaliste, âpre, parfois même acide. Mais le tout est narré avec une froideur, une retenue qui ne permet à aucun moment de s'attacher aux personnages et aux situations. Agnès la première d'ailleurs, falotte au possible, retombant dans les mêmes situations, se soumettant à la loi des riches. Du coup, ses mésaventures répétées sont un peu lassantes, tout comme ses réflexions morales et religieuses, bien plus présentes que dans les oeuvres de ses soeurs.
Agnès Grey est un roman intéressant, plus froid que le passionné Jane Eyre ou Les hauts de Hurlevent, mais il a aussi moins parlé à mon coeur de lectrice, et plus à sa tête. Et ce n'est pas la naissance et le récit discret de l'idylle d'Agnès et de Mr Weston qui éveille le moindre intérêt ou attachement.
Au final un roman qui me laisse un petit goût d'inachevé. Je tenterai ma chance avec The Tenant of Wildfell Hall.
Orphelin, Hugo mène une vie peu ordinaire pour un jeune garçon: avec son oncle, il entretient les horloges d'une grande gare parisienne, rêvant aux temps enfuis où il regardait son père réparer montres et horloges et où ils partagaient la même fascination pour un automate qu'ils avaient retrouvé dans les combles du musée. Mais le jour où son oncle ne rentre pas il faut qu'il s'organise pour survivre, entre petits vols, tournée des horloges et son obsession pour l'automate qui, il en est certain, doit lui délivrer un message de son père. Jusqu'à sa rencontre avec un vieux vendeur de jouets et sa petite fille qui va définitivement changer sa vie.
La réaction que l'on a devant l'objet livre est parfois étrange. Je regardais Hugo Cabret et je soupirais à l'idée de m'attaquer à ce qui ressemblait à une énième histoire fantastique sous forme de gros pavé. Il faut dire que je ne l'avais pas ouvert et n'avais pas tenté de faire quelques recherches sur la bestiole. Et je vais vous dire, j'en suis heureuse. Parce que j'ai eu une merveilleuse surprise, parce que Hugo m'a embarquée dans ses aventures et que je n'ai pas eu envie de le laisser filer tout seul, pas une minute! Parce que L'invention d'Hugo Cabret est un petit bijou. Brian Selznick a choisit pour raconter l'histoire d'Hugo une forme qui fait plonger immédiatement le lecteur dans l'atmosphère sombre et angoissante des couloirs et recoins d'une gare. Les illustrations défilent, accèlerent et racontent le début de l'histoire. On rencontre Hugo, le vieux vendeur de jouet. Puis les mots prennent le relais, cèdent de nouveau la place à l'image, avant que quelques phrase ne surviennent par surprise. Alors qu'on pouvait s'attendre à un sentiment d'artificialité, le tout coule de source, fluide, agréable, fascinant même grâce au magnifique travail d'illustration de l'auteur et fait plonger dans le Paris de l'exposition universelle. Les double-pages en noir et blanc, découpées comme un story board sont autant de merveilles qui accompagnent une jolie histoire sur les premiers pas du cinéma et les magiciens qui en ont fait un art. La complémentarité des images et des mots est parfaite et donne l'impression de se trouver par moment devant un de ces vieux films muets et un peu saccadés. Autant dire que c'est un OVNI par sa forme, un choc visuel et un grand moment de bonheur malgré une histoire un peu légère. C'est à mon avis le seul défaut de cette merveille qui par sa forme fait un peu oublier qu'elle est destinée à des enfants! Reste une oeuvre qui touche, qui intrigue, et qui rappelle aussi que les mots et les images ne sont pas aussi ennemis que l'on veut parfois le faire croire.
Orpheline, Jane Eyre est élevée par sa tante, Mrs Reed, liée par une promesse faite à son époux mourant. L'enfant, maltraitée par ses cousins, considérée comme inférieure, menteuse et étrange ne trouve pas sa place dans la famille et est envoyée à l'école de Lowood. Malgré les conditions de vie désastreuses de l'établissement, elle survit pour devenir enseignante, puis gouvernante dans la maison de Mr Rochester. Dès lors, son destin est tracé.
Comme beaucoup de lectrices, j'ai découvert les romans des soeurs Brontë et par conséquent Jane Eyre à l'adolescence. Je me souviens avoir dévoré les aventures de Jane et de Mr Rochester, d'avoir frémi d'horreur, mais je me dois également d'admettre qu'une bonne dizaine d'années plus tard, j'en avais presque tout oublié. What a shame isn't it? L'heure était donc venue de me replonger dans l'oeuvre des soeurs, et la chance aidant, j'ai mis la main sur un livre réunissant trois romans, un de chacune des soeurs. Vous devinerez donc aisément ce qui vous attend dans les semaines à venir!
Mais revenons-en à Jane Eyre. C'est à mon humble avis, un roman extrêmement difficile à résumer. La preuve en est ma plate et indigeste synthèse ci-dessus. Difficile à résumer pour plusieurs raisons: l'intrigue est très simple et faussement simple. Je m'explique: quand on lit n'importe quel résumé du roman, on se dit qu'on est devant une énième histoire de gouvernante méritante épousant à la fin son prince charmant malgré diverses péripéties se passant de préférence dans un manoir sombre et humide. Certes. Mais quand on tourne la dernière page, on se rend compte que c'est infiniment plus que cela, et que c'est grâce aux personnages et à la modernité indéniable que Charlotte Brontë insuffle à une intrigue finalement assez peu originale.
Regardons-là de plus près: Jane Eyre donc, modeste petite gouvernante, orpheline, fille de pasteur et éduquée dans une école de charité trouve une place chez le riche et noble Mr Rochester. Lequel tombe amoureux de la gouvernante et lui offre le mariage. Las, la première femme de Mr Rochester, folle, vit toujours. Jane Eyre s'enfuit, est recueillie par le plus pur des hasard chez ses cousins, retrouve Mr Rochester veuf et aveugle et l'épouse. Deux coups de cuillère à pot et l'affaire est entendue. Sauf que c'est la voix de Jane que Charlotte Brontë donne à lire, et qu'à cette voix à travers elle donne à entendre une nature passionnée et impulsive.Sauf qu'on se retrouve perdu dans une lande superbe et hostile et dans les couloirs d'une demeure pour le moins angoissante.
J'ai aimé de nouveau Jane Eyre, sans doute pas pour le même raisons que je l'avais aimée autrefois. Je l'ai aimée pour la manière dont elle survit à l'adversité qui la frappe, pour son caractère détestable, obstiné, insolent qu'elle tente de faire taire et cache soigneusement. Je l'ai aimée pour son besoin d'action et de mouvement, pour ses doutes et la manière dont elle se préserve au mieux d'un amour qui met en danger son avenir et sa dignité.
Et que dire de Mr Rochester! L'homme qu'on devrait détester et qu'on ne peut pas s'empêcher d'aimer. Le ténébreux Mr Rochester et ses sombres secrets! En voilà un autre qui n'est pas ce qu'il devrait être: au lieu d'un noble soucieux de son rang, on se retrouve avec un homme au caractère tout aussi détestable, qui n'hésite pas à raconter à son oie blanche de gouvernante la vie dépravée qu'il a mené et qui tente sans aucun srcupule de l'épouser alors qu'il est déjà marié! Quand à Saint-John, le rival de Mr Rochester, on devrait l'aimer, et on le déteste pour sa rigueur morale (mais le pauvre n'est pas aidé par son prénom il faut dire), pour son insensibilité et son sens des convenances! Et Jane d'être déchire entre son amour pour l'homme qui a trompé sa confiance et celui qu'elle devrait aimer! Moderne je vous dit!
Bien sûr, Jane Eyre reste un roman très moral: on a droit à de (parfois) longues et (parfois) lassantes digressions morales et religieuses, à des citations bibliques en veux-tu en voilà. Bien sûr, Jane est recompensée à la fin pour sa droiture, Edward Rochester punit pour ses pêchés et tout est bien qui finit bien, mais entre temps, qu'est-ce qu'il ne s'est pas passé dans les murs de ce manoir bien évidemment obscur, humide, et hanté par une folle! Des tentatives de meurtre, des incendies criminels, des diseuses de bonne aventure, des complots, des demandes en mariage, des tentatives de subornation,on ne s'ennuie pas! Et il n'y a pas de place pour les sentiments tièdes! Oh que non! Passion amoureuse, haine, jalousie dévorante, désir de possession, foi fanatique, la liste pourrait être encore longue! J'admets que certaines tirades m'ont tiré un sourire plutôt qu'une larme, et que, au passage, on sent que Charlotte Brontë était fille de pasteur. Je me bornerais à souligner que malgré cette origine, elle affirme aussi face à un christianisme rigoureux et austère, une foi qui ne refuse pas l'amour, le pardon et les joies terrestres et raconte avec ferveur et talent une superbe histoire d'amour qu'elle mêle de réflexions sociales loin d'être inintéressantes.
Bref, vous l'aurez compris, j'ai redécouvert avec bonheur ce roman qui va regagner la place qu'il mérite sur mes étagères. La prochaine fois, je n'attendrai pas dix ans avant de me dire que c'est sympa de relire les classiques une fois devenu grand. Ou vieux, c'est selon le point de vue! Remarquez que la BBC se chargera sans doute de procéder aux piqûres de rappel nécessaire puisqu'elle réadapte régulièrement en série les grands classiques de la littérature anglaise, adaptations que je ne saurais trop chaudement recommandé tant elles sont en général de petits bijoux.
Le Jane Eyre version 2006 ne fait d'ailleurs pas exception! Et pas seulement parce que l'acteur choisi pour le rôle de Rochester (Toby Stephens) est Rochester. Enfin, disons que c'est ce qui a commencé à vraiment me convaincre! Brun, ténébreux, un charme fou sous des traits taillés à la serpe, le cheveu qui ondule, l'oeil qui frise, en deux minutes, je ne voyais plus Rochester autrement! Certes il a fallu attendre un moment son apparition, mais comme Ruth Wilson incarne également à merveille Jane Eyre et que les décors sont somptueux, faire preuve de patience n'a pas été trop difficile!
C'est une adaptation fidèle, qui gomme les petites longueurs du roman, les envolées religieuses et romantiques, et malheureusement, lui fait aussi perdre un peu en profondeur. Certains des aspects les plus choquants (pour le lecteur du 19e siècle, je dois dire que j'en ai lu d'autres) de l'intrigue sont modifiés, comme le fait que Mr Rochester propose bien à Jane de vivre avec lui comme mari et femme et non comme frère et soeur. Dommage parce que cela explique au passage la fuite de Jane. Mais pour le reste, tout est impeccable et fait frémir de plaisir l'addict aux dramas historico-littéraires que je suis!
Ne boudez donc pas votre plaisir, lisez ou relisez Jane Eyre avant de vous offrir quelques heures de bonheur avec Toby Stephens et son air renfrogné!
Il y a quelques courtes semaines de cela, alors que j'allais la bouche en coeur et le coeur en fête me poser dans une salle pour voir un bon (si, si je vous jure) film, ma route a croisée celle de Zeus. Le vrai, le grand, le brillant, le barbu, le tonnant, Zeus quoi. Encore que je n'avais jamais entendu parler du halo bleu, mais ma foi, une information avait fort bien pu m'échapper. Après tout, on trouve difficilement le Closer de l'Olympe, même à Paris. Un drame si vous voulez mon avis mais bon, ce n'est pas franchement la question et nous reviendrons sur les problèmes fondamentaux de la vie quotidienne une autre fois si vous le voulez bien.
Une rencontre hors du commun, je peux vous l'assurer! Une de celles qui captent instantanément votre attention. J'ai juré sur mon honneur que ce film là, je n'allais pas le manquer. Ceci dit, je mens un peu: il y a avait déjà un moment que mon attention avait été captée dans le métro par une sublime affiche. Je ne sais pas vous, mais moi quand je vois trois ou quatre personnages qui semblent tout à fait prêts à prendre le départ du marathon de Paris, ça m'intrigue.
Et quand on plus, on me colle à toutes les stations un Sam Worthington hurlant avec une épée à la main, que voulez-vous, mon intérêt est en alerte maximum. Autant vous dire que la bande-annonce m'a fait un effet boeuf et que je me suis empressée de faire part de la nouvelle à mes copines de daube préférées, vantant avec enthousiasme le superbe Zeus bleuté magnifiquement campé par Liam Neeson. Je n'ai pas eu à faire preuve de beaucoup d'éloquence. Fashion, notre grande prêtresse de la daube a immédiatement couiné, suivie de prêt par une Bookomaton prête à se lancer dans l'aventure avec nous.
Dont acte. Oui, acte, vous avez bien lu. Vous ne pensiez quand même pas que nous allions louper ça alors que le début d'année a été aussi pauvre en daubes!
Et alors? Alors à la sortie je me suis demandée comme diable j'allais bien pouvoir pondre un billet sur la question. Pas que l'inspiration manque, mais une telle avalanche de références hautement culturelles m'a laissée littéralement sans voix. Je vais néanmoins tenter de rendre hommage comme il se doit à cette magnificente réécriture daubesque de la mythologie greco-popularo-pulpesque qui pose des questions existentielles profondes sur le slip de superman et les bisounours.
Tout commence, comme vous pouvez-vous en douter avec quelques nébuleuses (dans lesquelles sont écrites les plus vieilles histoires en forme d'amas d'étoiles diverses et variées, c'est bien connu), des titans, leurs rejetons, une terre et un ou deux raccourcis. Ce ne sont que les premiers, et la Méduse ne sera certes pas la seule couleuvre qu'il faudra avaler en deux heures. Le scénariste aurait du s'offrir la mythologie grecque pour le nuls, ça nous aurait évité un Kraken et une vache sacrée, mais ceci est une autre question.
Nous voilà donc en mer avec un sympathique pêcheur barbu quand "bloup"! surgit des vagues un sarcophage contenant entre autre, un mignon petit bébounet qui deviendra très très musclé. Le problème des bébounets qui deviennent très très musclés, c'est que quand on leur bave sur le steak, ça les énerve, et que dieu de l'Olympe ou pas, ça ne va pas se passer comme ça, non mais!
Voilà donc notre Persée très très énervé qui recrache l'eau de mer que ce crétin de Hadès lui a fait avaler (perché sur la seule planche qui a surnagé au naufrage, heureusement que l'eau n'est pas trop froide sous ces latitudes et que Rose n'était pas là, sinon il aurait fini comme Jack) et qui jure de venger sa petite famille ( qui n'est pas sa famille, je ne sais pas si vous avez suivi, Persée est le fils de Zeus et pas du sympathique pêcheur barbu qui l'a repêché, puisque c'est son métier).
Ça, c'est avant d'apprendre qu'il est un demi-dieu dans le palais du roi d'Argos, de se prendre quelques baffes et d'accepter son destin grâce à Io dont on ne sait pas trop ce qu'elle vient faire dans cette galère. Attention hein, pas son destin de demi-dieu! Non parce que le grand barbu en armure qui brille ne s'est jamais occupé de lui, alors il peut continuer à jeter des éclairs, rien à cirer! Si Persée se bat, ce sera comme un homme!! Je vous jure, il y avait des résonances de Kipling dans tout ça, des trémolos, de la virilité! On aurait presque entendu une respiration chuintante par-dessus,mais à notre grand étonnement, l'armure est restée luisante, aucun casque noir n'a fait son apparition, et Persée n'a pas perdu sa main et criant "Noooooooooooooooooooooooo"! Même pas peur Persée, il envoie paître son dieu de géniteur! Son père à lui, c'est un pêcheur, na! Et pas un grand type bizarre à la respiration chuintante qui brille et qui est tout énervé parce qu'il ressemble à Michael Jackson dans ses clips (enfin, c'est l'interprétation de Bookomaton).
Voilà donc notre Persée partit en jupette et armure à ailette accompagné de son boys band aux cheveux gominés et à la barbe tressée, et d'une Io qui se balade à moitié nue et les cheveux à l'air, ce qui est effectivement la tenue préférée de grecques de l'époque.
En route il croise des scorpions géants mais sans leur roi, des ents en plus petit et qui grognent comme Chewbaka (mais sans Han pour faire la traduction) et qui sont des djinns comme dans Aladin, il marche sur des crètes comme dans Le seigneur des anneaux mais sans la neige parce que les scorpions vivent dans le sable, sort du bide d'un scorpion géant couvert de morve, fait un tour dans le manège de Pirate des Caraïbes, et se révèle super doué. Ben oui, l'avantage d'être un demi-dieu, c'est quand même de pouvoir manier le glaive (oui, le glaive) magique ou non sans avoir besoin de s'entraîner et de papouiller Pégase himself après que Io lui ait parlé au creux de l'oreille. C'est vrai, j'ai oublié de vous parler du glaive magique qui marche encore mieux qu'un sabre laser. Non seulement il brille bleu, mais en plus il ne marche que quand son propriétaire l'utilise. De quoi éviter bien des problèmes.
Après avoir bousillé trois sorcières et une Méduse à dreadlocks, pleuré un bon coup sur le cadavre de Io massacrée par un vilain pas beau tout brûlé (le mari de sa mère, c'est que c'est compliqué la mythologie grecque quand même: Zeus fait des bébés à des mortelles, les époux légitimes ne sont pas contents, ils tuent tout ce qui bouge y compris les rejetons de Zeus, et en plus de tout ça, chez les dieux eux-même rien de va plus, la preuve, Hadès fait des nuages noirs au mépris du développement durable, tout ça pour se démarquer de l'armure brillante de son traître de frangin), il grimpe sur Pégase, marave le Kraken amené dans le coin par le gulf stream, effectue un plongeon impeccable pour sauver la princesse sacrifiée à l'Alien au milieu des débris de muraille. Il se réveille grâce à son cheval ailé (toute ressemblance avec un barbu tombé d'une falaise serait purement fortuite), largue Andromède sur sa plage déserte des tropiques parce qu'il n'est qu'un homme (on l'aura compris), après tout, il y a quelques trirèmes qui s'annoncent à l'horizon, et d'abord il ne veut pas régner sur Argos, et s'envole sur fond de soleil couchant. On entendrait presque "I'm a poor lonesome cow-boy", c'est vous dire. Revenu sur les lieux du naufrage initial, il écrase une larme, échange quelques blagues viriles avec son divin papounet qui en fait a de l'humour dès qu'il réussit à se débarasser de son armure qui brille, et retrouve Io. Elle n'avait pas épuisé ses points de vie, c'est quand même sympa.
J'ai quand même une question qui me taraude: la princesse (Andromède donc) après avoir été attachée par les poignets au-dessus des murailles se paie une chute d'une cinquantaine de mètres dans l'eau, accompagnée par quelques monceaux de très gros cailloux. Après avoir tué le méchant, le héros plonge, la retrouve et la sauve. La princesse est forcément wonderwomen, parce que seule wonderwoman ne se noit pas une fois dument assommée. Mais si elle est wonderwoman, il est superman. Et s'il est Superman que diable a-t-il fait du slip? Et était-il bleu? Aidez-moi, la réponse pourrait sauver le monde et permettra sans doute par déduction scientifique de savoir à quoi ressemblent les bisounours à poil. Et que diable venait faire Eusèbe dans cette galère?
Autre question: qui est le coiffeur de l'Olympe? Et je veux le styliste aussi! Les coiffures sont démentes de bouclettes et choucroutes, et les fringues des dieux transcendantes, c'est le cas de le dire! Je veux les mêmes fringues qu'Athéna!
Hem. Désolée. Quand on atteint à la quintessence de la daube ultime, quand le tréfond des abysses de la daube est atteint et que le scénariste continue à creuser encore, c'est purement et simplement incroyable. Le choc des titans est un film extraordinaire, un de ceux qu'on n'oublie pas et qui provoquent des phénomènes étranges! J'ai vu pour la première fois Fashion regarder sa montre pendant une daube. Vous avez bien lu! Je vous jure! Stéphanie, si tu avais pu voir ça! Incredible comme elle dirait elle-même!
Alors Le choc des titans, c'est de la référence à tous les étages, de la jupette, du muscle utile, de la barbe tressée, des répliques fracassantes, du soleil couchant que même dans les telenovas il n'osent pas. On en sort médusé et c'est peu de le dire, comme l'a si bien dit Fashion.
Bon, je laisse le dernier mot à la bande-annonce, c'est un tel bonheur que je ne peux pas y résister!