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Bulles

  • Les vieux fourneaux - Lupano et Cauuet et au

    les-vieux-fourneaux-bd-volume-1-simple-205635.jpg"Qu'est-ce que tu veux faire d'autre? A nos âges il n'y a guère que le système qu'on peut encore besogner. Du coup, ma libido s'est reportée sur la subversion."

    Et ce n'est pas la libido qui manque aux trois vieux anars/aventuriers/autres sur le retour qui se consacrent à qui mieux mieux à pourrir la vie de la société en utilisant toutes les armes à leur disposition, des cannes blanches aux petites faiblesses du grand âge, le tout en vengeant des amours bafouées, et en luttant contre le grand capital. Et en embarquant une petite-fille qui aurait préféré continuer à se consacrer à ses marionnettes.

    C'est absolument réjouissant de la première à la dernière case des deux albums pour l'instant parus: les dialogues pourraient être signés Audiard, le scénario est ficelé à point, les personnages sont attachants en diable, le dessin parfait, le regard sur la société acéré. J'adore, je conseille, je surligne et si je pouvais, je ferais clignoter en rose avec des paillettes.

    Une petite dernière pour la route? C'est bien parce que vous insistez: "Mais qu'est-ce qu'il a dit? Parle ou c'est l'automne des gencives!"

  • Milady de Winter - Agnès Maupré

    62569253_p.jpgDieu sait que j'ai adoré détester cette garce de Milady au fil de mes lectures de Dumas, l'espionne, la traîtresse, la dépravée abjecte qui détruit tout sur son passage, qui trompe d'Artagnan, qui a fait d'Athos cet homme taciturne et désespéré. Bon, pour être tout à fait honnête, prenant de l'âge, je lui aurait presque été reconnaissante de la partie sus-mentionnée... C'est que l'homme brun et taciturne a un je ne sais quoi de fascinant en littérature. Surtout avec quelques cicatrices. Or un mousquetaire... Bref. Je m'égare. Milady donc.

    Milady qui ne fut pas toujours Milady. Dans mon souvenir, Dumas effleure son histoire pour mieux effrayer, condamner l'âge damnée du cardinal. C'est que là où il y a capes et épées, il faut bien des méchants. Quant aux raisons de ses actes, en faut-il seulement?

    Pour Agnès Maupé, la réponse est manifestement oui et, sous sa plume, c'est un destin tragique qui prend forme. Belle, dangereuse, sans vergogne, Milady l'est toujours, mais sous les actes qu'elle commet pour son propre compte et pour celui du cardinal de Richelieu, se révèlent les drames et les violences dont elle a été victime, la naïveté qui affleure par moment et l'espoir déçu que les blessures peuvent guérir et le passer s'effacer. Nécessité faisant loi, Milady est devenue une louve, qui, de victime, s'est faite vengeresse. Et qui pourrait lui en vouloir? C'est un portrait nuancé qui s'ébauche puis s'affirme, celui d'une femme qui s'est voulue libre et qui a payé cette liberté au prix fort avant de se heurter inéluctablement à la loi des hommes: on frémit au fil des pages de découvrir les épreuves qu'elle traverse, le coeur serré de l'aveu d'une naïveté folle qu'elle ose: "C'est la première fois que j'ai une amie, vous savez?"

    milady-de-winter-2.jpgC'est une partie du sel de ces deux albums de voir les héros sans peur et sans reproches par les yeux de Milady, de refaire connaissance avec le cardinal de Richelieu. L'un devient homme d'Etat dont les complots vont de pair avec une forme de sagesse réjouissante, les autres oscillent entre bêtise et veulerie, au point qu'on hésite à dire qui est le pire d'Athos, confit de rancune, ou de d'Artagnan, d'une rare inconséquence. Quant à la reine Anne... Comme quoi le point de vue fait tout.

    Chose appréciable, ce n'est pas parce que ledit point de vue change, que la trame du roman est oubliée. On retrouve dans les deux albums tous les rebondissements de récit de Dumas. Et si la forme implique quelques raccourcis, l'humour et le dynamisme qui sont insufflés dans les planches les font rapidement oublier: j'ai trouvé le choix du noir et gris, les traits fins et nerveux en totale adéquation avec le récit, les dialogues enlevés et piquants ajoutent au plaisir.

     

     

    Je laisserai le mot de la fin à Milady, elle le mérite:

    " Je vous explique que, dans un monde de chiens, il faut devenir un loup.

    Evidemment vous ne comprenez pas.

    Vous êtes un petit lapin."

     

    Lelf en parle, le Bar à BD aussi.

    Le blog de l'auteur.

    Maupré, Agnès, Milady de Winter, Ankama, 2 tomes.

  • Cancer and the city - Marisa Acocella

    cancer_and_the_city-9eee0.jpgMarisa Acocella, 43 ans, une vie de new-yorkaise bien remplie entre stilettos, dessin, soirées hype et amoureux. Si bien remplie qu'elle en oublierait presque de parler à son médecin de cette petite boule au sein qui est apparue depuis quelques temps. Sauf que le cancer ne se laisse pas longtemps ignorer...

    Mais qu'à cela ne tienne. Son combat contre le crabe, elle va le raconter en images.

    N'étant pas accro de Sex and the City, ni même des stilettos, je me demande bien ce qui m'a attirée vers la couverture pimpante de cet album. Sans doute son titre, un brin intriguant, et la working girl pleine de peps qui s'agite. C'est une bonne surprise, voire une excellente surprise. Le sujet n'est certes pas follement drôle, mais Marisa Acocella, qui met en dessin son expérience de la maladie, sait la raconter avec dignité et humour. Il y a les incontournables traitements et autres seringues bien sûr, mais surtout une belle analyse de ce que ce combat, a changé pour elle, à commencer par son regard sur le monde. On oscille entre le journal intime et le documentaire, le rire et les larmes en entrant dans le quotidien de cette femme qui se bat aussi bien contre la maladie que contre elle-même, doit gérer ses chimios et un entourage haut en couleur tout en tentant de rester la fashionista qu'elle était AC (avant cancer).

    Un beau témoignage.

    La chronique BDGest,...

      Acocello Marchetto, Marisa, Cancer and the City, L'iconoclaste, 2007, 212p.

  • En cuisine avec Alain Passard - Christophe Blain

    En-cuisine-avec-alain-passard-226x300.jpgSi j'aime cuisiner, flâner sur les marchés et dans les boutiques gourmandes, manger aussi, je ne connais pas forcément très bien l'univers des grands chefs. Quelques noms bien sûr, parmi les plus médiatiques, d'autres chinés au gré des blogs et des revues culinaires que je suis de temps en temps avec plaisir. C'est ainsi que le nom d'Alain Passard me disait quelque chose... Plus vaguement que celui de Christophe Blain certes. Je pourrais dire que j'ai honte, mais en fait, j'ai été ravie de (re)découvrir ce grand chef par les yeux de ce grand auteur de bande-dessinée et je n'ai maintenant qu'une envie, c'est aller faire un jour un détour par L'arpège, et goûter une des petites merveilles élaborées dans ses potagers et ses cuisines.

    Christophe Blain raconte dans son oeuvre comment un jour, son éditeur lui propose de faire un livre avec un grand chef, et comment il atterrit à L'Arpège, voit quelques coeurs et étoiles en dégustant le "petit légume", "la petite mousse", rencontre Alain Passard et s'embarque dans une aventure qui va durer quelques années et au cours de laquelle il va assister en témoin privilégié à la vie de ce chef et de son équipe. Résultat? Une oeuvre superbe, émaillée de recettes qui mettent l'eau à la bouche, un témoignage passionnant sur la grande cuisine et sur ce chef habité par son art. Bref, un petit bijou souvent drôle qui plonge le lecteur dans les coulisses d'un restaurant étoilé, dont l'absence de cases, le dessin éclaté sur les pages donne à sentir l'énergie d'Alain Passard, sa passion pour son art, son investissement dans son métier, la manière dont il fédère autour de lui. C'est peu de dire que j'ai dévoré le tout! Et que je ne regarderai plus jamais une betterave de la même manière!

    en-cuisine-avec-alain-passard.jpg

     

     

    Une interview de Christophe Blain.

    Le site d'Alain Passard et L'Arpège.

     

    Merci au Pingouin et à E. qui se reconnaîtront!

    Blain, Christophe, En cuisine avec Alain Passard, Gallimard, 2011, 4.5/5

  • Les trois vierges - Yslaire, Boccar

    9782723439541_1_75.jpg9782723443173.gifTrois femmes de trente ans, conçues pour ce voyage, partent à la recherche du vaisseau Jupiter 4 parti quelques années auparavant. 50 ans de voyage, le huis-clos, inévitable, devient catastrophique lorsque la mission accumule les problèmes.

    Je suis passée à côté de cette bande-dessinée en deux tomes comme je suis rarement passée à côté d'une bande-dessinée. Que dire... Que le format est intéressant? Indéniablement. Que le dessin est très beau? Aucun doute pour moi. Mais pour le scénario... La situation de départ est intéressante, sans rien de très original, certes, mais j'ai trouvé que de l'absence de vieillissement des trois héroïnes,  à la manière dont petit à petit la machine se détraque, en passant par les rancoeurs qui explosent, la folie qui s'installe,  rien de tout cela n'est exploité jusqu'au bout et les personnages n'ont pas eu à mes yeux suffisamment de substance pour que je prenne un intérêt réel à leur destin. Mais comme je n'ai jamais réussi à rentrer dans les univers développés par Sylaire, ce n'est sans doute pas très étonnant.

    Une grosse déception donc, mais reste la technique, et la beauté de certaines cases, le vaisseau et l'espace.

    Sylaire, Boccar, Trois vierges, t.1 Dyane, t.2 Atena, Glénat

    65254762.jpg

     

     

    Et encore une contribution au challenge Summer Star Wars!