Certains esprits chagrins (ils se reconnaîtront s'ils passent par ici) vous diraient que mon pire défaut lorsque je suis en voyage, est de vouloir grimper sur tout ce qui ressemble à une tour, une montagne ou une colline. Certes. Ils ajouteront sans doute qu'il ne faut pas me lâcher dans une ville d'art et d'histoire sous peine de me retrouver avec un plâtre faute d'avoir regardé où je mettais les pieds, voire de ne pas me retrouver du tout. Sans aucun doute. Mais il y a pire! Mon amour immodéré de la peinture italienne dans ce qu'elle a donné à mon humble avis de meilleur: les primitifs et la Renaissance! Bizarrement, les gens ont parfois du mal à comprendre ce que la mécréante que je suis trouve de si fascinant dans des annonciations, des adorations et autres -ions. Tant pis pour eux! Ils ne savent pas ce qu'ils ratent!
(Ca, ce sont des tours sur lesquelles j'ai allégrement grimpé!)
Ce qui ne m'empêche bien évidemment pas d'être totalement incapable de me souvenir du nom de mes peintres préférés! Un poisson rouge en plus du reste!
Bref, après cet horrible coming-out, je reviens à mes moutons, soit la sublime rétrospective Mantegna que le Louvre offre aux parisiens et aux touristes jusqu'au 5 janvier 2009. L’exposition réunit un ensemble d’œuvres qui permettent de retracer les grandes étapes de la carrière du peintre et de l’évolution de son style. Aux œuvres de Mantegna proprement dites, font face les travaux de ses contemporains ou de ses successeurs : toiles, retables, manuscrits enluminés et illustrés, carnets de croquis, dessins préparatoires, sculptures, gravures, etc… Une diversité fort appréciable dans un parcours aussi long ! On croise ainsi Bellini fils, Ghirlandaio, Léonard de Vinci, Corrège, Girolamo da Crémona, Van der Weyden… Cette conception de l’exposition permet au profane comme au spécialiste de relever les influences que ces artistes ont exercé les uns sur les autres. Autant dire que cela peut facilement se transformer en une chasse au petit détail qui fera toute la différence ! C’est passionnant et fascinant de voir à quel point avec des sujets identiques et des techniques proches, ces artistes ont créé des œuvres profondément différentes, exprimant ainsi leurs personnalités.
J’avoue avoir été très impressionnée par l’œuvre de Mantegna. Je connaissais pour les avoir croisées au hasard de mes pérégrinations quelques unes de ses œuvres, mais voir cet ensemble permet de mieux appréhender son incroyable talent. Il semble faire ployer la lumière et la contraindre à éclairer son sujet de la manière la plus juste possible. Les drapés, les détails des vêtements, l’expressivité des visages sont à chaque fois une surprise. Quand aux arrière-plans, ils justifient à eux seuls les longues minutes que l’on peut passer le nez à dix centimètres de l’œuvre !
Mais foin d’explications ! Voilà quelques unes des œuvres qui m’ont le plus touchée.
Saint Marc (huile sur toile conservée au Museum Städel de Franfort sur le Main)
J’ai beaucoup aimé ce portrait de Saint Marc ! Il a un petit air illuminé qui lui donne un aspect presque guilleret !
Ce Saint Sébastien est grandeur nature (j’espère avec ferveur ne pas m’être trompée de toile) ! Autant vous dire que la tension, l’horreur qui se dégage de cette toile est à la mesure du supplice infligé au saint ! C’est là encore une merveille de détail et de couleurs !
La Madone entourée de saints, avec François II de Mantoue à genoux (huile sur toile conservée au muée du Louvre)
Cette Madone est absolument monumentale. On tombe en arrêt devant elle en entrant dans une salle. La douceur du visage de la Vierge est bien loin des visages un peu déformés que l’on peut voir sur des œuvres de peintres antérieurs. On commence à trouver chez Mantegna la beauté des modèles de la Renaissance. On ne le voit pas sur cette toute petite reproduction, mais le dais végétal sous lequel se tiennent les personnages est une merveille de détail et de richesse qui fait un contrepoint parfait aux drapés et aux couleurs.
La présentation de Jésus au temple
Rien à ajouter !
Une œuvre un peu différente, commandée par Isabelle d’Este pour son studiolo du palais ducal de Mantoue. Cette allégoie s’intègre dans un ensemble (présenté là au complet) qui comprend entre autre un Corrège, un Lorenzo Costa, un Pérugin…
Et pour terminer, celle qui est pour moi une des plus belles Madone à l’enfant
Je m’arrêterais là en espérant ne pas avoir assommé d’ennui ceux qui seront parvenus jusque là ! Emportée par la passion, j’aurais bien continué encore un peu ! Mais autant vous laisser le bonheur de découvrir le reste…