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  • Qui comme Ulysse

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    Je ne suis pas la première, et je ne serai pas la dernière à vous parler du recueil de nouvelles de Georges Flipo. J'ai eu le grand plaisir de trouver dans mon courrier l'Ulysse et ses valises,et de pouvoir me plonger dans des histoires qui m'ont fait voyager de par le monde et dans l'âme humaine par les odeurs, les goûts, les couleurs et l'imagination.

    Le point commun des personnages mis en scène par Georges Flipo? Se découvrir dans le voyage, et parfois se trouver quelque soit le destin qui les attend à l'issue du voyage. Il ne s'agit pas toujours d'un voyage physique: si je devais choisir ma nouvelle préférée parmi les quatorze qui composent le recueil, ce serait sans doute La route de la soie pour la tendresse et le bonheur tranquille qu'elle dégage. Cet homme vieillissant et solitaire qui met en mots et en images les voyages des autres, talentueux faussaire de l'ailleurs m'a littéralement enchantée. Il est la version moderne de ces hommes et ces femmes qui ont voyagé sans quitter leur fauteuil ou leur lit. J'ai aimé ce rappel du fait qu'il n'est pas toujours nécessaire d'aller loin pour découvrir le monde et les hommes.
    Mais il n'y a pas que lui: l'adolescente de L'île Sainte-Absence, l'écrivain aux empanadas, le joueur d'échec ont tout autant de charme. On tourne les pages avec gourmandise et attente, le coeur tenaillé par l'envie de savoir ce qu'il va advenir d'eux, et le regret de voir trop vite arriver la fin du chemin. Et jamais on ne se lasse tant ces histoires sont différentes les unes des autres et tant il y a apprendre d'elles et du cheminement de leurs héros. Comme tout le monde, ils cherchent un sens à leur vie, un retour aux sources, une fuite en dehors d'un quotidien trop terne et lourd à porter. C'est parfois triste, c'est souvent passionnant, de temps en temps drôle,  de loin en loin un brin cynique, c'est la vie tout simplement, croquée avec gourmandise quelque soit la chute de l'histoire!! Mais je me pose une petite question... Y répondrez-vous monsieur Flipo? Pour décrire les gens et ce qu'ils mangent et boivent avec autant de gourmandise, êtes-vous vous même gourmand?

    Un petit bonheur de lecture comme je les aime et que je ne peux que chaudement conseiller!

    Ulysse est déjà passé chez
    Amanda, Cuné, Fashion, Papillon, Laure, Kathel, Cathulu, Le Bibliomane,... Je lui souhaite bon vent pour ses prochaines étapes.


    Georges Flipo, Qui comme Ulysse, Anne Carrière, 2008, 253 p.

  • Pénélope et Ulysse for ever

     

    Ce brave vieil Ulysse avec son bateau, son cyclope, ses dieux et ses déesses en colère,  ses moutons et ses cochons. Ce brave vieil Ulysse et ses folles aventures. Ce brave vieil Ulysse… Et Pénélope alors ? Oui, Pénélope ! Mais si voyons, Pénélope la femme d’Ulysse, celle qui a passé 20 ans à attendre son guerrier et aventurier d’époux !! Et oui, on l’oublie trop souvent Pénélope, ou on la réduit à sa tapisserie inachevée ! L’oubli est réparé par Margaret Atwood avec talent dans son Odyssée de Pénélope. Plutôt que de se pencher sur l’homme, elle se penche sur la femme et révèle celle qu’a pu être la reine Pénélope. La fille d’un roi et d’une naïade que son père tenta un jour d’assassiner, la falote cousine de la sublime Hélène, la jeune fille vendue au roi d’Ithaque, la femme lucide, forte et rusée.

    Pénélope est aux enfers, et des enfers, elle raconte sa version de l’histoire. Ce parti pris d’utiliser la voix de la morte, permet à l’auteur d’aborder bien des sujets, et de brosser un tableau somme toute hilarant du monde des morts. Hilarants mais pas que. Parce que Pénélope y est suivie par le spectre des douze servantes assassinées par son royal mari sous le prétexte de l’avoir trahi. Et l’alternance de leurs voix et de celle de Pénélope amène à une utilisation originale du principe du chœur et à la confrontation des points de vu. Qui dit la vérité : Ulysse le rusé ? Pénélope qui a appris le mensonge ? Les servantes vengeresses ?

    Finalement, peut importe. Il suffit de se laisser emporter par le récit de cette femme qui refuse de se taire, et qui fait vivre à celui qui l’écoute l’envers de l’Odyssée : les années d’attentes, la peur, le doute, le massacre, l’envie de se venger et celle de vivre qui est la plus forte. Et l’humour, l’ironie, le talent de conteuse égal à celui de son mari.

     

    Qui plus est, Margaret Atwood s’appuie sur des recherches nombreuses, poussées, qui étayent son récit et lui permette d’avancer une thèse que j’ai trouvé passionnante : que Pénélope serait la grande prêtresse du culte de déesse de la Lune, qu’Ulysse aurait été un de ses éphémère époux gagné par l’avidité du pouvoir, qu’il aurait assassiné les prêtresses de sa femme pour prendre le pouvoir… Que cela soit vrai ou pas, Pénélope a gagné sous cette plume une vitalité, une humanité qu’elle n’avait pas dans mes souvenirs d’écolière, et c’est tant mieux !

     

    Un beau moment de lecture. Et un bravo particulier à la couverture vraiment superbe!

     

    L’avis de Sylvie toujours aussi détaillé, celui de  Yue Yin, et celui de Fashion 

    Margaret Atwood, L’odyssée de Pénélope, Flammarion, 2005, 159 p.