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Chiff' - Page 122

  • Tentation

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    Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Belle et Edward filent le parfait amour sous le ciel gris de Forks. Mais un incident survenu le soir de l’anniversaire de Bella pousse Edward à rompre et les Cullen à déménager.
    Brisée, Belle doit non seulement affronter l’absence de celui qu’elle aime mais le retour de Victoria venue venger la mort de son compagnon, les bizarreries de son ami Jacob et ces étranges créatures qui parcourent la forêt.
     
    J’ai un peu traîné, mais poussée par la nécessité de rendre enfin le deuxième tome de cette série à sa légitime propriétaire Mimine, je m’y suis mise ! Le premier tome m’avait beaucoup plu, mais pour être tout à fait franche, j’ai trouvé le second plus léger. Les événements s’enchaînent parfois un peu trop vite et les ficelles sont parfois un tantinet épaisses.
    Bella est un personnage que j’apprécie (tout comme celui d’Edward, on se demande pourquoi) mais ses souffrances d’amoureuse blessée à rallonge et ses atermoiements sentimentaux m’ont un peu lassée sur la fin même s’il faut reconnaître à Stéphanie Meyer une grande finesse dans l’analyse des sentiments de son héroïne ! Ceci étant dit, c’est vrai que la manière de décrire la vie de Bella après la rupture est bien menée, notamment l’emploi des pages blanches pour les mois de dépression et la description de cette période de sa vie à la toute fin du roman par le père De Bella, Charlie. Le procédé est intéressant.  Et puis bon, tout cela sert à introduire un triangle amoureux qui va sans nul doute devenir central dans la suite des événements ! Jacob-Bella-Edward, Loup-garou-Humaine-Vampire, les tensions risquent de s’accentuer ! Car oui, pour faciliter les choses Jacob aime Bella qui ne sait pas si elle aime Jacob, qui lui, hait profondément tout ce qui se rapproche d’un vampire. Quand à Edward, il aime Bella qui l’aime aussi et qui veut devenir un de ces vampires que Jacob déteste tant ! Compliqué ? Je ne vous le fais pas dire !
    Ce que j’ai préféré finalement dans ce volume est l’apparition des loups-garous dans la vie de Bella. Son destiné tant de vivre des événements pour le moins inhabituels, c’est son meilleur ami, Jacob qui se transforme. La découverte de ces êtres, de leur mode de vie et de leur fonction est passionnante. Surtout que l’on voit la lutte que Jacob mène contre lui-même pour accepter cette transformation et maîtriser les instincts et la violence de l’animal comme de l’homme qu’il est subitement devenu. D’autant que cela va de pair avec une description plus poussée de la société vampirique, de ses codes et de son histoire.
    Pour en revenir aux ficelles, il n’en reste pas moins que je me suis laissée prendre par l’histoire et que je ne les ai plus guère vues au bout d’un moment, me contentant de ne pas bouder bêtement mon plaisir !
    Il ne me reste plus qu’à ouvrir le troisième tome, histoire de pouvoir le rendre à Mimine et de savoir ce qu’il va advenir de nos héros !
     
     D'autres amatrices:  Fashion, Allie, Lilly, Stéphanie.
     
  • Avec quelques violons, c'est mieux!

    manray-Violon-20d-Ingres.jpgA faire la tournée des popotes, je m'aperçois que l'heure est aux bilans de toute sorte! Rien de cela au Terrier, parce que je suis paresseuse d'abord, que je cuve le champagne (et le retour chaotique dans mes pénates grâce au transilien qui m'a souhaité ses meilleurs voeux 2008 une quarantaine de fois) ensuite, et enfin parce que j'attends mon premier anniversaire pour cela!

     

    Ce qui ne m'empêche pas de sortir mon petit violon (;-) et d'avouer que je ne m'attendais pas en ouvrant ce blog à autant de belles rencontres virtuelles et non virtuelles, autant de partage et de plaisirs, autant de découvertes. J'espère continuer la route avec vous encore longtemps! 

    Bonne année à tous du fond du coeur et... tout simplement merci!

     

  • Au fond du puit

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    Où l’on retrouve Thursday enceinte, réfugiée dans un mauvais roman policier promis à la destruction et fermement décidée à fabriquer la layette de son bébé… Non, à éviter les ennuis autant que possible pendant quelques mois. Sauf que quand on s’appelle Thursday Next, il faut s’attendre à ce que le minotaure se fasse la malle, que Heathcliff pique une crise, que l’univers d’Enid Blyton ne soit pas si rose que ça et que les cinglés débarquent dans un monde de la fiction qui n’avait pas besoin de ça pour imposer l’uniformisation de la littérature par le nouveau système d’exploitation Ultraword TM.
     
    Il n’y a pas à dire, Jasper Fforde ne perd pas la main. Dans ce troisième volet des aventures de Thursday, il continue à décrire l’univers délirant de la fiction. Un monde où les personnages de roman sont en vie, où, quand la grammaire est attaquée, tout menace de s’effondrer, où les licornes broutent paisiblement dans leur réserve protégée et où le chat du Cheshire balade son sourire en croissant de lune. Le tout avec un rythme toujours aussi endiablé et un humour déjanté. Que l’on juge de l’effet d’un stage de gestion de la violence dans Les hauts de Hurlevent… Avec une intervenante qui n’hésite pas à passer ses nerfs sur le jeune premier qui lui casse les pieds !
    Mais ce que j’aime avec Jasper Fforde, c’est qu’il n’y a pas qu’un bon moment de lecture. On découvre beaucoup de personnages et de romans de la littérature anglaise plus ou moins connus, des contes, et foultitude de choses ! Quand à l’imagination dont il fait preuve en inventant les rouages de l’inspiration des auteurs, la mécanique de la lecture et de l’origine des mots, elle est tout bonnement époustouflante !
    San compter avec les petites réflexions qui traversent mine de rien son roman… Ultraword et les débats qu’il provoque rappellent fortement les problématiques du livre numérique… Il est aussi question de littérature de masse, de la mémoire et d’un certain nombre d’autres choses.
    Alors même si les références sont parfois un brin trop anglaises pour être totalement accessible, même si j’ai regretté que l’histoire « personnelle » de Thursday n’avance pas plus, même si trop de rythme peut parfois tuer le rythme, je ne peux que me déclarer enchantée d’avoir pu retrouver une de mes héroïnes préférées dans ses galères indescriptibles.
     

    Jasper Fforde, Le puit des histoires perdues, 10/18, 2007, 445 p.

  • La fille des Louganis

    9782742769018.jpg« C’est une histoire lourde, Pavlina. Douloureuse. C’est aussi une histoire très belle. Faite d’amours fortes, de mort et de vie. »
    Pavlina aime son cousin Aris sans savoir que leur père est le même, ce père mort en mer avec son frère. La fille qu’elle aura d’Aris sera confiée à l’adoption. Arrachée à son île, immigrée en Suisse, elle n’aura de cesse de chercher cette enfant de l’amour fou.
     
    Dans les paysages brûlés de soleil des îles grecques, Metin Arditi offre à ses lecteurs une tragédie familiale où l’on trouve les échos de la mythologie et des pièces de théâtre antiques. Deux couples, deux enfants du même père, le meurtre, l’inceste et l’abandon, le pardon et la rédemption. C’est l’histoire d’un amour, d’une haine, et de la faiblesse humaine.
    La fille des Louganis est un roman profond, poignant. On y trouve quelques longueurs, quelques facilités et situations tirées par les cheveux, des stéréotypes, mais les paysages et les personnages compensent aisément cela.
    Dans la première partie du roman, on voit la mer brillant sous le soleil de plomb, les maisons, les barques de pêche puis la ville. On sent les odeurs d’iode, d’herbe brûlée par la chaleur. On perçoit les regards lourds de sens qui s’échangent entre Aris et ses amants, entre Pavlina et Aris, entre Pavlina et sa mère Magda.
    Tous se débattent : Aris dans ses amours interdits, Pavlina dans cet amour sans issue qu’elle ressent pour son cousin, Magda dans la culpabilité de s’être donnée à son beau-frère pour avoir un enfant, le prêtre dans les confessions de ses fidèles. Même la famille de substitution que trouve Pavlina sur le continent après l’abandon de sa fille est déchirée par les tensions, les souffrances et la culpabilité.
    Tous se débattent et cherchent un moyen de vivre malgré le poids de la culpabilité : l’issue, ils la trouvent dans l’amour, le fatalisme, la foi… Dans les familles qu’ils se créent pour retrouver un peu de chaleur dans l’exil.
    Pavlina est un personnage complexe : l’adolescente sensuelle, entière a choisi la voie la plus difficile, celle qui lui donne l’espoir d’assouvir son amour pour Aris. Ce choix, la femme le paie par une souffrance tellement intense qu’elle la mène au bord de la folie. Pendant 15 longues années, elle va vivre au bord de sa vie, jusqu’à la rupture qui va l’amener, enfin, à se demander si les liens d’amour ne sont pas plus importants que les liens du sang, si le besoin réciproque que deux personnes peuvent avoir l’une de l’autre n’est pas plus fort que le sang partagé. Le style d’Arditi traduit à merveille les pensées de Pavlina et sa douleur. Pas de sentimentalisme, juste les hésitations et les choix d’une poignée de personnages attachants et l’intensité d’une histoire d’amour et de filiation.
     
    « Ce qui fait la dignité d’un homme, dit le père dans son homélie, c’est sa capacité à vivre avec ses péchés. A les affronter debout. Ses péchés […] et ceux des autres ! Ce ne sont pas nos fautes que le seigneur condamne, ajouta Kosmas. C’est notre manque de charité. Il y a des péchés d’où s’échappent de merveilleux reflets d’amour. »
     

    MetinArditi, La fille des Louganis, Actes Sud, 2007, 237 p.

  • Arsenic et robes empire

    2264025247.jpgLady Susan est veuve, coquette, intriguante et rusée. Encore belle pour ses trente-cinq ans, elle sème le trouble partout où elle passe. Contrainte d’aller se faire oublier quelques temps chez le frère de feu son époux, elle y capture le cœur du frère de sa belle-sœur, tente de marier sa fille contre son gré, et de refaire sa propre fortune bien mise à mal…
     
    Lady Susan est un court roman épistolaire que je trouve assez original dans l’œuvre de Jane Austen. On est loin des personnages de jeunes filles à marier, intelligentes et rusées, certes, mais encore innocentes et surtout, à la moralité sans faille. A peine si on en retrouve un écho dans le personnage de Frédérica, la fille de lady Susan. Celle-ci est une femme sans scrupule. Cynique, brillante, égoïste, mauvaise mère et sans aucune pitié, elle est rien moins qu’antipathique. Je l’ai bien aimé, à rebours de l’effet escompté. Jane Austen fait un portrait étonnant d’un type de femme qu’elle a du observer dans la société qu’elle fréquentait, un type de femme qu’elle ne peut que condamner pour des raisons de bienséance et de morale. Mais si l’on y regarde de plus près, Lady Susan est surtout une femme qui utilise les moyens qu’elle a à sa disposition pour survivre, et continuer son chemin dans une bonne société qui pardonne difficilement aux femmes la beauté, l’intelligence et, surtout, l’indépendance. 
    Son aplomb, son éloquence sont mis à mal par la situation dans laquelle elle se retrouve par sa propre faute. Mais imaginez le scandale si cette femme immorale (je dirais amorale pour ma part) était parvenue à ses fins sous la plume de cette jeune femme fille de pasteur!
    Lady Susan est une œuvre de jeunesse qui n’est pas exempte de défaut : très courte, avec des personnages secondaires palots, une conclusion pour le moins abrupte. Mais on y retrouve déjà l’humour et l’ironie de Jane Austen (l’ouverture est un modèle du genre), l’acuité extraordinaire de son regard, la finesse de sa perception de la nature humaine, des relations humaines et amoureuses.
    L’utilisation de la forme épistolaire, unique dans son œuvre donne aussi à Lady Susan un aspect agréable, un rythme soutenu et permet un entrecroisement riche des points de vue des différents personnages. On en vient à regretter que ce n’ait pas été un brin plus long, histoire de savourer cette délicieuse histoire plus longtemps, au coin du feu avec une tasse de thé et quelques scones…