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grèce

  • La fille des Louganis

    9782742769018.jpg« C’est une histoire lourde, Pavlina. Douloureuse. C’est aussi une histoire très belle. Faite d’amours fortes, de mort et de vie. »
    Pavlina aime son cousin Aris sans savoir que leur père est le même, ce père mort en mer avec son frère. La fille qu’elle aura d’Aris sera confiée à l’adoption. Arrachée à son île, immigrée en Suisse, elle n’aura de cesse de chercher cette enfant de l’amour fou.
     
    Dans les paysages brûlés de soleil des îles grecques, Metin Arditi offre à ses lecteurs une tragédie familiale où l’on trouve les échos de la mythologie et des pièces de théâtre antiques. Deux couples, deux enfants du même père, le meurtre, l’inceste et l’abandon, le pardon et la rédemption. C’est l’histoire d’un amour, d’une haine, et de la faiblesse humaine.
    La fille des Louganis est un roman profond, poignant. On y trouve quelques longueurs, quelques facilités et situations tirées par les cheveux, des stéréotypes, mais les paysages et les personnages compensent aisément cela.
    Dans la première partie du roman, on voit la mer brillant sous le soleil de plomb, les maisons, les barques de pêche puis la ville. On sent les odeurs d’iode, d’herbe brûlée par la chaleur. On perçoit les regards lourds de sens qui s’échangent entre Aris et ses amants, entre Pavlina et Aris, entre Pavlina et sa mère Magda.
    Tous se débattent : Aris dans ses amours interdits, Pavlina dans cet amour sans issue qu’elle ressent pour son cousin, Magda dans la culpabilité de s’être donnée à son beau-frère pour avoir un enfant, le prêtre dans les confessions de ses fidèles. Même la famille de substitution que trouve Pavlina sur le continent après l’abandon de sa fille est déchirée par les tensions, les souffrances et la culpabilité.
    Tous se débattent et cherchent un moyen de vivre malgré le poids de la culpabilité : l’issue, ils la trouvent dans l’amour, le fatalisme, la foi… Dans les familles qu’ils se créent pour retrouver un peu de chaleur dans l’exil.
    Pavlina est un personnage complexe : l’adolescente sensuelle, entière a choisi la voie la plus difficile, celle qui lui donne l’espoir d’assouvir son amour pour Aris. Ce choix, la femme le paie par une souffrance tellement intense qu’elle la mène au bord de la folie. Pendant 15 longues années, elle va vivre au bord de sa vie, jusqu’à la rupture qui va l’amener, enfin, à se demander si les liens d’amour ne sont pas plus importants que les liens du sang, si le besoin réciproque que deux personnes peuvent avoir l’une de l’autre n’est pas plus fort que le sang partagé. Le style d’Arditi traduit à merveille les pensées de Pavlina et sa douleur. Pas de sentimentalisme, juste les hésitations et les choix d’une poignée de personnages attachants et l’intensité d’une histoire d’amour et de filiation.
     
    « Ce qui fait la dignité d’un homme, dit le père dans son homélie, c’est sa capacité à vivre avec ses péchés. A les affronter debout. Ses péchés […] et ceux des autres ! Ce ne sont pas nos fautes que le seigneur condamne, ajouta Kosmas. C’est notre manque de charité. Il y a des péchés d’où s’échappent de merveilleux reflets d’amour. »
     

    MetinArditi, La fille des Louganis, Actes Sud, 2007, 237 p.