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Littératures anglo-saxonnes - Page 17

  • Diamonds are women's best friends

     

    Ce que je croyais être un roman est en fait une nouvelle. Une centaine de page pour un personnage haut en couleur, la magnifique et inénarrable Holly Golightly. Pour qui n’aurait pas vu ce petit chef-d’œuvre de Blake Edwards avec Audrey Hepburn, je résume l’intrigue :

    Le narrateur, au tout début de sa carrière d’auteur aménage dans un immeuble où loge également une cover-girl, Holly Golightly. Belle, mystérieuse, fantasque, la jeune femme va l’entraîner dans une amitié pleine de heurts et de surprises et lui faire découvrir un univers qu’il ne soupçonnait pas.

     

     

    J’ai retrouvé dans la nouvelle toute l’ambiance du film, et bien sûr, plus encore. Car Holly Golightly, la jolie fille fantaisiste, frivole et capricieuse acquiert sous la plume de Truman Capote une épaisseur nouvelle. On sent les failles, la fragilité, la souffrance. Ce cirage qui prend quelque fois au ventre et l’oblige à aller chercher le réconfort dans l’univers stable et serein de Tiffany. Ce cirage qu’elle accepte parce qu’elle veut plus que tout vivre intensément, fuir devant la banalité et la routine. Holly est à la fois amorale et pure. Elle dit, admet ce qu’elle ne peut supporter, ne peut faire, ne trompe jamais, préférant la fuite aux compromissions qui seraient pourtant monnaie courante avec son métier. Preuve en est qu’elle essaie toujours d’aimer ceux qui l’entretiennent. Mais son amour de la solitude, de la liberté est toujours le plus fort, la poussant à disparaître quand des liens se créent.

    En même temps, l’humour, l’ironie sont bien présents dans la description de la société new-yorkaise.

    Une trop courte description d’une personnalité attachante et déstabilisante.

     

    S’ajoute à Petit déjeuner chez Tiffany trois autres nouvelles bien plus courtes et tout aussi percutantes

    -         La maison de fleurs, ou l’histoire d’une prostitué qui tombe amoureuse d’un paysan et qui l’épouse. Un récit plein de couleurs et d’odeurs d’épice où le vaudou et les esprits ne sont pas les derniers à se mêler à la partie. Une belle histoire d’amour qui montre à quelles extrémités peut se retrouver une femme amoureuse.

    -         La guitare de diamant : M. Shaeffer purge une peine de prison à vie dans un camp de bûcherons. Il s’accommode de sa situation jusqu’à l’arrivée du jeune Tico Feo. Rapidement, celui-ci le pousse à l’évasion. Une histoire ambiguë d’amour et d’amitié masculine dans un cadre inhabituel. Une fin amère et en demi-teinte.

    -         Un souvenir de Noël : un jeune garçon se souvient des Noëls passés avec la vieille femme chargée de son entretien. Deux exclus, deux solitudes unies dans une vie pleine de chaleur et de tendresse. Ma préférée des trois sans aucun doute pour ce qu’elle révèle de la froideur de l’hiver et de chaleur humaine.

     

     

     

     Truman Capote, Petit déjeuner chez Tiffany, Folio, 1996, 188 p.

  • La route

     


    Un père et un fils sur une route qui file vers la mer. Un monde en cendre.

     

    Je n’ai pas lu d’autres romans de Cormac McCarthy avant celui-ci. Je dois donc croire sur parole ceux qui affirment que son écriture s’est épurée, réduite à l’essentielle. Pour moi, ce style est un constat et un choc. Oui, La route est un roman de l’épure. Mais sous l’épure, il y a une immense richesse de sens.

    Cormac McCarthy écrit le voyage sans fin et terrifiant d’un homme et de son fils sur les routes d’un monde détruit, brûlé où n’ont survécus que quelques êtres humains bien vite retombés dans la barbarie. C’est la condition humaine dans son acceptation la plus minimale, la plus froide que dépeint l’auteur. Quid de la catastrophe en elle-même, de ce qui l’a provoquée, de son déroulement, de ses conséquences autres que la fin de toute  civilisation. Ce n’est pas ce qui est important. Ce qui l’est, c’est ce que devient l’homme quand sa seule préoccupation est de trouver de quoi se nourrir, se couvrir et un lieu pour s’abriter du froid et du danger. Et cette question en filigrane de la lecture : pourquoi faire le choix de continuer à vivre quand le monde est mort ? Aurions-nous la force de continuer comme ce père, prêt à tout pour que son enfant respire encore ? Cette force incroyable d’un survivant face à une nouvelle génération qui n’a pas connu le monde qu’il lui raconte parfois la nuit tombée dans le noir, ou le jour cendreux sur la route, en utilisant des mots qui ont perdu leur sens avec la mort de ce qu’ils décrivaient.

     

    L’homme et son fils font le choix de continuer à vivre en maintenant une certaine éthique. Ils sont les gentils, face aux méchants. Des méchants dont on voit se dessiner les pratiques au fil de la route : sacrifices humains, exécutions sommaires, cannibalisme, esclavage, tortures. En fait des hommes et des femmes qui choisissent la survie immédiate, individuelle à la possibilité de la survie en groupe, seule susceptible de permettre une véritable renaissance de l’humanité. Oubliant toute solidarité et prêts à tout pour satisfaire leurs besoins et leurs envie, même au pire.

    Bien sûr il y a de scènes à la limite de l’insoutenable dans ce roman. Mais le plus terrifiant n’est pas la violence qui amène à cet insoutenable, Le plus terrifiant est de constater que la civilisation, le vivre ensemble, la culture, rien ne tient face à la nature humaine, et que la frontière est tenue entre le prédateur et l’homme. Et on se demande au fil de la lecture pourquoi on n’abandonne pas, pourquoi on continue malgré ce nœud au ventre, cette douleur de suivre le cheminement de ces deux êtres perdus. Mais on ne peut pas les laisser seuls. La volonté de savoir ce qu’il advient d’eux est finalement la plus forte.

    Ceci dit, je me demande maintenant, a posteriori si ce n’était pas plutôt l’envie de savoir s’il n’existait pas, au bout de la route un espoir, un mince espoir pour l’humanité.

    Y-a-t-il la possibilité d’une renaissance ? La route est une sorte d’apocalypse profane. Je n’invente rien en écrivant cela.  Je ne vais pas citer et analyser les références bibliques dont fourmille le récit. D’autres l’ont fait bien mieux que moi. Mais il est vrai que l’on retrouve les motifs bibliques de l’apocalypse dans ce roman. L’enfant et le porteur de flamme, l’espoir, celui qui persiste, envers et contre tous, même son père à croire et à pratiquer une générosité, une entraide qui lui sont naturelles. Et qui porte l’amour aussi, ne serait-ce que celui de son père.

     

    Une lecture qui prend aux tripes.

    L'avis d'Amanda, celui du Bibliomane, de 
    Sylvie qui a son habitude (trèèèèès bonne habitude), donne une multitude de liens plus intéressants les uns que les autres! 

     

     
    Cormac McCarthy, La route, Ed. de l’Oliver, 2008, 245 p.

  • Quand le vent souffle sur la lande

     

    Voilà encore une lecture qui a une histoire rocambolesque très chers lecteurs ! Si, si, je vous jure !! Vous le savez pourtant que je suis coutumière des aventures rocambolesques !!

    Imaginez donc une LCA frustrée, alléchée par des billets plutôt enthousiastes, ne mettant la main sur le roman convoité ni en bibliothèque, ni dans son réseau parallèle de fournisseurs ! Imaginez ladite LCA tombant au détour d’un page d’un magasine professionnel bien connu sur l’annonce de la sortie en poche dudit roman ! Imaginez la LCA au garde-à-vous dans une librairie le jour de la sortie et s’entendant dire que le roman en question n’est pas sorti des cartons, et vous aurez une petite idée de ce que j’ai subi !

    Bref, j’ai fini par parvenir à acheter l’objet de toutes me convoitises que j’ai dévoré sans coups férir ou presque (c’est pas que j’avais des lectures en cours, mais un peu quand même) !

     

    Margaret Lea reçoit un soir une lettre extraordinaire. Une lettre qui l’invite, ou plutôt lui ordonne de se rendre en la demeure de Vida Winter, célèbre et mystérieuse auteur de best-sellers pour écrire sa biographie. Car jamais, jamais, au cours de sa longue existence, cette femme n’a accepté de dévoiler quoi que ce soit sur sa vie. Toujours elle a inventé des histoires pour satisfaire public et journalistes.

    Rongé d’interrogations, Margaret décide d’accepter cette proposition. Et part sur un chemin qui la mènera à la rencontre des ses propres fantômes.

     

    Autant vous dire tout de suite que je n’ai pas été déçue dans mes attentes ! Le treizième conte n’est certes pas un roman qui restera dans l’histoire de la littérature comme un chef-d’œuvre absolu, mais le temps de ma lecture, j’étais totalement immergée dans l’histoire de Margaret, et le temps où il fallait bien que je travaille ou cède aux exigences de la vie sociale, je me demandais ce qu’il allait diable pouvoir se passer ! Ce qui est plutôt bon signe, je vous l’accorde !

    Entremêlant tranches de vie, récits du passé, extraits de journal et lettres, le récit n’est que tours et détours pour perdre le lecteur. On s’attache aux pas de Margaret, on frissonne avec elle, on tremble parfois, et on en vient presque à croire à ces fantômes du passé, si présents, si vivants, qui hantent les parages. Car plonger dans le passé n’est pas anodin. En se racontant, Vida Winter réveille d’anciennes passions, d’anciennes folies et d’anciennes souffrances. Et provoque des réactions violentes chez sa jeune biographe. Chacune d’elle, par ce récit chaque jour continué met au jour ses failles et partant, commence à les guérir ou les accepter. La confrontation des deux femmes, toute en silence, en passes d’armes violentes, en doute puis en affection est un contrepoint parfait à l’histoire des temps anciens qui se déroule à la fois par les mots de la vieille femme et par les phrases de la jeune. Et que l’on soit au cœur du domaine d’Angelfied ou dans une maison perdue dans les landes, on croit de bout en bout à ce qui se raconte.

    De plus, Diane Setterfield multiplie les références aux grands classiques de la littérature anglaise, donnant une envie dévorante de se replonger dans les romans des sœurs Brontë, de retrouver la tension de Rebecca, les délices de Jane Austen ou les terreurs de Wilkie Collins ! Car ses personnages principaux sont de grandes lectrices, des femmes dont la vie passe par les livres, que ce soit leur écriture ou leur lecture. Ce qui interroge rapidement le rapport et le passage de la fiction à la réalité. Très vite les frontières se brouillent. Ce qui est raconté par Vida Winter est-ce la vérité ? La fiction n’est-elle pas, toujours un peu au moins, la vérité pour qui sait lire entre les lignes ?  Une bibliothèque ne contient-elle pas le monde ? Enfin, un monde parfait où, si on le veut les histoires se terminent toujours vraiment ? En tout cas, avec Margaret Lea et Vida Winter, Diane Setterfield rend un bel hommage à ceux qui écrivent et à ceux qui lisent.

     

    C’est un bonheur que de sentir une telle passion ! Et de retrouver ces personnages de gouvernante pincée, de jardinier perspicace, de vieille fille au grand cœur, et de fantômes, la folie qui rôde au détour d’une page et ce vent si froid qui parcourt la lande !

     

    Vous l’aurez compris, je suis enthousiaste !! A lire absolument pour les amoureux de la littérature anglaise (et les autres aussi)!

     

    Les avis de Cuné, Clarabel, Allie, Cathulu, Lily, Papillon, Gachucha...

     

     

     

    Diane Setterfield, Le treizième conte, Pocket, 2008, 562 p.

  • Le ciel tout autour

     

     

    Karen, séropositive, attend son exécution dans le couloir de la mort. Autour d’elle, d’autres condamnées. Mais aussi Célia, la veuve d’un des hommes qu’elle a abattus qui ne parvient pas à faire son deuil, et Franny, jeune médecin qui essaie de trouver un sens à sa vie.

     

    L’univers carcéral féminin et assez rarement évoqué en littérature. Suffisamment rarement en tout cas pour que Le ciel tout autour prenne une résonance particulière. Par petites touches, en plantant le décor qui entoure ses trois héroïnes, Amanda Eyre Ward donne à connaître ce monde violent, froid, où les rixes, les insultes, la souffrance, la promiscuité sont le lot commun. Une atmosphère glaçante qui interroge, malheureusement seulement en passant, le lecteur sur la pertinence de faire payer de cette manière leurs fautes à celles qui ont failli.

    Ce n’est toutefois pas le  thème central de ce roman. A travers l’histoire de Karen, et les parcours de Célia et Franny, c’est la peine de mort qui est l’acteur principal de ce récit. Par petites touches, Amanda Eyre Ward construit le portrait de ces trois femmes. On découvre la vie de Karen, vendue par sa mère à l’âge de 12 ans, prostituée se mourant du Sida. Une femme brisée qui attend la mort comme une délivrance.  C’est sans conteste la plus terrible et la plus touchante des trois héroïnes du roman. A côté de sa voix, celles de Célia et Franny ont bien moins de force, quand bien même elles permettent d’aborder des questions fondamentales comme celles de la vengeance, de  la rédemption, du pardon, du sens de l’existence. Certains passages ont la force d’un coup de poing. Le plus confondant reste sans doute l’absence de pathos dans cette histoire. Les condamnées du couloir de la mort sont des femmes presque comme les autres, qui papotent, se disputent, se maquillent. On les voit accepter la mort à venir ou persister à espérer en dépit de tout.

    Seul regret pour moi, la fin qui, bien que surprenante, m’a semblée un brin artificielle. Sans gâcher toutefois l’impression d’ensemble, celle de trois beaux portraits de femme et d’une histoire forte autour d’un thème qui ne l’est pas moins et d’un plaidoyer contre la peine de mort.

     

    PS : l’histoire de Karen Lowens m’a fait pensé à celle d’Aileen Wuernos. La trajectoire de cette tueuse en série a été l’objet du film Monster par Patty Jenkins avec Charlize Theron et Christina Ricci.

     

    Merci à Amanda pour le prêt.
    Les avis de Stéphanie et Fashion.

     

     

     

    Amanda Eyre Ward, Le ciel tout autour, J’ai lu, 2006, 253 p.

     

     

  • Vanitas vanitatum

     

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    Amélia aime George qui aime Rébecca qui aime Rawdon. Rébecca est l'amie de Georges qui est l'ami de Dobbin qui aime Amélia. Vous suivez? Non? Pas grave! Parce que de toute façon ce n'est certes pas par ce biais que je vais réussir à rendre toute la richesse de cette fabuleuse satire sociale!


    Parce que ces histoires d'amour et de tromperie que raconte Thackeray ne sont finalement que le prétexte à dessiner un portrait au vitriol d'une Angleterre qui vient de rentrer dans le 19e siècle.

    Revenons un moment à la genèse de l'oeuvre. La rédaction de cette oeuvre commença semble-t-il dès l'année 1844 et fut publiée en épisodes de 1847 à1848. Elle prote comme sous titre « A novel without a hero », soit, un roman sans héros. Et c'est bel et bien ce qui attend le lecteur! Pas de grands personnages au centre de son récit. Juste deux couples et un célibataire qui tentent de tracer leur chemin dans le monde. Et qui n'ont rien, vraiment rien de héros.

    Georges Osborne, le militaire parvenu, sûr de son intelligence et de sa beauté, au point de toucher au ridicule. Gâté par son père, incapable d'assmuer ses engagements sans y être poussé par la dernière des extrémités, volage, joueur, il est pourtant idôlatré par celle qui va devenir son épouse, la jolie et naïve Amélia. Voilà un beau personnage d'oie blanche! Jolie sans l'être trop, d'une gentillesse sans fond et incapable de faire face à la moindre difficulté sans recourir aussitôt au sacrifice de sa petite personne, elle est pendant environ 90 p. la dupe de cette histoire! Une dupe qui fait elle-même son malheur, s'aveuglant sur son époux, refusant de trahir cet homme même devenue veuve, éternelle victime de ses chimères et de ses certirudes. Quel contraste avec son amie d'enfance Rébecca! S'il devait y avoir une héroïne, ce serait elle! La parvenue, la jeune femme sans soutien ni argent qui va parvenir à entrer dans les cercles les plus huppés de l'aristocratie anglaise, Elle ne va rien néglier pour ce faire: trahisons, escroqueries, manipulations, tromperies en tout genre. Jusqu'à piétiner celui qu'elle a épousé pour son argent à venir et qu'elle a servi à sa manière assez étrange! De son ascension à sa chute, voilà une femme que l'on ne peut qu'admirer pour son génie de l'intrigue, son instinct de survie et son sens politique! Elle a choqué le bon public à l'époque de la publication. Thackeray a d'ailleurs été taxé de complaisance à son égard, mais pouvait-il faire autrement! Après tout Rébecca ne fait que détourner à son avantage les codes et les moeurs de la grande foire aux vanités! Ce monde où chacun s'écharpe pour un peu plus d'argent, de reconnaissance, pour briller dans les salons quel qu'en soit le prix! Qui est fautif, d'un monde qui fonctionne sur la tromperie ou de celle qui utilise cette tromperie pour faire sa fortune? C'est cette question qui est au centre du roman de Thackeray. J'ai pensé par moment à des personnages d'Austen, notamment la superbe lady Susan! Il y a des airs de ressemblances entre ces deux personnages et leur destinée!

    Par contre, Thackeray va beaucoup plus loin dans la critique et la satire sociale! Rien ne lui échappe, du petit monde des domestiques et des commerçants à celui de la plus haute société en passant par cette bourgeoisie avide d'ascension sociale! Et c'est drôle avant que d'être désespérant! La quatrième de couverture avertissait le lecteur:Thackeray est en quelque sorte le Stendhal de la littérature anglaise! Loin de moi l'idée de porter un ugement sur ce jugement, mais je n'ai pu que constater la similarité de forme avec La chartreuse de Parme (roman publié en 1839). De bout en bout, Thackeray joue au montreur de marionnette; gardant une distance avec ses personnages et avec l'action qui lui permet d'y intervenir avec une grande fréquence. C'est ainsi qu'il apostrophe son lecteur, se lance dans des explications divers et variées sur la psychologie des personnages, le cadre géographique, les moeurs de la société anglaise.

    Un exemple parmi mes préférés: « Et bien maître Jones, qui lisez ce livre à votre cercle, vous traitez, j'en suis sûr tous ces détails de bouffoneries grotesques et de bavadarge ultra-sentimental. Oui, je vous vois maître Jones, tout réjoui en tête à tête avec votre morceau de mouton et votre bouteille de vin, prendre votre crayon et écrire à lamarge: Niaiseries, bavadarge, etc. etc... Voilà bien un de ces génies sublimes qui n'admirent que le grand, que l'héroïque, dans la vie comme dans les romans. Dans ce cas, il fera bien de prendre congé de nous et de tourner se pas d'un autre côté. Ceci dit, nous poursuivons. »

    Cela permet des ruptures de rythme, des apports qui rompent le fil du récit et y apporte une bouffée d'oxygène non négligeable eut égard à l'épaisseur du tout! Je dis cela, mais j'ai avalé ce bon millier de pages en moins d'une semaine, avide de connaître le destin de Rébecca et de son entourage!

    L'humour dont il fait preuve allège beaucoup une histoire qui sans cela sombrerait facilement dans le pathos et le sentimental! Par contre, il ne faut pas s'étonner d'y trouver le point de vue d'un homme influencé malgré tout par les conventions de son temps: son regard sur la condition et la nature féminines est souvent horripilant, il fait preuve du racisme latent des gens de son temps, d'une religiosité de bon ton. Mais il est en cela aussi le fils de cette foire aux vanités qu'il connait bien pour y vivre!

    Hem... Je m'aperçois là que, emportée par le feu de mon enthousiasme, je n'ai même pas été au bout de ma description des non héros de cette histoire.

    Car il y en a encore! Rawdon Crawley le militaire vaniteux et flambeur, fruit lui aussi de l'éducation donnée aux jeunes « gentlemen » du ce temps. Joueur, duelliste, idiot et incapable de la plus simple finesse il va être le jouet de Rébecca sa femme, la suivant sur les chemins de la débauche et du vice avec une constace presque san faille.

    C'est finalement Dobbin, le personnage qui ne devait pas exister qui se rapproche le plus d'un héros! Bon jusqu'à la moëlle de ses os, son esprit de sacrifice n'a dégal que son a mour pour Amélia. Un amour qu'on a bien du mal à comprendre tant Amélia est tête à claque et insipide! C'est d'ailleurs fort décevant pour lelecteur contemporain que c'est elle quel a fortune favorise à la fin du roman: la victoire finale va à la vertu et non au vice. C'est le seul bémol que j'apporterais à ce bonheur constant de lecture: la fin un peu rapide (sic) et la victoire finale d'une morale qui n'est guère morale! Pour le reste, cette fresque intimiste et épique avec sa galerie de personnages, ses rebondissements m'a comblée!


    A savoir, le roman a été adapté plusieurs fois au cinéma, la denrière adaptation remontant à 2005. Réalisé par Mira Nair, il réunit entre autre Gabriel Byrne , Reese Witherspoon, Jonathan Rhys-Meyers.


    Il me faut remercier Fashion Victim, sans le challenge de laquelle je ne me serais sans doute jamais penchée sur ce merveilleux classique de la littérature anglaise!

    Il y a aussi Lilly qui donne son avis ici!

    La foire aux vanités – William Thackeray, Folio, 1994, 1071 p.