Ce que je croyais être un roman est en fait une nouvelle. Une centaine de page pour un personnage haut en couleur, la magnifique et inénarrable Holly Golightly. Pour qui n’aurait pas vu ce petit chef-d’œuvre de Blake Edwards avec Audrey Hepburn, je résume l’intrigue :
Le narrateur, au tout début de sa carrière d’auteur aménage dans un immeuble où loge également une cover-girl, Holly Golightly. Belle, mystérieuse, fantasque, la jeune femme va l’entraîner dans une amitié pleine de heurts et de surprises et lui faire découvrir un univers qu’il ne soupçonnait pas.
J’ai retrouvé dans la nouvelle toute l’ambiance du film, et bien sûr, plus encore. Car Holly Golightly, la jolie fille fantaisiste, frivole et capricieuse acquiert sous la plume de Truman Capote une épaisseur nouvelle. On sent les failles, la fragilité, la souffrance. Ce cirage qui prend quelque fois au ventre et l’oblige à aller chercher le réconfort dans l’univers stable et serein de Tiffany. Ce cirage qu’elle accepte parce qu’elle veut plus que tout vivre intensément, fuir devant la banalité et la routine. Holly est à la fois amorale et pure. Elle dit, admet ce qu’elle ne peut supporter, ne peut faire, ne trompe jamais, préférant la fuite aux compromissions qui seraient pourtant monnaie courante avec son métier. Preuve en est qu’elle essaie toujours d’aimer ceux qui l’entretiennent. Mais son amour de la solitude, de la liberté est toujours le plus fort, la poussant à disparaître quand des liens se créent.
En même temps, l’humour, l’ironie sont bien présents dans la description de la société new-yorkaise.
Une trop courte description d’une personnalité attachante et déstabilisante.
S’ajoute à Petit déjeuner chez Tiffany trois autres nouvelles bien plus courtes et tout aussi percutantes
- La maison de fleurs, ou l’histoire d’une prostitué qui tombe amoureuse d’un paysan et qui l’épouse. Un récit plein de couleurs et d’odeurs d’épice où le vaudou et les esprits ne sont pas les derniers à se mêler à la partie. Une belle histoire d’amour qui montre à quelles extrémités peut se retrouver une femme amoureuse.
- La guitare de diamant : M. Shaeffer purge une peine de prison à vie dans un camp de bûcherons. Il s’accommode de sa situation jusqu’à l’arrivée du jeune Tico Feo. Rapidement, celui-ci le pousse à l’évasion. Une histoire ambiguë d’amour et d’amitié masculine dans un cadre inhabituel. Une fin amère et en demi-teinte.
- Un souvenir de Noël : un jeune garçon se souvient des Noëls passés avec la vieille femme chargée de son entretien. Deux exclus, deux solitudes unies dans une vie pleine de chaleur et de tendresse. Ma préférée des trois sans aucun doute pour ce qu’elle révèle de la froideur de l’hiver et de chaleur humaine.
Truman Capote, Petit déjeuner chez Tiffany, Folio, 1996, 188 p.