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  • Nage libre - Nicola Keegan

    C'est l'histoire d'une fille qui nage comme elle respire. L'histoire de Philomena qui, de catastrophes familiales en drames va devenir femme et championne olympique de natation. L'histoire d'une accro à la piscine grandie trop vite, réglée trop tard. L'histoire d'une drôle de fille.

    Il faut imaginer la scène: Books and the City, un café, un caddie à papillon, deux parapluies, Amanda et moi papotant (entre autre) romans:
    -  moi: ah ben  j'aimerais bien lire Nage Libre
    - Amanda (plongeant dans son sac): tiiiiennnns!
    Amanda est une magicienne, Amanda est merveilleuse, Amanda reconnaît les papesses de la mode, Amanda m'a permis de lire un petit bijou. Que le Grand Livre veille sur elle et sa bibliothèque!

    Des romans comme ça, on en croise parfois, et quand c'est le cas, on s'installe confortablement et on plonge pour n'en ressortir que de longues heures après (la SNCF sert parfois à quelque chose) le sourire aux lèvres et le coeur serré. Le sourire au lèvre parce que Philomena est un sacré personnage et que ses tribulations ne manquent pas de piquant. Le coeur serré parce qu'entre son encombrante personne et sa famille dysfonctionnelle et percluse de deuils, elle a fort à faire pour tenir debout quand elle est hors de l'eau. Pour elle, depuis qu'elle est bébé, l'eau représente la sécurité, le confort, le bonheur. C'est là qu'elle peut oublier, ou du moins supporter la peur qu'elle ressent en la présence de sa soeur Bron, puis sa mort et la souffrance du deuil, la perte de son père, la folie de sa mère et la dérive de ses deux soeurs, l'une confite en bigoterie, l'autre perdue dans la drogue. Elle se confond avec l'eau, avec la natation, jusqu'à en faire l'axe indispensable de son existence, jusqu'à se définir par elle et y trouver une raison de vivre. Là, elle trouve des amies, des amours, des médailles et une reconnaissance, un monde dont elle maîtrise les codes, un père de substitution, là elle se construit, emmerdante au possible, arrogante, fragile, attachante, luttant avec l'héritage encombrant des péripéties familiales.
    C'est parfois drôle, presque toujours d'une ironie mordante, Philomena jetant d'entrée de nourrisson un regard lucide, acéré sur le monde qui l'entoure et sa petite famille. C'est tendre aussi parce que malgré les disputes, la haine parfois, il y a l'amour vache, l'amitié, les petits bonheurs de la vie. C'est dur parce qu'il y a le temps qui passe et qui change les gens et les sentiments, il y a le deuil, les prises de conscience, la retraite qui pointe le bout de son nez et les remises en cause, le spleen qui gagne parfois et la dépression. Dans un joyeux bazar cohabite tout cela et plus encore, l'ensemble donnant un roman foisonnant, dense et difficile à lâcher, plein de passages qui prennent au tripes par leur beauté et de bons mots.
    J'ai découvert Philomena comme on découvre une amie, avec ses défauts, mais aussi son humour imparable, sa joie explosive, ses bêtises, ses excès, ses moments de déprime, sa phase connasse, ses fous rires, sa passion et son jusqu'au boutisme.
    Et puis c'est fascinant de découvrir au prisme de son regard le monde de la natation, la passion chevillée au corps de ces athlètes qui se dépassent. On vit avec elle les entrainements qui amènent le corps au bord de la rupture, la volonté féroce de passer les limites et de tenir bon, de gagner, les compétitions et leur ambiance pleine de tension, les conversations de vestiaire.

    Bref, un roman plein d'humour, de tendresse, de drames, qui évite l'écueil du pathos, qui cumule les personnages hauts en couleur (les bonnes soeurs sont quelque chose, la galerie d'entraineurs une autre, je les ai adorés), qui déborde d'énergie et qui se paie en plus le culot d'être original. Je ne sais pas ce que vous attendez, mais si j'étais vous, j'essaierai de trouver une bonne fée susceptible de sortir cette merveille de son sac ou une bonne librairie/bibliothèque. C'est un indispensable!

     

    "Lors du carême j'ai tiré un trait sur toutes sortes de chocolat possibles et imaginables, sauf le malté, je suis allée me coucher sans me plaindre, je me suis tenue à carreau à l'église et j'ai écouté avec attention soeur Séraphine nous expliquer que la convoitise combinée à la frustration nous enseigne une leçon capitale sur le sort de l'homme et par l'homme elle entendait l'humanité en général, y compris nous; Lilly lui a posé la question, histoire de s'en assurer. Moi, je m'étais mis en tête que me priver de chocolat compenserait ma convoitise et révèlerait à la terre entière que j'étais un prix d'excellence, qu'au bout du compte mes efforts seraient récompensés.

    Faux."


    C'est de la faute de Cuné, et d'Amanda, et de Cathulu et de Fashion. Les filles, vous devriez avoir honte!

    Keegan, Nicola, Nage Libre, L'Olivier, 2010, 425p. dévorées en 5 heures, 5/5

     

  • Jin - Motoka Murakami

    jin_01.jpgÀ 34 ans, Jin Minakata est le responsable de la section neurochirurgie du CHU de Tôto. Alors qu'il opère un patient, il fait une découverte hors du commun: l'homme a un foetus humain à l'intérieur du crane. Après qu'il l'ait extrait, des phénomènes étranges se produisent autour de lui. Jusqu'à ce qu'une chute dans les escaliers le propulse dans le Japon du 19e siècle, au coeur des combats de la fin de l'ère Keio.

    Poussée par la curiosité et une boulimie de bulles, j'ai fini par ouvrir le premier tome de cette série qui a priori, ne me tentait guère. Depuis Urgence (ils ont tué Mark Greeeeeennnnnn!... Hem), plus de séries médicales pour moi, sur petit écran ou papier. Même l'argument du voyage dans le temps n'était pas parvenu jusqu'alors à me faire changer d'avis. J'avais tort. Ben oui. Jin est une excellente série, inventive et intéressante qui permet de découvrir d'une manière inhabituelle cette période historique fascinante qu'est la fin de Keio et l'avénement de Meiji.

    Jin Minakata découvre la réalité d'une époque qu'il connait sans la connaître et ouvre de grands yeux étonnés et naïfs sur un monde à la fois raffiné, barbare et proche du sien dans lequel il va petit à petit s'intégrer. De tomes en tomes, on le suit à la découverte d'Edo et de Kyoto, des familles de samouraïs aux quartiers de plaisir, des prisons de l'Empereur aux ruelles des bas quartiers, des complots politiques aux combats sans merci. Jin va croiser ainsi nombre de personnages importants qui vont lui venir en aide ou tenter de le détruire. Car coincé dans une époque qui n'est pas la sienne, Jin fait le choix de pratiquer sa médecine ce qui provoque jalousie et rancoeur ou fascination (et amour parce que quand mêm il faut bien une belle histoire d'amour dans tout ça, et pas qu'une, mais ceci est une autre question).

    Et c'est là que le manga devient vraiment intéressant: il va devoir confronter ses connaissances et ses habitudes à des conditions d'exercice de la médecine qui n'ont rien à voir avec ce qu'il connaît et faire face à des affections éradiquées en son temps comme la rougeole et le choléra. Le travail de fond du mangaka est impressionnant. Chaque histoire développée, chaque technique médicale utilisée et présentée a été cautionnée par un médecin. Certaines cases ne sont pas sans rappeler des planches d'anatomie par leur précision. On découvre donc bien des choses à commencer par les moyens de fabriquer de la pénicilline artisanalement. On oublie presque qu'il s'agit d'une histoire de voyage dans le temps tant la médecine est au centre.

    Seul regret, on se cantonne généralement aux différences entre médecine traditionnelle et médecine contemporaine, aux moyens que trouve Jin pour compenser les différences de matériel et de pharmacopée sans réellement parler des pratiques médicales du 19e siècle et de la confrontation entre médecine traditionnelle orientale et médecine occidentale, laquelle est tout juste abordée comme un arrière-fond qui va avec celui des bouleversements politiques de ce temps.

    Heureusement il n'y a pas que ça! Au fil des volumes, les personnages secondaires s'étoffent, deviennent attachants, les complots et les drames se nouent, faisant naître une tension qui pousse à ouvrir le tome suivant et à découvrir ce qu'il advient du héros et de ses partisans. Et cela même si le grand coeur de Jin le rend parfois un brin agaçant et s'il faut un peu de temps pour que le scénario ne se contente pas d'aligner les histoires médicales mais entre dans le vif du sujet: la confrontation de deux médecines.

    Bref, une belle découverte et une jolie série qui mérite le détour!

    Murakami, Motoka, Jin, 18 vol., 11 traduits, série en cours. 9 volumes lus, ed. Tonkam

  • Les enchantements d'Ambremer - Pierre Pevel

    pevel Les Enchantements dAmbremer.jpgParis, 1909. Les messieurs portent la redingote, les dames des jupons, les voitures sont encore objet rare. Rien d'inhabituel si on oublie une tour Eiffel en bois blanc et un étrange château dans le lointain du bois de Boulogne. Celui d'Ambremer. Car les fées ont décidé de dévoiler aux hommes l'existence de l'OutreMonde, et nulle part ailleurs qu'à Paris, la féerie n'est aussi présente. Dans la vie comme dans la mort: une étrange série de meurtres défraie la chronique, meurtres sur lesquels Louis Denizart Hippolyte Griffont, mage du Cercle Cyan de son état, est chargé d'enquêter et qui vont le mener au coeur de dangers dont le moindre n'est pas Isabel de Saint-Gil, fée rénégate avec laquelle il est contraint de faire équipe. Notre magicien n'est pas au bout de ses peines...

    Ou comment découvrir la magie de Paris sous un autre angle: une tour Eiffel qui a une drôle de couleur, des sirènes dans la Seine, des arbres qui parlent, des animaux dotés de raison,  gargouilles vivantes, un métro dont le terminus est le royaume des fées, il y a de quoi faire rêver et frissonner!

    Ce à quoi s'emploie Pierre Pevel avec un beau bout de plume, une imagination débridée, un sens du rebondissement indéniable, un art de la mise en scène et du dialogue qu'on ne peut nier. On pense aux romans feuilletons, à Sherlock Holmes, à la Ligue des gentleman extraordinaires, aux délicieux romans policiers de ces temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, et à juste titre: l'auteur maîtrise son sujet et sait parfaitement glisser au fil des pages des hommages et des clins d'oeil qui font sourire. Il installe une ambiance au charme suranné, y fait se mouvoir des personnages hauts en couleur, et s'il n'échappe pas à quelques clichés et facilités, il veut manifestement se faire plaisir et faire plaisir à son lecteur ce qui est totalement réussi. J'ai passé quelques trop courtes heures de bonheur à suivre Louis dans ses aventures, à le voir se chamailler avec Isabel, côtoyer la police, explorer une bibliothèque magique qui me fait saliver et vivre de folles aventures, le tout emballé dans le style enlevé de Pierre Pevel qui m'en a fait oublié les quelques petits défauts que j'ai pu trouver à l'ensemble. Parce qu'il y en a: une fin un peu rapide, un univers qu'on aurait aimé pouvoir explorer un peu plus,des répétitions... Mais en face il y a ce croisement réussi entre roman policier, roman feuilleton, conte de fée et fantasy, un univers entraînant, confortable, amusant qu'on quitte à regret. Il y a ces créatures magiques qu'on croise avec plaisir, de gnomes en fées en passant par les elfes, les dragons, quelques membres des Brigades du Tigre, des sorciers maléfiques et un petit roi des rêves!


    "Il était une fois le Paris des Merveilles..." Effectivement, c'est à une belle balade dans Paris que nous convie Pierre Pevel. J'ai passé un excellent moment, trop vite terminé et qui me donne envie de mettre la main sur la suite des aventures de Louis et Isabel, apparemment trèèèès difficilement trouvable. Comme si c'était ce qui peut m'arrêter!

    L'avis d'Uncoindeblog, celui de SBM.

    Pevel, Pierre, Les enchantements d'Ambremer, LGF, 2007, 350p. 4/5

  • Here I go again, lalalalala

    Souvenez-vous, oui, convoquez à vous vos souvenirs des rives brumeuses où ils se sont égarés...

    Hem...

    Bon, revenez juste à l'année dernière, même date, même heure ou à peu près, nous ne sommes plus à une licence poétique près chers amis. L'année dernière, même date, même heure, une drôle d'idée nous venait avec Fashion sous l'influence conjuguée du caffé latté et de Tarantino. Depuis nous avons changé notre fusil d'épaule et nous contentons sobrement de champagne (enfin presque). Avec sobriété j'ai dit. Et modération (enfin presque). Bref, Harlequinades donc. 58 participants plus tard, de l'encre virtuelle coulant à flot tel le sang de l'intrépide guerrier en kilt, le challenge improbable était devenu un truc tout aussi improbable baigné dans l'enthousiasme, les fous rires, le glucose et le début d'une addiction dont certaines ne se sont pas remises.

    Du coup, que voulez-vous, nous nous sentons un brin obligées, pour ne pas dire contraintes (ouhhhh, que c'est dur) de lancer les Harlequinades 2010 (affreuse, atroce torture) (ok, j'arrête). Oui, vous avez bien lu.

    Le principe est le même que l'année dernière: lire un roman Harlequin ou assimilé (personnellement je recommande chaudement le J'ai Lu Aventures et Passion, mais c'est vous qui voyez, si vous préférez le Harlequin médical, personne ne vous lancera Safari à Marakunda à la tête bien au contraire), le chroniquer. Tout est permis: une thèse sur l'utilité du kilt en période passionnelle, un rapport sur l'influence de la lune sur les bestioles à crocs et sang chaud chaud chaud, un rapport sur les vertus aphrodisiaques méconnues du jasmin, un mémoire sur le vol de bétail en tant que ressort narratif... Vous pouvez même aller jusuqu'à rédiger une nouvelle "harlequin", quelques pages ou quelques paragraphes dans lesquels votre imagination débridée et sans borne, assoiffée de passion pourra laisser libre court à ses instincts.

    Pour participer, il vous suffira de crier votre passion (oui, encore), dans les commentaires de ce billet et de tenter de respecter la (kiss me) dead(ly) line (oups, je sors... et puis non) du 30 septembre 2010 où vous voterez avec hystérie bien entendu pour votre billet préféré.

    D'ici là, bonne chasse sur les terres sans limites de la passion et que la force soit avec vous!

    Ps: comme Ofélia est superbe, merveilleuse, inimitable, adorable, fabuleuse, stiltonienne, elle nous a concoté de magnifiques logos avec lesquels vous pourrez embellir vos antres virtuels. Elle est pas belle la vie? Et en plus vous avez le choix!

     

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    Oh yeahhhhh!

    http://www.hautetfort.com/admin/posts/post.php?post_id=2825614&evnt=editPost&signature=b023e88561d8054e05f77399bdec9c5eae8bf6261685698970.jpg
    Graouuuuuu!
    Edit: nous avons donc parmi nous:
    Chimère
    Emma (on attend les zombies avec impatience)
    Ofelia (la seule, l'unique, la wonderful)
    Pickwick (ploc)
    Sid
    Officieusement, on ne sais jamais ce qu'il peut se passer chez Monoprix
    Ah ouais, et Erzébeth a osé imité la signature de sa maman. Vilaine va!
    Et un jour on aura Isil à l'usure!
  • En avant, route! - Alix de Saint-André

    Trois fois Alix de Saint-André a pris le chemin. Trois fois elle s’est dirigée vers Compostelle, elle, la croyante intermittente, fumeuse invétérée et pas sportive pour deux sous. Trois fois elle a vécu une formidable aventure humaine, faite d’ampoules aux pieds, de chats mal doués, de rencontres, de disputes et de réconciliations qu’elle raconte avec humour.


    Autant vous le dire, j’ai adoré faire ce bout de chemin avec Alix de Saint-André et les autres. Le chemin, je ne l’ai jamais parcouru même si je le regarde depuis quelques années avec envie et le sentiment qu’un jour, j’irai le parcourir, en entier ou pas, on verra bien. Du coup, le découvrir sous cette plume réjouissante a été un vrai bonheur. Alix de Saint-André raconte son expérience, la vie quotidienne des pèlerins, les agacements, les moments de bonheur, les rencontres banales et extraordinaires, l’âne Pompon, ses sept maris, le botufumeiro, les raisons qui poussent un jour à prendre la route sac au dos pour trouver les réponses et même les questions, chacun avec son vœu, chacun avec une histoire qu’il choisit de raconter ou pas puisque l’important sur le chemin ce n’est pas ce qu’on est hors du chemin mais ce qu’on y partage, ce qu’on y vit ensemble ou dans la solitude. C’est un beau regard qu’elle porte sur elle-même et les autres, plein de tendresse, d’ironie douce et de lucidité sur la nature humaine.
    C’est un récit fort, qui mêle les détails triviaux du quotidien à des pages passionnantes sur la foi, les choix de vie, ce que l’engagement dans ce pèlerinage représente et apporte. On rit, on s’émeut, on vit un peu cette aventure à quatre kilomètres-heure et cette drôle d’odyssée dont on ne guérit apparemment jamais vraiment quelques aient été les raisons de s’y engager.
     

    Cuné m'avait donné envie de découvrir cette belle aventure, qu'elle en soit remerciée!

    Saint-André, Alix de, En avant route!, Gallimard, 2010, 307 p., 4/5