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magie

  • Les enchantements d'Ambremer - Pierre Pevel

    pevel Les Enchantements dAmbremer.jpgParis, 1909. Les messieurs portent la redingote, les dames des jupons, les voitures sont encore objet rare. Rien d'inhabituel si on oublie une tour Eiffel en bois blanc et un étrange château dans le lointain du bois de Boulogne. Celui d'Ambremer. Car les fées ont décidé de dévoiler aux hommes l'existence de l'OutreMonde, et nulle part ailleurs qu'à Paris, la féerie n'est aussi présente. Dans la vie comme dans la mort: une étrange série de meurtres défraie la chronique, meurtres sur lesquels Louis Denizart Hippolyte Griffont, mage du Cercle Cyan de son état, est chargé d'enquêter et qui vont le mener au coeur de dangers dont le moindre n'est pas Isabel de Saint-Gil, fée rénégate avec laquelle il est contraint de faire équipe. Notre magicien n'est pas au bout de ses peines...

    Ou comment découvrir la magie de Paris sous un autre angle: une tour Eiffel qui a une drôle de couleur, des sirènes dans la Seine, des arbres qui parlent, des animaux dotés de raison,  gargouilles vivantes, un métro dont le terminus est le royaume des fées, il y a de quoi faire rêver et frissonner!

    Ce à quoi s'emploie Pierre Pevel avec un beau bout de plume, une imagination débridée, un sens du rebondissement indéniable, un art de la mise en scène et du dialogue qu'on ne peut nier. On pense aux romans feuilletons, à Sherlock Holmes, à la Ligue des gentleman extraordinaires, aux délicieux romans policiers de ces temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, et à juste titre: l'auteur maîtrise son sujet et sait parfaitement glisser au fil des pages des hommages et des clins d'oeil qui font sourire. Il installe une ambiance au charme suranné, y fait se mouvoir des personnages hauts en couleur, et s'il n'échappe pas à quelques clichés et facilités, il veut manifestement se faire plaisir et faire plaisir à son lecteur ce qui est totalement réussi. J'ai passé quelques trop courtes heures de bonheur à suivre Louis dans ses aventures, à le voir se chamailler avec Isabel, côtoyer la police, explorer une bibliothèque magique qui me fait saliver et vivre de folles aventures, le tout emballé dans le style enlevé de Pierre Pevel qui m'en a fait oublié les quelques petits défauts que j'ai pu trouver à l'ensemble. Parce qu'il y en a: une fin un peu rapide, un univers qu'on aurait aimé pouvoir explorer un peu plus,des répétitions... Mais en face il y a ce croisement réussi entre roman policier, roman feuilleton, conte de fée et fantasy, un univers entraînant, confortable, amusant qu'on quitte à regret. Il y a ces créatures magiques qu'on croise avec plaisir, de gnomes en fées en passant par les elfes, les dragons, quelques membres des Brigades du Tigre, des sorciers maléfiques et un petit roi des rêves!


    "Il était une fois le Paris des Merveilles..." Effectivement, c'est à une belle balade dans Paris que nous convie Pierre Pevel. J'ai passé un excellent moment, trop vite terminé et qui me donne envie de mettre la main sur la suite des aventures de Louis et Isabel, apparemment trèèèès difficilement trouvable. Comme si c'était ce qui peut m'arrêter!

    L'avis d'Uncoindeblog, celui de SBM.

    Pevel, Pierre, Les enchantements d'Ambremer, LGF, 2007, 350p. 4/5

  • Le nom du vent

    Chronique du tueur de roi - Chronique du tueur de roi, Première journée T1

    "J'ai libéré des princesses. J'ai incendié la ville de Trebon. J'ai été exclu de l'Université à un âge où l'on est enore trop jeune pour y entrer. J'ai suivi des pistes qu clair de lune que personne n'a osé évoquer. J'ai conversé avec des dieux, aimé des femmes et écrit des chansons qui tirent les larmes aux ménestrels.

    Mon nom est Kvothe. Vous avez du entendre parler de moi."

    J'avais pris un air sceptique à la lecture de la prose de Stéphane Marsan. J'avais lorgné d'un oeil dubitatif sur la quatrième de couverture. Mais puisqu'il le fallait, j'avais tourné avec le courage de l'abnégation la première page. Au bout de deux lignes, je savais que j'étais fichue. A la moitié j'ai fini par comprendre que ce n'était que le tome 1 et j'ai hurlé. A l'avant-dernière page, j'ai tenté de freiner des deux pieds et de toutes mes mains disponibles, mais c'était trop tard. C'est un coup de coeur et un gros. 726 pages. Rien que ça et achevé en deux jours. J'ai lu en marchant, en mangeant, au petit-déjeuner, au dîner, dans un parc sous quelques gouttes de pluie, j'ai baladé le pavé dans mon sac et j'ai dormi la tête dessus, on ne sait jamais ce qu'il peut se passer, les aliens auraient pu décider d'aggraver ma semaine de merde.

     Mais passons donc au contenu: Kvothe est un Edema Ruh, enfant d'une troupe de comédiens ambulants protégée par les puissants. Avide de connaissances, acteur et musicien talentueux, il semble promis à une vie aventureuse et bien remplie au sein de sa famille. Jusqu'au massacre qui le laisse orphelin et seul avec son rêve d'intégrer un jour l'Université et de devenir un arcaniste, un de ceux qui maîtrisent la magie.

    Patrick Rothfuss mène la barque de son histoire de main de maître. Après un prologue percutant, il commence en douceur, plantant le décor du quotidien d'une auberge de village et d'un tenancier qui petit à petit révèle ses secrets. Jusqu'à ce que l'arrivée du Chroniqueur bouleverse tout et le mène à raconter l'histoire d'une vie qui est devenue une légende. Entrecoupé par des scènes du présent qui ouvrent des questionnements, annoncent des rebondissements, le récit de Kvothe se révèle passionnant et haletant. Tout y est: les batailles, l'aventure, la survie envers et contre tout, l'apprentissage de la magie, les obstacles divers et variés. Un roman d'apprentissage en bonne et due forme avec un personnage principal à la fois crispant et attachant, et des personnages secondaires qui pour n'être pas toujours très approfondis peuplent avec bonheur et vraisemblance les villes et les campagnes. Kvothe va quitter l'enfance, apprendre à faire face au mépris, à la rancoeur, à l'impatience qui peut le mener à sa perte, à l'amour qui se révèle être une discipline fort complexe.

    La magie est présente de manière fine. Pas vraiment de tours spectaculaires, mais des disciplines presque scientifiques qui sont la trame d'une réflexion sur la manière dont la magie peut être appréhendée. Science mystérieuse et dangereuse, manifestation du démon, tout y est. J'ai particulierement apprécié la manière dont l'évolution de la magie est rapprochée de celle de la science: conservatisme, découvertes, etc. Par exemple, après les chasses aux arcanistes (ça devrait rappeler quelques petits épisodes historiques), la magie finit par être plus ou moins acceptée selon les régions et les pays. Les maîtres de l'Université luttent contre toute manifestation de magie qui pourrait ramener au temps de l'intolérance, faisant ainsi preuve d'un conservatisme qui, s'il protège, porte aussi des ferments de mort. Superstition, rejet, intolérance religieuse sont ainsi mis en lumière par petites touches, en filigrane de l'histoire de Kvothe.

    A travers cette histoire, il est aussi question de la manière dont des vies et des faits deviennent des mythes et des légendes, et dont les mythes et les légendes recouvrent la vérité. La légende après laquelle court Kvothe, intimement persuadé de sa vérité, celle des Chandrians. Le mythe que lui-même devient au cours de sa quête. En regard du récit de Kvothe, des bribes des histoires qui courent sur son compte sont données, illustrant les ressorts du chemin qui mène de la réalité à l'imaginaire.

    Je ne vais pas en jeter plus, ce roman est une merveille et finalement, le dire se suffit presque!

     

    Patrick Rothfuss, Le nom du vent, Bragelonne, 2009, 5/5

  • Poudre d'or aux yeux

     

     

    Edmée est étrange. Edmée est un électron libre. Elle travaille au laboratoire de l'Observatoire de Paris, y vole des photographies d'étoiles qu'elle reproduit pour en tapisser les murs de son appartement. Puis part vers de nouvelles aventures et la conception de jardins. Mais trop tard. Parce qu'en même tmeps que les étoiles, elle a attrapé le coeur du petit Pierre. Et quand on laisse entrer l'amour dans sa vie, on ne saît jamais vraiment où cela va nous mener.

     

    Marie Desplechin offre là un texte poétique où la magie et l'étrange sont distillés petit à petit, presque sans qu'on les voit venir. Petit Pierre est un enfant perdu. Il n'est pas maltraité, pas vraiment abandonné, mais délaissé par un père totalement absorbé par son travail. En entrant presque de force dans la vie d'Edmée, il va connaître une étrange initiation à la vie. Car Edmée est... On ne sait pas en fait ce qu'est Edmée: un fantôme, la dernière des fées, une sorcière? Pas de réponse! Et finalement quelle importance ce qu'est Edmée puisqu'elle fait entrer le rêve et l'amour dans la vie de Pierre, puisqu'elle va lui apprendre le lien entre les hommes et la nécessité de grandir un jour.

     

    Marie Desplechin offre une sorte de conte détourné avec fée marraine, belle-mère, fugue et un certain nombre d'autres motifs traditionnels dans une langue souple, croisant les points de vue de ses personnages, égarant son lecteur jusqu'à une fin en points de suspensions où Edmée, pour la dernière fois, jette sa poudre d'or aux yeux de ceux qui l'entourent. J'avoue m'être laissée bercer par ce beau personnage et la si jolie plume de Marie Desplechin.

     

     

    Marie Desplechin, Les yeux d'Or, L'école des loisirs, 2008, 195 p.