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voyage dans le temps

  • Jin - Motoka Murakami

    jin_01.jpgÀ 34 ans, Jin Minakata est le responsable de la section neurochirurgie du CHU de Tôto. Alors qu'il opère un patient, il fait une découverte hors du commun: l'homme a un foetus humain à l'intérieur du crane. Après qu'il l'ait extrait, des phénomènes étranges se produisent autour de lui. Jusqu'à ce qu'une chute dans les escaliers le propulse dans le Japon du 19e siècle, au coeur des combats de la fin de l'ère Keio.

    Poussée par la curiosité et une boulimie de bulles, j'ai fini par ouvrir le premier tome de cette série qui a priori, ne me tentait guère. Depuis Urgence (ils ont tué Mark Greeeeeennnnnn!... Hem), plus de séries médicales pour moi, sur petit écran ou papier. Même l'argument du voyage dans le temps n'était pas parvenu jusqu'alors à me faire changer d'avis. J'avais tort. Ben oui. Jin est une excellente série, inventive et intéressante qui permet de découvrir d'une manière inhabituelle cette période historique fascinante qu'est la fin de Keio et l'avénement de Meiji.

    Jin Minakata découvre la réalité d'une époque qu'il connait sans la connaître et ouvre de grands yeux étonnés et naïfs sur un monde à la fois raffiné, barbare et proche du sien dans lequel il va petit à petit s'intégrer. De tomes en tomes, on le suit à la découverte d'Edo et de Kyoto, des familles de samouraïs aux quartiers de plaisir, des prisons de l'Empereur aux ruelles des bas quartiers, des complots politiques aux combats sans merci. Jin va croiser ainsi nombre de personnages importants qui vont lui venir en aide ou tenter de le détruire. Car coincé dans une époque qui n'est pas la sienne, Jin fait le choix de pratiquer sa médecine ce qui provoque jalousie et rancoeur ou fascination (et amour parce que quand mêm il faut bien une belle histoire d'amour dans tout ça, et pas qu'une, mais ceci est une autre question).

    Et c'est là que le manga devient vraiment intéressant: il va devoir confronter ses connaissances et ses habitudes à des conditions d'exercice de la médecine qui n'ont rien à voir avec ce qu'il connaît et faire face à des affections éradiquées en son temps comme la rougeole et le choléra. Le travail de fond du mangaka est impressionnant. Chaque histoire développée, chaque technique médicale utilisée et présentée a été cautionnée par un médecin. Certaines cases ne sont pas sans rappeler des planches d'anatomie par leur précision. On découvre donc bien des choses à commencer par les moyens de fabriquer de la pénicilline artisanalement. On oublie presque qu'il s'agit d'une histoire de voyage dans le temps tant la médecine est au centre.

    Seul regret, on se cantonne généralement aux différences entre médecine traditionnelle et médecine contemporaine, aux moyens que trouve Jin pour compenser les différences de matériel et de pharmacopée sans réellement parler des pratiques médicales du 19e siècle et de la confrontation entre médecine traditionnelle orientale et médecine occidentale, laquelle est tout juste abordée comme un arrière-fond qui va avec celui des bouleversements politiques de ce temps.

    Heureusement il n'y a pas que ça! Au fil des volumes, les personnages secondaires s'étoffent, deviennent attachants, les complots et les drames se nouent, faisant naître une tension qui pousse à ouvrir le tome suivant et à découvrir ce qu'il advient du héros et de ses partisans. Et cela même si le grand coeur de Jin le rend parfois un brin agaçant et s'il faut un peu de temps pour que le scénario ne se contente pas d'aligner les histoires médicales mais entre dans le vif du sujet: la confrontation de deux médecines.

    Bref, une belle découverte et une jolie série qui mérite le détour!

    Murakami, Motoka, Jin, 18 vol., 11 traduits, série en cours. 9 volumes lus, ed. Tonkam

  • Sans parler du chien... Et du chat... Et de la potiche...

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    Un chat victorien, des essuie-plumes, une potiche, un canot, un professeur amphibie, quelques poissons de collections, des esprits, des bombes incendiaires, tels sont les moyens qu’emploie le continuum pour tenter de redresser la mystérieuse anomalie qui pourrait bien provoquer la fin de l’humanité. Mais est-ce bien la faute de miss Kindle qui a ramené au 21e siècle un chat victorien ? L’intervention de Ned Henry, passablement déphasé par ses sauts en série dans le passé va-t-elle réellement permettre de trouver une solution au problème ? Sans parler du chien… Et de l’obsession de lady Schrapnell pour la cathédrale de Coventry et l’introuvable potiche de l’évêque !

     

    Et bien, voilà un roman qui vaut son pesant de cacahuètes et qui a bien mérité les nombreux prix qui l’ont récompensé ! Connie Willis utilise avec brio le voyage dans le temps pour construire une intrigue foisonnante et drolatique. Rendant un hommage avoué à la littérature anglaise, elle s’amuse à utiliser tous les clichés littéraires et historiques possibles et imaginables pour perdre aussi bien ses personnages que ses lecteurs ! Imaginez donc un instant un voyageur dans le temps complètement épuisé, rendu lyrique par le déphasage induit par les sauts, et perdu dans une Angleterre victorienne dont il ne connaît pas le début des conventions. Continuez avec une historienne trempée et fermement décidée à protéger un chat mangeur de poissons de collection ! L’un adore Trois hommes dans un bateau, l’autre se passionne pour les romans policiers des années 30. Ajoutez encore un professeur d’Oxford excentrique noyé par un collègue suite à une dispute sur les forces qui dirigent l’histoire. Un chien qui grimpe aux arbres. Un majordome lecteur. Une jeune fille totalement écervelée. Une matrone fascinée par le spiritisme. Un chien prénommé Cyril. Secouez bien le tout, soupoudrez de quelques personnages secondaires tout aussi farfelus et vous obtiendrez Sans parler du chien ! Ou comment un minuscule détail peut définitivement faire basculer l’histoire de l’humanité. Vous vous demandiez pourquoi Waterloo ? Et bien vous obtiendrez moult réponses ! Pourquoi la cathédrale de Coventry dû brûler ? Là encore, vous aurez la solution !

    Maîtrisé de bout en bout, ce roman est un petit bijou d’humour anglais jouant sur le décalage entre des voyageurs dans le temps complètement dépassés par les événements et une bonne société victorienne embourbée dans les kermesses, les sels et les séances de spiritisme !.

     

    L'avis de Fashion que je remercie pour le prêt!  

    Connie Willis, Sans parler du chien, J’ai Lu, 2003, 573 p.