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  • Chambre avec vue

    Ekwerkwe a été tellement convaincante que j'ai filé chercher à la médiathèque la plus proche l'exemplaire disponible de Chambre avec vue, l'adaptation par James Ivory du roman de E.M. Forster, Avec vue sur l'Arno. Ce fut un moment charmant que j'ai savouré avec la conscience de ma chance. Car si on ne retrouve pas dans l'adaptation toute l'irrévérence de Forster, les paysages florentins sont sublimes, le scénario en tout point fidèle à l'oeuvre, et les acteurs... Julian Sands et Rupert Graves courant tous nus en pleine nature, avec Daniel Day-Lewis trainant dans le secteur. Miss Bonham-Carter est intelligemment boudeuse et Maggie Smith une adorable vieille fille. Tout ce beau monde est brillant, et je pense que je vais enchainer tous les films d'Ivory. Après tout, pourquoi bouder son plaisir...

  • Un bon jour pour mourir

     

     

     

    Une soirée alcoolisée et voilà un Tim et un  narrateur qui peut être Jim Harrison comme ne pas l'être partis faire sauter un barrage du côté du Grand Canyon pour que les truites puissent se reproduire. Rejoints en route par la belle Sylvia qui entretient une relation pour le moins compliqué avec Tim, nos compères vont se lancer dans un road movie qui va les mener jusqu'au Montana dans un brouillard d'alcool, de drogue et de désir.

     

     

    C'est un roman qui n'est pas facile à résumer. D'abord parce qu'il ne se passe pas grand chose au final. Les trois personnages roulent, achètent de la dynamite, la font sauter, changent de plan, le narrateur tombe amoureux de Sylvia, Tim veut la quitter, Sylvia ne sait plus guère où elle en est. Ensuite parce qu'il me laisse plutôt perplexe.  Et enfin parce que c'est difficile de donner un avis négatif sur un romancier de cette carrure. J'aime beaucoup Jim Harrison sans pour autant avoir lu toutes ses oeuvres. Je garde un souvenir émerveillé de Dalva, de Légende d'automne, de La route du retour. Mais Un bon jour pour mourir m'a moins touchée. Le style est toujours présent, l'amour de la nature aussi, la passion et les grands espaces. C'est le thème du roman qui m'a laissée froide en fait.

     

     

     

    Le narrateur est un espèce de raté, perpétuellement entre cuite, interrogations existentielles et poésie. Tim est un vétéran du Vietnam, complètement fou et drogué jusqu'à la mœlle. Sylvia est la fille perdue d'une famille puritaine. Tous se débattent entre un conditionnement, une éducation et la vie qu'ils mènent. Le narrateur et Sylvia notamment sont des personnages assez savoureux en ce sens: le premier par exemple, enseignait le catéchisme à une période de sa vie, avant de devenir un poivrot obsédé par le sexe. Le regard d'Harrison sur les relations humaines, la solitude, le désir d'amour et le désir sexuel est intéressant. Mais les personnages ont fini par m'agacer. 222 pages où Tim avale des petites pilules et part dans des trips, 222 pages où Sylvia chougne, 222 pages où le narrateur pleure sur son existence et son désir "impossible" pour Sylvia. On a envie de les secouer ces enfants perdus de l'Amérique.

     

     

     

    Finalement, l'écologie n'est que prétexte à une violence qui n'a besoin de rien pour s'exprimer. Violence dans les relations d'amitié, violence dans les relations amoureuses, violence dans les relations avec le monde. Et personnellement, la description des trips, des cuites et des parties de jambes en l'air, les réflexions politico-sexuello-sociétales m'a fatiguée. Au début pourtant, cette alternance entre réalité, rêve et désir est fascinante. La manière dont les personnages sont coincés dans une vie et des situations qui les dépasse passionnante. La bande-son donne envie de se fournir les CD. Jusqu'à l'écoeurement. C'est assez drôle parce que le narrateur à un moment parle d'une cassette qu'ils on écouté jusqu'à ne plus pouvoir la supporter. Et bien c'est un peu l'effet que le roman m'a fait. Je l'ai quand même terminé. Parce que finalement, dans ce cas, le style à lui tout seul suffit au plaisir.

     

    Jim Harrison, Un bon jour pour mourir, 10/18, coll. Domaine étranger, 1985, 222 p.

     

  • Eldorado

    Le deuxième échec répertorié depuis que je tiens ce blog! J'espère que je ne vais pas être touchée par le syndrome de la multiplication des pains!

     

     

     Gardien de la citadelle Europe, le commandant Piracci navigue depuis vingt ans au large des côtes italiennes pour intercepter les clandestins. Jusqu'au jour où une série d'événements vient ébranler ses certitudes et lui faire tout quitter pour connaître à son tour, le lot de ceux qui quittent tout pour essayer de trouver une vie meilleure.

     

    La quatrième de couverture était alléchante, j'avais aimé La mort du roi Tsongor, et on m'en avait dit du bien. C'est donc en tout confiance que j'ai ouvert Eldorado de Laurent Gaudé. Mais là, le mur. Je n'ai même pas réussi à le terminer.

     

     

    A aucun moment je ne suis parvenue à m'attacher à des personnages que j'ai trouvé à la fois convenus et improbables. Je sais bien que l'humain est imprévisible et qu'il cache des ressources insoupçonnées, mais le commandant qui quitte tout pour faire à l'envers le chemin des clandestins, la jeune mère vengeresse, et les autres m'ont fait l'effet de marionnettes. Même les deux frères d'apprêtant à tout quitter m'ont à peine touchée. J'ai été saisie par un profond sentiment d'ennui. Cette fois-ci, les talents de conteurs de Laurent Gaudé n'ont pas suffit. Sur une réalité dramatique, des situations inhumaines, l'expression de la saleté et de la mauvaiseté humaine, il écrit un roman que j'ai trouvé plein de bons sentiments et de lieux communs, sans nuances.

     Le livrophile, Insatiable lectrice ont aimé, Essel et Laurent sont plus nuancés. Je n'ai lu leurs critiques qu'après avoir rédigé cet avis. Je retenterai la lecture d'Eldorado à leur lumière.

     

    Laurent Gaudé, Eldorado, Actes Sud, 2006, 237 p.

  • Les recettes de la blogoboule

    Aujourd'hui avait lieu le pique-nique de la blogoboule, merveilleusement organisé par Caro[line] (qu'elle soit mille fois remerciée). Les rencontres ont été belles, les discussions intéressantes (de l'oeuvre populaire à l'année Foenkinos), les rires au rendez-vous.

    Quelques unes des participantes m'ont demandé de mettre en ligne les recettes de mes contributions à nos régimes respectifs. Les voilà donc!!

    Le gâteau de la voisine, "que même avec les mains dans le dos et les yeux bandés tu le réussis, ou alors c'est que tu n'es vraiment pas doué":

    Telle Peau d'Ane, mesdames et messieurs, munissez vous d'une jatte et de quelques ingrédients. La bague en or massif peut être un ajout sympathique mais pensez à prévenir les convives auparavant. Pas sûr que leur trouvaille couvre les frais de dentiste.

    Il vous faudra donc un verre (lambda de moutarde décoré du roi lion ou de vos héros préférés. Ce pourra être Viggo éventuellement, mais je ne suis pas certaine qu'il y ait un verre Amora à l'effigie de David. Nul doute qu'ils remédieront bientôt à ce lamentable oubli). Dans la jatte, versez en vrac un verre de farine, un verre de sucre, un verre d'huite de tournesol ou équivalent. Ajoutez-y trois oeufs, un sachet de levure. Plus de la cannelle et du rhum (à consommer avec modération et tout ça) à votre convenance. Personnellement, comme vous avez pu le constater, je n'y vais pas avec le dos de la cuillère pourtant fort large.

    30 min à 45 min à 180°C et le tour et joué!

     

    Le cake au fruits rouges, "customise tes recettes":

    Il faut rendre à César ce qui est à César. Cette recette qui était un crash test apparemment réussi puisqu'il n'en reste pas une miette est inspirée du cake à la framboise de Sophie (in Les cakes de Sophie) et du crumble aux fruits rouges de la Popote des potes.

    Mélanger trois oeufs avec 170 g de sucre. Une fois le mélange blanchi et mousseux, y rajouter 160 g de farine et 1/3 de sachet de levure (personnellement, j'en met une demi). Faire fondre 150 g de beure demi-sel et l'incorporer à la pâte.

    Jusque là normalement tout va bien. Après, j'ai commencé à faire n'importe quoi!

    Utiliser un mélange de fruits rouges frais, ou, si vous êtes à la ramasse comme moi, le mélange de chez Picard. A faire décongeler un chouilla avant sinon gare au drame! Donc, mettre la moitié du sachet environ dans une casserole avec un sachet de sucre vanillé, deux cuillères à soupe de pastis (à consommer avec modération, n'est-il pas?) et de la menthe ciselée. Faire cuire un peu, égoutter (gardez le jus, il peut devenir un coulis fort sympathique). Réduire environ la moitié de la mixture en  purée et l'incorporer à la pâte. Ensuite, mettre dans un moule beurré et fariné une couche de pâte, quelques fruits, quelques morceaux de menthe, une couche de pâte, etc, etc, jusqu'à ce qu'il ne reste rien dans le saladier. Faire cuire 40 min à 180°C! C'était mon premier gâteau violet. Une expérience...

  • Trollitude

     
    Le deuxième roman envoyé par Sophie depuis son île dans le cadre du swap!
     
    Ange, photographe de publicité réputé, homosexuel et branché vit en solitaire jusqu’au jour où il sauve d’une bande de jeunes voyous ce qui ressemble à toute première vue à un chat. Mais ce qu’il recueille ainsi est beaucoup plus dangereux qu’un chat. C’est un bébé troll. Perdu, mignon, attendrissant, mais sauvage et dangereux. Un grand fauve. Sauf que de fils en aiguilles, de recherches zoologiques en apprivoisement, Ange va s’attacher à cet être. Un être qui s’avère de moins en moins animal et de plus en plus proche de l’humain. Et si les légendes avaient raison ?
     
    Ce que j’ai trouvé intéressant avec ce roman est le parti pris de l’auteur de présenter en alternance avec l’histoire même des extraits d’histoires, de contes et d’œuvres folkloriques nordiques, des extraits d’ouvrages de recherche universitaire et de vulgarisation sur les carnassiers qui donnent un aspect de réalité à son point de départ. Les trolls ne sont pas un fruit de l’imagination humaine. Ils sont rares, mais réels. Cela donne des pages parfois savoureuses, et presque toujours intéressantes. L’étrange d’insinue petit à petit. On pense au départ se trouver devant une belle histoire d’attachement entre humain et animal. Puis s’introduisent des petits éléments dérangeants. L’enfant troll défend son territoire, mais il est aussi capable de peindre, et de réflexion. Et que penser de ces événements étranges qui se produisent aux lisières de villes où les apparitions de trolls adultes se multiplient ? Les légendes prennent de plus en plus de poids, de réalité. J’ai aimé le fait que l’auteur ne répond à aucune des questions posées, laissant après un retournement de situation relativement inattendu et drôle son lecteur inventer. Le successeur de l’homme sera peut-être le troll mes amis ! Mais dommage que Johanna Sinisalo n’ait pas plus creusé sur l’enfant troll. Il y avait matière à développement. J’avoue être restée un peu sur ma faim
    Par contre, je n’ai pas vraiment réussi à m’attacher aux personnages : le photographe de pub stressé qui trouve un sens à sa vie, le directeur d’agence publicitaire ambitieux et rusé, la petite fiancée asiatique, le vétérinaire étrange, etc. Leur vie sentimentale prend parfois un peu trop de place, même si c’est elle qui au final, permet que l’histoire bascule vers la folie totale. La qualité de l’ouvrage est aussi son défaut : intercaler des passages ”théoriques“ et littéraires sur les trolls donne du dynamisme à la narration, mais elle la hache aussi un peu trop. On aurait pu se passer de certaines de ces digressions.
    En tout cas une lecture agréable.
     
    L'avis de Sophie.
     
     
    Johanna Sinisalo, Jamais avant le coucher du soleil, Babel, 2005, 317 p.