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un lac et un château

  • Ailleurs

     

    Olivia quitte un mari violent et l'Australie avec ses deux enfants pour se réfugier dans la demeure familiale en France. Elle y retrouve sa mère impotente, son frère et sa belle-soeur qui viennent de perdre leur enfant à la naissance. Autour du corps de ce bébé se noue un huis-clos étouffant et troublant.

    "Julia Leigh est une magicienne. Sa prose adroite diffuse une impression de contrôle serein tandis que la terre tremble sous nos pieds". C'est ce que l'on peut lire sur la quatrième de couverture, de la plume même de la grande Toni Morrisson. Et l'on ne peut qu'acquiescer. Ailleurs est effectivement un roman brillant qui met en scène l'affrontement de deux mondes: celui de deux enfants plein de vie et celui d'adultes, violent, traître, où les non-dits, les traîtrises et les frustrations créent des tourbillons de ressentiment et de souffrance rentrée. Avec sa plume douce, toute en demi-teintes, très visuelle, Julia Leigh distille à petites gouttes le malaise et se plaît à frôler la rupture. On est toujours en équilibre entre réalisme et étrangeté, dans cet ailleurs qui donne son titre au roman, en dehors du temps et dans un lieu à peine rattaché au monde. Pas ou peu de prénoms, pas ou peu d'ingérences de l'extérieur, juste la souffrance et la folie qui menace jusqu'à ce que l'acceptation de la mort permette de revenir à la vie. Sans doute ce sentiment d'étrangeté vient du regard adopté, qui est souvent celui du fils d'Olivia, un jeune garçon incapable de comprendre et de cerner les actes des adultes qui l'entourent, mais l'art de l'atmosphère que révèle l'auteur en jouant simplement sur les faits est proprement époustouflant.

     Lu dans un moment de fatigue, Ailleurs ne m'a pas transportée, mais je dois reconnaître la qualité et la force de ce roman sombre et profond. A découvrir.

    L'avis de Cathe, celui de Lamousmée, celui de Papillon, de Sylvie.

     

    Julia Leigh, Ailleurs, Christian Bourgeois, 2008, 105 p.