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Chiff' - Page 29

  • Chéri - Colette

    9782702488713.jpgQuand Chéri rencontre Léa, il a tout juste vingt ans. Elle, a largement passé la quarantaine. Quand Chéri quitte Léa pour se marier, il a vingt-cinq ans, elle, cinquante, et plus rien ne va de soi, même pas la fin cette relation qu'ils croyaient sans conséquence...

    C'est une drôle d'atmosphère qui règne dans Chéri, un peu surannée et poussiéreuse, mondaine et superficielle, à l'image de ces femmes vieillissantes dont Léa fait partie et qui chacune à leur manière, luttent contre l'âge. Au départ, il est presque difficile de s'intéresser au jeu amoureux de Fred et Léa: réveil, petit-déjeuner, caprices, baisers dans un univers qu'on imagine facilement rose bonbon... il ne semble pas y avoir grand chose à se mettre sous la dent. Jusqu'à ce que tout dérape: un repas familial, une joute orale et Colette commence à démonter les rouages de ce petit monde, avec une précision, une concision qui, si elles surprennent de prime abord, deviennent glaçantes.

    Cheri est une histoire d'amour, mais c'est au-delà de cela, le portrait d'un milieu, celui des demi-mondaines, dans tout son sordide et sa violence. J'ai rarement lu des descriptions de repas et de thés, de rencontres qui atteignent sous les dehors les plus anodins une telle violence dans les rapports humain entre vieilles rancoeurs et anciennes rivalités, volonté de nuire toujours vivace. En quelques touches, quelques attitudes, quelques échanges, les personnages de ce théâtre s'esquissent et prennent vie: la vieille Mme Peloux et sa méchanceté, Edmée la pure, sa mère, jalouse de la beauté de sa fille,... La cruauté de cet univers, son absence totale de morale sous le vernis des apparences, sa vacuité, apparaît à chaque phrase. On en vient à prendre en pitié ces personnages qui pour certains sont ridicules, mais qui sont tous pathétiques et qui remplissent des vies oisives comme ils le peuvent, au risque de se détruire ou de détruire pour se sentir exister.

    Léa a Fred, avec lequel elle joue les Promethée en le tirant de son destin d'enfant gâté qui court à sa perte à force de jeu, de drogues et d'alcool. Elle est encore belle, certaine de sa force et de sa séduction. Jusqu'à ce qu'elle se retrouve face à une inconnue: la douleur. On entre alors dans l'autre Chéri, celui de l'amour tragique qui met Léa face à elle-même et aux stigmates de l'âge qui arrive et qui l'exclut de fait du jeu amoureux, celui de Chéri qui réalise trop tard qu'il ne va pas être si simple d'oublier Léa. Le chemin qui les mène à leur drame est inéluctable et laisse le lecteur avec un goût d'amertume. Fred et Léa vivent un amour impossible. Impossible parce que quasi incestueux, impossible parce que socialement condamné, impossible parce que Chéri ne peut l'assumer. Colette décrit avec une rare finesse leurs atermoiements, l'obsession et le désir qui les poussent l'un vers l'autre sans aucun espoir de bonheur.

    Une fois de plus Colette m'a attrapée dans ses rets. Pourtant les premières pages ne m'avaient guère convaincue, bercée que j'étais par un léger sentiment d'ennui, qui n'était finalement que celui du calme qui précède la tempête. C'est tout simplement du grand art.

    Kali l'a lu, Rory aussi, et Pickwick (et d'autres, mais je suis paresseuse)!

     

    Et je joue dans la catégorie "Auteur enterré à Paris"!

     

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    Colette, Chéri, Le livre de Poche, 2004, 185p., 5/5

     

  • La citation du jeudi: back to classics

    "You shall not pass!"

     

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    Mais bon, comme vous êtes sages, vous avez aussi droit à de la vraie sagesse en barre, pas celle du grand type barbu (l'autre, pas celui qui est sur l'affiche) qui croit qu'il peut crier sur un truc super méchant avec des cornes.

    Comme dit l'Ancien, "C'est le boulot qu'on ne commence jamais qui est le plus long à terminer."

    Et je vais donc aller m'y coller.

    nb: se refaire la trilogie quand on a de la fièvre n'est définitivement pas une bonne idée.

    nb2: maintenant en plus j'ai envie de relire la trilogie. Ca tombe bien, je n'ai que ça à faire.

    nb3: Erzie, tu noteras quand même que je suis une bonne copine. Mais on partage.

    nb4: une partie de ce billet est dédié à N. qui se reconnaîtra si elle passe par ici.

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    La liste des participants est !

    Comme d'habitude elle sera complétée dans la semaine! Sinon envoyez-moi un petit message!



  • Leviathan - Scott Westerfeld

    leviathan-Westerfeld.jpg1914. Veille de la Première guerre mondiale. Face à face, les darwinistes anglais, rois de la manipulation du vivant et de la biologie, et les clankers allemands, maîtres de la mécanique. L'étincelle? L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand provoque provoque une explosion dont les remous vont se faire sentir dans le monde entier et dans lesquels vont être pris Alek le fils de l'archiduc et Deryn Sharp, une jeune fille prête à tout pour voler, ce que lui interdit sa condition de fille.

     

    Mais que diantre nous a ficelé Scott Westerfeld me suis-je dis en attaquant ce pavé. Parce que bon, ça avait la couleur de l'uchronie, le goût de l'uchronie, mais avec un zeste tout même bien prononcé de steampunk, le tout mélangé à un brin de Première guerre mondiale, quelques bestioles bizarres et des illustrations. De quoi froncer un sourcil, voire deux. Et même trois. Seulement voilà, quand Westerfeld s'attaque à quelque chose, il ne fait pas les choses à moitié et résultat des courses, il offre non seulement un roman intelligent, mais en plus un récit d'aventure foisonnant qui, je dois l'avouer, m'a littéralement rivé les mains aux pages.

    Commençons par le commencement. Et au commencement était l'uchronie dont il maîtrise parfaitement les ressorts, en l'occurrence les mécanismes pour le moins complexes qui ont mené à la Première guerre mondiale. Bien qu'il distorde l'histoire en dotant l'archiduc d'un fils unique et en modifiant quelque peu les conditions de son décès, il décrypte parfaitement la logique des alliances, l'opposition entre pacifistes et bellicistes qui travers l'époque, et les intérêts des futurs bélligérants qui sont finalement d'autant mieux perceptibles qu'ils sont accentués par leurs choix scientifiques, et j'irais jusqu'à dire éthique. Parce que c'est  au fond de cela dont il est question, des choix de société et de la manière dont la science y entre en jeu, modifie les manière de faire et de penser, de vivre et de percevoir l'autre. D'un côté ceux qui manipulent le vivant, le transforment, l'utilisent comme une machine, de l'autre ceux qui usent et abusent du métal et des rouages. D'un côté le dégoût pour des mécaniques grinçantes, de l'autre le rejet de créatures diaboliques. Difficile de ne pas y retrouver en filigrane l'écho des débats qui agitent aussi bien le monde scientifique que les sociétés contemporaines sur les manipulations génétiques et leurs conséquences... Du coup, l'histoire d'Alek et de Deryn se déploie dans un décor magique, fait de machines terrifiantes et redoutables, d'un bestiaire étrange qui va de méduses volantes au magnifique et meurtrier Leviathan en passant par des chauve-souris transformées en armes, des abeilles, des drôles de moyens de communication et j'en passe, magnifiquement mis en image par les illustrations de Keith Thompson. Magique, mais redoutable aussi, animaux comme machines se transformant vite en armes dévastatrices. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la manière dont Westerfeld esquisse le choc qu'ont du être les premiers combats pour des jeunes gens patriotes et romantique qui étaient loin d'imaginer la boucherie à laquelle ils allaient être mêlés.

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    Du côté de l'intrigue, c'est indéniablement efficace. Je me suis laissée prendre au récit des aventures et mésaventures croisées d'Alek et de Deryn qui, si elles n'ont rien de bien révolutionnaire, se déroulent sans temps mort et sont portées pas une plume solide. Les références à Jules Verne dont est crédité le roman sont loin d'être usurpées: c'est un excellent mélange d'aventure et de SF à la sauce littérature pour jeunes adultes contemporaine. Les personnages principaux sont bien campés et attachants, les personnages secondaires remplissent parfaitement leur rôle avec quelques trouvailles à mon sens assez réjouissantes, comme l'apparition de la petite-fille de Charles Darwin en personne qui affirme haut et fort son originalité de femme indépendante ou encore d'un Winston Churchill qui semble ressembler fortement à ce que son alter ego de chair et de sang a pu être à la veille de la guerre. Dommage cependant qu'Alek et Deryn n'acquièrent pas un peu plus de profondeur au cours de ce premier tome, leurs secrets respectifs auraient pu le permettre. Je suis restée un peu sur ma faim quant à Deryn, sa vie avant et à bord du Leviathan et les difficultés de sa position de femme travestie. Et Alek m'a paru par moment curieusement naïf, voire enfantin dans ses réactions. Mais... ils sont jeunes! Et la confrontation entre les deux univers qu'ils représentent promet d'être un peu plus complexe dans les tomes suivants...

    Vivement le tome 2!

    On en parle sur Scifi-universe et Uchronies. Et sur le Cafard cosmique aussi.

    L'avis élogieux d'Emmyne et celui plus mitigé du Pingouin.

     

    Sauf avis contraire de Lhisbei, je compte ce titre dans le Winter Time Travel

     

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    Westerfeld, Scott, Leviathan, Pocket jeunesse, 2010, 5/5

     

     

     

     

     

     

     

  • "Ça y est. Ça recommence..."

    "...’a ma libido qui me chatouille. J’arrive plus à bosser. Coucher, baiser, sauter, y a plus que ça qui compte, je n’arrête pas.
    Samedi, j’étais tellement obsédé que j’ai sauté deux repas, j’ai baisé le fisc, et j’ai même couché avec allégresse quelques alexandrins sublimes sur le déclin de la rose"

    Ou pas. Par contre, vous avez joué pour gagner, souvenez-vous, trois merveilleux exemplaire de la non moins merveilleuse collection Osez des encore plus merveilleuses éditions de La Musardine! Et mes chastes et innocentes petites mains ont procédé pas plus tard qu'hier soir au tirage au sort des gagnantes, puisque gagnantes il y a!

    9782842713034_1_75.jpgOsez l'amour sauf dans un lit.jpg9782842712754FS.gif

    Lesquelles gagnantes sont...

    Yue Yin

    Platinegirl

    Emmanuelle C.

     

    Bravo mesdames!

    Vous m'envoyez vos adresses postales?

    Sans oublier Erzie, prix spécial du jury pour son bon goût. Et son amour des portes. Tu gagnes mon abyssale estime que tu avais déjà et une surprise. Là.

     

    Pour la petite histoire, les réponses aux questions étaient, dans l'ordre: Onan (qui fit des bétises réprouvées par sa hiérarchie), Adopteunmec (au logo ma foi fort évocateur), les cougars!

    Merci à toutes celles qui ont participé!

    Et, attention, il y a encore des résultats du côté de chez Fashion, Stéphanie, Stephie, Tamara!

    Bon, sur ce, je vous laisse. Comme le disait ce vieux Pierre à qui je laisse le mot de la fin:

    "L’amour… il y a ceux qui en parlent et il y a ceux qui le font. À partir de quoi il m’apparaît urgent de me taire."

     

    Citations tirées de Chroniques de la haine ordinaire et Fonds de tiroir, trouvées sur le site: http://www.desproges.fr/.

  • La citation du jeudi: Le dictionnaire du diable

    "Relations intimes n. Rapports vers lesquels des imbéciles sont providentiellement entraînés pour le mutuelle destruction."

    "Amour n. Folie temporaire que l'on peut guérir par le mariage ou en retirant le patient du champ d'influence qui est à la source de l'indisposition."

    "Ardeur n. Etat particulier de l'amour sans l'expérience"

     

    ambrose-bierce-dictionnaire-5702582d14.gif4e de couverture: "Abdication n. - Acte à travers lequel un souverain atteste qu'il est sensible à l'élévation de température de son trône. Antipathie n. - Sentiment inspiré par l'ami d'un ami. Arrêter v. - Mettre fin avec autorité aux actes insolites d'un individu. Dieu fit le monde en six jours et fut arrêté le septième." Canon n. - Instrument utilisé dans la rectification des frontières. Longévité n. - Prolongation inconfortable de la peur de la mort. Jaloux adj. - Qui s'intéresse indûment à la préservation de quelque chose qui ne peut être perdu que s'il n'est pas bien gardé. Le Dictionnaire du Diable, entrepris en 1881, est le fruit d'un travail intermittent de 25 ans. C'est un livre inclassable. mais c'est peut-être avant tout un chef-d'oeuvre d'humoriste, présenté aujourd'hui dans une nouvelle traduction établie à partir de l'édition définitive de 1911. Ambrose Bierce était un esprit brillant, cultivé , contemporain de Marc Twain, il débuta comme lui dans de nombreux journaux américains avec des nouvelles, des reportages et des critiques (il fut pendant longtemps l'un des éditorialistes les plus féroces de la presse Hearst). A l'âge de 71 ans, il rejoignit l'armée de Pancho Villa et disparut à une date inconnue en luttant aux côtés des paysans mexicains."

     

     

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    Par ici pour les participants!