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Leviathan - Scott Westerfeld

leviathan-Westerfeld.jpg1914. Veille de la Première guerre mondiale. Face à face, les darwinistes anglais, rois de la manipulation du vivant et de la biologie, et les clankers allemands, maîtres de la mécanique. L'étincelle? L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand provoque provoque une explosion dont les remous vont se faire sentir dans le monde entier et dans lesquels vont être pris Alek le fils de l'archiduc et Deryn Sharp, une jeune fille prête à tout pour voler, ce que lui interdit sa condition de fille.

 

Mais que diantre nous a ficelé Scott Westerfeld me suis-je dis en attaquant ce pavé. Parce que bon, ça avait la couleur de l'uchronie, le goût de l'uchronie, mais avec un zeste tout même bien prononcé de steampunk, le tout mélangé à un brin de Première guerre mondiale, quelques bestioles bizarres et des illustrations. De quoi froncer un sourcil, voire deux. Et même trois. Seulement voilà, quand Westerfeld s'attaque à quelque chose, il ne fait pas les choses à moitié et résultat des courses, il offre non seulement un roman intelligent, mais en plus un récit d'aventure foisonnant qui, je dois l'avouer, m'a littéralement rivé les mains aux pages.

Commençons par le commencement. Et au commencement était l'uchronie dont il maîtrise parfaitement les ressorts, en l'occurrence les mécanismes pour le moins complexes qui ont mené à la Première guerre mondiale. Bien qu'il distorde l'histoire en dotant l'archiduc d'un fils unique et en modifiant quelque peu les conditions de son décès, il décrypte parfaitement la logique des alliances, l'opposition entre pacifistes et bellicistes qui travers l'époque, et les intérêts des futurs bélligérants qui sont finalement d'autant mieux perceptibles qu'ils sont accentués par leurs choix scientifiques, et j'irais jusqu'à dire éthique. Parce que c'est  au fond de cela dont il est question, des choix de société et de la manière dont la science y entre en jeu, modifie les manière de faire et de penser, de vivre et de percevoir l'autre. D'un côté ceux qui manipulent le vivant, le transforment, l'utilisent comme une machine, de l'autre ceux qui usent et abusent du métal et des rouages. D'un côté le dégoût pour des mécaniques grinçantes, de l'autre le rejet de créatures diaboliques. Difficile de ne pas y retrouver en filigrane l'écho des débats qui agitent aussi bien le monde scientifique que les sociétés contemporaines sur les manipulations génétiques et leurs conséquences... Du coup, l'histoire d'Alek et de Deryn se déploie dans un décor magique, fait de machines terrifiantes et redoutables, d'un bestiaire étrange qui va de méduses volantes au magnifique et meurtrier Leviathan en passant par des chauve-souris transformées en armes, des abeilles, des drôles de moyens de communication et j'en passe, magnifiquement mis en image par les illustrations de Keith Thompson. Magique, mais redoutable aussi, animaux comme machines se transformant vite en armes dévastatrices. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la manière dont Westerfeld esquisse le choc qu'ont du être les premiers combats pour des jeunes gens patriotes et romantique qui étaient loin d'imaginer la boucherie à laquelle ils allaient être mêlés.

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Du côté de l'intrigue, c'est indéniablement efficace. Je me suis laissée prendre au récit des aventures et mésaventures croisées d'Alek et de Deryn qui, si elles n'ont rien de bien révolutionnaire, se déroulent sans temps mort et sont portées pas une plume solide. Les références à Jules Verne dont est crédité le roman sont loin d'être usurpées: c'est un excellent mélange d'aventure et de SF à la sauce littérature pour jeunes adultes contemporaine. Les personnages principaux sont bien campés et attachants, les personnages secondaires remplissent parfaitement leur rôle avec quelques trouvailles à mon sens assez réjouissantes, comme l'apparition de la petite-fille de Charles Darwin en personne qui affirme haut et fort son originalité de femme indépendante ou encore d'un Winston Churchill qui semble ressembler fortement à ce que son alter ego de chair et de sang a pu être à la veille de la guerre. Dommage cependant qu'Alek et Deryn n'acquièrent pas un peu plus de profondeur au cours de ce premier tome, leurs secrets respectifs auraient pu le permettre. Je suis restée un peu sur ma faim quant à Deryn, sa vie avant et à bord du Leviathan et les difficultés de sa position de femme travestie. Et Alek m'a paru par moment curieusement naïf, voire enfantin dans ses réactions. Mais... ils sont jeunes! Et la confrontation entre les deux univers qu'ils représentent promet d'être un peu plus complexe dans les tomes suivants...

Vivement le tome 2!

On en parle sur Scifi-universe et Uchronies. Et sur le Cafard cosmique aussi.

L'avis élogieux d'Emmyne et celui plus mitigé du Pingouin.

 

Sauf avis contraire de Lhisbei, je compte ce titre dans le Winter Time Travel

 

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Westerfeld, Scott, Leviathan, Pocket jeunesse, 2010, 5/5

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Que diantre j'aime ce billet o))

  • Ah, il est dans ma PAL celui-ci, chouette!

  • Il n'est pas dans la mienne, mais ne devrait pas tarder à y être. ;)

  • c'est tout à fait ce que je recherche dans un roman. il file direct dans ma LAL

  • Pas certaine que j'aimerais ce roman... C'est drôle, c'est un auteur qui ne m'attire pas. Je ne l'ai jamais lu.

  • Chiff, tu es vraiment vilaine. J'avais résisté à cette série de Westerfeld. Là, je ne pourrai plus. Vraiment, mean girl!

  • Vu ton avis, je note!

  • @ Emmyne: autant que le roman non? :-))
    @ Fashion: il faut l'en sortir! Hop! :-)
    @ Maijo: tu peux craquer sans mauvaise conscience, c'est un bonheur de lecture!
    @ Bouma: j'ai vraiment adoré!
    @ Allie: il a écrit des choses finalement assez différente même s'il reste toujours dans les littératures de l'imaginaire. J'avoue que j'avais beaucoup aimé sa version des vampires par exemple, inventive et bien menée! Mais si ce genre d'univers ne t'attire pas, il ne faut pas insister. ;-)
    @ Karine:): oui, mais c'est comme ça que tu m'aimes non? :-)
    @ Edelwe: il mérite de rejoindre LAL et PAL!

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