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Bulles - Page 4

  • Le vent dans les saules, Le vent dans les sables

    C'est le printemps et tout le petit monde de la forêt bruisse d'activité et de bonheur. Abandonnant son grand ménage, Taupe le solitaire part en promenade. De rencontres en rencontres, se constitue autour de lui une petite bande de joyeux lurons. C'est le début de bien des aventures!

    Voilà une série pour laquelle il est bien difficile de ne pas avoir un coup de coeur! Michel Plessix en décidant d'adapter le roman de Kenneth Graham offre aux amateurs de bande dessinée un petit bijou de bonne humeur et de tendresse. N'ayant pas lu l'original, je ne peux guère commenter la qualité de l'adaptation, mais peux, quoi qu'il en soit, crier bien fort l'immense plaisir que je prends à lire et relire les aventures de Taupe, Rat, Blaireau et Crapaud. C'est qu'ils sont attachants tous avec leurs lubies, leur amour de la vie et de la bonne chère, leur inébranlable amitié qui les pousse à tout tenter pour tirer d'affaire celui d'entre eux qui est en difficulté, bien souvent Crapaud, il faut le dire! Michel Plessix avec son trait tout en rondeur et en finesse, ses couleurs douces et tendres fait se dérouler sous les yeux du lecteur le petit monde de la forêt. Il y a des pages d'une immense poésie, d'autres d'une drôlerie incontestable avec de temps à autres de savoureux clins d'oeil. On prend plaisir à suivre les aventures et mésaventures de ces compères qui préféreraient bien souvent être restés confortablement à l'air dans leurs logis que d'être partis à l'aventure dans le vaste monde pour sauver Crapaud de sa passion délirante pour l'automobile! Évasions rocambolesques, accidents, promenades sous les arbres, batailles et autres bagarres ne manquent pas au fil des pages et on quitte Taupe et Rat avec une petite pointe de regret encore qu'on les sache revenus à leurs sylvestre amours.

    Mais... C'est sans compter avec ce mystérieux rat bourlingueur et tatoué qui débarque non loin... Un rat bourlingueur dont la route va croiser celle de nos mais et les embarquer pour un nouveau voyage tout aussi extraordinaire, sinon plus! La faute à Crapaud évidemment qui a décidé sur un coup de tête, encore un, deprendre la mer. Et c'est reparti pour les aventures, du côté des sables cette fois-ci, avec un scéario qui rend justice aux personnages de Graham, et un dessin toujours aussi somptueux. Les décors sont détaillés, les couleurs intenses sans perdre de la douceur qui caractérisait Le vent dans les saules. Et il y a toujours cette pointe d'humour bien présente, notamment avec ces deux mouches qui se cherchent au fil des pages.

    C'est un petit bonheur à déguster tranquillement au fond du jardin, ou au coin du feu dès que le besoin d'un peu de tendresse et d'air frais se fait sentir.

    Tout cela chez Delcourt! Le vent dans les saules est disponible en quatre tomes ou en intégrale. Le vent dans les sables compte pour l'instant trois tomes.

    Une interview de Michel Plessix ici!

  • Croisière Cosmos

    Un vaisseau spatial terrien parcourt la galaxie. Son but: découvrir, étudier et classifier chaque espèce extraterrestre existante. Mais un beau jour, la mission tourne à la catastrophe: l'ensemble de l'équipage disparaît. Seul reste un robot d'entretien déboussolé et un nombre certain de cobayes qui parviennent à se libérer. Commence alors pour eux une sacrée aventure racontée par l'un d'entre eux qui dresse une sorte de journal de bord.

    Crétin. C'est le premier qualificatif qui me vient à l'esprit. Crétin et donc absolument hilarant et beaucoup plus profond que ça n'en a l'air. Olivier Texier a l'art et la manière de dérouler sans temps mort et avec pléthore de gags les aventures d'une bande d'extra-terrestres follement humains: souvent bêtes, parfois méchants, de temps à autres gentils en tout cas attachants. Tout ce petit monde se retrouve contraint et forcé de cohabiter dans un gigantesque vaisseau spatial qu'il ne s'agirait pas de faire exploser. Et si en plus quelqu'un pouvait trouver le mode d'emploi, on pourrait rentrer à la maison, merci. Quand au robot d'entretien, de quiproquos en quiproquos, il finit par être vénéré comme le libérateur qu'il n'a jamais été puisque lui, tout ce qui l'intéresse, c'est de terminer le ménage et de remettre les aliens dans leur cage des fois que les humains reviennent.

    De chapitres en chapitre, on voit la petite communauté s'organiser, relever défis sur défis., appuyer sur tous les boutons et organiser un concours pour découvrir qui est capable de piloter ce fichu vaisseau spatial. Cohabitation, découverte de l'autre, conflits, mal du pays, attaques de pirates de l'espace donnent une intrigue qui prend le lecteur et l'amènent beaucoup, beaucoup trop vite à la fin de l'histoire. On aurait voulu que ça dure plus longtemps. Je délire peut-être, mais j'ai trouvé que sous l'humour un brin potache, il y avait quelques idées intéressantes sur l'humain, la tendance à la conquête et à considérer ce qui est différent comme un objet d'étude sans sensations et sans âme.

    J'ai adoré les têtes impayables de extra-terrestres, mélange improbable d'hallucination et de clichés de science-fictions: tentacules, yeux globuleux et autres attributs traditionnels sont servis par un dessin en noir et blanc qui peut paraître simpliste les premières pages mais qui est finalement parfait et agréable. C'est un space opera en image extrêmement bien mené et drôle.

    Bref, une fort sympathique découverte!

     Texier, Olivier, Croisière Cosmos, Delcourt, 2008, 4/5

  • Seul en solo

    Le célibat, c'est sympa. Enfin parfois. Parce qu'il y a les soirs où on se couche seule, le traiteur chinois, les copains qui demande toujours si on s'est enfin casée, les parents aussi, les cinés et les vernissages sans intérêt, les histoires d'amour sans lendemain...

    Oxolaterre et Sophie Zuber racontent dans cette petite BD pleine de couleur et de peps le parcours d'une célibattante trentenaire. Un thème certes loin d'être original et qui revient périodiquement dans les Cosmo et autres revues féminies mais qui est traité là de manière fort sympathique: des personnages tout ronds, des couleurs vives, des pages qui croquent avec a-propos et humour le petit monde de cette demoiselle et son quotidien. On la suit dans les dîners de famille où elle est le nombre impaire, sur son canapé, dans ses crises de larme ou de nerfs, dans ses fous rires, chez les amis, avec les copains célibataires de toujours, bref, partout où peut mener la vie. On rit, on grince un peu des dents en se reconnaissant, célibataire ou non, dans certains gags, en tout cas, Sophie Zuber n'a pas hésité à introduire dans le monologue de sa petite héroïne une bonne dose d'humour et d'ironie.

    Alors bien sûr tout est bien qui fini bien dans la béatitude de la vie à deux, mais cette nouvelle aventure n'est pas sans dangers, comme le rappelle une dernière page plutôt hilarante qui montre qu'on oublie bien vite les déboires de la vie de célibataire!

    Une jolie découverte.

    Quelques bulles pour vous donner une idée!

     

  • Caroline... Non, Coraline!

    Encore un billet que je vais attaquer par mon habituelle et quasi rituelle déclaration d'amour à Neil. Gaiman. Il est (peut-être) grand, (sans doute) fort, (très probablement) beau, et il est atrocement doué: fantasy urbaine, littératue jeunesse, comics, quelque soit le domaine que ce touche-à-tout explore, c'est réussi. Que celui qui n'est pas d'accord se risque à aller le dire à Fashion!

     Bref. Pourquoi revenir sur la question? Tout simplement à cause de la sortie concomitante de l'adaptation en bande dessinée et en film d'animation du fabuleux Coraline.

    Coraline, je l'ai lu il y a un petit moment déjà. Cinq ans pour être exacte, en un temps où le mot blog n'évoquait pour moi qu'un mauvais film de science-fiction avec des bestioles vertes à huit têtes. Je me souviens d'avoir frisonnée, trembloté, frémis et glapis de terreur sous ma couette. Si, si, véridique, j'exagère à peine! Les boutons à la place des yeux, les âmes perdues, le chat qui parle, cet autre univers qui attend comme une toile d'araignée de pouvoir enferme ses proies... Proprement et délicieusement terrifiant. Vous comprendrez donc sans peine la pulsion qui m'a poussée à attraper la version bande-dessinée et à filer dans la plus proche salle de cinéma me plonger dans l'adaptation offerte par Henri Selick.

     

    Commençons donc par la bande-dessinée publiée par Le diable Vauvert. Je dois avouer que j'ai été à la fois surprise, et un peu déçue à première vue par le dessin: très comic book, des couleurs un brin pâlichonnes, des personnages et des décors ultra-réalistes... Je m'attendais à plus de rondeurs et de couleurs. Puis, petit à petit, la magie a opéré, le dessin de Craig P. Russell m'est devenu familier. J'ai retrouvé la noirceur du roman, sa charge de peur. En fait, le réalisme du dessin, en ancrant l'histoire de Coraline dans le réel, la rend probablement encore plus effrayante. C'est une belle adaptation, fidèle au roman, servie par une belle édition au format et au papier agréables.

     

    Rien à voir, mais alors rien à voir du tout avec le film d'animation. Une merveille qui m'a fait retrouver pour le coup tout l'émerveillement de ma lecture. Pourtant, Henry Selick fait des entorses à l'intrigue. Mais c'est pour mieux respecter l'esprit du roman et le rendre encore plus accessible. C'est sans doute un peu idiot, mais le fait est que le contraste entre le vrai monde et l'autre monde est une claque: Coraline vit avec des parents gentils, mais peu présents dans une maison et une région qu'elle ne connaît pas et où elle s'ennuie en attendant la rentrée des classes. Un univers un peu terne dans lequel sa vitalité et son imagination débordantes ne trouvent pas d'exutoires malgré la présence de voisins pour le moins étranges; l'autre monde lui... coloré, chatoyant même, rempli de l'amour d'une autre mère et d'un autre père qui ont certes des boutons à la place des yeux, mais qui lui cuisinent ses plats préférés et créent pour elle des jardins enchanteurs et enchantés. L'autre monde d'Henry Selick déborde de créatures, de trouvailles poétiques et esthétiquement superbes: fleurs animées, insectes géants qui servent de montures, pianos aux mains mécaniques, meubles aux formes étranges... Un monde qui a tôt fait de basculer dans l'horreur et l'angoisse.

    On y perçoit bien toute la réflexion sur la famille et l'enfance qui sous-tend le roman et son adaptation en bande dessinée: Coraline comme beaucoup d'enfants, veut fuir un père et une mère qui ne s'occupent pas d'elle comme elle le voudrait. Son fantasme d'une famille meilleure, elle le trouve de l'autre côté de la porte, de l'autre côté du miroir où tous les voeux se réalisent. Sauf qu'elle se rend compte, très vite, qu'elle ne veut pas que tous ses voeux se réalisent, que l'autre mère avec son amour n'est rien d'autre qu'un monstre prête à dévorer "son" enfant pour le garder, l'enfermer dans sa toile (une séquence qui m'a coulée sur place mais que je ne décrirai pas plus avant). Une petite réflexion m'est venue à la vue du film que je n'avais pas eu à l'époque de ma lecture, ni à celle de la bande dessinée: cet autre monde, l'autre mère m'ont rappelé la figure de la fée, du petit peuple qui attirait les humains par leur image de perfection et de bonheur et des promesses de réalisation de voeux. Une tromperie qui menait à la mort le plus souvent. Réaliser ses rêves les plus fous n'est pas toujours une bonne chose, être heureux de ce que l'on a une meilleure garantie de bonheur. Dans l'autre monde il y a aussi cette part d'inconnu que recèle l'autre: parents, voisins, amis qui peuvent soudainement devenir étrangers et inquiétants. De là à voir dans Coraline une mise en garde comme l'étaient les contes d'autrefois...

     Quoi qu'il en soit, l'animation est somptueuse et vaut à elle seule le détour: réalisation image par image, poupées et décors réalisés de main de maître, inventivité et sens du rythme, c'est un véritable bonheur à ne manquer sous aucun prétexte!

     

     

  • Ombres

    Une épidémie de scorbut, une cloche qui se remet à sonner après des années de silence, des fantômes qui errent dans les rues de la ville. Quand les morts reviennent venger un naufrage causé par l'amour fou, la jalousie et la vénalité, brumes et mort viennent mettre en cause tout ce qui faisait la vie de Laurence, la jolie infirmière, et la lancent dans une quête qui sera dorénavant toute sa vie.

     

    Ombre est l'histoire d'un amour fou, celui de Laurence pour Bernard, son ami et son amant, emporté par les marins du Solitaire, le bâteau fantôme. Seule solution pour le retrouver, se plier aux exigences de l'Ombre, un homme masqué qui vit figé dans le temps et qui cherche à réunir la cargaison du Solitaire, navire perdu par la faute de son armateur, jaloux de l'amour unissant sa promise et un marin.  Une cargaison qui contenait les reliques d'Ozbek, suceptibles d'apporter l'immortalité à ceux qui sauraient l'utiliser.

    En fait, il est extrêmement difficile de faire un résumé complet de l'intrigue de ces sept tomes. C'est que ses fils se mêlent et s'entremêlent. On y trouve un navire fantôme, une ombre détachée de son maître, une divinité maîtresse du temps, un sablier porteur de mort, des fantômes, des sorcières, des esprits et des démons, des failles temporelles. Le tout donne une série à l'ambiance mystérieuse dont on se plaît à suivre les rebondissements et les révélations. 

    L'Ombre cherche à exister par et pour elle-même, Laurence à rejoindre son amour perdu par-delà la mort. Seule solution, dominer le temps, et donc, se rendre maître des reliques d'Ozbek, de son sablier, du diamant et de ses os. C'est l'occasion de réflechir à ce qu'est l'amour, au désir d'immortalité des hommes et à leur peur de la mort.

    La construction en elle-même est intéressante: de l'exposition des personnages et de l'intrigue à la quête de Laurence, chaque partie de l'intrigue se découpe en deux albums. Seul regret pour moi, un nombre finalement trop peu nombreux de tomes qui ne permet pas d'exploiter au maximum le potentiel du scénario.

    Bref, un scénario riche, des dessins qui servent à merveille l'atmosphère de l'histoire, qui me laisseront un excellent souvenir.

    Un article sur SFMag.

    Ombres, Dufaux, Rollin, 7 tomes, Glénat