Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Bulles - Page 6

  • Fell



    L'inspecteur Richard Fell a été transféré de l'autre côté du pont qui sépare la capitale du quartier de Snowtown: une chute dans un enfer où il va tenter de ramener un peu de justice.

    Fell est un choc. Un polar de grande tenue mis en image par un magicien dont l'art du trait et des couleurs donne vie à une atmosphère qui prend à la gorge. Le lecteur suit l'inspecteur Fell dans son installation, sa découverte du quartier et de ses habitants: un univers où la loi du plus fort est la seule valable. On entre de plein-pied dans la pauvreté, la violence, le sordide, avec d'autant plus de force que chaque enquête est inspirée d'un fait divers réel et rappelle, si l'on ne s'en souvenait plus, que l'humain peut décidemment atteindre les tréfonts de l'horreur avec un naturel désarmant. Chaque enquête de l'inspecteur fait l'objet d'une histoire courte, qui mise bout à bout avec les autres, brosse peut à peu le décor, donne de l'épaisseur aux personnages.

    Pas de lumière, ou peu: les personnages évoluent dans un monde saturé de bleu et de gris, étouffant, qui contraste avec les lumières de la capitale. Un monde dont on ne peut pas sortir et dans lequel Fell est piégé. On ne saura pas dans ce tome ce qui l'a amené là. Mais avec son humour cynique, sa gentillesse soigneusement dissimulée, il est un personnage attachant qu'on a envie de suivre.

    Bref, une belle découverte à faire pour les amateurs de polar!

    L'avis de Champi, Neault, Yozone, BDGest.

    Warren Ellis, Ben Templesmith, Fell, tome 1 Snowtown, Delcourt, 2007, 142 p.

  • Sam ant Twitch

    Et voilà! Comme si je n'avais pas déjà assez de vices livresques, j'ai commis l'erreur de me lancer à la découverte d'un genre qui, je le croyais, n'était pas pour moi... Grossière erreur vu l'état des rayonnages de la bibliothèque après mon passage. Ce n'est donc, vous pouvez vous en douter, que le premier d'une série de billet sur les comics qui passent dans mes petites mains fébriles!

     

    Sam Burke et Twitch William, deux flics intègres, partenaires à la vie à la mort pris dans la nasse d'un piège: des crimes terrifiants qui visent la mafia, des tueurs indestructibles et un mot, Udaku, pour seule piste.

    Voilà pour l'argument des deux premiers tomes de cette série qui dès l'entame installe le lecteur dans l'ambiance. Un univers urbain poisseux et sombre, des flics corrompus, la violence qui rode, et les luttes de pouvoir qui gangrènent la ville. J'avoue avoir eu du mal à entrer dans cet univers: les personnages sont laids, la ville est laide, les couleurs sombres, les dialogues difficiles à suivre pour quelqu'un qui n'est pas habitué à lire du comics. Et pourtant... Pourtant, je me suis laissée happer petit à petit par ces deux flics attachants, la légiste et ses crises de nerfs. L'intrigue tortueuse à souhait m'a embarquée dans ses méandres qui frôlent le fantastique. J'avoue avoir apprécié certains clins d'oeil au comics de super-héros! A mon sens, ils viennent à point nommé rappeler que nos deux flics sont des hommes un peu fragiles, un peu vantards, un peu courageux qui se débattent dans une situation dont ils ont le plus grand mal à appréhender les tenants et les aboutissants. Il faut attendre avant de comprendre qui est le méchant qui se cache derrière tout ce sang.

    On les retrouve dans une nouvelle enquête dans le tome 3. Chose appréciable, on y perçoit les conséquences de leurs aventures précédentes. Ils gagnent ainsi en profondeur, et le fait de croiser de nouveau le chemin de certains personnages secondaires qui prennent plus d'ampleur donne le sentiment de retrouver de vieux copains.

    Un petit résumé? Allons-y! On retrouve dans Central Park les corps décapités de cinq membres de la Wicca. Sam and Twitch vont devoir déméler magie et réalité pour retrouver le meurtrier.

    De nouveau une intrigue bien menée, sans doute plus facile d'accès: j'étais en tout cas acoutumée au dessin, et le format, sur un tome n'a pas permis au scénariste de me balader autant! J'y ai vu un intérêt supplémentaire dans l'éclairage qu'il apporte sur les sorcières, les membre de la Wicca. De fil en aiguille, on découvre leurs rites, leurs croyances et leurs activités.

    Bref, une vraie belle découverte pour moi! Vivement que je puisse me plonger dans les trois tomes suivants!

     

    Brian Michael, Angel, Bendis, Medina, Sam and Twitch, t. 1 à 3, Semic Books

  • Mais pourquoi est-il si méchant!?

    un titre mystérieux, une couverture évocatrice, il ne m'en fallait pas plus pour attraper d'une main curieuse 1001 nuits de neige. Je n'ai pourtant pas plus d'affinités que cela avec le comics, ma folle passion pour Neil Gaiman étant normalement seule capable de me faire passer outre mes réticences (sauf pour X-Men mais c'est une fois de plus la faute à Fashion et aux Théières!). Mais voilà, la chair est faible, celle de la LCA encore plus, et après tout, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis! Et même un imbécile changerait d'avis de toute manière tant ce comics est une réussite complète!

    fables_1001nights.jpg1001 nuits de neige est en quelque sorte le prequel à la série Fable qui met en scène les personnages des contes de notre enfance. En exil dans notre monde après que le monde des contes ait été envahi par l'Ennemi, ils ont fondé Fableville près de New-York et y vivent en plus ou moins bonne intelligence. Or, juste après la fondation de la colonie féérique, Blanche Neige a été envoyée en ambassade auprès du Sultan pour quérir son aide dans son combat. Retenue en otage par ce souverain aigri qui veut l'épouser avant de la tuer, elle va sauver sa vie et celle de Shéhérazade en contant l'histoire de son peuple.

    On découvre ainsi d'un oeil fasciné les dessous des contes. Ce qu'il s'est passé après que la princesse ait épousé son prince, pourquoi les nains ont-ils accueillis une jeune femme perdue, ce qui a rendu le Grand Méchant Loup si méchant,... Bill Willingham n'hésite pas à détourner joyeusement et les contes et les Mille et Une Nuit en donnant aux personnages une personnalité ambigüe, souvent cruelle et des morales à l'avenant. On y retrouve finalement l'esprit des contes originels, bien moins édulcorés que ceux auxquels Disney nous a habitués (vous avez déjà lu la version "normale" de La Belle au Bois Dormant? J'en ai fait des cauchemars pendant des années!). Manifestement, il connaît son sujet et l'utilise avec habileté.

    Le tout servi par un panel de dessinateurs de talent. J'ai nettement préféré les scènes se déroulant dans le palais du Sultan, avec leurs couleurs somptueuses, mais j'ai aussi beaucoup aaprécié la dynamique induite par les ruptures de style entre ces scènes d'introduction ou de transition et les récits de Blanche Neige, souvent dans des teintes plus froides. L'avantage de ce genre de recueil est que l'on peut découvrir des styles très différents.

     

    1002.jpg

     Difficile de juger, ou plutôt de préjuger de la série Fable elle-même, mais une chose est certaine, 1001 nuit de neige m'a donné envie de la découvrir!

    Une interview de Bill Willingham himself par , un débat fort intéressant sur le forum Bruit de Bulle (page 3 pour 1001 nuits de neige),

     

  • Oh les filles!

    Anna, Bénédicte, Leïla, Chloé, Muriel, cinq copines aux caractères bien trempés qui traversent vaille que vaille la vie et ses désastres annoncés. Entre ruptures, examens, bébés, famille, amours sans espoirs et pyjama partys, dur, dur d'être une femme moderne. Mais qu'est-ce que ce serait pire s'il n'y avait pas les autres!

     

    Pyjama party a attiré mon oeil par les couleurs et le graphisme fort symathique de sa couverture. Le coup d'essai ayant été transformé, j'ai avalé dans la foulée les quatre autres tomes de la série sur lesquels j'ai pu mettre la main!



    Les cinq filles qu'on découvre au cours d'une de ces soirées papotage sont attachantes. Chacune traine avec elle le poid d'une éducation, d'une famille, de traditions, parfois des trois avec une énergie peu commune et un humour qui leur permet de rester droites dans la tourmentes. Et comme de toute manière quand il y en a une qui penche, les quatre autres font tuteur, tout va pour le mieux dans un univers agité.



    Dans le premier tome,  Christopher prend le temps de camper ses personnages en leur laissant le temps de dévoiler leurs victoires et leurs déboires amoureux. On s'attache déjà à ces demoiselles si "comme tout le monde", à la petite bande qu'elles forment, si soudée que les vacheries, les coups de gueule et les petites trahisons ne parviennent pas à entamer leur entente.  Son trait sobre, agréable s'allie à la simplicité du scénario pour offrir une lecture sereine, agréable et amener tout doucement à l'envie de découvrir la suite de leurs aventures. Et sans oublier au passage de traduire très efficacement sentiments et ressentiments!



    Et dans les tomes suivants, la découverte des familles, des amoureux nous fait pénéter plus avant dans le petit  monde de ces demoiselles. Entre deux cases, on voit poindre les questions et les problèmes qui se posent aux jeunes adultes: l'amour, l'orientation sexuelle, l'homoparentalité, le sida, la religion et son poid. Chacune des filles doit faire face à des décisions difficiles, des situations qui remettent en cause la vision qu'elles pouvaient avoir du monde... Et de leurs parents! En devenant adulte, en rompant avec ce cocon familial rejeté et parfois acerbement critiqué, elles se confrontent aussi avec des parents très différents de ceux qu'elles croyaient connaître. Avec de bonnes et de bien moins bonnes surprises.



    Les personnages secondaires, nombreux et bien campés apportent une richesse bienvenue au décor et permettent de diversifier la gamme des rapports qu'entretiennent les héroïnes de l'histoire avec le monde qui les entoure. On se retrouve dans des moments de vie qui peuvent parfois frôler la caricature tant l'auteur va au coeur et à l'essentiel des rapports humains.
    Tout cela avec toujours autant de tendresse et une légéreté qui enveloppe de coton et de cocasserie des moments durs.

    Bref, on en redemande, et j'espère bien pouvoir retrouver très vite mes nouvelles copines!

    Christopher
    t.1 Pyjama party
    t.2 Papier peint
    t.3 Action ou vérité
    t.4 Telle mère telle fille
    t.5 Au nom du père
    Editions Carabas

  • Zoo

     

     

     

    Une jeune femme dont le nez a été arraché échoue un jour dans un endroit en dehors du temps, et presque en dehors du réel. Un zoo merveilleux dont les habitants vont l’accepter et lui donner, enfin, un peu de paix et de bonheur. Mais tout est si fugace en ce monde qu’un moment suffit pour que tout s’envole…

     

    Une merveille. Rien de plus, rien de moins. En deux tomes, scénariste et dessinateur offrent une histoire d’amour, de souffrance, d’espoir et de tolérance empreinte de magie et de légèreté. Anna vivait heureuse dans un village de Russie avec son époux le chasseur jsuqu’au jour funeste où celui-ci est tué et Anna défigurée. Or, le nez est le siège de l’âme, et ceux qui le perdent sont maudits et chassés sans répit ni pitié. Commence alors pour elle une errance qui trouvera sa fin au zoo. Tenu par un vieux médecin, sa fille adoptive et un sculpteur, c’est un endroit presque féerique où les animaux sont apprivoisés, où les naissances apportent la joie, où l’amour se vit librement. Un endroit en dehors d’un monde dans lequel la guerre menace. Les dessins de Frank rendent cet aspect du zoo, personnage à part entière des albums : un endroit lumineux, luxuriant, une bulle qui protège ses occupants. Chaque case est un bonheur des yeux offrant un luxe de détails et une débauche d’ombres et de lumières.

    C’est une belle histoire d’amitié, de tolérance qui tient en haleine et dont les personnages gravent une empreinte peu banale dans la mémoire. Attachants avec leurs faiblesses, leurs excentricités, leurs forces, ils forment un groupe étrange et soudé. Le personnage de Manon notamment est marquant : toute en instinct, en animalité presque, elle a une empathie profonde avec les êtres, une joie de vivre qui irradie et qui anime ceux qui l’entoure. Anna aussi, blessée profondément par la superstition et la bêtise humaine est de celles qu’on n’oublie pas. Il y a bien des choses dans cette bande dessinée : une réflexion sur la liberté, sur la place de l’instinct face à la raison, sur l’ignorance et les croyances. De quoi nourrir la réflexion pendant un long moment tout en gardant le souvenir de la magie des dessins.

     

    Un très beau site consacré à la série.

     

    Un grand merci à Delphine pour cette découverte.

    Frank Pé et Philippe Bonifay, Zoo, t. 1 et 2, Dupuis, coll. Aires Libres